Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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RICIN COMMUN 341champs, plutôt pour l'usage médicinal. L'espèce sauvage croîtdans les jardins abandonnés (in desei'tis hortis) elle provientsans doute de la plante cultivée (sine dubio degeneratio domesticse).» Au Japon, le Ricin se voit parmi les buissons et sur lespentes du mont Wunzen, mais MM. Franchet et Savatier 1 ajoutent« Probablement introduit. » Enfin le Dr Bretschneider nementionne pas l'espèce dans son opuscule de 1870, ni dans leslettres qu'il m'a adressées, ce qui me fait supposer une introductionpeu ancienne en Chine.On cultive le Ricin dans l'Amérique'intertropicale. Il s'y natulisefacilement dans les taillis, les décombres, etc. mais aucunbotaniste ne l'a trouvé avec les conditions d'une plante vraimentindigène. L'introduction doit remonter au premier temps de ladécouverte de l'Amérique, car on cite aux Antilles un nom vulgaire,Lamourou, et Pison en indique un autre au Brésil, Nhambu-Guacu,Figuero inferno des Portugais. C'est de Bahia quej'ai reçu le plus grand nombre d'échantillons. Aucun n'est accompagnéd'une assertion de véritable indigénat.En Egypte et dans l'Asie occidentale, la culture du Ricin dated'époques si reculées qu'elles ont fait illusion sur l'origine.Les anciens Egyptiens la pratiquaient largement, d'apresHérodote, Pline, Diodore, etc. Il n'y a pas d'erreur sur l'espèce,car on a trouvé dans les tombeaux des graines qui lui appartiennent2. Le nom égyptien était Kiki. Théophraste et Dioscoridel'ont mentionné, et les Grecs modernes l'ont conservé 3,tandis que les Arabes ont un nom tout différent, Kerua, Kerroa,CharuaRoxburgh et Piddington citent un nom sanscrit Eranda,Erunda, qui a laissé des descendants dans les langues modernesde l'Inde. A quelle époque du sanscrit remonte ce nom ? C'estce que les botanistes ne disent pas. Comme il s'agit d'uneplante des pays chauds, les Aryas n'ont pas dû en avoir connaissanceavant leur arrivée dans l'Inde, c'est-à-dire à uneépoque moins ancienne que les monuments égyptiens.La rapidité extrême de la croissance du Ricin a motivé diversnoms dans les langues asiatiques et celui de Wunderbaum enallemand. La même circonstance et l'analogie avec le nomégyptien, Kiki, ont fait présumer que le Kikajon de l'AncienTestament 5, qui avait crû, disait-on, dans une nuit, était leRicin.Je passe une infinité de noms vulgaires plus ou moins absurdes,comme Palma Christi, Girasole de quelques Italiens, etc., mais il1.Franchet et Savatier,Enum.Japon., 1,p. 424.2. Unger, Pflanzendesalten Mgyptens,p. 61:3. Théophraste,Hist.,1.1, c. 19 Dioscorides, 1. 4, c. 171 Fraas,Synopsisfl. class.,p. 92.4. Nemnich,Polyglott.Lexicon;Forskal,Fl. sgypt., p. 75.5. Jonas,IV,6; Pickering,Chronolḥist.of plants,p. écrit Kykvpjn.

342 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESest bon de noter l'origine du nom Castor et Castor-oU des Anglais,comme une preuve de leur manière d'accepter sansexamen et de dénaturer quelquefois des noms. Il paraît quedans le siècle dernier, à la Jamaïque, où l'on cultivait beaucouple Ricin, on l'avait confondu avec un arbuste complètementdifiérent, le Yitex Agnus caslus, appelé Agno casto par les Portugaiset les Espagnols. De Casto, les planteurs anglais et lecommerce de Londres ont fait Castor 1-Noyer. – Juglans régla, Linné.Il v a quelques années, on connaissait le noyer, à l'état sauvage,en Arménie, dans la région au midi du Caucase et de lamer Caspienne, dans les montagnes du nord et du nord-est del'Inde et le pays des Birmans 2. L'indigénat au midi du Caucaseet en Arménie, nié par C. Koch s, est prouvé par plusieursvoyageurs. On a constaté depuis l'existence spontanée auJapon ce qui rend assez probable que l'espèce est aussi dansle nord' de la Chine, comme Loureiro et M. de Bunge l'avaientdit 5, sans préciser suffisamment la qualité spontanée. Récemment,M. de Heldreich s a mis hors de doute que le Noyer abonde,à l'état sauvage, dans les montagnes de la Grèce, ce qui s'accordeavec des passages de Théophraste J qu'on avait négligés.Enfin, M.Heuffel l'a vu, sauvage également, dans les montagnesdu Banat 8. r nr~L'habitation actuelle, hors des cultures, s étend donc de 1 liuropetempérée orientale jusqu'au Japon.Elle a été unefois plus occidentale en Europe, car on a trouvédes feuilles de notre Noyer dans les tufs quaternaires de Provence9. Il existait beaucoup d'espèces de Juglans dans notrehémisphère, aux époques dites tertiaires et quaternaires; maintenantelles sont réduites à une dixaine au plus, distribuées dansl'Amérique septentrionale et l'Asie tempérée.L'emploi des fruits du Noyer et la plantation de l'arbre ont pucommencer dans plusieurs des pays où se trouvait l'espèce, etl'agriculture a étendu, graduellement mais faiblement, son habi-1. HtteMkeret Hanbury, Histoiredes drogues,trad, française,2, p. 320.2.C.de Candolle,Pradr., 16, sect. 2,p. 136;Tchihatcheff,AsieMineure,1, p. 172; Ledebour, Fl. tous.,1, p. 507-,Roxburgk,FI. ind., o, p. 630Boissier,FI. orient, 4,p. 1160;Brandis,Forestfloraoflndia, p. 498 Kurz,Forestfl. ofbrit. Burma,p. 390.3. C. Koeh,Dendrologie,1, p. 584..4. Franchetet Savatier,Enum.plant Jap., i, p. 453.5.Loureiro,Fl. coch.,p. 702;Bunge,Enum.,p. 62.6. De Heldreich,VerkandLbot. VereinsBrandenburg,fur 1879,p..147.7. Theophrastes, Hist. plant, 1.3,c. 3, 6.Cespassages et autres des ancienssont cités et interprétéspar M. Heldreich,mieux que par Heha etautresérudits.8. Heuffel,Âbhandl.zool. bot. Ges.m Wien,18a3,p. 194.DeSaporta, 33»session du Congrèscientiûque deFrance.,

