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Les arabes de France sous le drapeau du Reich ... - Stefano Fabei

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<strong>Les</strong> <strong>arabes</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> <strong>sous</strong> <strong>le</strong> <strong>drapeau</strong> <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> (www.voxnr.com, 26/01/2005)Si l’on excepte la Tunisie jusqu’en mai 1943, la seu<strong>le</strong> communauté arabe avec laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong><strong>Reich</strong> fut en contact immédiat fut cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>. <strong>Les</strong> relations entre <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands et <strong>le</strong>snombreux maghrébins résidant dans l’hexagone furent sereins, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s premiersmoments <strong>de</strong> l'occupation, et cela permirent <strong>le</strong> développement d’une collaboration dans <strong>le</strong>champ politique et militaire.A partir <strong>de</strong> 1941, <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands publièrent une revue illustrée en Français et en Arabe, al-Dunya-al-Jadida, par l’intermédiaire <strong>de</strong> laquel<strong>le</strong> ils diffusèrent <strong>le</strong>ur programme politique.Une autre revue, Lisan al-'Asr, s'adressa à la dizaine <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> soldats maghrébinsinternés dans <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong> prisonniers en tant que membres <strong>de</strong> l'armée colonia<strong>le</strong>française. En plus <strong>de</strong> cela, à Paris, <strong>le</strong> bureau chargé <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> arabe, <strong>le</strong>Werbestel<strong>le</strong> für Araber, s'occupa <strong>de</strong> la publication <strong>de</strong> plusieurs opuscu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong>.Un certain nombre d'<strong>arabes</strong> étaient affilié aux partis fascistes français et étaient disposésà collaborer à la cause <strong>de</strong> l'Axe et <strong>de</strong> l'Al<strong>le</strong>magne, dirigée par ce «Hadj Guillaume» quiapparaissait à beaucoup d’autres maghrébins comme <strong>le</strong> garant <strong>de</strong> la future liberté arabehors <strong>du</strong> joug colonial français.Il convient donc ici <strong>de</strong> traiter tout particulièrement <strong>de</strong>s hommes appartenant au Partipopulaire algérien, <strong>le</strong> mouvement qui joua <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus significatif dans l'histoire <strong>de</strong>l'indépendance <strong>de</strong> l'Algérie jusqu’au soulèvement <strong>de</strong> la Toussaint 1958.Ce Parti, à la veil<strong>le</strong> <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> guerre mondia<strong>le</strong> représentait l'ai<strong>le</strong> la plus déterminée <strong>du</strong>mouvement nationaliste algérien. C’était une organisation politique minoritaire mais trèsdynamique, qui selon la police française comptait entre <strong>de</strong>ux mil<strong>le</strong> cinq cents et quatremil<strong>le</strong> militants en Algérie et environ un millier en métropo<strong>le</strong>. Il était dirigé par trois chefs:Messali Hadj, Amar Imache et Belqasem Radjeff. Le premier fut une figure <strong>de</strong> pointe <strong>du</strong>mouvement arabe <strong>de</strong> libération. Né à T<strong>le</strong>mcen en 1898, il adhéra au Parti communistefrançais en 1925. En 1927, il participa au Congrès anti-impérialiste <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s, à côté <strong>de</strong><strong>de</strong>ux <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs <strong>du</strong> Tiers Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>venir célèbres: <strong>le</strong> non vio<strong>le</strong>nt Jawaharlal Nehruet Nguyen Ai Quoc, alias Ho Chi Minh, un communiste comme lui. L'année précé<strong>de</strong>nte, ilavait créé l'Etoi<strong>le</strong> nord-africaine, <strong>le</strong> noyau originaire <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>viendra <strong>le</strong> Parti <strong>du</strong> peup<strong>le</strong>algérien. En 1929, il commença à prendre ses distances avec <strong>le</strong> PCF, à son avis trop peurespectueux <strong>du</strong> nationalisme algérien. En 1935 poursuivi par la justice française, Messalis'exila à Genève où, <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s commissions compétentes <strong>de</strong> la SDN, il voulut témoigneren faveur <strong>de</strong> l'Ethiopie attaquée par l'Italie. Il fit là la connaissance <strong>de</strong> l'émir Shekib Arslandont il <strong>de</strong>vint l’ami.Le second chef <strong>du</strong> PPA, Amar Imache, déjà secrétaire général <strong>de</strong> l'Etoi<strong>le</strong> nord-africaine,avant sa dissolution par <strong>le</strong>s autorités françaises, était <strong>le</strong> contraire <strong>de</strong> Messali