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Nana - Lecteurs.com

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cadeau de sa bonne amie. Et, derrière les convives, Julien et François servaient,aidés de Zoé, tous les trois très dignes.– Bien sûr que je m’amusais davantage, quand je n’avais pas le sou, répétait<strong>Nana</strong>.Elle avait placé Muffat à sa droite et Vandeuvres à sa gauche ; maiselle ne les regardait guère, occupée de Satin, qui trônait en face d’elle,entre Philippe et Georges.– N’est-ce pas, mon chat ? disait-elle à chaque phrase. Avons-nous ri, àcette époque, lorsque nous allions à la pension de la mère Josse, ruePolonceau !On servait le rôti. Les deux femmes se lancèrent dans leurs souvenirs.Ça les prenait par crises bavardes ; elles avaient un brusque besoin de remuercette boue de leur jeunesse ; et c’était toujours quand il y avait làdes hommes, <strong>com</strong>me si elles cédaient à une rage de leur imposer le fumieroù elles avaient grandi. Ces messieurs pâlissaient, avec des regardsgênés. Les fils Hugon tâchaient de rire, pendant que Vandeuvres frisaitnerveusement sa barbe et que Muffat redoublait de gravité.– Tu te souviens de Victor ? dit <strong>Nana</strong>. En voilà un enfant vicieux, quimenait les petites filles dans les caves !– Parfaitement, répondit Satin. Je me rappelle très bien la grande cour,chez toi. Il y avait une concierge, avec un balai…– La mère Boche ; elle est morte.– Et je vois encore votre boutique… Ta mère était une grosse. Un soirque nous jouions, ton père est rentré pochard, mais pochard !À ce moment, Vandeuvres tenta une diversion, en se jetant à traversles souvenirs de ces dames.– Dites donc, ma chère, je reprendrais volontiers des truffes… Ellessont exquises. J’en ai mangé hier chez le duc de Corbreuse, qui ne les valaientpas.– Julien, les truffes ! dit rudement <strong>Nana</strong>.Puis, revenant :– Ah ! dame, papa n’était guère raisonnable… Aussi, quelle dégringolade! Si tu avais vu ça, un plongeon, une dèche !… Je peux dire que j’enai supporté de toutes les couleurs, et c’est miracle si je n’y ai pas laisséma peau, <strong>com</strong>me papa et maman.Cette fois, Muffat, qui jouait avec un couteau, énervé, se permitd’intervenir.– Ce n’est pas gai, ce que vous racontez là.– Hein ? quoi ? pas gai ! cria-t-elle en le foudroyant d’un regard. Jecrois bien que ce n’est pas gai !… Il fallait nous apporter du pain, mon239

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