Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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13.07.2015 Views

CAFÉIER 333-Toutes les flores récentes d'Asie et d'Afrique mentionnentl'espèce comme cultivée, etla plupartdes auteurs pensent qu'elleest d'origine américaine. M. Bentham, après avoir constatéqu'on ne l'a. pas trouvée sauvage en Amérique ou ailleurs,ajoute qu'elle est peut-être une forme dérivée d'une des six autresespèces du genre spontanées au Brésil, mais il n'indiquepas de laquelle. C'est assez probable, car une plante douée d'unmoyen efficace et très particulier de germer ne paraît pas denature à.s'éteindre. On l'aurait trouvée sauvage au Brésil, dansle même état que la plante cultivée, si cette dernière n'était pasun produit de la culture. Les ouvrages sur la Guyane et autressgions de l'Amérique indiquent l'espèce comme cultivée. Grisebach1 nous dit en outre que dans plusieurs des îles Antilles ellese naturalise hors des cultures.Un genre dont toutes les espèces bien connues sont ainsi cantonnéesdans une seule région de l'Amérique ne peut guère avoirune espèce commune entre le nouveau monde et l'ancien. Ceserait une exception par trop forte aux données ordinaires de lagéographie botanique. Mais alors comment l'espèce (ou formecultivée) a-t-elle passé du continent américain à l'ancien monde?C'est ce qu'on ne peut guère deviner. Je ne suis pas éloigné decroire à un transport du Brésil en Guinée par les premiers négriers,et à d'autres transports du Brésil aux îles du midi del'Asie par les Portugais depuis la fin du xve siècle.Caféier. Coffea arabica, Linné.Ce petit arbre, de la famille des Rubiacées, est sauvage enAbyssinie 2, dans le Soudan et sur les deux côtes opposées deGuinée et Mozambique Peut-être, dans ces dernières localités,éloignées du centre, s'est-il naturalisé à la suite des cultures.Personne ne l'a encore trouvé en Arabie, mais cela peut s'expliquerparla difficulté de pénétrer dans l'intérieur du pays. Si onl'y découvre, on aura de la peine à constater la qualité spontanée,car les graines, qui perdent vite leur faculté de germer,lèvent souvent autour des cultures et naturalisent l'espèce. Celas'est vu au Brésil et aux Antilles 5, où l'on est sûr que le Caféiern'a jamais été indigène.r..L'usage du café paraît fort ancien en Abyssinie. ShehabeddinBen, auteur d'un manuscrit arabe du xve siècle (n° 944 de laBibl. de Paris), cité dans l'excellente dissertation de John Ellis1.Grisebach, Flora ofbrit. W. Indian islands,p. 180. “2. Richard, Tentamenfl. abyss.,1, p. 349; Oliver, Flora of tropicalAfrica, 3, p.3.Kitter, citédans 180.Flora, 1846,p. 704. ““, r4. Meyen,Géogr.bot., traduction anglaise,p. 384; Grisebach, Flora of fbriiish W. India islands, p. 338.5.H. Welter,Essai sur l'histoiredu café,1 vol. in-8.,Paris, 1808.6. Ellis, Anhistoricalaccountof Coffee,1774.

334 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESdit qu'on employait le café en Abyssinie depuis un temps immémorial.L'usage, même médical, ne s'en était pas propagé dansles pays voisins, car les croisés n'en eurent aucune connaissance,et le célèbre médecin Ebn Baithar, né à Malaga, qui avait parcourule nord de l'Afrique et la Syrie au commencement duxme siècle de l'ère chrétienne, ne dit pas un mot du café 1. En1596, Bellus envoyait à de L'Ecluse des graines dont les Egyptienstiraient la boisson du Cavé 2. A peu près à la même époque,Prosper Alpin en avait eu connaissance en Egypte même.Il désigne l'arbuste sous le nom de « arbor Bon, eum fructu suoBuna. » Le nom de Bon se retrouve aussi dans les premiers auteurssous la forme de Bunnu, Buncho, Bunca 3. Les noms dCakue, Cahua, Chaubé 4, Cavé s'appliquaient, en Egypte et enSyrie, plutôt à la boisson préparée, et sont devenus l'origine dumot Café. Le nom Bunnu, ou quelque chose d'analogue, est sibien le nom primitif de la plante, que les Abyssins l'appellentaujourd'hui encore Boun 6.Si l'usage du café est plus ancien enAbyssinie qu'ailleurs, celane prouve pas que la culture y soit bien ancienne. Il est trèspossible que pendant des siècles on ait été chercher les baiesdans les forêts, où elles étaient sans doute très communes. Selonl'auteur arabe cité plus haut, ce serait un muphti d'Aden, à peuprès son contemporain, appelé Gemaleddin, qui, ayant vu boiredu café en Perse, aurait introduit cette coutume à Aden, et delà elle se serait répandue à Moka, en Egypte, etc. D'après cetauteur, le Caféier croissait en Arabie Il existe d'autres fables outraditions, d'après lesquelles ce seraient toujours des moines oudes prêtres arabes qui auraient imaginé la boisson du café 8,mais elles nous laissent également dans l'incertitude sur la datepremière de la culture. Quoi qu'il en soit, l'usage du café s'étantrépandu dans l'Orient, puis en Occident, malgré une foule deprohibitions et de conflits bizarres 9, la production en est devenuebientôt un objet important pour les colonies. D'après Boerhaave,le bourgmestre d'Amsterdam, Nicolas Witsen, directeur de laCompagnie des Indes, pressa le gouverneur de Batavia, VanHoorn, de faire venir des graines de Caféier d'Arabie à Bataviace qui fut fait et permit à Van Hoorn d'en envoyer des piedsvivants à Witsen, en 1690. Ceux-ci furent soignés dans le jardinbotanique d'Amsterdam, fondé par Witsen. Ils y portèrent des1. Ebn Baithar,trad. de Sordtheimer,2 vol. m-S°,1842.2. Bellus, Epist. ad Clus.,p. 309.3. Rauwolf,Clusius.4. Rauwolf;Bauhin,HîsL,1, p. 422.5. Bellus, l. c.6. Richard, Tentamenfl. abyss.,p. 350."l. Un extrait du même auteur dans Plavtair, Rist. of Ârabïa Félix,Bombay,1839,ne mentionnepas cette assertion.8. Nouv.dict. d'hist.nat., IV,p. 552.9. Ellis, l. c.; Nouv.dict., L c.

