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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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l'étudié, qu'il le met en forme, texte, qu'il <strong>de</strong>vrait, en vertu<strong>de</strong>s dispositions qui nous sont soumises aujourd'hui, ne présenterqu'ensuite à l'Assemblée nationale ?Il me semble qu'alors le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République ne seborne pas à donner un avis, mais qu'il s'agit bien <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise€n forme d'un texte qu'if transmet ensuite à l'Assemblée.M. Robert Bruyneel. C'est un avis a priori.M. Raymond Dronne. Ce qui compte, c'est le <strong>de</strong>rnier mot etnon pas ie premier.M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri. Permettez-moi <strong>de</strong> répondre à <strong>la</strong> questionque M. Bal<strong>la</strong>nger me pose en termes courtois. Nous sommessur le terrain d'une discussion <strong>de</strong> principe.Non, je ne pense pa$ qu'il y ait contra diction et voici pourquoi.Que nous <strong>de</strong>mandions son avis au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiqueaprès avoir étudié le projet <strong>de</strong> loi ou que nous le lui <strong>de</strong>mandionsavant, je ne vois pas en quoi ce<strong>la</strong> change les choses.Un avis liminaire ou un avis postérieur n'est pas le vote <strong>de</strong> <strong>la</strong>loiOr, qu'il me soit permis <strong>de</strong> rappeler à l'Assemblée combientle textes <strong>de</strong> lois sont ici en*souffrance. S'ils avaient été étudiésd'abord par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, qui paraît avoir plus<strong>de</strong> temps que nous, notre tâche aurait été singulièrement facilitée.L'article que je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée nationale <strong>de</strong> voterne constitue pas seulement un acte <strong>de</strong> courtoisie à l'égard duConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, il procè<strong>de</strong> également d'une pensée.d'efficacité et <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>.M. le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Et <strong>de</strong> logique.M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri. Nous estimons qu'il peut y avoir le plusgrand intérêt — je vais employer un mot trivial dont jem'excuse — à ce que certains projets, sauf, bien entendu,ceux qui sont exclus par le texte lui-même, soient en_quelquesorte « dégrossis » par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République et ses commissions.M. André Pierrard. Il peut les dégrossir ou les rejeter complètement!M. Robert Bal<strong>la</strong>nger. Si le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République rejettele texte d'un projet gouvernemental, il ne donne pas seulementun avis, il empêche l'Assemblée nationale <strong>de</strong> se prononcersur ce projet <strong>de</strong> loi.M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri. Non, car si le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République'donne un avis défavorable, ce<strong>la</strong> n'empêche pas que le projet.vienne en discussion <strong>de</strong>vant l'Assemblée nationale.M. le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission. Bien entendu !M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri. le vous remercie <strong>de</strong> votre secon<strong>de</strong> interruption,monsieur Bal<strong>la</strong>nger. Elle est une réponse parfaite à <strong>la</strong>première.Avis antérieur ou avis après coup, ce<strong>la</strong>, dans mon sentiment,revient exactement au même et il n'y a pas à craindreque le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République enterre un projet. Il n'en a pasle droit, nous ne lui en donnons pas <strong>la</strong> possibilité.C'est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée —cette fois avec <strong>la</strong> plus vive insistance — <strong>de</strong> voter l'article 5.Permettez-moi une <strong>de</strong>rnière observation.Je ne suis pas esc<strong>la</strong>ve du sentiment que pourrait manifesterune autre assemblée. Nous <strong>de</strong>vons voter en notre âme etconscience ce qui nous parait équitable. Mais, il est pratiqueet politique <strong>de</strong> vouloir que <strong>la</strong> revision <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution soitvotée par le Parlement sans que nous soyons obligés <strong>de</strong> recourirau referendum. (Très bien! très bien! sur plusieurs bancs aucentre et à droite.)Yous comprenez pourquoi, n'est-ce pas ? Je n'ai donc pasbesoin <strong>de</strong> le dire. Je m'en tiens aux explications que j'ai données.(App<strong>la</strong>udissements sur certains bancs à gauche et surdivers bancs au centre et à droite.)M. Jean Pronteau. C'est <strong>la</strong> peur du peuple.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. le rapporteur.M. le rapporteur. Mesdames, mes chers collègues, vous pouvezpenser qu'après ces explications, celles du rapporteur nepourront être que très brèves, car M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri, avecson éloquence habituelle, a nettement,posé <strong>la</strong> question et proposéles solutions nécessaires.Cependant, ayant été mis en cause, du reste bienveil<strong>la</strong>mmentpar M. Bal<strong>la</strong>nger, je lui répondrai qu'il est absolument certainque <strong>la</strong> commission du suffrage universel a voulu octroyer auConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République un certain nombre d'avantages ou <strong>de</strong>prérogatives qu'il ne possè<strong>de</strong> pas encore.Elle l'a voulu n'eût-ce été qu'en contrepartie d'autres dispositionsque nos <strong>de</strong>vanciers <strong>de</strong> 1951 nous ont <strong>de</strong>mandé, parailleurs,, <strong>de</strong> prendre pour libérer davantage le travail do. notrepropre Assemblée.Et si je prends <strong>la</strong> parole,^ c'est surtout pour marejner justementcombien nous avons tenu, par déférence d'abord envers leConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, mais ensuite afin d'éviter une situationdangeureuse pour le travail légis<strong>la</strong>tif, nous avons tenu,dis-je, effectivement, mqpsieur Bal<strong>la</strong>anger, à donner au Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République certaines satisfactions qu'il n'a point