Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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13.07.2015 Views

RICINCOMMUN 339bien avec l'existence d'un nom sanscrit, Iila, le lilu des Branmines(Rheede, Malabar, 1, 9, p. 10b; 407), mot dont il y a desrestes dans plusieurs langues modernes de l'Inde, en particulierà Cevian Ainsi nous sommes ramenés vers l'Inde, conformémentà l'origine dont parlait Pline, mais il est possible quel'Inde elle-même ait reçu l'espèce des îles de la Sonde avantl'arrivée des conquérants aryens. Rumphius indique pour cesîles trois noms du Sésame, très différents entre eux et tout autresque le nom sanscrit, ce qui appuie l'idée d'une existence plusancienne dans l'archipel que sur le continent.En définitive, d'après la spontanéité à Java et les argumentshistoriques et linguistiques, le Sésame paraît originaire des îlesde la Sonde. Il a été introduit dans l'Inde et la région de l'Euphratedepuis deux ou trois mille ans et en Egypte à uneépoque moins ancienne, de 1000 à 500 ans avant J.-G.On ignore depuis quelle époque il est cultivé dans le reste del'Afrique, mais les Portugais l'ont transporté de la côte deGuinée au Brésil 2.Ricin commun. Ricinus communis, Linné.Les ouvrages les plus modernes et les plus estimés donnentpour pays d'origine de cette Euphorbïacée l'Asie méridionale;quelquefois ils indiquent certaines variétés en Asie, d'autresen Afrique ou en Amérique, sans distinguer les pieds cultivésdes spontanés. J'ai lieu de croire que la véritable origine estdans l'Afrique intertropicale, conformément à l'opinion émisepar M. Ball 3.Les difficultés qui entourent la question viennent de l'anciennetéde la culture en divers pays, de la facilité avec laquelle leRicin se sème et se naturalise dans les décombres et même dansdes endroits incultes, enfin de la diversité de ses formes, qu'ona décrites souvent comme espèces. Ce dernier point ne doit pasnous arrêter, car la monographie soignée du Dr J. Mûller 4 constatel'existence de seize variétés, à peine héréditaires, qui passentdes unes aux autres par de nombreuses transitions et constituentpar conséquent, dans leur ensemble, une seule espèce.Le nombre de ces variétés est l'indice d'une culture tresancienne. Elles diffèrent plus ou moins par les capsules, lesgraines, l'inflorescence, etc. En outre, ce sont de petits arbresdans les pays chauds, mais elles ne supportent pas facilement lagelée et deviennent, au nord des Alpes et dans les régions analogues,des plantes annuelles. On les sème alors pour l'ornementdes jardins, tandis que dans les régions tropicales et même1.Thwaites,Emim.,p. 209.2. Piso,Brasil.,éd. 1658,p. 2ii.3.Bail,Florœmaroccamespicilegium,p. 684.4. Mûller,Argov., dans DC, Prodi'omus,vol. 13,sect. 2, p. 1017.

340 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESen Italie c'est pour l'huile contenue dans la graine. Cette huile,plus ou moins purgative, sert à l'éclairage -au Bengale et ailleurs.Dans aucune région le Ricin n'a été trouvé spontané d'unemanière aussi certaine qu'en Abyssinie, dans le Sennaar et leCordofan. Les expressions des auteurs ou collecteurs sont catégoriques.Le Ricin est commun dans les endroits rocailleuxde la vallée de Chiré, près de Goumalo, dit Quartin Dillon; ilest spontané dans les localités du Sennaar supérieur qui sontinondées pendant les pluies, dit Hartmann 1. Je possède unéchantillon de Kotschy, n° 243, recueilli du côté septentrionaldu mont Kohn, en Cordofan. Les indications des voyageurs auMozambique et sur la côte opposée de Guinée ne sont pas aussiclaires, mais il est très possible que l'habitation spontanées'étende sur une grande partie de l'Afrique tropicale. Commeil's'agit d'une espèce utile, très apparente et facile à propager, lesnègres ont dû la répandre depuis longtemps. Toutefois, quandon se rapproche de la mer Méditerranée, il n'est plus questiond'indigénat. Déjà, pour l'Egypte, MM. Schweinfuth et Ascherson 2disent l'espèce seulement cultivée et naturalisée. Probablementen Algérie, en Sardaigne, au Maroc, et même aux îles Canaries,où elle se voit surtout dans les sables au bord de la mer, elleest naturalisée depuis des siècles.J'en dirai autant des échantillons rapportés de Djedda, enArabie, par Schimper, qui ont été recueillis près d'une citerne.Forskal a cependant recueilli le Ricin dans les montagnes del'Arabie Heureuse, ce qui peut signifier une station spontanée.M. Boissier l'indique dans le Belouchistan et la Perse méridionale,mais comme « subspontané », de même qu'en Syrie,Anatolie et Grèce.Rheede 6 parle du Ricin comme cultivé au Malabar et croissantdans les sables, mais les auteurs modernes anglo-indiensn'admettent nullement la spontanéité. Plusieurs passent l'espècesous silence. Quelques-uns parlent de la facilité de naturalisationhors des cultures. Loureiro avait vu le Ricin en Cochinchineet en Chine, « cultivé et non cultivé », ce qui signifiepeut-être échappé des cultures. Enfin, pour les îles de la Sonde,Rumphius est, comme toujours, un des plus intéressants àconsulter. « Le Ricin, dit-il, croît surtout à Java, où il constitued'immenses champs et produit une grande quantité d'huile. AAmboine, on le plante çà et là près des habitations et dans les1. Richard,Tentamenflorssabyssinics,2, p. 250;Schweinfurth, PlantaniloticiBa Hartmann,etc., p.2. Sclrweinfiirth. et Ascherson,Aufzàhlung,p. 13.262.3. Forskal,Fl. arab., p.4.Boissier,Fl. orient, 71.4, p. 1143.5. Rheede,Malabar,2, p. 57, t. 32.6. Rumphius, Eerb.Amboin.,vol. 4, p. 93.

