Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
LINGUISTIQUE 17jours à indiquer une origine géographique, une qualité apparenteou quelque comparaison avec d'autres espèces. Plus unnom est bref, plus il mérite qu'on en tienne compte dans laquestion d'origine ou d'ancienneté, car c'est à la suite desannées, des migrations de peuples et des transports de plantesque s'ajoutent les épithètes souvent erronées. De même, dans lesécritures symboliques, comme celles des Chinois et des Egyptiens,les signes uniques et simples font présumer des espècesanciennement connues, ne venant pas de pays étrangers, et lessignes compliqués, sont suspects ou indiquent une origine étrangère.N'oublions pas cependant que les signes ont été souventdes rébus, basés sur des ressemblances fortuites de mots, ou surdes idées superstitieuses et fantastiques. 1L'identité d'un nom vulgaire pour une espèce dans plusieurslangues peut avoir deux significations très différentes. Elle peutvenir de ce qu'une plante a été transportée par un peuple quis'est divisé et dispersé. Elle peut résulter aussi de ce qu'uneplante a été transmise d'un peuple à l'autre avec le nom dupays d'origine. Le premier cas est celui du chanvre, dont lenom est semblable, au moins quant à sa racine, dans toutes leslangues dérivées des Aryas primitifs. Le second se voit dans lenom américain du tabac et le nom chinois du thé, qui se sontrépandus dans une infinité de pays, sans aucune filiation linguistiqueou ethnographique. Ce cas s'est présenté plus fréquemmentdans les temps modernes que dans les anciens, parce quela rapidité des communications permet aujourd'hui d'introduireà la fois une plante et son nom, même à de grandes distances.La diversité des noms pour une même espèce peut avoir aussides causes variées. En général, elle indique une existence anciennedans divers pays, mais elle peut aussi provenir dumélangedes peuples ou de noms de variétés qui usurpent le nom primitif.Ainsi, en Angleterre, on peut trouver, suivant les provinces, unnom celte, saxon, danois ou latin, et nous voyons en Allemagneles noms de Flachs et Lein pour le lin, qui ont évidemment desorigines différentes.Lorsqu'on veut se servir des noms vulgaires pour en tirercertaines probabilités sur l'origine des espèces, il faut consulterles dictionnaires et les dissertations des philologues, mais on estobligé d'estimer les chances d'erreur de ces érudits, qui, n'étantni agriculteurs ni botanistes, peuvent s'être trompés dans l'applicationd'un nom à une espèce.Le recueil le plus considérable de noms vulgaires est celui deNemnich publié en 1793. J'en possède un autre, manuscrit,plus étendu encore, rédigé dans notre bibliothèque par monancien élève Moritzi, au moyen des flores et de plusieurs livres1.Nemnioli,Allgemeinespolyglotten-Lexicon der Naturgeschichte, 2 volin-4.UEUANDOLLE.
18 MÉTHODESPOUR DÉCOUVRIRL'ORIGINE DES ESPÈCESde voyages écrits par des botanistes. Il y a, en outre, des. dictionnairesconcernant les noms d'espèces de tel ou tel pays oud'une langue en particulier. Ces sortes de recueils ne contiennentpas souvent des explications sur les étymologies mais, quoi qu'endise M. JEehn un naturaliste, pourvu de l'instruction généraleordinaire, peut reconnaître les connexités ou les diversités fondamentalesde certains noms dans des langues différentes et nepas confondre les langues modernes avec les anciennes. Il n'estpas nécessaire pour cela d'être initié dans les subtilités dessuffixes et des affixes, des labiales et des dentales. Sans douteun philologue pénètre mieux et plus loin dans les étymologies,mais il est rare que ce soit nécessaire pour les recherches sur lesplantes cultivées. D'autres connaissances sont plus utiles, surtoutcelles de pure botanique, et elles manquent aux philologuesplus que la linguistique aux naturalistes, par la raison fortévidente qu'on donne plus de place dans l'instruction généraleaux langues qu'à l'histoire naturelle. Il me paraît aussi que leslinguistes, notamment ceux qui traitent du sanscrit, veulentbeaucoup trop chercher des étymologies à chaque nom. Ilsne pensent pas assez à la bêtise humaine, qui a fait naître danstous les temps des mots absurdes, sans base réelle, déduitsd'une erreur ou d'une idée superstitieuse.La filiation des langues modernes européennes est connue detout le