Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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RADIS, RAIFORT 25cine (Radis) ou à quelque comparaison avec la rave (Ravanelloen italien, Rabica en espagnol, etc.), mais les Grecs anciens avaientcréé le nom spécial de Raphanos (qui lève facilement). Le motitalien Ramoraccio dérive du grec Armoracia, qui signifiait leR. sativus ou quelque espèce voisine. Les modernes l'ont transporté,par erreur, au Cochlearia Armoracia soit Cran, dont il estquestion plus loin. Les Sémites 1 ont des noms tout autres (Fuglaen hébreu, Fuil, fidgel, figl, etc., en arabe). Dans l'Inde, d'aprèsRoxburgh 2,le nom vulgaire d'une variété à racine énorme, aussigrosse quelquefois que la jambe d'un homme, est Moola ou Aloolee(prononcez Moula, Moult), en sanscrit Mooluka (prononcez Moulouka}.Enfin, pour la Gochinchine, la Chine et le Japon, lesauteurs citent des noms variés, très différents les uns des autres.D'après cette diversité, la culture serait très ancienne de la Grèceau Japon; mais on ne peut rien en conclure «relativement à lapatrie originelle comme plante spontanée.A cet égard, il existe une opinion complètement différente qu'ilfaut aussi examiner. Plusieurs botanistes soupçonnent quele Raphanus sativus est simplement un état particulier, à grosseracine et à fruit non articulé, du Raphanus Raphanistrum, plantetrès commune dans les terrains cultivés de l'Europe et de l'Asietempérées et qu'on trouve aussi à l'état spontané dans les sableset les terrains légers du bord de la mer, par exemple à Saint-Sébastien, en Dalmatie et à Trébizonde 4. Les localités ordinairesdans les champs abandonnés, et beaucoup de noms vulgairesqui signifient radis sauvage montrent l'affinité des deuxplantes. Je n'insisterais pas si leur identité supposée n'était qu'uneprésomption, mais elle repose sur des expériences et des observationsqu'il est important de connaître.Dans le R. Raphancstrum la silique est articulée, c'est-à-direétroite de place en place, et les graines sont contenues danschaque article. Dans le R. sativus, la silique est continue et formeune seule cavité intérieure. Quelques botanistes avaient constituésur cette différence des genres distincts, Raphanistrum et Raphanus.Mais trois observateurs très exacts, Webb, J. Gay etSpach, ont constaté, parmi des pieds de Raphanus sativus, venantdes mêmes graines, des siliques tantôt uniloculaires ettantôt articulées, qui sont alors bi ou pluriloculaires 6. Webbayant répété plus tard ces expériences est arrivé aux mêmes résultats,avec un détail de plus, assez important le radis semé de1. D'après mon Dictionnairemanuscrit des noms vulgaires, tiré desfloresqui existaientil y a trente ans.2. Roxburgh,FL, ind., III, p. 126.3.Webb,Phytngr.Canar.,p. 83;Ver hisp.,p. 71 Bentham,Fl.Hongkong,p. 17; Hooker,Fl. brit. Ind., I, p. 166.4. Willkommet Lange,Prodr. fl. hisp.,III, p. 748;VivianiFl. dalmat,III, p. 104;Boissier,FI. orient.,I, p. 401.5. Webb,Phytographiacanariensis,I, p. 83.

26 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS PARTIES SOUTERRAINESlui-même au ùasara et non cumve, donnait aes smques ueRaphanistrum Une autre différence entre les deux plantes estcelle des racines, charnues dans le R. sativus grêles dans leR. Raphanistrum, mais cela change selon les cultures, d'aprèsdes expériences de M. Carrière, jardinier en chef des pépinièresdu Muséum d'histoire naturelle de Paris 2.Il a eu l'idée de semerdans un terrain fort et dans un terrain léger du Raphanistrumà racine grêle, et dès la quatrième génération il a récolté desradis charnus, de forme et de couleur variées, comme ceux desjardins. Il en donne même les figures, qui sont véritablementcurieuses et probantes. Le goût piquant du radis ne faisait pasdéfaut. Pour obtenir ces changements, M. Carrière semait aumois de septembre, de manière à rendre la plante presque bisannuelle,au lieu d'annuelle. On comprend qu'il en résulte Pépaississementde la racine, car beaucoup de plantes bisannuellesont des racines charnues.Il resterait à faire l'expérience inverse, de semer des radis cultivésdans un mauvais terrain. Probablement, les racines deviendraientde plus en plus maigres comme les siliques deviennent,en pareil cas, de plus en plus articulées.D'aprèsl'ensemble des expériences dont nous venons de parler,le Raphanus sativus pourrait bien être une forme du R. Raphanistrum,forme peu stable, déterminée par l'existence de quelquesgénérations dans un terrain fertile. On ne peut pas supposer queles anciens peuples non civilisés aient fait des essais commeceux de M. Carrière, mais ils ont pu remarquer des Raphanistrumvenus dans des terrains fortement fumés, ayant des racinesplus ou moins charnues; sur quoi l'idée de les cultiver a pu leurvenir facilement.Je ferai cependant une objection tirée de la géographie botanique.Le Raphanus Raphanistrum est une plante d'Europe, quin'existe pas en Asie 3. Ce n'est donc pas de cette espèce que leshabitants de l'Inde, du Japon et de la Chine ont pu tirer les radisqu'ils cultivent depuis des siècles. D'un autre côté, comment leR. Raphanistrum, qu'on suppose transformé en Europe, auraitilété transmis dans ces temps anciens au travers de toute l'Asie?Les transports de plantes cultivées ont marché communémentd'Asie en Europe. Ghang-kien avait bien apporté des légumes deBactriane en Chine dans le iiBsiècle avant Jésus-Ghrist, mais onne cite pas le radis comme étant du nombre.Cran, Cranson, Raifort sauvage. Cochlearia Armoracia,Linné.1.Webb,lier hispaniense, i838,p. 72.2. Carrière,Originedesplantesdoînestiquesdémontréepar la culture duRadissauvage.In-8,24pages. 1869.3.Ledebour,Fl. ross. Boissier,Fl. orient,;les ouvragessur la floredelarégiondu fleuveAmur.