Hadj. C’étaitun «faucon», vio<strong>le</strong>mment anti-français et anti-juif. Durant l'exil genevois <strong>de</strong> Messali, ilassura la direction <strong>du</strong> mouvement en 1935 et 1936.Belkacem Radieff, appartenait, lui, à une famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> marabouts <strong>de</strong> Fort National et il avaitmilité dans l'extrême gauche française. Le 5 janvier 1937, il participa à Paris à un meeting<strong>de</strong> l’Etoi<strong>le</strong> nord-africaine – prélu<strong>de</strong> à la constitution l'année après d'un Comité nord africain<strong>de</strong> solidarité et d'ai<strong>de</strong> aux victimes <strong>arabes</strong> <strong>de</strong> Pa<strong>le</strong>stine – dans <strong>le</strong>quel on cria «Vive Aminal-Husayni ! La Pa<strong>le</strong>stine aux Pa<strong>le</strong>stiniens!». Trois semaines après <strong>le</strong> gouvernement <strong>de</strong>Léon Blum, préoccupé par la croissance <strong>du</strong> mouvement <strong>de</strong> libération algérien, procéda àla liquidation <strong>de</strong> l’ENA, suscitant chez <strong>le</strong>s militants nationalistes une profon<strong>de</strong> rancœur quirapi<strong>de</strong>ment se transforma en haine pour cette gauche et ce Front populaire qui après avoirdonné tant d'espérances aux peup<strong>le</strong>s colonisés, <strong>le</strong>s trahissait maintenant. Profitant <strong>de</strong>cette situation, Amar Imache prit <strong>le</strong> comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la frange la plus <strong>du</strong>re et la plusintransigeante, contestant l’orientation <strong>de</strong> Messali, qui tentait, <strong>de</strong> son côté, d'éviter unedérive extrémiste <strong>du</strong> mouvement. Messali savait bien que <strong>le</strong> vio<strong>le</strong>nt «anti-judaïsme»


La réponse tardât à arriver, puisque la Wilhemstrasse était très sensib<strong>le</strong> aux arguments etaux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong>ur al<strong>le</strong>mand à Paris, Otto Abetz, pionner <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>la collaboration franco-al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>. Abbetz souligna qu'un soutien ouvert aux nationalistesalgérien serait tout <strong>de</strong> suite interprété, à Vichy, comme une tentative <strong>de</strong> démembrement<strong>de</strong> l'Empire français. Il fallait par conséquent choisir entre <strong>le</strong> soutien à un petit groupeindépendantiste et la politique <strong>de</strong> collaboration avec la <strong>France</strong> <strong>de</strong> Pétain, pour laquel<strong>le</strong> lasauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Empire constituait une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s raisons d'existence. En d'autrestermes concernant l'Algérie, une politique empreinte d'une gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce s'imposait àl'Al<strong>le</strong>magne et à l'Axe.Le CARNA essaya <strong>de</strong> nouveau, en 1941, avec son délégué Rashid Amara, d'obtenir <strong>le</strong>sarmes indispensab<strong>le</strong>s pour commencer la lutte contre <strong>le</strong>s Français, mais <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands selimitèrent à offrir <strong>de</strong> l'argent. Déçu, <strong>le</strong>s Algériens se tournèrent alors vers <strong>le</strong>s Italiens, qu'ilsréussirent à contacter par l'intermédiaire d'un employé arabe <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur consulat d'Alger, uncertain Said. Mohammed Ta<strong>le</strong>b, Rashid Amara, Mohammed Abdoun, Hadj Shershalli et SîMohammed Pascià formulèrent aux diplomates italiens la même requête qu’ils avaientfaite aux al<strong>le</strong>mands, mais comme ces <strong>de</strong>rniers <strong>le</strong>s Italiens se limitèrent à offrir <strong>de</strong> l'argent.Déçus et remplis d'amertume, <strong>le</strong>s nationalistes algériens se résignèrent à accepter l'ai<strong>de</strong>financière italienne <strong>de</strong> trois cent mil<strong>le</strong> francs et retournèrent à <strong>le</strong>urs cachettes dans <strong>le</strong>cœur <strong>de</strong> l'Algérie d'où, quelques années plus tard, serait donné <strong>le</strong> départ <strong>de</strong> la lutte arméepour l'indépendance.L'Axe se limita à offrir <strong>de</strong> l'argent aux Algériens. Du reste, si à l'égard <strong>de</strong> la Tunisie <strong>le</strong>sprétentions <strong>de</strong> Rome étaient connues <strong>de</strong> tous, en ce qui concernait l'Algérie l'attitu<strong>de</strong>italienne était plus nuancée. La <strong>France</strong> craignait qu'à long terme Berlin et Rome, jouant àfond la carte <strong>du</strong> nationalisme arabe, tentent <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s insurrections dans <strong>le</strong>Maghreb. Cette crainte ne quitta pas <strong>le</strong>s Français jusqu'en 1943.Quant aux hommes <strong>du</strong> CARNA, quelques-uns continuèrent à collaborer avec l'Axe,d'autres