340 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESen Italie c'est pour l'huile contenue dans la graine. Cette huile,plus ou moins purgative, sert à l'éclairage -au Bengale et ailleurs.Dans aucune région le Ricin n'a été trouvé spontané d'unemanière aussi certaine qu'en Abyssinie, dans le Sennaar et leCordofan. Les expressions <strong>de</strong>s auteurs ou collecteurs sont catégoriques.Le Ricin est commun dans les endroits rocailleux<strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Chiré, près <strong>de</strong> Goumalo, dit Quartin Dillon; ilest spontané dans les localités du Sennaar supérieur qui sontinondées pendant les pluies, dit Hartmann 1. Je possè<strong>de</strong> unéchantillon <strong>de</strong> Kotschy, n° 243, recueilli du côté septentrionaldu mont Kohn, en Cordofan. Les indications <strong>de</strong>s voyageurs auMozambique et sur la côte opposée <strong>de</strong> Guinée ne sont pas aussiclaires, mais il est très possible que l'habitation spontanées'éten<strong>de</strong> sur une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l'Afrique tropicale. Commeil's'agit d'une espèce utile, très apparente et facile à propager, lesnègres ont dû la répandre <strong>de</strong>puis longtemps. Toutefois, quandon se rapproche <strong>de</strong> la mer Méditerranée, il n'est plus questiond'indigénat. Déjà, pour l'Egypte, MM. Schweinfuth et Ascherson 2disent l'espèce seulement cultivée et naturalisée. Probablementen Algérie, en Sardaigne, au Maroc, et même aux îles Canaries,où elle se voit surtout dans les sables au bord <strong>de</strong> la mer, elleest naturalisée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles.J'en dirai autant <strong>de</strong>s échantillons rapportés <strong>de</strong> Djedda, enArabie, par Schimper, qui ont été recueillis près d'une citerne.Forskal a cependant recueilli le Ricin dans les montagnes <strong>de</strong>l'Arabie Heureuse, ce qui peut signifier une station spontanée.M. Boissier l'indique dans le Belouchistan et la Perse méridionale,mais comme « subspontané », <strong>de</strong> même qu'en Syrie,Anatolie et Grèce.Rhee<strong>de</strong> 6 parle du Ricin comme cultivé au Malabar et croissantdans les sables, mais les auteurs mo<strong>de</strong>rnes anglo-indiensn'admettent nullement la spontanéité. Plusieurs passent l'espècesous silence. Quelques-uns parlent <strong>de</strong> la facilité <strong>de</strong> naturalisationhors <strong>de</strong>s cultures. Loureiro avait vu le Ricin en Cochinchineet en Chine, « cultivé et non cultivé », ce qui signifiepeut-être échappé <strong>de</strong>s cultures. Enfin, pour les îles <strong>de</strong> la Son<strong>de</strong>,Rumphius est, comme toujours, un <strong>de</strong>s plus intéressants àconsulter. « Le Ricin, dit-il, croît surtout à Java, où il constitued'immenses champs et produit une gran<strong>de</strong> quantité d'huile. AAmboine, on le plante çà et là près <strong>de</strong>s habitations et dans les1. Richard,Tentamenflorssabyssinics,2, p. 250;Schweinfurth, PlantaniloticiBa Hartmann,etc., p.2. Sclrweinfiirth. et Ascherson,Aufzàhlung,p. 13.262.3. Forskal,Fl. arab., p.4.Boissier,Fl. orient, 71.4, p. 1143.5. Rhee<strong>de</strong>,Malabar,2, p. 57, t. 32.6. Rumphius, Eerb.Amboin.,vol. 4, p. 93.

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