Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
COTONNIERHERBACÉ 323ricain, entre les tropiques. Les herbiers et les flores abondenten indications de localités mais ordinairement on né dit passi l'espèce était cultivée, spontanée ou naturalisée. Je remarquecependant l'assertion de l'indigénat, par Seemann pour la côtenord-ouest du Mexique et Panama, par M. Triana à la Nouvelle-Grenade, par M. Meyer dans la Guyane hollandaise, et par Pisoet Claussen au Brésil 1. Avec une habitation aussi vaste, il n'estpas surprenant que les noms de l'espèce aient été nombreux dansles langues américaines. Celui des Brésiliens, Uruçu, est l'originede Rocou.II n'était pas bien nécessaire de planter cet arbre pour enobtenir le produit; cependant Piso raconte que les Brésiliens,au xvie siècle, ne se contentaient pas des pieds sauvages, et àla Jamaïque, dans le xvne siècle, les plantations de Rocou étaientcommunes. C'est une des premières espèces transportées d'Amériquedans le midi de l'Asie et en Afrique. Elle s'est naturaliséequelquefois au point que Roxburgh 2 l'avait crue aborigènedans l'Inde.Cotonnier herbacé. – Gossypium herbaceum, Linné.Lorsque je cherchais, en 1855, l'origine des cotonniers cultivés3, il régnait une grande incertitude sur la distinction desespèces. Depuis cette époque, il a paru en Italie deux excellentsouvrages sur lesquels on peut s'appuyer, l'un de Parlatoreancien directeur du jardin botanique de Florence, l'autre deM. le sénateur Todaro B, de Palerme. Ces deux ouvrages sontaccompagnés de planches coloriées magnifiques. Pour les cotonnierscultivés, on ne peut rien désirer de mieux. D'un autrecôté, la connaissance des véritables espèces, j'entends de cellesqui existent dans la nature, à l'état spontané, n'a pas fait lesprogrès qu'on pouvait espérer. Cependant la définition des espècesest assez précise dans les publications du Dr Masters 6.Je la suivraidonc de préférence. L'auteur se rapproche des idées deParlatore, qui admettait sept espèces bien connues et deuxdouteuses, tandis que M. Todaro en compte 54, dont deux seulementdouteuses, donnant ainsi pour espèces des formes dis-1. Seemann,Bot. of Herald, p. 79, 268; Triana et Planehon,Prodr. fl.novo-granat,p. 94; Meyer,Essequebo,p. 202; Piso, Hist. nat. BrasiL,ed.dèïS,p. 65 Claussen,dansClos,l. c.2. Roxburgh, Flora indica,2,p. 581 Oliver, Flora of tropicalAfrica,i,p. 114.3. Géographiebotaniqueraisonnée,p. 971.4. Parlatore, Le specie dei cotoni, texte in-4, planches in-folio, Firenze,1866.5. Todaro,Relazionedellacolturadeicotoniin Italia seguitada una monografiadel génèreGossypium, texte grand in-8, planchesin-folio,Romeet Palerme.1877-78ouvrageprécédéde plusieurs autres moinsétendus,dont Parlatoreavaiteu connaissance.6. Masters,dans Oliver,Flora of tropical Africa,p. 210 et dans sirJ. Hooker,Flora of britishIndia, 1, p. 346.
324 PLANTES CULTIVÉESPOURLEURS GRAINEStinctes par quelque caractère, mais nées et conservées dans lescultures.Les noms vulgaires des Cotonniers ne peuvent être d'aucunsecours. Ils risquent même de tromper complètement sur lesorigines. Tel coton dit de Siam vient quelquefois d'Amérique;tel autre est appelé coton du Brésil ou d'Ava selon la fantaisieou la croyance erronée des cultivateurs.Parlons d'abord du Gossypium herbaceum espèce anciennedes cultures asiatiques, la plus répandue maintenant en Europeet aux Etats-Unis. Dans les pays chauds, d'où elle provient, satige dure quelques années; mais, hors des tropiques, elle devientannuelle, par l'effet du froid des hivers. Sa fleur est ordinairementjaune, avec un fond rouge. Son coton est jaune ou blanc,selon les variétés.Parlatore a examiné plusieurs échantillons d'herbiers spontanéset en a cultivé d'autres provenant d'individus sauvagesdans la péninsule indienne. Il admet en outre l'indigénat dansJe pays des Birmans et l'archipel indien, d'après des échantillonsde collecteurs qui n'ont peut-être pas assez vérifié la qualité deplante sauvage.M. Masters regarde comme certainement spontané, dans leSindh, une forme qu'il a appelée Gossypium Stocksii, laquelle,dit-il, est probablement l'état sauvage du Gossypium herbaceumet des autres Cotonniers cultivés dans l'Inde depuis longtemps.M. Todaro, qui n'est pas disposé à réunir beaucoup de formesen une seule espèce, admet cependant l'identité de celle-ci et duG. herbaceum ordinaire. La couleur jaune du coton serait doncl'état naturel de l'espèce. La graine ne présente pas le duvetcourt qui existe entre les poils allongés dans le G. herbaceumcultivé.La culture a probablement étendu l'habitation de l'espècehors du pays primitif. C'est le cas, je suppose, pour les îles dela Sonde et la péninsule malaise, où certains individus paraissentplus ou moins spontanés. Kurz l, dans sa flore de Burma, mentionnele G. herbaceum, à coton jaune ou blanc, comme cultivé,et en même temps comme sauvage dans les endroits déserts etles terrains négligés.Le Cotonnier herbacé se nomme Kapase en bengali, Kapasen hindoustani, ce qui montre que le mot sanscrit Karpassi répondbien à l'espèce 2. La culture s'en était répandue de bonneheure dans la Bactriane, où les Grecs l'avaient remarquée lorsde l'expédition d'Alexandre. Théophraste 3 en parle d'une manièrequi ne peut laisser aucun doute. Le Cotonnier en arbre del'île de Tylos, dans le golfe Persique, dont il fait mention plus1. Kurz, Forest flora of british Burma, 1, p. 129.2. Piddington, Index.3. Theophrastes, Hist. plant., J. 4, c. 5.
