Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
PRÉFACELa question de l'origine des plantes cultivées intéresse lesagriculteurs, les botanistes et même les historiens ou les philosophesqui s'occupent des commencements de la civilisation.-Je l'ai traitée jadis dans un chapitre de ma Géographie, botatiqueraisonnée; mais cet ouvrage est devenu rare, et d ailleursdes faits importants ont été découverts, depuis 18o5, par lesvoyageurs, les botanistes et les archéologues. Au lieu de faireune seconde édition de mon travail, j'en ai rédigé un autre,complètement nouveau et plus étendu. Il traite de 1 origined'un nombre presque double d'espèces des pays tropicaux oudes régions tempérées. C'est à peu près la totalité des plantesque l'on cultive, soit en grand, pour des emplois économiques,soit fréquemment, dans les jardins fruitiers ou potagers.Mon but a été surtout de chercher l'état et l'habitation dechaque espèce avant sa mise en culture. Il a fallu pour celadistinguer, parmi, les innombrables variétés, celle qu'on peutestimer la plus ancienne, et voir de quelle région du globe elleest sortie. Le problème est plus difficile qu'on ne pourrait lecroire. Dans le siècle dernier, et jusqu'au milieu, de. celui-ci,les auteurs s'en occupaient bien peu, et les plus habiles ontcontribué à répandre des idées fausses. Je crois vraiment queles trois quarts des indications de Linné sur la patrie des plantescultivées sont ou incomplètes ou erronées. On a répété ensuiteces assertions, et, malgré ce que les modernes ont constatepour plusieurs espèces, on les répète encore dans des journauxet des ouvrages populaires. Il est temps de corriger deserreurs qui remontent quelquefois jusqu'aux Grecs, et aux Romains.L'état actuel de la science le permet, à condition des'appuyer sur des documents variés, dont plusieurs tout a.faitrécents ou même inédits, et de les discuter, comme cela sepratique dans les recherches historiques. C'est un da ces cas,assez rares, dans lesquels les sciences d'observation doiventse servir de preuves testimoniales. On verra qu'elles conduisentà de bons résultats, puisque j'ai pu déterminer l'origine depresque toutes les espèces, tantôt d'une manière certaine ettantôt avec un degré de probabilité satisfaisant.
IVPRÉFACEJe me suis efforcé en outre de constater depuis combiendesiècles. oude milliers d'années chaque espècea été cultivéeetcomment la culture s'en est répandue dans différentesdirections,à des époquessuccessives.Pour quelquesplantes cultivéesdepuisplus deetdeuxmilleans,mêmepour d'autres, il arrive qu'on ne connaît pasd'hui l'étataujour-spontané, c'est-à-dire sauvage, ou bien que cetteconditionn'est pas assezdémontrée.Les questions de cesont délicates. Ellesgenreexigent commela distinction des espècesbeaucoup de recherches dans les livres et les herbiers.J'ai même été obligé de recourir à l'obligeance de quelquesvoyageursou botanistes dispersés dans toutes lesdupartiesmonde, pour obtenir des renseignements nouveaux. Je lesdonnerai à l'occasion de chaque espèce, avec l'expressiondema sincèrereconnaissance.Malgréces documentset en dépit de toutes mesil existe recherches,encoreplusieurs espèces qu'on ne connaîtpas à l'étatspontané. Lorsqu'elles sont sorties de régions peu ou pointexploréespar les botanistes, ou quand elles appartiennent àdes catégories de plantes mal étudiées jusqu'à présent, onpeut espérer qu'un jour l'état indigène sera découvertet suffisammentconstaté.Maiscette espérancen'estilpas fondéequands'agit d'espèces et de pays'bien connus. On est conduit alorsà deux hypothèses ou ces plantes ont changé de forme dansla- naturecomme dans la culture, depuis l'époquede telle manièrehistorique,qu'on ne les reconnaît plus pour appartenir à'a mêmeespèce;-ou ce sont des espèceséteintes. Lalo Pois chiche n'existent lentille,probablement plus dans la nature,et d'autres espèces, commele Froment, la Fève, letrouvées Carthame,sauvages très rarement, paraissent en voie d'extinction.Le nombre des plantes cultivées dont je me suisétant de occupé249, le chiffre de trois, quatre ouéteintes ou cinq espècesprès de s'éteindre serait une proportion considérable,répondant à ùn millier d'espèces pour l'ensemble desvégétaux phanérogames. Cette déperdition de formes auraiteu lieu pendant la courte période de quelcruescentaines desiècles, sur des continents où elles pouvaient cependant serépandre et au milieu de circonstances qu'on a l'habitude deconsidérer commestables. Onvoit ici de quelle manière l'histoiredes plantes cultivées se rattache aux questions les plusimportantesde l'histoire générale des êtres organisés.Genève, l«r septembre 1882.
