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Nana - Lecteurs.com

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– Non.– C’est vrai, que je suis bête ! Jamais un radis, pas même les six sous deleur omnibus… Maman ne veut pas… En voilà des hommes !Et elle s’échappait. Mais il la retint, il voulait lui parler. Elle, lancée répétaitqu’elle n’avait pas le temps, lorsque d’un mot il l’arrêta.– Écoute, je sais que tu vas épouser mon frère.Ça, par exemple, c’était <strong>com</strong>ique. Elle se laissa tomber sur une chaisepour rire à l’aise.– Oui, continua le petit. Et je ne veux pas… C’est moi que tu vas épouser…Je viens pour ça.– Hein ? <strong>com</strong>ment ? toi aussi ! cria-t-elle, c’est donc un mal de famille?… Mais, jamais ! En voilà un goût ! est-ce que je vous ai demandéune saleté pareille ?… Ni l’un ni l’autre, jamais !La figure de Georges s’éclaira. S’il s’était trompé par hasard ? Il reprit :– Alors, jure-moi que tu ne couches pas avec mon frère.– Ah ! tu m’embêtes à la fin ! dit <strong>Nana</strong>, qui s’était levée, reprised’impatience. C’est drôle une minute, mais quand je te répète que je suispressée !… Je couche avec ton frère, si ça me fait plaisir. Est-ce que tum’entretiens, est-ce que tu paies ici, pour exiger des <strong>com</strong>ptes ?… Oui, j’ycouche, avec ton frère…Il lui avait saisi le bras, il le serrait à le casser, en bégayant :– Ne dis pas ça… Ne dis pas ça…D’une tape, elle se dégagea de son étreinte.– Il me bat maintenant ! Voyez-vous ce gamin !… Mon petit, tu vas filer,et tout de suite… Moi, je te gardais par gentillesse. Parfaitement !Quand tu feras tes grands yeux !… Tu n’espérais pas, peut-être, m’avoirpour maman jusqu’à la mort. J’ai mieux à faire que d’élever des mioches.Il l’écoutait dans une angoisse qui le raidissait, sans une révolte.Chaque parole le frappait au cœur, d’un grand coup, dont il se sentaitmourir. Elle, ne voyant même pas sa souffrance, continuait, heureuse dese soulager sur lui de ses embêtements de la matinée.– C’est <strong>com</strong>me ton frère, encore un joli coco, celui-là !… Il m’avait promisdeux cents francs. Ah ! ouiche ! je peux l’attendre… Ce n’est pas quej’y tienne, à son argent ! Pas de quoi payer ma pommade… Mais il melâche dans un embarras !… Tiens ! veux-tu savoir ! Eh bien ! à cause deton frère, je sors pour aller gagner vingt-cinq louis avec un autre homme.Alors, la tête perdue, il lui barra la porte ; et il pleurait, et il la suppliait,joignant les mains, balbutiant :– Oh ! non, oh ! non !– Je veux bien, moi, dit-elle. As-tu l’argent ?305

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