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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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Il y a donc eu, <strong>de</strong>puis 1944, huit ou neuf pério<strong>de</strong>s différentesen ce qui concerne ces matériels.Je pense que l'Assemblée sera d'accord avec le Gouvernementpour estimer que cette situation ne peut • pas durer.Il s'agit <strong>de</strong> prendre une position ferme et définitive, qui règleun (problème difficile.Il ne peut être question pour l'Etat, dans <strong>la</strong> situation actuelle,<strong>de</strong> restituer les quelques 120 milliards <strong>de</strong> francs dont il estquestion en cette affaire.Par conséquent, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée nationale <strong>de</strong> bienvouloir étudier le problème le plus tôt possible et <strong>de</strong> voter<strong>la</strong> loi telle qu'elle est <strong>de</strong>mandée par le Gouvernement.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Pierre André.M. Pierre André. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt leslongues explications qui nous ont été fournies par M. le secrétaired'Etat au budget, mais il n'a pas ébranlé ma conviction.Nous sommes en présence d'un projet <strong>de</strong> loi par l'article 1 erduquel on propose aux <strong>parlementaires</strong> d'approuver le tarifminimum <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douaa»e.Si l'on éprouve le besoin <strong>de</strong> faire entériner par le Parlementcette approbation <strong>de</strong>s décisions différentes et contradictoiresqui ont été prises ces <strong>de</strong>rnières années — suspension <strong>de</strong>s droits,rétablissement <strong>de</strong>s droits, nouvelle suspension... — que M. lesecrétaire d'Etat au budget a ènumérées, si l'on ressent lebes-erin <strong>de</strong> faire approuver par le Parlement, les fantaisies auxquellesl'administration s'est livrée <strong>de</strong>puis sept ans, c'est quel'on n'est pas tellement certain <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause quel'on prétend défendre <strong>de</strong>vant les tribunaux.Dans ce même article 1 er ligure <strong>la</strong> disposition que voici: « Lesrecouvrements effectués en vertu <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>s arrêtéssusvisés... « — ceux-là mêmes qu'on vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'approuver— « . sont, en conséquence, définitivement acquis auJrésor ».L'argument suprême invoqué est le suivant : Le litige entre lesimportateurs (t l'adirlinistiation porte sur <strong>de</strong>s sommes trèsimportantes. Mais c'est justement parce que ce liiige poite sur<strong>de</strong>s sommes considérables que j'attire.votre attention sur cepoint !Ainsi, dans <strong>la</strong> mesure où l'administration aurait illégalementpeiçu <strong>de</strong>s sommes exorbitantes, vous <strong>de</strong>vriez, mesdames, messieurs,par un texte <strong>de</strong> loi, approuver ses décisions avantmême que ia cour <strong>de</strong> cassation ait rendu son arrêt '?, Je n'ai entendu, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du Gouvernement, aucun argument<strong>de</strong> nature à détruire ma thèse.II nous a été dit qu'il faut mettre un ternie aux errements<strong>de</strong> l'administration et revenir à une saine pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice.Je suis entièrement d'accord sur ce point avec le Gouvernement.Il est nécessaire que le tarif <strong>de</strong>s douanes soit fixéet voté par le Parlement.On nous dit que nous avons satisfaction grâce à l'article 4.fin aucune façon. Par l'ai ticle 4 le Gouvernement se réseivele droiit <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions par décrets en matière <strong>de</strong>taxes et <strong>de</strong> douane. Si le Parlement ne siège pas, il lui soumetà <strong>la</strong> rentrée <strong>la</strong> décision qu'il a prise. C'est <strong>la</strong> formule <strong>de</strong>sdécrets-lois.J'aurais préféré que le Gouvernement nous dise : Désormais,les tarifs douaniers seront fixés par un texte <strong>de</strong> loi qui serasoumis