RADIS, RAIFORT 25cine (Radis) ou à quelque comparaison avec la rave (Ravanelloen italien, Rabica en espagnol, etc.), mais les Grecs anciens avaientcréé le nom spécial <strong>de</strong> Raphanos (qui lève facilement). Le motitalien Ramoraccio dérive du grec Armoracia, qui signifiait leR. sativus ou quelque espèce voisine. Les mo<strong>de</strong>rnes l'ont transporté,par erreur, au Cochlearia Armoracia soit Cran, dont il estquestion plus loin. Les Sémites 1 ont <strong>de</strong>s noms tout autres (Fuglaen hébreu, Fuil, fidgel, figl, etc., en arabe). Dans l'In<strong>de</strong>, d'aprèsRoxburgh 2,le nom vulgaire d'une variété à racine énorme, aussigrosse quelquefois que la jambe d'un homme, est Moola ou Aloolee(prononcez Moula, Moult), en sanscrit Mooluka (prononcez Moulouka}.Enfin, pour la Gochinchine, la Chine et le Japon, lesauteurs citent <strong>de</strong>s noms variés, très différents les uns <strong>de</strong>s autres.D'après cette diversité, la culture serait très ancienne <strong>de</strong> la Grèceau Japon; mais on ne peut rien en conclure «relativement à lapatrie originelle comme plante spontanée.A cet égard, il existe une opinion complètement différente qu'ilfaut aussi examiner. Plusieurs botanistes soupçonnent quele Raphanus sativus est simplement un état particulier, à grosseracine et à fruit non articulé, du Raphanus Raphanistrum, plantetrès commune dans les terrains cultivés <strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong> l'Asietempérées et qu'on trouve aussi à l'état spontané dans les sableset les terrains légers du bord <strong>de</strong> la mer, par exemple à Saint-Sébastien, en Dalmatie et à Trébizon<strong>de</strong> 4. Les localités ordinairesdans les champs abandonnés, et beaucoup <strong>de</strong> noms vulgairesqui signifient radis sauvage montrent l'affinité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<strong>plantes</strong>. Je n'insisterais pas si leur i<strong>de</strong>ntité supposée n'était qu'uneprésomption, mais elle repose sur <strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong>s observationsqu'il est important <strong>de</strong> connaître.Dans le R. Raphancstrum la silique est articulée, c'est-à-direétroite <strong>de</strong> place en place, et les graines sont contenues danschaque article. Dans le R. sativus, la silique est continue et formeune seule cavité intérieure. Quelques botanistes avaient constituésur cette différence <strong>de</strong>s genres distincts, Raphanistrum et Raphanus.Mais trois observateurs très exacts, Webb, J. Gay etSpach, ont constaté, parmi <strong>de</strong>s pieds <strong>de</strong> Raphanus sativus, venant<strong>de</strong>s mêmes graines, <strong>de</strong>s siliques tantôt uniloculaires ettantôt articulées, qui sont alors bi ou pluriloculaires 6. Webbayant répété plus tard ces expériences est arrivé aux mêmes résultats,avec un détail <strong>de</strong> plus, assez important le radis semé <strong>de</strong>1. D'après mon Dictionnairemanuscrit <strong>de</strong>s noms vulgaires, tiré <strong>de</strong>sfloresqui existaientil y a trente ans.2. Roxburgh,FL, ind., III, p. 126.3.Webb,Phytngr.Canar.,p. 83;Ver hisp.,p. 71 Bentham,Fl.Hongkong,p. 17; Hooker,Fl. brit. Ind., I, p. 166.4. Willkommet Lange,Prodr. fl. hisp.,III, p. 748;VivianiFl. dalmat,III, p. 104;Boissier,FI. orient.,I, p. 401.5. Webb,Phytographiacanariensis,I, p. 83.

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