Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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BLÉ DE POLOGNE 289du Parmesan 1.Du reste, M. Heer 2 regai'de cette forme commeune race du- froment ordinaire, et M. Sordelli paraît inclinervers la même opinion.Fraas soupçonne que le Krithanias de Théophraste était leTritieum turgidum, mais ceci est absolument incertain. D'aprèsM. de Heldreich 3, le Gros blé est d'introduction moderne enGrèce. Pline a parlé brièvement d'un blé à épis rameux, donnantcent grains, qui devait être notre Blé de miracle.Ainsi les documents historiques et linguistiques concourent àfaire regarder les formes du Trzticum turgidum comme des modificationsdu froment ordinaire, obtenues dans les cultures. Laforme à épis rameux ne remonte peut-être pas beaucoup plushaut que l'époque de Pline.Ces déductions seraient mises à néant si l'on découvrait leTriticum turgidum à l'état sauvage, ce qui n'est pas encorearrivé d'une manière certaine. Malgré G. Koch B,personne n'admetqu'il croisse, hors des cultures, à Constantinople et dansl'Asie Mineure. L'herbier de M. Boissier, si riche en plantesd'Orient, n'en possède pas. Il est indiqué comme spontané enEgypte par MM. Schweinfurth et Ascherson, mais c'est parsuite d'une erreur typographique 6.III. Blé dur. Triticum durum, Desfontaines.Cultivé depuis longtemps en Barbarie, dans le midi de laSuisse et quelquefois ailleurs, il n'a jamais été trouvé à l'étatsauvage.Dans les différentes provinces d'Espagne, il ne porte pas moinsd'une quinzaine de noms 7, et aucun ne dérive du nom arabeQuemah, usité en Algérie et en. Egypte 9. L'absence de nomsdans plusieurs autres pays et surtout de noms originauxest bien frappante. C'est un indice de plus en faveur d'unedérivation du froment ordinaire, obtenue en Espagne et dansle nord de l'Afrique, à une époque inconnue, peut-être depuisl'ère chrétienne.IV. Blé de Pologne. Triticum polonicum, Linné.Cet autre blé dur, à grains encore plus allongés, cultivé surtoutdans l'Europe orientale, n'a pas été trouvé sauvage.1. Cités d'après Sordelli,Notiziesull. Lagozza,p. 32.2. Heer, t. c., p. 50.3. Heldreich,DieNutzpflanzenGriechenlands, p. 5.Pline, Hist.,1. 18, c. 10.5. Koch,Linnxa,21,p. 427.6. Lettrede M.Ascherson,en 1881.7. DK~'onn.MM7KMC7'!tDktionn.manuscritdes d&?KOHMru~a:nM.nomsvulgaires8. Debeaux,Catal.desplantes de Boghar,p. ṗ. 110. •>9.D'aprèsDelile,l. c., le blé se nommeQamh,et un blé corné,rouge,Qamh-ahmar.DE CANDOLLE. 19

290 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESIl a, en allemand, un nom original, Ganer, Gommer, Gûmmer1,et en d'autres langues des noms qui ne se rattachent qu'à despersonnes ou à des pays desquels on avait tiré les semences. Onne peut douter que ce ne soit une forme obtenue dans les cultures,probablement dans l'Europe orientale, à une époqueinconnue, peut-être assez moderne.Conclusionsur Punité spécifique de ces races principales.Nous venons de montrer que l'histoire et les noms vulgairesdes grandes races de froments sont en faveur d'une dérivation,contemporaine de l'homme, probablement pas très ancienne, dela forme du blé ordinaire, peut-être du blé à petits grains cultivésjadis par les Egyptiens et par les lacustres de Suisse etd'Italie. M.Alefeld2était arrivé à l'unité spécifique des Triticumvulgare, twgidum et durum au moyen de l'observation attentivede leurs formes cultivées dans des conditions semblables.Les expériences de M. Henri Vilmorin 3 sur les fécondationsartificielles de ces blés conduisent au même résultat. Quoiquel'auteur n'ait pas encore vu les produits de plusieurs générations,il s'est assuré que les formes principales les plus distinctesse croisent sans peine et donnent des produits fertiles. Si lafécondation est prise pour une mesure du degré intime d'affinitéqui motive le groupement d'individus en une seule espèce, onne peut pas hésiter dans le cas actuel, surtout avec l'appuides considérations historiques dont j'ai parlé.Sur les prétendus Blés de momie.Avant de terminer cet article, je crois convenable de dire quejamais une graine quelconque sortie d'un cercueil de l'ancienneEgypte et semée par des horticulteurs scrupuleux n'a germé. Cen'est pas que la chose soit impossible, car les graines se conserventd'autant mieux qu'elles sont plus à l'abri de l'air et desvariations de température ou d'humidité, et les monumentségyptiens présentent assurément ces conditions; mais, en fait,les essais de semis de ces anciennes graines n'ont jamais réussi.L'expérience dont on a le plus parlé est celle du comte de Sterberg,à Prague Il avait reçu des graines de blé qu'un voyageur,digne de foi, assurait provenir d'un cercueil de momie.Deux de ces graines ont levé, disait-on; mais je me suis assuréqu'en Allemagne les personnes bien informées croient à quelquesupercherie, soit des Arabes, qui glissent quelquefois des graines1.Nemnich,Lexicon,p. 1488.2. Alefeld, BotanischeZeitung,1865,p. 9.3.H. Vilmorin,Bulletindela Sociétébotanique de France,1881,p. 3oG.4.JournalFlora,1835,p. 4.