replongèrent dans la clan<strong>de</strong>stinité jetant <strong>le</strong>s bases <strong>de</strong> l'organisation quipermettrait à l'insu <strong>de</strong> la police <strong>de</strong> Vichy, la reconstruction <strong>du</strong> PPA; quelque temps aprèsMessali pardonna en effet et réadmit dans <strong>le</strong> Parti <strong>le</strong>s membres <strong>du</strong> CARNA.Messali Hadj, <strong>le</strong> 17 mars 1941, accusé d'avoir attenté à la sécurité <strong>de</strong> l'Etat, avait étécondamné à dix-sept ans <strong>de</strong> travaux forcés et à vingt ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour, à laperte <strong>de</strong> ses droits civils et à la confiscation <strong>de</strong> ses biens. Malgré cela, en avril 1943, cinqmois après <strong>le</strong> débarquement <strong>de</strong>s alliés en Afrique <strong>du</strong> Nord, il sortit <strong>de</strong> prison et il putconstater comment ses compagnons avaient suivi une route différente <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> qu'il <strong>le</strong>uravait indiquée.Belkacem Radjeff, l'ex-numéro 3 <strong>du</strong> PPA et Mohammed Igherbouchène dirigeaient lasection algérienne <strong>du</strong> Comité Yâsin et étaient <strong>le</strong>s animateurs <strong>de</strong>s émissions en languearabe <strong>de</strong> Radio-Paris-Mondial. Radjef ne faisait pas mystère <strong>de</strong> ses sympathies pour <strong>le</strong>Rassemb<strong>le</strong>ment national populaire (RNP) <strong>de</strong> Marcel Déat, à l'intérieur <strong>du</strong>quel il avaitretrouvé une <strong>de</strong> ses vieil<strong>le</strong>s connaissances, <strong>le</strong> socialiste Félicien Challaye, rédacteur <strong>de</strong>l'hebdomadaire L’Atelier, proche <strong>du</strong> parti. Ensemb<strong>le</strong>, cinq années avant, ils avaient été <strong>le</strong>sorganisateurs <strong>de</strong> certaines manifestations <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong> la gauche en faveur <strong>du</strong> Mufti <strong>de</strong>Jérusa<strong>le</strong>m et <strong>de</strong> la cause pa<strong>le</strong>stinienne.A l'intérieur <strong>du</strong> RNP avait été créé <strong>le</strong> Front social <strong>du</strong> travail et au sein <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier s'étaitconstituée l'Union <strong>de</strong>s travail<strong>le</strong>urs nord-africains qui regroupait environ trois mil<strong>le</strong>membres. Pour diriger cette organisation syndica<strong>le</strong>, créée dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> collaborer avec<strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands, il y avait <strong>de</strong>ux hommes qui l'avaient pensée et créée au début <strong>de</strong>l'occupation tu<strong>de</strong>sque. Il s'agissait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vieux chefs <strong>du</strong> PPA, Amar Khi<strong>de</strong>r et Si Djilani,qui exerçaient une influence considérab<strong>le</strong> sur la colonie maghrébine en <strong>France</strong>.Khi<strong>de</strong>r, déjà avant la guerre s'était engagé politiquement en faisant <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong>contre la <strong>France</strong>. Incarcéré pour avoir reconstitué l'organisation nationaliste Etoi<strong>le</strong> nord-


africaine, avait été gracié. Selon <strong>le</strong>s services secrets français, après juil<strong>le</strong>t 1940 il futemployé par la <strong>de</strong>uxième section <strong>de</strong> l'Abwehrstel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris, pour <strong>le</strong> travail <strong>de</strong>«désorganisation mora<strong>le</strong> <strong>de</strong>s indigènes». De novembre 1943 jusqu'à mai 1944, il futemployé comme agent <strong>de</strong> la section I/M <strong>de</strong> l'Abwehrstel<strong>le</strong> West.Libéré au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la défaite française, <strong>le</strong> nationaliste algérien participa activementau Front social <strong>du</strong> travail et en <strong>de</strong>vint, à partir <strong>de</strong> 1943, avec Si Djilani, un <strong>de</strong>s plus actifspropagandistes. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux hommes avaient manifesté, <strong>de</strong>puis 1939, <strong>le</strong>ur sympathie pourl'Al<strong>le</strong>magne hitlérienne et <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s pro-al<strong>le</strong>mands qu’à l'époque ils avaient publiés dansl'organe <strong>du</strong> PPA avaient suscité l'inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Messali.Un autre ancien membre <strong>de</strong> l'Etoi<strong>le</strong> nord-africaine, Fudil Si Larabi, était entré au Partipopulaire français <strong>de</strong> Doriot en 1938. En 1942, il faisait partie <strong>de</strong> sa direction, avec Djillaliben Thami. Selon <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> sécurité français, Fudil Si Larabi, orateur célèbre quiavait l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> citer <strong>le</strong> Coran <strong>de</strong> manière répétée dans tous ses discours, était alors <strong>le</strong>secrétaire <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s musulmans <strong>de</strong> Paris, poste qu’il occupait <strong>sous</strong> <strong>le</strong>contrô<strong>le</strong> <strong>du</strong> colonel <strong>de</strong> la SS Hermann Bick<strong>le</strong>r, qui dirigea, à partir <strong>de</strong> mai 1943, la sectionVI <strong>du</strong> Sichereits-Dienst (Service <strong>de</strong> sécurité) dans la capita<strong>le</strong> française. Avec Ben Thamiet Amar Naroun (fondateurs <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s étudiants musulmans d'Algérie), <strong>le</strong>s avocatsLawhek et Maradji et l’agha Adjou Sa'id, Fudil Si Larabi faisait partie <strong>du</strong> Comité musulman<strong>de</strong> l'Afrique <strong>du</strong> Nord, présidé par Mohammed al-Maadi. Parmi <strong>le</strong>s Algériens qui en <strong>France</strong>collaboraient avec l'Axe celui-ci fut probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> plus célèbre. Fils <strong>du</strong> Caïd Mahfuz al-Ma'adi, il était né à T<strong>le</strong>mcen en 1903. A partir <strong>de</strong> 1922 étudiant en <strong>le</strong>ttre à la Sorbonne, ilavait commencé à faire <strong>de</strong> la politique au sein <strong>de</strong> l'immigration, avec l'Etoi<strong>le</strong> nord africaine.Retourné en Algérie en 1929, il fut arrêté en 1933. Officier <strong>de</strong> carrière, capitained'infanterie dans l'armée française, il quitta <strong>le</strong> service en 1936. Entré tôt en contact avec <strong>le</strong>PPA, se ralliant par conséquent à ses positions indépendantistes, il s'était ensuiteconvaincu que <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>stin pour l'Algérie était celui d'une unité avec une <strong>France</strong>rénovée; il s'était rallié par conséquent à la Cagou<strong>le</strong>, un petit groupe putschisted'inspiration fasciste. La conjuration découverte, il finit en prison. Par la suite, il milita dansla première pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'occupation al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>, au sein <strong>du</strong> Mouvement socialrévolutionnaire, pour il passa au parti <strong>de</strong> Marcel Déat, <strong>le</strong> Rassemb<strong>le</strong>ment nationalpopulaire. Il en <strong>de</strong>vint <strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong>s questions inhérentes au Maghreb, organisant <strong>le</strong>Comité RNP nord-africain. Durant la même pério<strong>de</strong>, il tissa <strong>de</strong>s contacts avec <strong>le</strong>s cerc<strong>le</strong>sindépendantistes algériens présents en <strong>France</strong> et prit la direction d'une revue mensuel<strong>le</strong>,er-Rachid, publiée par la communauté algérienne grâce aux subventions al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s. Toutcela <strong>le</strong> mena à être expulsé <strong>du</strong> RNP en tant «qu'anti-français». En juin 1943, al-Ma'adi,tandis qu'il rendait dans <strong>le</strong>s colonnes <strong>du</strong> journal un hommage aux soldats <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> - «Auxpieds <strong>de</strong>s minarets détruits, l'islam prie, avec angoisse, pour <strong>le</strong>s jeunes soldats quibaignèrent <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur sang vertueux la vieil<strong>le</strong> terre libyenne» – se mit en contact avec <strong>le</strong>sresponsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’espionnage al<strong>le</strong>mand en <strong>France</strong>, à qui il proposa <strong>de</strong> créer une forcearmée pour combattre <strong>le</strong>s Alliés. Grâce au capitaine Wilhem Ra<strong>de</strong>cke, <strong>de</strong> l'Abwehr <strong>de</strong>Paris, al-Ma'adi rencontra Henri Chamberlain, dit Lafont, chef <strong>du</strong> bureau <strong>de</strong> la Gestapoparisienne. Et ce fut Lafont qui s'occupa d'ouvrir, au n° 40 <strong>de</strong> la rue Lauriston, un bureau<strong>de</strong> recrutement. Al-Ma'adi avec son bras droit, un certain Brahim, procéda au recrutementd’Arabes et <strong>de</strong> Kaby<strong>le</strong>s, provenant surtout <strong>du</strong> quartier dit «<strong>de</strong> la Goutte d'Or».Près <strong>de</strong> trois cents hommes furent recrutés pour ce qui fut appelé la Briga<strong>de</strong> nordafricaineou encore la Légion nord-africaine. <strong>Les</strong> hommes fut entraînée à Neuilly, avec <strong>le</strong>soutien <strong>du</strong> chef local <strong>de</strong> la Milice. Ce corps <strong>de</strong> sécurité fut officiel<strong>le</strong>ment constitué <strong>le</strong> 28janvier 1944, avec <strong>le</strong> patronage d'Helmut Knochen, <strong>le</strong> chef <strong>de</strong> la Gestapo et <strong>du</strong> SD en<strong>France</strong> et ses hommes adoptèrent un uniforme semblab<strong>le</strong> à celui utilisé par la Milicefrançaise qui combattait la Résistance.


