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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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le texte <strong>de</strong> l'article i, on revient à <strong>la</strong> situation d'avant guerre,me paraît une erreur.Avant <strong>la</strong> guerre, c'était bien le Parlement qui était maître<strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s taxes <strong>de</strong> douane; <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> loi déposés<strong>de</strong>vant le Parlement et votés par lui entérinaient les décisionsi<strong>de</strong> l'administration, c'est-à-dire que l'administration ne pouvaitcommencer par prendre un décret, quitte plus tard à le îaireratifier par le Parlement.Dans quelle situation se trouveraient les importateurs si untexte était pris par le Gouvernement pendant les vacances ?Nous serons en vacances d'ici <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine, et <strong>la</strong>semaine prochaine, on pourrait prendre un texte qui, à <strong>la</strong>rentrée du mois d'octobre, ne recevrait pas l'approbation <strong>de</strong>l'Assemblée.Par conséquent on n'aurait pas pallié les inconvénients quesigna<strong>la</strong>it tout à l'heure M. le rapporteur. Ou serait obligé <strong>de</strong>revenir sur les décisions qui auraient été prises pendant <strong>la</strong>péiio<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vacances, durant <strong>la</strong>quelle l'Assemblée ne pourrapas se prononcer.Cet ai ticle 4 rétablit donc <strong>la</strong> formule <strong>de</strong>s décrets-lo; qui sontinterdits par l'article 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.Le vote <strong>de</strong>s impôts et <strong>de</strong>s taxes est une prérogative essentielledu Parlement, et je considère que l'article 1 er aussi bienque l'article 4 doivent êtie étudiés <strong>de</strong> très près par <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s affaires économiques et par <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances.C'est pourquoi j'ai opposé <strong>la</strong> question préa<strong>la</strong>ble et je vous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, mes chers collègues, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r le renvoi <strong>de</strong> ce projet<strong>de</strong> loi <strong>de</strong>vant les <strong>de</strong>ux commissions compétentes.M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Pierre André, je voudrais à, montour vous poser une -question préa<strong>la</strong>ble. {Sourires.)Opposez-vous <strong>la</strong> question préa<strong>la</strong>ble ou <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z-vous lerenvoi à <strong>la</strong> commission ?Les conséquences <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux motions sont très différentes.M. Pierre André. J'ai opposé <strong>la</strong> question préa<strong>la</strong>ble pour pouyoir<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le renvoi du texte <strong>de</strong>vant les commissions.Je désire que l'Assemblée n'en discute pas ce matin ni avant;que les commissions ne l'aient étudié <strong>de</strong> près.M. le prési<strong>de</strong>nt. Je vous rappelle qu'aux termes <strong>de</strong> l'article46 du règlement, en vertu duquel je vous ai donné <strong>la</strong>parole, <strong>la</strong> question préa<strong>la</strong>ble tend à déci<strong>de</strong>r qu'il n'y a paslieu à délibérer et son adoption entraîne le rejet définitif dutexte en discussion.Il me semble que vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z seulement le renvoi encommission.M. pierre André. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en eflet le renvoi en commission.Je ne propose pas le rejet définitif du texte qui nous estprésenté, mais une "étu<strong>de</strong> plus approfondie par les <strong>de</strong>uxcommissions compétentes. .M. le rapporteur nous a dit que ce texte avait été adoptépar 15 voix contre 7. Les commissions se composent <strong>de</strong>44 membres. 15 commissaires sur 44 seulement l'ont doncapprouvé. C'est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle, outre les motifs quej'ai déjà exposés, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le renvoi <strong>de</strong>vant les commissions<strong>de</strong>s finances et <strong>de</strong>s affaires économiques.WL le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. le rapporteur.M. le rapporteur. Je fais d'abord remarquer à mon collègueet ami M. Pieire Andié que si <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires économiques,a adopté ce projet par 15 voix contie 7, les 15 voixfavorables étaient celles <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> tous lesgroupes, sauf ceux du gioupe communiste qui ont voté contre.La commission <strong>de</strong>s afïaiies économiques s'oppose au renvoi[<strong>de</strong> ce texte <strong>de</strong>vant elle et ce<strong>la</strong> pour plusieurs raisons.M. Pierie Andié a déc<strong>la</strong>ré que les tifbunaux avaient donnéraison aux impoitateurs. Ce n'est pas exact. Quelques tribunauxont donné raison aux impoitateurs, notamment le tiibunal <strong>de</strong>Dunkerque, mais d'autres, plus nombreux, ont admis <strong>la</strong> thèse<strong>de</strong> l'administration. 11 y a donc <strong>de</strong> nombreuses décisions engens contraire.C'est pour mettre fin à cette incertitu<strong>de</strong> que le Gouvernement'<strong>de</strong>man<strong>de</strong> au Parlement d'adopter ce projet <strong>de</strong> loi, et il estguivi par <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires économiques.M. Pierre André a parlé tout à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong>spouvoirs. Elle est étrangère à cette matière. D'ailleurs, le Conseild'Etat a été saisi <strong>de</strong> ce texte e£, il l'a approiîvé.L'article 4 est une amélioration sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tionactuelle. Nous vivons toujours sous <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion du temps <strong>de</strong>guerre, c'est-à-dire que c'est le ministre <strong>de</strong>s finances seul quieut aujourd'hui, par un simple arrêté, manipuler les droitsSe douane, d'où