RICIN COMMUN 341champs, plutôt pour l'usage médicinal. L'espèce sauvage croîtdans les jardins abandonnés (in <strong>de</strong>sei'tis hortis) elle provientsans doute <strong>de</strong> la plante cultivée (sine dubio <strong>de</strong>generatio domesticse).» Au Japon, le Ricin se voit parmi les buissons et sur lespentes du mont Wunzen, mais MM. Franchet et Savatier 1 ajoutent« Probablement introduit. » Enfin le Dr Bretschnei<strong>de</strong>r nementionne pas l'espèce dans son opuscule <strong>de</strong> 1870, ni dans leslettres qu'il m'a adressées, ce qui me fait supposer une introductionpeu ancienne en Chine.On cultive le Ricin dans l'Amérique'intertropicale. Il s'y natulisefacilement dans les taillis, les décombres, etc. mais aucunbotaniste ne l'a trouvé avec les conditions d'une plante vraimentindigène. L'introduction doit remonter au premier temps <strong>de</strong> ladécouverte <strong>de</strong> l'Amérique, car on cite aux Antilles un nom vulgaire,Lamourou, et Pison en indique un autre au Brésil, Nhambu-Guacu,Figuero inferno <strong>de</strong>s Portugais. C'est <strong>de</strong> Bahia quej'ai reçu le plus grand nombre d'échantillons. Aucun n'est accompagnéd'une assertion <strong>de</strong> véritable indigénat.En Egypte et dans l'Asie occi<strong>de</strong>ntale, la culture du Ricin dated'époques si reculées qu'elles ont fait illusion sur l'origine.Les anciens Egyptiens la pratiquaient largement, d'apresHérodote, Pline, Diodore, etc. Il n'y a pas d'erreur sur l'espèce,car on a trouvé dans les tombeaux <strong>de</strong>s graines qui lui appartiennent2. Le nom égyptien était Kiki. Théophraste et Dioscori<strong>de</strong>l'ont mentionné, et les Grecs mo<strong>de</strong>rnes l'ont conservé 3,tandis que les Arabes ont un nom tout différent, Kerua, Kerroa,CharuaRoxburgh et Piddington citent un nom sanscrit Eranda,Erunda, qui a laissé <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants dans les langues mo<strong>de</strong>rnes<strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>. A quelle époque du sanscrit remonte ce nom ? C'estce que les botanistes ne disent pas. Comme il s'agit d'uneplante <strong>de</strong>s pays chauds, les Aryas n'ont pas dû en avoir connaissanceavant leur arrivée dans l'In<strong>de</strong>, c'est-à-dire à uneépoque moins ancienne que les monuments égyptiens.La rapidité extrême <strong>de</strong> la croissance du Ricin a motivé diversnoms dans les langues asiatiques et celui <strong>de</strong> Wun<strong>de</strong>rbaum enallemand. La même circonstance et l'analogie avec le nomégyptien, Kiki, ont fait présumer que le Kikajon <strong>de</strong> l'AncienTestament 5, qui avait crû, disait-on, dans une nuit, était leRicin.Je passe une infinité <strong>de</strong> noms vulgaires plus ou moins absur<strong>de</strong>s,comme Palma Christi, Girasole <strong>de</strong> quelques Italiens, etc., mais il1.Franchet et Savatier,Enum.Japon., 1,p. 424.2. Unger, Pflanzen<strong>de</strong>salten Mgyptens,p. 61:3. Théophraste,Hist.,1.1, c. 19 Dioscori<strong>de</strong>s, 1. 4, c. 171 Fraas,Synopsisfl. class.,p. 92.4. Nemnich,Polyglott.Lexicon;Forskal,Fl. sgypt., p. 75.5. Jonas,IV,6; Pickering,Chronolḥist.of plants,p. écrit Kykvpjn.

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