à l'Assemblée nationale.Quand je dis « l'Assemblée nationale » — comme dans letexte, d'ailleurs — je commets une erreur. Ce n'est pas l'Assembléenationale seule qui 3éci<strong>de</strong>; il y a aussi lè Conseil <strong>de</strong><strong>la</strong> République. Aussi <strong>de</strong>vrait-on dire que « <strong>la</strong> loi fixant-lestaxes et droits <strong>de</strong> douane sera soumise au Parlement ».Personne, à mon avis, n'a détruit ni les arguments présentéscontre l'article 1 er , ni ceux qui ont été invoqués contre l'article4. Je maintiens donc ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> renvoi du projetnon pas seulement <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires économiques.mais encore <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances qui4oit connaître <strong>de</strong> cette question.Il s'agit <strong>de</strong> taxes, d'impôts payés par <strong>de</strong>s Français. Je crois'que <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances est compétente et qu'elle doit«examiner le texte.M. Wal<strong>de</strong>ck Rochet. La commission <strong>de</strong> l'agriculture aussi.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. le rapporteur.M. le rapporteur. La commission <strong>de</strong>s affaires économiques aété saisie, en 1947, d'un projet <strong>de</strong> loi qui tendait à ratilier letableau <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane à <strong>la</strong> date même <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature<strong>de</strong> l'arrêté, c'est-à-dire le 16 décembre 1947.La commission <strong>de</strong>s affaires économiques ne s'est pas prononcéesur ce projet <strong>de</strong> loi.Elle a estimé, en efîett, que, pour une même matière, pourles mêmes dispositions légis<strong>la</strong>tives, -il était anormal <strong>de</strong> suivre{Jeux voies, <strong>la</strong> voie réglementaire et <strong>la</strong> voie légis<strong>la</strong>tive. C'est <strong>de</strong>•cette matière que <strong>la</strong> çompaission <strong>de</strong>s affaires économiques aapprouvé tacitement l'arrêté du 16 décembre 1947 portant taiificationdouanière.D'autre part", un orateur a déc<strong>la</strong>ré que <strong>la</strong> prise, par le ministère<strong>de</strong>s finances, d'un arrêté en application <strong>de</strong> l'ordonnancedu 8 juillet 1944, pour modifier <strong>la</strong> tarification douanière, constituaitune irrégu<strong>la</strong>rité. Ce n'est pas évi<strong>de</strong>nt et <strong>la</strong> meilleurpreuve en est qu'aujourd'hui les tribunaux en discutent et que<strong>de</strong> très nombreuses décisions ont été prises en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong>position adoptée par l'administration.La vérité a été exprimée tout à l'heure d'une façon fortnette par M. Buron. Ces droits dont les importateurs réc<strong>la</strong>mentle remboursement ont été compris après leur recouvrement,non seulement dans le prix <strong>de</strong>s produits, mais, lorsqu'il s'agissait<strong>de</strong> matériel, dans le calcul <strong>de</strong>s amortissements.MM. Pierre André et Diomè<strong>de</strong> Catroux. Mais non!M. le rapporteur. Il faut poser le problème clrirem^nt.L'Assemblée nationale est-elle décidée à accor<strong>de</strong>r une" ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>120 milliards <strong>de</strong> francs aux importateurs ? Il faudrait alors ledire franchement et prendre une disposition budgétaire dansce sens.M. Pierre André. Mais non. Il ne s'agit pas du tout <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Alphonse Denis.M. Alphonse Denis. Mesdames, messieurs, le groupe communistevoudrait donner son opinion sur ce problème particulièrementimportant puisqu'il intéresse <strong>la</strong> vie économique du pays.Il s'agit d'un projet qui s'inspire dafts une <strong>la</strong>rge mesure,ainsi qu'en fait foi son exposé <strong>de</strong>s motifs, <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>sprojets <strong>de</strong> loi n os 2879 et 6476 déposés respectivement ie16 décembre 1947 et le 15 février 1919. Il était question alorsd'appliquer les accords <strong>de</strong> Genève du 30 octobre 1947.On se souvient que les gouvernements <strong>de</strong> l'époque s'étaientengagés à mettre en vigueur un nouveau tarif douanier.Les accords <strong>de</strong> Genève décou<strong>la</strong>ient du p<strong>la</strong>n Marshall. lis constituaientles premiers pas dans <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération totale<strong>de</strong>s échanges européens que <strong>de</strong>vait déci<strong>de</strong>r un ipeu plus tardl'O. E. C. E.Aux ternies <strong>de</strong> ces accords, le Gouvernement consentait àréduire sa protection douanière sous le prétexte <strong>de</strong> ce que lesauteurs du projet n° 2879 "ont appelé « l'action bienfaisante <strong>de</strong><strong>la</strong> concurrence internationale dans le domaine <strong>de</strong>s prix et duperfectionnement technique ».La politique économique préconisée à cetle époque <strong>de</strong>vait,paraît-il, relever l'économie du pays et améliorer le niveau <strong>de</strong>vie <strong>de</strong> noire popu<strong>la</strong>tion. C'est ainsi que le projet <strong>de</strong> loi n° 2879,signé notamment <strong>de</strong> MM. Robert Schumann, René Mayer etJules Moch, marquait, selon l'exposé <strong>de</strong>s motifs que je citetextuellement: « ...<strong>la</strong> volonté du Gouvernement <strong>de</strong> rompre aveeles pratiques du protectionnisme exagéré d'avant-guerre, quiont contribué à l'anémie <strong>de</strong> notre économie et au déséquilibre<strong>de</strong> notre ba<strong>la</strong>nce commerciale ».Or, les événements ont démontré que ces objectifs sont fortloin d'être réalisés. La situation économique et sociale <strong>de</strong> notrepays est très mauvaise et on le reconnaît d'ailleurs <strong>de</strong> touscôtés. Notre ba<strong>la</strong>nce commerciale bat tous les records du déficit.Le déficit budgétaire augmente. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> combien <strong>de</strong>temps dureront les faibles réserves en <strong>de</strong>vises et d'or qui permettentd'assurer les payements extérieurs. Le franc est menacéd'une nouvelle dévaluation. Le pouvoir d'achat <strong>de</strong>s travailleursn'a cessé <strong>de</strong> diminuer <strong>de</strong>puis 1947.C'esit <strong>la</strong> hase essentielle du marasme commercial et industriel,du recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> production.Le chômage se développe, notamment, dans le textile où lemanque <strong>de</strong> protection douanière a permis, selon M. RobertBuron, l'importation pour 20 milliards <strong>de</strong> -francs <strong>de</strong> produitstextiles en 1952.Quant à l'agriculture, <strong>la</strong> politique d'importations a provoquéune situation très difficile pour un grand nombre <strong>de</strong> cultivateursfrançais £ans aucun profit pour <strong>la</strong> consommation.Par contre, au même moment où le Gouvernement ouvre lesfrontières françaises aux produits étrangers, il se soumet auxexigences américaines re<strong>la</strong>tives au commerce avec les pays<strong>de</strong> l'Est. Au surplus, les Etats-Unis n'ont jamais cessé <strong>de</strong> renforcerleur protection douanière tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>scontingentements qu'en matière <strong>de</strong> tarifs douaniers.C'est-ainsi,'pour ne citer qu'un 6eul exemple, que les Etats-Unis qui importaient, en 1938, 118.000 douzaines <strong>de</strong> gants français,n'en ont accepté que 11.000 douzaines en 1947.A ce propos, permettez-moi <strong>de</strong> citer quelques exemples <strong>de</strong>protestations émanant <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> l'industrie. Voici<strong>de</strong>ux extraits d'un intéressant article paru en décembre 1952,dans <strong>la</strong> revue industrielle belge industrie:« ... L'économie américaine, pour se protéger contre lesimportations qu'elle ne tient pour primordiales que si elle enéprouve un impérieux besoin, est entourée d'un système soli<strong>de</strong><strong>de</strong> défense supplémentaire et particulièrement bien organisé*t

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