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PRÉFACELa question <strong>de</strong> l'origine <strong>de</strong>s <strong>plantes</strong> <strong>cultivées</strong> intéresse lesagriculteurs, les botanistes et même les historiens ou les philosophesqui s'occupent <strong>de</strong>s commencements <strong>de</strong> la civilisation.-Je l'ai traitée jadis dans un chapitre <strong>de</strong> ma Géographie, botatiqueraisonnée; mais cet ouvrage est <strong>de</strong>venu rare, et d ailleurs<strong>de</strong>s faits importants ont été découverts, <strong>de</strong>puis 18o5, par lesvoyageurs, les botanistes et les archéologues. Au lieu <strong>de</strong> faireune secon<strong>de</strong> édition <strong>de</strong> mon travail, j'en ai rédigé un autre,complètement nouveau et plus étendu. Il traite <strong>de</strong> 1 origined'un nombre presque double d'espèces <strong>de</strong>s pays tropicaux ou<strong>de</strong>s régions tempérées. C'est à peu près la totalité <strong>de</strong>s <strong>plantes</strong>que l'on cultive, soit en grand, pour <strong>de</strong>s emplois économiques,soit fréquemment, dans les jardins fruitiers ou potagers.Mon but a été surtout <strong>de</strong> chercher l'état et l'habitation <strong>de</strong>chaque espèce avant sa mise en culture. Il a fallu pour celadistinguer, parmi, les innombrables variétés, celle qu'on peutestimer la plus ancienne, et voir <strong>de</strong> quelle région du globe elleest sortie. Le problème est plus difficile qu'on ne pourrait lecroire. Dans le siècle <strong>de</strong>rnier, et jusqu'au milieu, <strong>de</strong>. celui-ci,les auteurs s'en occupaient bien peu, et les plus habiles ontcontribué à répandre <strong>de</strong>s idées fausses. Je crois vraiment queles trois quarts <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> Linné sur la patrie <strong>de</strong>s <strong>plantes</strong><strong>cultivées</strong> sont ou incomplètes ou erronées. On a répété ensuiteces assertions, et, malgré ce que les mo<strong>de</strong>rnes ont constatepour plusieurs espèces, on les répète encore dans <strong>de</strong>s journauxet <strong>de</strong>s ouvrages populaires. Il est temps <strong>de</strong> corriger <strong>de</strong>serreurs qui remontent quelquefois jusqu'aux Grecs, et aux Romains.L'état actuel <strong>de</strong> la science le permet, à condition <strong>de</strong>s'appuyer sur <strong>de</strong>s documents variés, dont plusieurs tout a.faitrécents ou même inédits, et <strong>de</strong> les discuter, comme cela sepratique dans les recherches historiques. C'est un da ces cas,assez rares, dans lesquels les sciences d'observation doiventse servir <strong>de</strong> preuves testimoniales. On verra qu'elles conduisentà <strong>de</strong> bons résultats, puisque j'ai pu déterminer l'origine <strong>de</strong>presque toutes les espèces, tantôt d'une manière certaine ettantôt avec un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> probabilité satisfaisant.