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Nana - Lecteurs.com

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Fauchery et Daguenet, également, se récrièrent. Le marquis deChouard mangeait un blanc de volaille, sans paraître <strong>com</strong>prendre. Pasun des hommes n’avait eu un sourire.– Sans doute, reprit la vieille dame, et même cette personne est arrivéehier soir à la Mignotte, <strong>com</strong>me je le disais. J’ai appris ça ce matin par lejardinier.Du coup, ces messieurs ne purent cacher une très réelle surprise. Touslevèrent la tête. Eh quoi ! <strong>Nana</strong> était arrivée ! Mais ils ne l’attendaient quele lendemain, ils croyaient la devancer ! Seul, Georges resta les cils baissés,regardant son verre, d’un air las. Depuis le <strong>com</strong>mencement du déjeuner,il semblait dormir, les yeux ouverts, vaguement souriant.– Est-ce que tu souffres toujours, mon Zizi ? lui demanda sa mère,dont le regard ne le quittait pas.Il tressaillit, il répondit en rougissant que ça allait tout à fait bien ; et ilgardait sa mine noyée et gourmande encore de fille qui a trop dansé.– Qu’as-tu donc là, au cou ? reprit M me Hugon, effrayée. C’est toutrouge.Il se troubla et balbutia. Il ne savait pas, il n’avait rien au cou. Puis, remontantson col de chemise :– Ah ! oui, c’est une bête qui m’a piqué.Le marquis de Chouard avait jeté un coup d’œil oblique sur la petiterougeur. Muffat, lui aussi, regarda Georges. On achevait de déjeuner, enréglant des projets d’excursion. Fauchery était de plus en plus remué parles rires de la <strong>com</strong>tesse Sabine. Comme il lui passait une assiette defruits, leurs mains se touchèrent ; et elle le regarda une seconde d’un regardsi noir, qu’il pensa de nouveau à cette confidence reçue un soird’ivresse. Puis, elle n’était plus la même, quelque chose s’accusait davantageen elle, sa robe de foulard gris, molle à ses épaules, mettait un abandondans son élégance fine et nerveuse.Au sortir de table, Daguenet resta en arrière avec Fauchery, pour plaisantercrûment sur Estelle, « un joli balai à coller dans les bras d’unhomme ». Pourtant, il devint sérieux, lorsque le journaliste lui eut dit lechiffre de la dot : quatre cent mille francs.– Et la mère ? demanda Fauchery. Hein ! très chic !– Oh ! celle-là, tant qu’elle voudrait !… Mais pas moyen, mon bon !– Bah ! est-ce qu’on sait !… Il faudrait voir.On ne devait pas sortir ce jour-là. La pluie tombait encore par averses.Georges s’était hâté de disparaître, enfermé à double tour dans sachambre. Ces messieurs évitèrent de s’expliquer entre eux, tout enn’étant pas dupes des raisons qui les réunissaient. Vandeuvres, très131

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