jusqu'àprésent.M. <strong>de</strong> Moro-Giafferri. Très bien !M. le rapporteur. La première <strong>de</strong> ces satisfactions — puisqueM. Bal<strong>la</strong>nger m'a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> les expliquer — consiste précisémentà autoriser constitutionnellement le Gouvernement àdénoser certains projets, non pas directement sur le bureau<strong>de</strong> l'Assemblée nationale, mais sur celui du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.Il peut, en effet; y avoir à ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>s raisons parfaitementp<strong>la</strong>usibles et, tandis que fe Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République se p<strong>la</strong>int,à juste titre, <strong>de</strong> l'inégalité du travail qui lui est actuellementimposé, par pério<strong>de</strong>s, et comme par sacca<strong>de</strong>s, par l'Assembléenationale, cette répartition initiale <strong>de</strong> quelques délibérations nepourra que faciliter et assouplir le travail du Parlement.Telle est, mes chers collègues, <strong>la</strong> première idée que nousvous proposons <strong>de</strong> consacrer par votre vote.Mais il est bien entendu — et <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> l'article 5 vousa édifiés sur ce point — que certains projets <strong>de</strong> loi d'un caractèrespécial, ceux portant autorisation <strong>de</strong> ratification <strong>de</strong> traitésou les projets <strong>de</strong> loi budgétaires ou <strong>de</strong> finances, ou ceuxcomportant diminution <strong>de</strong> recettes ou création <strong>de</strong> dépenses,continueront à être déposés obligatoirement sur le bureau <strong>de</strong>l'Assemblée nationale.On nous a objecté que l'on craignait qu'un jour un gouvernementquelconque n'exagère. Mais nous avons répondu quel'Assemblée nationale est tout <strong>de</strong> même souveraine. La responsabilitémorale et surtout politique d'un gouvernement seraengagée dans le choix qu'il fera quant au dépôt <strong>de</strong> ses projetsdont je viens <strong>de</strong> parler. Et si vraiment il lui prenait envie <strong>de</strong>déposer systématiquement ses projets sur le bureau du Conseil<strong>de</strong> <strong>la</strong> République, l'Assemblée nationale pourrait refuser àson tour <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong>s textes qui lui seraient transmis parl'autre Assemblée.Vous avez noté, d'ailleurs, qus <strong>la</strong> rédaction même <strong>de</strong> l'articleque nous vous proposons ne "<strong>la</strong>isse aucun doute sur le* caractèreexceptionnel que nous avons voulu conférer à ces dépôts<strong>de</strong> projets sur le bureau du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.En second point, c'est-à-dire en ce qui concerne l'alinéa 3,nous vous proposons une modification du texte qui, je le îeconnais— mais nous l'avons voulu ainsi — est très avantageuse"pour Je Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République. U s'agit <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r que lespropositions issues <strong>de</strong> l'initiative légis<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> ses membres, aulieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir être transmises, comme à présent, sans débatsur le bureau <strong>de</strong> l'Assemblée nationale où, il faut bien ledire, elles viennent s'accumuler avec les propositions dontnous-mêmes avons eu l'iniative, ne seront transmises qu'aprèsleur adoption par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République lui-même. Maisvous sentez bien qu'à ce moment-là les droits <strong>de</strong> l'Assembléenationale restent entiers.Il y -a là tout <strong>de</strong> même, à notre sens, une gran<strong>de</strong> réforme à<strong>la</strong>quelle, nous l'espérons, le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République serasensible.Voilà, mes chers collègues, ce que j'avais à dire au nom <strong>de</strong><strong>la</strong> commission, et j'en aurai terminé lorsqu'à mon tour, j'auraiprécisé, pour rassurer M.'Bal<strong>la</strong>nger, qu'il ne nous paraît nullementque le fait d'accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> pareils avantages ou prérogativesau Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République soit contradictoire avec le texte <strong>de</strong>l'article 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.Lorsque, à l'ouverture <strong>de</strong> cette discussion, je suis monté lepremier à <strong>la</strong> tribune, car j'avais l'obligation <strong>de</strong> vous faire unrapport oral sinon <strong>de</strong> vous présenter le rapport écrit que vousavez pu lire, j'ai insisté justement sur ce point.J'ai tenu à faire remarquer, ainsi que M. Dronne l'a soulignétout à 'l'heure dans une interruption, que ce qui importe, enmatière légis<strong>la</strong>tive, c'est d'avoir le <strong>de</strong>rnier mot: car qu'est-ceque le vote <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sinon le vote définitif ? Dans ces conditions,l'Assemblée nationale, gardant toujours le <strong>de</strong>rnier mot, voteradéfinitivement '<strong>la</strong> loi. On ne peut pas dire qu'elle ne vote passeule <strong>la</strong> loi. C'est ibien elle qui <strong>la</strong> votera.J'ajoute — et vous avez pu en lire l'annotation dans mon rapportécrit — que, sur ce point, il semble qu'il n'y ait pas Jamoindre hésitation chez quiconque, même au Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République. J'ai fait <strong>de</strong>s citations: tout le mon<strong>de</strong> est d'avisqu'en définitive ee soit <strong>la</strong> Chambre issue du suffrage universelqui déci<strong>de</strong>.Les questions d avis, <strong>de</strong> textes, se résolvent si facilementavec un peu <strong>de</strong> bonne volonté ! Sous l'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitutionactuelle, il est exact que le ConseiJ <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquedonne son avis; mais lorsqu'on dit qu'il ne fait que donner<strong>de</strong>s avis, on' se trompe et l'on trahit <strong>la</strong> Constitution <strong>de</strong> 1946elle-même que nous sommes en train <strong>de</strong> reviser en l'améliorant.La preuve en est que, si <strong>la</strong> Constitution <strong>de</strong> 1946 emploiecontinuellement ce terme d'avis, elle ajoute que le .Conseil

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