290 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS GRAINESIl a, en allemand, un nom original, Ganer, Gommer, Gûmmer1,et en d'autres langues <strong>de</strong>s noms qui ne se rattachent qu'à <strong>de</strong>spersonnes ou à <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong>squels on avait tiré les semences. Onne peut douter que ce ne soit une forme obtenue dans les cultures,probablement dans l'Europe orientale, à une époqueinconnue, peut-être assez mo<strong>de</strong>rne.Conclusionsur Punité spécifique <strong>de</strong> ces races principales.Nous venons <strong>de</strong> montrer que l'histoire et les noms vulgaires<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s races <strong>de</strong> froments sont en faveur d'une dérivation,contemporaine <strong>de</strong> l'homme, probablement pas très ancienne, <strong>de</strong>la forme du blé ordinaire, peut-être du blé à petits grains cultivésjadis par les Egyptiens et par les lacustres <strong>de</strong> Suisse etd'Italie. M.Alefeld2était arrivé à l'unité spécifique <strong>de</strong>s Triticumvulgare, twgidum et durum au moyen <strong>de</strong> l'observation attentive<strong>de</strong> leurs formes <strong>cultivées</strong> dans <strong>de</strong>s conditions semblables.Les expériences <strong>de</strong> M. Henri Vilmorin 3 sur les fécondationsartificielles <strong>de</strong> ces blés conduisent au même résultat. Quoiquel'auteur n'ait pas encore vu les produits <strong>de</strong> plusieurs générations,il s'est assuré que les formes principales les plus distinctesse croisent sans peine et donnent <strong>de</strong>s produits fertiles. Si lafécondation est prise pour une mesure du <strong>de</strong>gré intime d'affinitéqui motive le groupement d'individus en une seule espèce, onne peut pas hésiter dans le cas actuel, surtout avec l'appui<strong>de</strong>s considérations historiques dont j'ai parlé.Sur les prétendus Blés <strong>de</strong> momie.Avant <strong>de</strong> terminer cet article, je crois convenable <strong>de</strong> dire quejamais une graine quelconque sortie d'un cercueil <strong>de</strong> l'ancienneEgypte et semée par <strong>de</strong>s horticulteurs scrupuleux n'a germé. Cen'est pas que la chose soit impossible, car les graines se conserventd'autant mieux qu'elles sont plus à l'abri <strong>de</strong> l'air et <strong>de</strong>svariations <strong>de</strong> température ou d'humidité, et les monumentségyptiens présentent assurément ces conditions; mais, en fait,les essais <strong>de</strong> semis <strong>de</strong> ces anciennes graines n'ont jamais réussi.L'expérience dont on a le plus parlé est celle du comte <strong>de</strong> Sterberg,à Prague Il avait reçu <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> blé qu'un voyageur,digne <strong>de</strong> foi, assurait provenir d'un cercueil <strong>de</strong> momie.Deux <strong>de</strong> ces graines ont levé, disait-on; mais je me suis assuréqu'en Allemagne les personnes bien informées croient à quelquesupercherie, soit <strong>de</strong>s Arabes, qui glissent quelquefois <strong>de</strong>s graines1.Nemnich,Lexicon,p. 1488.2. Alefeld, BotanischeZeitung,1865,p. 9.3.H. Vilmorin,Bulletin<strong>de</strong>la Sociétébotanique <strong>de</strong> France,1881,p. 3oG.4.JournalFlora,1835,p. 4.

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