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Nana - Lecteurs.com

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pour Lucy, Caroline, Tatan et Maria. Quant à Steiner, il dormirait sur ledivan du salon. Au bout d’une heure, lorsque tout son monde fut casé,<strong>Nana</strong>, d’abord furieuse, était enchantée de jouer à la châtelaine. Cesdames la <strong>com</strong>plimentaient sur la Mignotte, une propriété renversante,ma chère ! Puis, elles lui apportaient une bouffée de l’air de Paris, les potinsde cette dernière semaine, parlant toutes à la fois, avec des rires, desexclamations, des tapes. À propos, et Bordenave ! qu’avait-il dit de safugue ? Mais pas grand-chose. Après avoir gueulé qu’il la ferait ramenerpar les gendarmes, il l’avait simplement doublée, le soir ; même que ladoublure, la petite Violaine, obtenait, dans La Blonde Vénus, un très jolisuccès. Cette nouvelle rendit <strong>Nana</strong> sérieuse.Il n’était que quatre heures. On parla de faire un tour.– Vous ne savez pas, dit <strong>Nana</strong>, je partais ramasser des pommes deterre, quand vous êtes arrivés.Alors, tous voulurent aller ramasser des pommes de terre, sans mêmechanger de vêtements. Ce fut une partie. Le jardinier et deux aides setrouvaient déjà dans le champ, au fond de la propriété. Ces dames semirent à genoux, fouillant la terre avec leurs bagues, poussant des cris,lorsqu’elles découvraient une pomme de terre très grosse. Ça leur semblaitsi amusant ! Mais Tatan Néné triomphait ; elle en avait tellement ramassédans sa jeunesse, qu’elle s’oubliait et donnait des conseils auxautres, en les traitant de bêtes. Les messieurs travaillaient plus mollement.Mignon, l’air brave homme, profitait de son séjour à la campagnepour <strong>com</strong>pléter l’éducation de ses fils : il leur parlait de Parmentier.Le soir, le dîner fut d’une gaieté folle. On dévorait. <strong>Nana</strong>, très lancée,s’empoigna avec son maître d’hôtel, un garçon qui avait servi à l’évêchéd’Orléans. Au café, les dames fumèrent. Un bruit de noce à tout cassersortait par les fenêtres, se mourait au loin dans la sérénité du soir ; tandisque les paysans, attardés entre les haies, tournant la tête, regardaient lamaison flambante.– Ah ! c’est embêtant que vous repartiez après-demain, dit <strong>Nana</strong>. Enfin,nous allons toujours organiser quelque chose.Et l’on décida qu’on irait le lendemain, un dimanche, visiter les ruinesde l’ancienne abbaye de Chamont, qui se trouvaient à sept kilomètres.Cinq voitures viendraient d’Orléans prendre la société après le déjeuner,et la ramèneraient dîner à la Mignotte, vers sept heures. Ce seraitcharmant.Ce soir-là, <strong>com</strong>me d’habitude, le <strong>com</strong>te Muffat monta le coteau poursonner à la grille. Mais le flamboiement des fenêtres, les grands rires,l’étonnèrent. Il <strong>com</strong>prit, en reconnaissant la voix de Mignon, et s’éloigna,136

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