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Nana - Lecteurs.com

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<strong>com</strong>me ce serait gentil de continuer ! Tant pis pour le monsieur ! Depuistrois mois, elle le faisait poser, jouant à la femme <strong>com</strong>me il faut, afin del’allumer davantage. Eh bien ! il poserait encore, il s’en irait, si ça ne luiplaisait pas. Elle aurait plutôt tout lâché, que de tromper Georges.Le <strong>com</strong>te s’était assis de l’air cérémonieux d’un voisin de campagne envisite. Ses mains seules avaient un tremblement. Dans cette nature sanguine,restée vierge, le désir, fouetté par la savante tactique de <strong>Nana</strong>, déterminaità la longue de terribles ravages. Cet homme si grave, ce chambellanqui traversait d’un pas digne les salons des Tuileries, mordait lanuit son traversin et sanglotait, exaspéré, évoquant toujours la mêmeimage sensuelle. Mais, cette fois, il était résolu d’en finir. Le long de laroute, dans la grande paix du crépuscule, il avait rêvé des brutalités. Et,tout de suite, après les premières paroles, il voulut saisir <strong>Nana</strong>, à deuxmains.– Non, non, prenez garde, dit-elle simplement, sans se fâcher, avec unsourire.Il la rattrapa, les dents serrées ; puis, <strong>com</strong>me elle se débattait, il futgrossier, il lui rappela crûment qu’il venait coucher. Elle, toujours souriante,embarrassée pourtant, lui tenait les mains. Elle le tutoya, afind’adoucir son refus.– Voyons, chéri, tiens-toi tranquille… Vrai, je ne peux pas… Steiner estlà-haut.Mais il était fou ; jamais elle n’avait vu un homme dans un état pareil.La peur la prenait ; elle lui mit les doigts sur la bouche, pour étouffer lescris qu’il laissait échapper ; et, baissant la voix, elle le suppliait de setaire, de la lâcher. Steiner descendait. C’était stupide, à la fin ! QuandSteiner entra, il entendit <strong>Nana</strong>, mollement allongée au fond de son fauteuil,qui disait :– Moi, j’adore la campagne…Elle tourna la tête, s’interrompant.– Chéri, c’est monsieur le <strong>com</strong>te Muffat qui a vu de la lumière, en sepromenant, et qui est entré nous souhaiter la bienvenue.Les deux hommes se serrèrent la main. Muffat demeura un instantsans parler, la face dans l’ombre. Steiner paraissait maussade. On causade Paris ; les affaires ne marchaient pas, il y avait eu à la Bourse des abominations.Au bout d’un quart d’heure, Muffat prit congé. Et, <strong>com</strong>me lajeune femme l’ac<strong>com</strong>pagnait, il demanda, sans l’obtenir, un rendez-vouspour la nuit suivante. Steiner, presque aussitôt, monta se coucher, engrognant contre les éternels bobos des filles. Enfin, les deux vieux étaientemballés ! Lorsqu’elle put le rejoindre, <strong>Nana</strong> trouva Georges toujours133

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