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Nana - Lecteurs.com

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– Hein ? tu n’as pas la monnaie… Alors, mon petit mufe, retourne d’oùtu viens, et plus vite que ça ! En voilà un chameau ! Il voulaitm’embrasser encore !… Plus d’argent, plus rien ! tu entends !Il donnait des explications, il aurait la somme le surlendemain. Maiselle l’interrompit violemment.– Et mes échéances ! On me saisira, moi, pendant que monsieur viendraici à l’œil… Ah ! çà, regarde-toi donc ! Est-ce que tu t’imagines que jet’aime pour tes formes ? Quand on a une gueule <strong>com</strong>me la tienne, onpaie les femmes qui veulent bien vous tolérer… Nom de Dieu ! si tu nem’apportes pas les dix mille francs ce soir, tu n’auras pas même à sucerle bout de mon petit doigt… Vrai ! je te renvoie à ta femme !Le soir, il apporta les dix mille francs. <strong>Nana</strong> tendit les lèvres, il y pritun long baiser, qui le consola de toute sa journée d’angoisse. Ce qui ennuyaitla jeune femme, c’était de l’avoir sans cesse dans ses jupes. Elle seplaignait à M. Venot, en le suppliant d’emmener son petit mufe chez la<strong>com</strong>tesse ; ça ne servait donc à rien, leur réconciliations et elle regrettaitde s’être mêlée de ça, puisqu’il lui retombait quand même sur le dos. Lesjours où, de colère, elle oubliait ses intérêts, elle jurait de lui faire unetelle saleté, qu’il ne pourrait remettre les pieds chez elle. Mais, <strong>com</strong>meelle le criait en se tapant sur les cuisses, elle aurait eu beau lui cracher àla figure, il serait resté, en disant merci. Alors, continuellement, lesscènes re<strong>com</strong>mencèrent pour l’argent. Elle en exigeait avec brutalité,c’étaient des engueulades au sujet de sommes misérables, une aviditéodieuse de chaque minute, une cruauté à lui répéter qu’elle couchaitavec lui pour son argent, pas pour autre chose, et que ça ne l’amusaitpas, et qu’elle en aimait un autre et qu’elle était bien malheureused’avoir besoin d’un idiot de son espèce ! On ne voulait même plus de luià la cour, où l’on parlait d’exiger sa démission. L’impératrice avait dit :« Il est trop dégoûtant. » Ça, c’était bien vrai. Aussi <strong>Nana</strong> répétait le mot,pour clore toutes leurs querelles.– Tiens ! tu me dégoûtes !À cette heure, elle ne se gênait plus, elle avait reconquis une liberté entière.Tous les jours, elle faisait son tour du lac, ébauchant là des connaissances,qui se dénouaient ailleurs. C’était la grande retape, le persil auclair soleil, le raccrochage des catins illustres, étalées dans le sourire detolérance et dans le luxe éclatant de Paris. Des duchesses se la montraientd’un regard, des bourgeoises enrichies copiaient ses chapeaux ; parfoisson landau, pour passer, arrêtait une file de puissants équipages, des financierstenant l’Europe dans leur caisse, des ministres dont les grosdoigts serraient la France à la gorge ; et elle était de ce monde du Bois,312

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