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Nana - Lecteurs.com

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foule, elle semblait régner sur son peuple de femmes. Toutes lui souriaient,discrètement. Elle, supérieure, affectait de ne pas les connaître.Elle n’était pas là pour travailler, elle suivait les courses par plaisir,joueuse enragée, ayant la passion des chevaux.– Tiens ! cet idiot de La Faloise ! dit Georges tout à coup.Ce fut un étonnement. <strong>Nana</strong> ne reconnaissait plus son La Faloise. Depuisqu’il avait hérité, il était devenu d’un chic extraordinaire. Le col brisé,vêtu d’une étoffe de couleur tendre qui collait à ses maigres épaules,coiffé de petits bandeaux, il affectait un dandinement de lassitude, unevoix molle, avec des mots d’argot, des phrases qu’il ne se donnait pas lapeine de finir.– Mais il est très bien ! déclara <strong>Nana</strong>, séduite.Gaga et Clarisse avaient appelé La Faloise, se jetant à sa tête, tâchantde le reprendre. Il les quitta tout de suite, avec un déhanchement deblague et de dédain. <strong>Nana</strong> l’éblouit, il accourut, se tint sur le marchepiedde la voiture ; et, <strong>com</strong>me elle le plaisantait au sujet de Gaga, il murmura :– Ah ! non, fini, la vieille garde ! Faut plus me la faire ! Et puis, voussavez, c’est vous, maintenant, ma Juliette…Il avait mis la main sur son cœur. <strong>Nana</strong> riait beaucoup de cette déclarationsi brusque, en plein air. Mais elle reprit :– Dites donc, ce n’est pas tout ça. Vous me faites oublier que je veuxparier… Georges, tu vois ce bookmaker, là-bas, le gros rouge, avec descheveux crépus. Il a une tête de sale canaille qui me plaît… Tu vas allerlui prendre… Hein ? que peut-on bien lui prendre ?– Moi, pas patriote, oh ! non ! bégayait La Faloise ; moi, tout surl’anglais… Très chic, si l’anglais gagne ! à Chaillot, les français !<strong>Nana</strong> fut scandalisée. Alors, on discuta les mérites des chevaux. La Faloise,pour affecter d’être très au courant, les traitait tous de rosses. Frangipane,au baron Verdier, était par The Truth et Lenore ; un grand bai,qui aurait eu des chances, si on ne l’avait pas fourbu à l’entraînement.Quant à Valerio II, de l’écurie Corbreuse, il n’était pas prêt, il avait eudes tranchées en avril ; oh ! on cachait ça, mais lui en était sûr, paroled’honneur ! Et il finit par conseiller Hasard, un cheval de l’écurie Méchain,le plus défectueux de tous, dont personne ne voulait. Fichtre ! Hasard,une forme superbe, et une action ! Voilà une bête qui allait surprendreson monde !– Non, dit <strong>Nana</strong>. Je vais mettre dix louis sur Lusignan et cinq surBoum.Du coup, La Faloise éclata.254

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