334 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESdit qu'on employait le café en Abyssinie <strong>de</strong>puis un temps immémorial.L'usage, même médical, ne s'en était pas propagé dansles pays voisins, car les croisés n'en eurent aucune connaissance,et le célèbre mé<strong>de</strong>cin Ebn Baithar, né à Malaga, qui avait parcourule nord <strong>de</strong> l'Afrique et la Syrie au commencement duxme siècle <strong>de</strong> l'ère chrétienne, ne dit pas un mot du café 1. En1596, Bellus envoyait à <strong>de</strong> L'Ecluse <strong>de</strong>s graines dont les Egyptienstiraient la boisson du Cavé 2. A peu près à la même époque,Prosper Alpin en avait eu connaissance en Egypte même.Il désigne l'arbuste sous le nom <strong>de</strong> « arbor Bon, eum fructu suoBuna. » Le nom <strong>de</strong> Bon se retrouve aussi dans les premiers auteurssous la forme <strong>de</strong> Bunnu, Buncho, Bunca 3. Les noms dCakue, Cahua, Chaubé 4, Cavé s'appliquaient, en Egypte et enSyrie, plutôt à la boisson préparée, et sont <strong>de</strong>venus l'origine dumot Café. Le nom Bunnu, ou quelque chose d'analogue, est sibien le nom primitif <strong>de</strong> la plante, que les Abyssins l'appellentaujourd'hui encore Boun 6.Si l'usage du café est plus ancien enAbyssinie qu'ailleurs, celane prouve pas que la culture y soit bien ancienne. Il est trèspossible que pendant <strong>de</strong>s siècles on ait été chercher les baiesdans les forêts, où elles étaient sans doute très communes. Selonl'auteur arabe cité plus haut, ce serait un muphti d'A<strong>de</strong>n, à peuprès son contemporain, appelé Gemaleddin, qui, ayant vu boiredu café en Perse, aurait introduit cette coutume à A<strong>de</strong>n, et <strong>de</strong>là elle se serait répandue à Moka, en Egypte, etc. D'après cetauteur, le Caféier croissait en Arabie Il existe d'autres fables outraditions, d'après lesquelles ce seraient toujours <strong>de</strong>s moines ou<strong>de</strong>s prêtres arabes qui auraient imaginé la boisson du café 8,mais elles nous laissent également dans l'incertitu<strong>de</strong> sur la datepremière <strong>de</strong> la culture. Quoi qu'il en soit, l'usage du café s'étantrépandu dans l'Orient, puis en Occi<strong>de</strong>nt, malgré une foule <strong>de</strong>prohibitions et <strong>de</strong> conflits bizarres 9, la production en est <strong>de</strong>venuebientôt un objet important pour les colonies. D'après Boerhaave,le bourgmestre d'Amsterdam, Nicolas Witsen, directeur <strong>de</strong> laCompagnie <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s, pressa le gouverneur <strong>de</strong> Batavia, VanHoorn, <strong>de</strong> faire venir <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> Caféier d'Arabie à Bataviace qui fut fait et permit à Van Hoorn d'en envoyer <strong>de</strong>s piedsvivants à Witsen, en 1690. Ceux-ci furent soignés dans le jardinbotanique d'Amsterdam, fondé par Witsen. Ils y portèrent <strong>de</strong>s1. Ebn Baithar,trad. <strong>de</strong> Sordtheimer,2 vol. m-S°,1842.2. Bellus, Epist. ad Clus.,p. 309.3. Rauwolf,Clusius.4. Rauwolf;Bauhin,HîsL,1, p. 422.5. Bellus, l. c.6. Richard, Tentamenfl. abyss.,p. 350."l. Un extrait du même auteur dans Plavtair, Rist. of Ârabïa Félix,Bombay,1839,ne mentionnepas cette assertion.8. Nouv.dict. d'hist.nat., IV,p. 552.9. Ellis, l. c.; Nouv.dict., L c.

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