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Nana - Lecteurs.com

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– Ce n’est pas pour vous, au moins ! c’est pour Fauchery quim’embête.Et elle s’échappa. Le <strong>com</strong>te demeurait gêné devant son beau-père. Unflot de sang lui était monté à la face. Il n’avait pas éprouvé, dans la logede <strong>Nana</strong>, au milieu de ce luxe de tentures et de glaces, l’âcre excitationde la misère honteuse de ce galetas, plein de l’abandon des deuxfemmes. Cependant, le marquis venait de partir derrière Simonne trèspressée, lui parlant dans le cou, pendant qu’elle refusait de la tête. Faucheryles suivait en riant. Alors, le <strong>com</strong>te se vit seul avec l’habilleuse, quirinçait les cuvettes. Et il s’en alla, il descendit à son tour l’escalier, lesjambes molles, levant de nouveau devant lui des femmes en jupons, faisantbattre les portes sur son passage. Mais, au milieu de cette débandadede filles lâchées à travers les quatre étages, il n’aperçut distinctementqu’un chat, le gros chat rouge, qui, dans cette fournaise empoisonnéede musc, filait le long des marches en se frottant le dos contre les barreauxde la rampe, la queue en l’air.– Ah bien ! dit une voix enrouée de femme, j’ai cru qu’ils nous garderaient,ce soir !… En voilà des raseurs, avec leurs rappels !C’était la fin, le rideau venait de tomber. Il y avait un véritable galopdans l’escalier, dont la cage s’emplissait d’exclamations, d’une hâte brutaleà se rhabiller et à partir. Comme le <strong>com</strong>te Muffat descendait la dernièremarche, il aperçut <strong>Nana</strong> et le prince qui suivaient lentement le couloir.La jeune femme s’arrêta ; puis, souriante, baissant la voix :– C’est cela, à tout à l’heure.Le prince retourna sur la scène, où Bordenave l’attendait. Alors, seulavec <strong>Nana</strong>, cédant à une poussée de colère et de désir, Muffat courutderrière elle ; et, au moment où elle rentrait dans sa loge, il lui planta unrude baiser sur la nuque, sur les petits poils blonds qui frisaient très basentre ses épaules. C’était <strong>com</strong>me le baiser reçu en haut, qu’il rendait là.<strong>Nana</strong>, furieuse, levait déjà la main. Quand elle reconnut le <strong>com</strong>te, elle eutun sourire.– Oh ! vous m’avez fait peur, dit-elle simplement.Et son sourire était adorable, confus et soumis, <strong>com</strong>me si elle eûtdésespéré de ce baiser et qu’elle fût heureuse de l’avoir reçu. Mais elle nepouvait pas, ni le soir, ni le lendemain. Il fallait attendre. Si même elleavait pu, elle se serait fait désirer. Son regard disait ces choses. Enfin, ellereprit :– Vous savez, je suis propriétaire… Oui, j’achète une maison de campagne,près d’Orléans, dans un pays où vous allez quelquefois. Bébé m’a117

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