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Nana - Lecteurs.com

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dit ça, le petit Georges Hugon, vous le connaissez ?… Venez donc mevoir, là-bas.Le <strong>com</strong>te, effrayé de sa brutalité d’homme timide, honteux de ce qu’ilavait fait, la salua cérémonieusement, en lui promettant de se rendre àson invitation. Puis, il s’éloigna, marchant dans un rêve.Il rejoignait le prince, lorsque, en passant devant le foyer, il entenditSatin crier :– En voilà un vieux sale ! Fichez-moi la paix !C’était le marquis de Chouard, qui se rabattait sur Satin. Celle-ci avaitdécidément assez de tout ce monde chic. <strong>Nana</strong> venait bien de la présenterà Bordenave. Mais ça l’avait trop assommée, de rester la bouche cousue,par crainte de laisser échapper des bêtises ; et elle voulait se rattraper,d’autant plus qu’elle était tombée, dans les coulisses, sur un ancien àelle, le figurant chargé du rôle de Pluton, un pâtissier qui lui avait déjàdonné toute une semaine d’amour et de gifles. Elle l’attendait, irritée dece que le marquis lui parlait <strong>com</strong>me à une de ces dames du théâtre. Aussifinit-elle par être très digne, jetant cette phrase :– Mon mari va venir, vous allez voir !Cependant, les artistes en paletot, le visage las, partaient un à un. Desgroupes d’hommes et de femmes descendaient le petit escalier tournant,mettaient dans l’ombre des profils de chapeaux défoncés, de châles fripés,une laideur blême de cabotins qui ont enlevé leur rouge. Sur lascène, où l’on éteignait les portants et les herses, le prince écoutait uneanecdote de Bordenave. Il voulait attendre <strong>Nana</strong>. Quand celle-ci parutenfin, la scène était noire, le pompier de service, achevant sa ronde, promenaitune lanterne. Bordenave, pour éviter à Son Altesse le détour dupassage des Panoramas, venait de faire ouvrir le couloir qui va de la logede la concierge au vestibule du théâtre. Et c’était, le long de cette allée,un sauve-qui-peut de petites femmes, heureuses d’échapper auxhommes en train de poser dans le passage. Elles se bousculaient, serrantles coudes, jetant des regards en arrière, respirant seulement dehors ;tandis que Fontan, Bosc et Prullière se retiraient lentement, en blaguantla tête des hommes sérieux, qui arpentaient la galerie des Variétés, àl’heure où les petites filaient par le boulevard, avec des amants de cœur.Mais Clarisse surtout fut maligne. Elle se méfiait de La Faloise. En effet,il était encore là, dans la loge, en <strong>com</strong>pagnie des messieurs quis’entêtaient sur les chaises de M me Bron. Tous tendaient le nez. Alors,elle passa raide, derrière une amie. Ces messieurs clignaient les paupières,ahuris par cette dégringolade de jupes tourbillonnant au pied del’étroit escalier, désespérés d’attendre depuis si longtemps, pour les voir118

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