Malgré <strong>le</strong>s sentiments nationalistes <strong>de</strong> nombreux <strong>de</strong> ses membres, <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands -commettant encore une erreur qu’ils avaient déjà faite avec <strong>le</strong>s autres corps <strong>arabes</strong> -,eurent recours, pour encadrer cette force, aux collaborateurs français qui ne regardaientpas avec beaucoup <strong>de</strong> sympathie <strong>le</strong>s idées indépendantistes <strong>de</strong>s nord-africains. Le choixse révéla, comme c’était à prévoir, tout autre qu'heureux puisque <strong>le</strong>s membres <strong>le</strong>s plusradicaux <strong>de</strong> la Légion nord-africaine se considéraient comme <strong>le</strong> noyau d'une future arméealgérienne et non comme un corps <strong>de</strong> sécurité dont la tâche était cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> combattre <strong>le</strong>spartisans, activité dans laquel<strong>le</strong>, quoiqu'il en soit, ils donnèrent <strong>de</strong> bons résultats surtoutdans la région <strong>de</strong> Limoges. Ces combattants, qui furent surnommé la SS Mohammed, serendirent cependant compte que <strong>le</strong>ur emploi contre la Résistance avait bien peu à faireavec <strong>le</strong>ur objectif qui était celui <strong>de</strong> mener l'Algérie à l'indépendance et peu après <strong>le</strong>débarquement en Normandie la majorité <strong>de</strong>s effectifs déserta.Après quelques divergences avec Lafont, al-Ma'adi retourna à Paris et comme Déat etd'autres collaborateurs français, en août 1944 – avec quelques survivants <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong>,sa femmes Mathil<strong>de</strong> et Denise <strong>de</strong> Fontfrey<strong>de</strong>, journalistes <strong>de</strong> la fois à La Révolutionnationa<strong>le</strong> et à er-Rachid ainsi que secrétaire <strong>du</strong> Cerc<strong>le</strong> franco-musulman que présidait al-Ma'adi – il partit pour l'Al<strong>le</strong>magne, où il fut accueillit fraternel<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> Grand Mufti.Quelques survivants <strong>de</strong> la Légion nord-africaine suivirent un <strong>de</strong>stin semblab<strong>le</strong> à <strong>le</strong>ur chefet comme lui réussirent à retourner ensuite en Algérie; d'autres se cachèrent à l'intérieur<strong>de</strong> la communauté maghrébine <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> Marseil<strong>le</strong>; d'autres encore rejoignirent laLégion indienne <strong>de</strong> Chandra Bose, représentée en <strong>France</strong> par quelques unités jusqu'à lafin <strong>de</strong> la guerre.<strong>Les</strong> efforts <strong>de</strong>s Al<strong>le</strong>mands dans <strong>le</strong> recrutement <strong>de</strong> la main d'œuvre maghrébine en <strong>France</strong>connurent une réussite <strong>de</strong>s plus importante. L'organisation Todt, au service <strong>de</strong> laWermacht, avait réussi assez faci<strong>le</strong>ment à recruter environ dix-huit mil<strong>le</strong> Arabes pour sesunités chargées <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction militaire tandis que <strong>de</strong> nombreux autres servaient commeHiwis (auxiliaire volontaire) dans <strong>le</strong>s unités al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s en garnison en <strong>France</strong>.La disponibilité maghrébine à collaborer avec <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands était si é<strong>le</strong>vée qu’el<strong>le</strong> éveilla<strong>de</strong>s préoccupations chez <strong>le</strong>s autorités françaises <strong>de</strong> Vichy. Cel<strong>le</strong>s-ci donnèrent à la policel'ordre d'empêcher aux Nord-africains l'accès <strong>de</strong>s consulats al<strong>le</strong>mands d'Alger et <strong>de</strong>Casablanca, <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>squels <strong>de</strong>s centaines d'Arabes se rassemblaient pour obtenir <strong>de</strong>scontrats <strong>de</strong> travail <strong>le</strong>ur permettant <strong>de</strong> rejoindre l'Al<strong>le</strong>magne. Une tel<strong>le</strong> décision provoqua enjuil<strong>le</strong>t 1942 un inci<strong>de</strong>nt diplomatique entre <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands et <strong>le</strong>s autorités <strong>de</strong> Vichy.L'invasion alliée <strong>du</strong> Maghreb mobilisa <strong>le</strong>s communautés nord-africaines en <strong>France</strong>; unedélégation <strong>de</strong> Marocains expatriés se rendit à Berlin où el<strong>le</strong> remit un don <strong>de</strong> cent mil<strong>le</strong>francs à la Croix-Rouge al<strong>le</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong>manda à Grobba d'exercer <strong>de</strong>s pressions sur <strong>le</strong>ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères afin que soit proclamée l'Indépendance <strong>du</strong> Maroc. Versla fin <strong>de</strong> 1942, alors que la responsabilité <strong>de</strong>s Affaires <strong>arabes</strong> à Berlin incomba àl'ambassa<strong>de</strong>ur Prüfer, Grobba fut affecté à Paris, avec la tâche <strong>de</strong> rechercher et <strong>de</strong>sé<strong>le</strong>ctionner <strong>le</strong>s documents français qui pourraient être utilisés dans la propagan<strong>de</strong> arabe<strong>du</strong> <strong>Reich</strong>. <strong>Les</strong> relations avec <strong>le</strong>s colonies <strong>arabes</strong> en <strong>France</strong>, après <strong>le</strong> débarquement alliéen Afrique <strong>du</strong> Nord étaient à la charge <strong>de</strong>s chefs <strong>arabes</strong> présents à Berlin: Fawzi al-Kawukgji se rendit à Paris pour établir <strong>de</strong>s contacts avec ses compatriotes syriensprésents en nombre significatif dans la capita<strong>le</strong>; <strong>le</strong> Grand Mufti envoya son cousin Safwatal-Husayni pour accomplir une tâches analogues. La crise entre <strong>le</strong>s autorités al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>set cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Vichy que l'invasion alliée <strong>du</strong> Maghreb aggravait faisait espérer aux Arabes unerupture définitive <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> avec Pétain. De nombreux Arabes considéraient qu'ils <strong>de</strong>vaientprofiter <strong>de</strong> l'occasion, bien que cel<strong>le</strong>-ci se présenta tardivement et en dépit <strong>de</strong> la situationdésespérée.Le secrétaire <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> al<strong>le</strong>man<strong>de</strong> à Paris, Rohring, chargé <strong>de</strong>s Affaires <strong>arabes</strong>,maintenait <strong>de</strong>s contacts étroits avec <strong>le</strong>s cerc<strong>le</strong>s nationalistes maghrébins en <strong>France</strong> et


avec l'émir 'Ali un <strong>de</strong>s quatres fils d’Hussein, <strong>le</strong> Chérif <strong>de</strong> la Mecque. Alors que ses frèresFaycal et 'Abdallah, après la première guerre mondia<strong>le</strong>, avaient réussi à obtenirrespectivement <strong>le</strong> royaume d'Irak pour <strong>le</strong> premier et <strong>le</strong> royaume <strong>de</strong> Transjordanie pour <strong>le</strong>second; 'Ali avait hérité, lui, <strong>de</strong> son père <strong>le</strong> royaume d'Arabie. Il en avait été chassé par Ibnal-Sa'ud et, convaincu d'avoir été trahi par <strong>le</strong>s Anglais, il avait choisi la <strong>France</strong> commepays d’exil. Pendant une pério<strong>de</strong> d'environ vingt ans Paris lui avait fait entrevoir lapossibilité <strong>de</strong> <strong>le</strong> nommer – comptant sur l'appui <strong>du</strong> Parti monarchique local – roi <strong>de</strong> Syrie,nation dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s Français avaient imposé une forme d'Etat républicain. Le tempsl'avait pourtant déçu l'amenant à la conclusion que jamais <strong>le</strong>s Français dans <strong>le</strong>urprotectorat ne permettraient l'instauration d'une monarchie. L'émir 'Ali se rapprocha parconséquent <strong>de</strong>s cerc<strong>le</strong>s indépendantistes cherchant à joindre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux causes, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>l’indépendance et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la restauration monarchique, et espérant conquérir <strong>le</strong>s partisans<strong>de</strong> la première à cel<strong>le</strong> qui lui tenait <strong>le</strong> plus à cœur.Rohring, avec l'appui <strong>de</strong> Grobba et avec <strong>le</strong> consentement <strong>de</strong> l'émir, chercha à convaincreOtto Abetz, ambassa<strong>de</strong>ur à Paris <strong>de</strong>puis 1940, qui désormais il n'y avait plus aucun motifpour tenir compte <strong>de</strong>s arguments <strong>de</strong>s Français et <strong>de</strong> continuer à con<strong>de</strong>scendre à <strong>le</strong>urs<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. Il fallait déci<strong>de</strong>r que c’était <strong>le</strong> moment opportun pour proclamer l'indépendance<strong>de</strong> la Syrie <strong>sous</strong> la monarchie d'Alî. Abetz <strong>de</strong>manda au ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères<strong>de</strong> Berlin <strong>de</strong> l'autoriser à exercer une pression sur <strong>le</strong> Gouvernement <strong>de</strong> Vichy dans un telsens. Par l'intermédiaire <strong>de</strong> Woermann il lui fut répon<strong>du</strong> qu'à ce moment il était superflu <strong>de</strong>s'occuper <strong>de</strong>s affaires syriennes puisque <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands n'avaient pas <strong>le</strong>s moyensmatériels <strong>de</strong> mettre 'Ali sur <strong>le</strong> trône <strong>de</strong> Syrie.Le Bureau <strong>du</strong> Maghreb dirigé à Berlin par <strong>le</strong> Grand Mufti et parmi <strong>le</strong>s membres <strong>du</strong>quel sedistinguait <strong>le</strong> <strong>de</strong>stourien Habib Thammer, continuait à travail<strong>le</strong>r en faveur d'une toujoursplus étroite collaboration entre <strong>le</strong>s communautés maghrébines résidant en <strong>France</strong> et <strong>le</strong>sautorités al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s d'occupation. A Paris, au numéro 118 <strong>de</strong> l’avenue <strong>de</strong>s ChampsElysée, il y avait <strong>le</strong> siège <strong>du</strong> Centre <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> arabe appelé familièrement <strong>le</strong> ComitéYasin, <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> l'animateur <strong>du</strong> CARNA, 'Abd al-Rahman Yasin. A partir <strong>de</strong> 1940 <strong>le</strong>consul <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> Vassel, <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs d'ambassa<strong>de</strong> K<strong>le</strong>tch et Marr, avec Arpel unorientaliste, avaient apporté l'appui al<strong>le</strong>mand au Comité qui se divisait en trois sections. Latunisienne était dirigée par un ex-<strong>le</strong>a<strong>de</strong>r étudiant Bashir Maddhebi, dont l'action jouissait<strong>de</strong> l'appui et <strong>de</strong> la collaboration d'un vieux dirigeant <strong>de</strong>stourien <strong>de</strong> Gafsa, Slimane benAhmed Jirad. Pour diriger la section algérienne on trouvait <strong>de</strong>ux vieux chefs <strong>du</strong> PPA,animateurs <strong>de</strong> la section kaby<strong>le</strong> <strong>de</strong> Radio Paris-Mondial, Mohammed Igherbouchêne etsurtout Belqasem Radjef. Le directeur <strong>de</strong> la section marocaine était lui un vieux partisand'Abd el-Krim, <strong>de</strong> nom Busin. A partir <strong>de</strong> janvier 1943, pour soutenir l'activité <strong>du</strong> Comité, ily eut aussi Grobba, alors conseil<strong>le</strong>r diplomatique auprès <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> à Paris,en étroit contact surtout avec <strong>le</strong> SD et l'Abwehr.Le journal er-Rachid, qui atteignit un tirage <strong>de</strong> quatre-vingt mil<strong>le</strong> exemplaires, était <strong>le</strong> plusenflammé partisan <strong>de</strong> l'alliance islamo-al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>. Organe <strong>du</strong> Comité musulman nordafricain,animé par Mohammed al-Ma'adi, par Mohammed Louaieb et Adjou Sa'id, ilconnut <strong>de</strong>ux parutions distinctes: la première tirée à trente mil<strong>le</strong> exemplaires parûtmensuel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> janvier à décembre 1943; la secon<strong>de</strong> hebdomadaire, mais <strong>du</strong> formatd'un quotidien, fut publiée entre janvier et août 1944. Le papier pour l'impression étaitfourni par George Pra<strong>de</strong>, conseil<strong>le</strong>r municipal <strong>de</strong> Paris mais aussi une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>sautorités <strong>de</strong> la presse <strong>de</strong> l’époque et un collaborateur <strong>de</strong> <strong>Les</strong> Nouveaux temps, <strong>le</strong>quotidien <strong>de</strong> Jean Luchaire. Er-Rachid était l’organe <strong>du</strong> Comité musulman nord-africain.Celui-ci créé en avril 1941, avait pour prési<strong>de</strong>nt al-Ma'adi – membre <strong>du</strong> Comité Yasin – etpour secrétaire Ben Smaïl.Le journal se donnait ces objectifs dans son premier numéro la fédération <strong>de</strong>s trois paysmaghrébin, l'égalité entre <strong>le</strong>s différentes ethnies nord-africaines, la nécessité d'exproprier


<strong>le</strong>s juifs et <strong>le</strong>s traîtres «qui ont fait envahir notre Pays par <strong>le</strong>s anglo-saxons avec l'objectif<strong>de</strong> s'emparer <strong>de</strong> nos biens et d'asservir nos personnes».A l'origine « autonomiste » dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> la collaboration franco-al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>, er-Rachidévolua rapi<strong>de</strong>ment dans <strong>le</strong> sens <strong>de</strong> la revendication <strong>de</strong> l'indépendance. Si al-Ma'adi, enmai 1943, publiait pour <strong>le</strong>s Editions <strong>France</strong>-Empire, L'Afrique <strong>du</strong> Nord, Terre d'Histoire,dans <strong>le</strong>quel il stigmatisait l'occupation « judéo-anglo-américaine » en Algérie, quelquemois après, <strong>le</strong> numéro <strong>du</strong> journal <strong>du</strong> 26 janvier 1944 sortait avec <strong>le</strong> titre suivant: «L'Afriqueaux Nord-africains ! Indépendance tota<strong>le</strong> dans la nouvel<strong>le</strong> Europe!»Dans son numéro d'octobre 1943, <strong>le</strong> journal lança l'idée <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l'unification <strong>de</strong>l'Algérie, <strong>de</strong> la Tunisie et <strong>du</strong> Maroc et <strong>de</strong> créer un «grand Maghreb»; cela après la victoire<strong>de</strong> l'Axe en laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s <strong>arabes</strong> avaient confiance: «Nos sympathie vont au nationalsocialismeal<strong>le</strong>mand qui a toujours fait preuve d’une amitié désintéressée à l'égard <strong>de</strong>l'islam. Nous faisons <strong>de</strong>s vœux pour la victoire <strong>du</strong> national-socialisme al<strong>le</strong>mand et noussommes disposés à l'ai<strong>de</strong>r <strong>de</strong> tout nos moyens, y compris avec <strong>le</strong> recours aux armes.»Le 3 février 1944, la revue, qui grâce aux subventions <strong>du</strong> WESTA <strong>de</strong> mensuel<strong>le</strong> était<strong>de</strong>venue hebdomadaire, publiait un artic<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>quel on pouvait lire: «Nous <strong>de</strong>vonsprofiter <strong>de</strong>s circonstances pour agir, pour nous libérer. Nous confirmons notre volonté <strong>de</strong>nous libérer <strong>de</strong>s hor<strong>de</strong>s anglo-américaines et <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands nous y ai<strong>de</strong>ront sans aucundoute.»Entre temps <strong>le</strong>s Alliés avançaient inexorab<strong>le</strong>ment et il était prévisib<strong>le</strong> que d'ici peu ilstraverseraient la Manche et déc<strong>le</strong>ncheraient l'attaque contre la <strong>France</strong>, ouvrant un autrefront. <strong>Les</strong> musulmans <strong>de</strong> ce pays pourraient dans un tel cas contribuer à entraver <strong>le</strong>uravance. En mars 1944, Grobba réussit à convaincre l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> <strong>Reich</strong> à Paris <strong>de</strong> lanécessité <strong>de</strong> créer tout <strong>de</strong> suite un Comité pour <strong>le</strong>s affaires nord-africaines qui étudiât lamanière d'utiliser <strong>le</strong>s maghrébins rési<strong>de</strong>nts en <strong>France</strong> et <strong>le</strong>s prisonnier <strong>de</strong> guerre nordafricains,sur <strong>le</strong> plan militaire et dans l'édification d'ouvrages <strong>de</strong> défense. La proposition nefut toutefois pas acceptée par <strong>le</strong> ministère al<strong>le</strong>mand <strong>de</strong>s Affaires étrangères et <strong>le</strong> comiténe vit jamais <strong>le</strong> jour.Débarquée en Normandie <strong>le</strong> 6 juin, <strong>le</strong>s forces alliés atteignirent Paris <strong>le</strong> 23 août. Avec <strong>le</strong>senvahisseurs, il y avait <strong>le</strong>s forces <strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaul<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s rangs <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s se trouvaient<strong>de</strong>s Algériens, <strong>de</strong>s Tunisiens et <strong>de</strong>s Marocains, dont un grand nombre d’entre euxauraient préféré combattre pour une autre cause, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur peup<strong>le</strong> <strong>du</strong>colonialisme. Maintenant, paradoxa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands, qui n'avaient pas d'abor<strong>de</strong>xploité l'occasion qui s'était présentée, cherchaient avec une intense activité <strong>de</strong>propagan<strong>de</strong> d'empêcher la campagne <strong>de</strong> recrutement mis en oeuvre par <strong>de</strong> Gaul<strong>le</strong>.De tels efforts furent vains ou tout au moins peu efficaces. Du reste, pour <strong>le</strong>s Arabes ilétait très diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l'Al<strong>le</strong>magne promettaitl'indépendance en 1944, quand, en 1940 puis en 1942, el<strong>le</strong> avait été dans <strong>le</strong>s conditions<strong>de</strong> l'accor<strong>de</strong>r mais ne l'avait pas fait. Le <strong>Reich</strong>, qui, en outre, reculait sur tous <strong>le</strong>s fronts, nepouvait non plus rien faire en appui à une éventuel<strong>le</strong> révolte <strong>de</strong>s pays nord-africains.L'espérance d'indépendance pour <strong>le</strong> Maghreb ne <strong>de</strong>vait plus avoir d’espoir que dans <strong>le</strong>nationalisme arabe; Hit<strong>le</strong>r, pourtant encore admiré, n'était plus <strong>le</strong> héros invincib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>sArabes avaient imaginé

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