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Nana - Lecteurs.com

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enragé par ce nouvel obstacle, poussé à bout, résolu à quelque violence.Georges, qui passait par une petite porte dont il avait une clef, montatranquillement dans la chambre de <strong>Nana</strong>, en filant le long des murs. Seulement,il dut l’attendre jusqu’à minuit passé. Elle parut enfin, très grise,plus maternelle encore que les autres nuits ; quand elle buvait, ça la rendaitsi amoureuse, qu’elle en devenait collante. Ainsi, elle voulait absolumentqu’il l’ac<strong>com</strong>pagnât à l’abbaye de Chamont. Lui résistait, ayantpeur d’être vu ; si on l’apercevait en voiture avec elle, ça ferait un scandaleabominable. Mais elle fondit en larmes, prise d’un désespoirbruyant de femme sacrifiée, et il la consola, il lui promit formellementd’être de la partie.– Alors, tu m’aimes bien, bégayait-elle. Répète que tu m’aimes bien…Dis ? mon loup chéri, si je mourais, est-ce que ça te ferait beaucoup depeine ?Aux Fondettes, le voisinage de <strong>Nana</strong> bouleversait la maison. Chaquematin, pendant le déjeuner, la bonne M me Hugon revenait malgré ellesur cette femme, racontant ce que son jardinier lui rapportait, éprouvantcette sorte d’obsession qu’exercent les filles sur les bourgeoises les plusdignes. Elle, si tolérante, était révoltée, exaspérée, avec le vague pressentimentd’un malheur, qui l’effrayait, le soir, <strong>com</strong>me si elle eût connu laprésence dans la contrée d’une bête échappée de quelque ménagerie.Aussi cherchait-elle querelle à ses invités, en les accusant tous de rôderautour de la Mignotte. On avait vu le <strong>com</strong>te de Vandeuvres rire sur unegrande route avec une dame en cheveux ; mais il se défendait, il reniait<strong>Nana</strong>, car c’était en effet Lucy qui l’ac<strong>com</strong>pagnait, pour lui conter <strong>com</strong>mentelle venait de flanquer son troisième prince à la porte. Le marquisde Chouard sortait aussi tous les jours ; seulement, il parlait d’une ordonnancede son docteur. Pour Daguenet et Fauchery, M me Hugon semontrait injuste. Le premier surtout ne quittait pas les Fondettes, renonçantau projet de renouer, montrant auprès d’Estelle un respectueux empressement.Fauchery restait de même avec les dames Muffat. Une seulefois, il avait rencontré dans un sentier Mignon, les bras pleins de fleurs,faisant un cours de botanique à ses fils. Les deux hommes s’étaient serréla main, en se donnant des nouvelles de Rose ; elle se portait parfaitement,ils avaient chacun reçu le matin une lettre, où elle les priait de profiterquelque temps encore du bon air. De tous ses hôtes, la vieille damen’épargnait donc que le <strong>com</strong>te Muffat et Georges ; le <strong>com</strong>te, qui prétendaitavoir de graves affaires à Orléans, ne pouvait courir la gueuse ; etquant à Georges, le pauvre enfant finissait par l’inquiéter, car il était pris137

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