l'incertitu<strong>de</strong> qui règne aujourd'hui dans lesquestions d'importation.C'est pourquoi l'article 4 prévoit que <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> douane ne pourra plus se faire que par décret prisen conseil <strong>de</strong>s ministres et soumis à <strong>la</strong> ratification du Parlement,sous <strong>la</strong> forme d'un projet <strong>de</strong> loi, ce qui signifie que leParlement a le contrôle complet <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique douanière duGouvernement, ce qui n'était pas le cas jusqu'à maintenant.C'est là une amélioration importante et <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaireséconomiques, qui se préoccupe <strong>de</strong> cette question <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>nombreuses années, se déc<strong>la</strong>re satisfaite <strong>de</strong> ce système. Ellea créé en son sein une sous-commission <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane,chargée d'examiner tous les projets <strong>de</strong> loi soumis à <strong>la</strong> commission,et qui pourra ainsi formuler toutes les critiques etapporter toutes les modifications qu'il conviendra à <strong>la</strong> politiquedouanière du Gouvernement.Nous ne pouvons pas, en matière douanière, légiférer par <strong>la</strong>seule voie légis<strong>la</strong>tive. Ce n'est pas possible parce que les modifications<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane doivent être opérées rapi<strong>de</strong>mentet préparées dans le secret. La procédure légis<strong>la</strong>tive est troplongue et les importateurs pourraient, par exemple, avant levote d'un projet ou d'une proposition <strong>de</strong> loi, importer, dans unbut <strong>de</strong> spécu<strong>la</strong>tion, les matières ou les marchandises visées.Pour toutes ces raisons, et parce qu'elle a examiné les articles1 er et 4, votre commission <strong>de</strong>s affaires économiques estimequ'il est inutile <strong>de</strong> lui renvoyer ce texte et elle vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> repousser <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> M. Pierre André.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. le secrétaire d'Etat aubudget.M. Henri Ulver, secrétaire d'Etat au budget. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>également à l'Assemblée <strong>de</strong> s'opposer au renvoi.En effet, ainsi que l'a indiqué mon ami M. Marcellin, rapporteur,il y a urgence à régu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> situation en ce qui concerneles droits <strong>de</strong> douane.M. Pierre André affirme que les procès ont été gagnés par les"importateurs.S'il est vrai qu'un certain nombre <strong>de</strong> procès ont été- gagnéspar eux en première instance, le plus grand nombre ont étéagnés par l'administration. C'est ainsi qu'elle en a gagnéix et perdu six en première instance.Le Gouvernement a d'ailleurs fait appel dans les affaires quilui ont été défavorables. Je possè<strong>de</strong>, monsieur Pierre André,<strong>la</strong> liste <strong>de</strong> ces procès.M. Pierre André. Le Gouvernement a été battu en appel. Us'est pourvu en cassation.M. le secrétaire d'Etat au budget. Il s'est pourvu en cassationpour un seul jugement, celui <strong>de</strong> Dunkerque, auquel M. Marcellina fait allusion.Personne ne conteste qu'il y a extrême urgence à régu<strong>la</strong>riserles tarifs douaniers.En outre, je m'étonne que l'Assemblée refuse d'obtenir <strong>de</strong>spouvoirs plus étendus en ce qui concerne le contrôle <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> douane.Si <strong>la</strong> situation actuelle se prolongeait, on vous l'a dit et jevous le confirme, les droits <strong>de</strong> douane pourraient être modifiéspar simple arrêté du ministre <strong>de</strong>s finances.Nous proposons, au contraire, que l'Assemblée ratifie lesmodifications <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane qui pourraient être proposéesou appliquées pendant les intersessions.Mais, monsieur Pierre André, je prends un engagement complémentaire.Si le Gouvernement était amené à proposer une revision générale<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane, il ne procé<strong>de</strong>rait pas par décret.11 déposerait un projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong>vant l'Assemblée nationalequi aurait à statuer.Sous cette réserve, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assemblée <strong>de</strong> se prononcerpour <strong>la</strong> discussion immédiate <strong>de</strong> ce projet <strong>de</strong> loi.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Buron.M. Robert Buron. Je voudrais d'un mot indiquer <strong>la</strong> raisonessentielle pour <strong>la</strong>quelle l'Assemblée ne peut pas à mon sensne pas suivre <strong>la</strong> commission, car,'sur ce point, en tout cas, jesuis en désaccord avec M. Pierre André.La commission <strong>de</strong>s affaires économiques a fait un travail trèsconsciencieux et très sérieux et je pense qu'il ne serait passage <strong>de</strong> perdre le bénéfice <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>. Ce travail ayant étéfait et bien fait, il y a intérêt pour l'Assemblée à abor<strong>de</strong>rimmédiatement <strong>la</strong> discussion.De quoi s'agit-il ? M. Pierre André a développé <strong>de</strong>ux arguments.Selon le premier, les tribunaux sont actuellement saisis etl'intervention <strong>de</strong> l'Assemblée serait en conséquence inopportune.\Mais c'est précisément <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> qu'il s'agit. Il faut le dire, etsans fausse honte. Les importateurs connaissaient les tarifs <strong>de</strong>douane, auraient-ils été fixés àdministrativement, quand ils ontopéré. Si les tribunaux, comme celui <strong>de</strong> Dunkeique, leur donnentraison c'est, en fin <strong>de</strong> compte, 200 milliards que le Trésor<strong>de</strong>vra leur rendre. nLes importateurs ont-ils oui ou non inclus les droits <strong>de</strong> douanedans leurs prix ou leurs amortissements ? Voilà <strong>la</strong> seule question.(App<strong>la</strong>udissements au centre et à gauche.y

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