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Nana - Lecteurs.com

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– Eh bien ! oui, j’ai couché avec Foucarmont. Après ?… Hein ? ça te défrise,mon petit mufe !C’était la première fois qu’elle lui jetait « mon petit mufe » à la figure.Il restait suffoqué par la carrure de son aveu ; et, <strong>com</strong>me il serrait lespoings, elle marcha vers lui, le regarda en face.– En voilà assez, hein ?… Si ça ne te convient pas, tu vas me faire leplaisir de sortir… Je ne veux pas que tu cries chez moi… Mets bien dansta caboche que j’entends être libre. Quand un homme me plaît, je coucheavec. Parfaitement, c’est <strong>com</strong>me ça… Et il faut te décider tout de suite :oui ou non, tu peux sortir.Elle était allée ouvrir la porte. Il ne sortit pas. Maintenant, c’était sa façonde l’attacher davantage ; pour un rien, à la moindre querelle, elle luimettait le marché en main, avec des réflexions abominables. Ah bien !elle trouverait toujours mieux que lui, elle avait l’embarras du choix ; onramassait des hommes dehors, tant qu’on en voulait, et des hommesmoins godiches, dont le sang bouillait dans les veines. Il baissait la tête, ilattendait des heures plus douces, lorsqu’elle avait un besoin d’argent ;alors, elle se faisait caressante, et il oubliait, une nuit de tendresse <strong>com</strong>pensaitles tortures de toute une semaine. Son rapprochement avec safemme lui avait rendu son intérieur insupportable. La <strong>com</strong>tesse, lâchéepar Fauchery, qui retombait sous l’empire de Rose, s’étourdissait àd’autres amours, dans le coup de fièvre inquiet de la quarantaine, toujoursnerveuse, emplissant l’hôtel du tourbillon exaspérant de sa vie. Estelle,depuis son mariage, ne voyait plus son père ; chez cette fille, plateet insignifiante, une femme d’une volonté de fer avait brusquement paru,si absolue, que Daguenet tremblait devant elle ; maintenant, ill’ac<strong>com</strong>pagnait à la messe, converti, furieux contre son beau-père qui lesruinait avec une créature. Seul, M. Venot restait tendre pour le <strong>com</strong>te,guettant son heure ; même il en était arrivé à s’introduire près de <strong>Nana</strong>,il fréquentait les deux maisons, où l’on rencontrait derrière les portes soncontinuel sourire. Et Muffat, misérable chez lui, chassé par l’ennui et lahonte, préférait encore vivre avenue de Villiers, au milieu des injures.Bientôt, une seule question demeura entre <strong>Nana</strong> et le <strong>com</strong>te : l’argent.Un jour, après lui avoir promis formellement dix mille francs, il avait osése présenter les mains vides, à l’heure convenue. Depuis l’avant-veille,elle le chauffait de caresses. Un tel manque de parole, tant de gentillessesperdues, la jetèrent dans une rage de grossièretés. Elle était touteblanche.311

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