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Nana - Lecteurs.com

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elle de loin ? Le petit vieux répondait par des grognements. Dans la calèche,<strong>Nana</strong> dansait d’impatience ; tandis que Zoé, fâchée d’avoir quittéParis si vite, se tenait raide et maussade. Le cheval s’étant arrêté court, lajeune femme crut qu’on arrivait. Elle passa la tête par la portière, elledemanda :– Hein ! nous y sommes ?Pour toute réponse, le cocher avait fouetté le cheval, qui monta péniblementune côte. <strong>Nana</strong> contemplait avec ravissement la plaine immensesous le ciel gris, où de gros nuages s’amoncelaient.– Oh ! regarde donc, Zoé, en voilà de l’herbe ! Est-ce que c’est du blé,tout ça ?… Mon Dieu ! que c’est joli !– On voit bien que Madame n’est pas de la campagne, finit par dire labonne d’un air pincé. Moi, je l’ai trop connue, la campagne, quand j’étaischez mon dentiste, qui avait une maison à Bougival… Avec ça, il faitfroid, ce soir. C’est humide, par ici.On passait sous des arbres. <strong>Nana</strong> flairait l’odeur des feuilles <strong>com</strong>me unjeune chien. Brusquement, à un détour de la route, elle aperçut le coind’une habitation, dans les branches. C’était peut-être là ; et elle entamaune conversation avec le cocher, qui disait toujours non, d’un branlementde tête. Puis, <strong>com</strong>me on descendait l’autre pente du coteau, il secontenta d’allonger son fouet, en murmurant :– Tenez, là-bas.Elle se leva, passa le corps entier par la portière.– Où donc ? où donc ? criait-elle, pâle, ne voyant rien encore.Enfin, elle distingua un bout de mur. Alors, ce furent de petits cris, depetits sauts, tout un emportement de femme débordée par une émotionvive.– Zoé, je vois, je vois !… Mets-toi de l’autre côté… Oh ! il y a, sur letoit, une terrasse avec des briques. C’est une serre, là-bas ! Mais c’est trèsvaste… Oh ! que je suis contente ! Regarde donc, Zoé, regarde donc !La voiture s’était arrêtée devant la grille. Une petite porte s’ouvrit, et lejardinier, un grand sec, parut, sa casquette à la main. <strong>Nana</strong> voulut retrouversa dignité, car le cocher déjà semblait rire en dedans, avec seslèvres cousues. Elle se retint pour ne pas courir, écouta le jardinier, trèsbavard celui-là, qui priait Madame d’excuser le désordre, attendu qu’ilavait seulement reçu la lettre de Madame le matin ; mais, malgré ses efforts,elle était enlevée de terre, elle marchait si vite que Zoé ne pouvaitla suivre. Au bout de l’allée, elle s’arrêta un instant, pour embrasser lamaison d’un coup d’œil. C’était un grand pavillon de style italien, flanquéd’une autre construction plus petite, qu’un riche Anglais avait fait124

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