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324 PLANTES CULTIVÉESPOURLEURS GRAINEStinctes par quelque caractère, mais nées et conservées dans lescultures.Les noms vulgaires <strong>de</strong>s Cotonniers ne peuvent être d'aucunsecours. Ils risquent même <strong>de</strong> tromper complètement sur lesorigines. Tel coton dit <strong>de</strong> Siam vient quelquefois d'Amérique;tel autre est appelé coton du Brésil ou d'Ava selon la fantaisieou la croyance erronée <strong>de</strong>s cultivateurs.Parlons d'abord du Gossypium herbaceum espèce ancienne<strong>de</strong>s cultures asiatiques, la plus répandue maintenant en Europeet aux Etats-Unis. Dans les pays chauds, d'où elle provient, satige dure quelques années; mais, hors <strong>de</strong>s tropiques, elle <strong>de</strong>vientannuelle, par l'effet du froid <strong>de</strong>s hivers. Sa fleur est ordinairementjaune, avec un fond rouge. Son coton est jaune ou blanc,selon les variétés.Parlatore a examiné plusieurs échantillons d'herbiers spontanéset en a cultivé d'autres provenant d'individus sauvagesdans la péninsule indienne. Il admet en outre l'indigénat dansJe pays <strong>de</strong>s Birmans et l'archipel indien, d'après <strong>de</strong>s échantillons<strong>de</strong> collecteurs qui n'ont peut-être pas assez vérifié la qualité <strong>de</strong>plante sauvage.M. Masters regar<strong>de</strong> comme certainement spontané, dans leSindh, une forme qu'il a appelée Gossypium Stocksii, laquelle,dit-il, est probablement l'état sauvage du Gossypium herbaceumet <strong>de</strong>s autres Cotonniers cultivés dans l'In<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis longtemps.M. Todaro, qui n'est pas disposé à réunir beaucoup <strong>de</strong> formesen une seule espèce, admet cependant l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> celle-ci et duG. herbaceum ordinaire. La couleur jaune du coton serait doncl'état naturel <strong>de</strong> l'espèce. La graine ne présente pas le duvetcourt qui existe entre les poils allongés dans le G. herbaceumcultivé.La culture a probablement étendu l'habitation <strong>de</strong> l'espècehors du pays primitif. C'est le cas, je suppose, pour les îles <strong>de</strong>la Son<strong>de</strong> et la péninsule malaise, où certains individus paraissentplus ou moins spontanés. Kurz l, dans sa flore <strong>de</strong> Burma, mentionnele G. herbaceum, à coton jaune ou blanc, comme cultivé,et en même temps comme sauvage dans les endroits déserts etles terrains négligés.Le Cotonnier herbacé se nomme Kapase en bengali, Kapasen hindoustani, ce qui montre que le mot sanscrit Karpassi répondbien à l'espèce 2. La culture s'en était répandue <strong>de</strong> bonneheure dans la Bactriane, où les Grecs l'avaient remarquée lors<strong>de</strong> l'expédition d'Alexandre. Théophraste 3 en parle d'une manièrequi ne peut laisser aucun doute. Le Cotonnier en arbre <strong>de</strong>l'île <strong>de</strong> Tylos, dans le golfe Persique, dont il fait mention plus1. Kurz, Forest flora of british Burma, 1, p. 129.2. Piddington, In<strong>de</strong>x.3. Theophrastes, Hist. plant., J. 4, c. 5.