monde. Celle des langues anciennes a été l'objet, depuisun demi-siècle, de travaux importants. Je ne puis en donner iciun aperçu, même abrégé. Il suffit de rappeler que toutes leslangues européennes actuelles dérivent de la langue des Aryensoccidentaux, venus d'Asie, à l'exception du basque (dérivé del'ibère), du finnois, du turc et du hongrois, dans lesquels ausurplus beaucoup de mots d'origine aryenne se sont introduits.D'un autre côté, plusieurs langues actuelles de l'Inde, Ceylan,dérivent du sanscrit des Aryens orientaux, sortis de l'Asie centraleaprès les Aryens de l'Occident. On suppose, avec assez devraisemblance, que les premiers Aryens occidentaux sont arrivésen Europe 2500 ans avant notre ère, et les Aryens orientaux dansl'Inde un millier d'années plus tard.Le basque (ou ibère), le guanche des îles Canaries, dont onconnaît quelques noms de plantes, et le berbère se rattachaientprobablement aux anciennes langues du nord de l'Afrique.Les botanistes sont obligés, dans beaucoup de cas, de douterdes noms vulgaires attribués aux plantes par les voyageurs, leshistoriens et les philologues. C'est une conséquence des doutesqu'ils ont eux-mêmes sur la distinction des espèces et de ladifficulté qu'ils savent très bien exister lorsqu'on veut s'assurerdu nom vulgaire d'une plante. L'incertitude devient d'autant1.Hehn,Kulturpflanzenund Hausthierein iltr,enUeèergangaus Asienin-8,3eédition,1877.
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18 MÉTHODESPOUR DÉCOUVRIRL'ORIGINE DES ESPÈCES<strong>de</strong> voyages écrits par <strong>de</strong>s botanistes. Il y a, en outre, <strong>de</strong>s. dictionnairesconcernant les noms d'espèces <strong>de</strong> tel ou tel pays oud'une langue en particulier. Ces sortes <strong>de</strong> recueils ne contiennentpas souvent <strong>de</strong>s explications sur les étymologies mais, quoi qu'endise M. JEehn un naturaliste, pourvu <strong>de</strong> l'instruction généraleordinaire, peut reconnaître les connexités ou les diversités fondamentales<strong>de</strong> certains noms dans <strong>de</strong>s langues différentes et nepas confondre les langues mo<strong>de</strong>rnes avec les anciennes. Il n'estpas nécessaire pour cela d'être initié dans les subtilités <strong>de</strong>ssuffixes et <strong>de</strong>s affixes, <strong>de</strong>s labiales et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntales. Sans douteun philologue pénètre mieux et plus loin dans les étymologies,mais il est rare que ce soit nécessaire pour les recherches sur les<strong>plantes</strong> <strong>cultivées</strong>. D'autres connaissances sont plus utiles, surtoutcelles <strong>de</strong> pure botanique, et elles manquent aux philologuesplus que la linguistique aux naturalistes, par la raison fortévi<strong>de</strong>nte qu'on donne plus <strong>de</strong> place dans l'instruction généraleaux langues qu'à l'histoire naturelle. Il me paraît aussi que leslinguistes, notamment ceux qui traitent du sanscrit, veulentbeaucoup trop chercher <strong>de</strong>s étymologies à chaque nom. Ilsne pensent pas assez à la bêtise humaine, qui a fait naître danstous les temps <strong>de</strong>s mots absur<strong>de</strong>s, sans base réelle, déduitsd'une erreur ou d'une idée superstitieuse.La filiation <strong>de</strong>s langues mo<strong>de</strong>rnes européennes est connue <strong>de</strong>tout le mon<strong>de</strong>. Celle <strong>de</strong>s langues anciennes a été l'objet, <strong>de</strong>puisun <strong>de</strong>mi-siècle, <strong>de</strong> travaux importants. Je ne puis en donner iciun aperçu, même abrégé. Il suffit <strong>de</strong> rappeler que toutes leslangues européennes actuelles dérivent <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong>s Aryensocci<strong>de</strong>ntaux, venus d'Asie, à l'exception du basque (dérivé <strong>de</strong>l'ibère), du finnois, du turc et du hongrois, dans lesquels ausurplus beaucoup <strong>de</strong> mots d'origine aryenne se sont introduits.D'un autre côté, plusieurs langues actuelles <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>, Ceylan,dérivent du sanscrit <strong>de</strong>s Aryens orientaux, sortis <strong>de</strong> l'Asie centraleaprès les Aryens <strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt. On suppose, avec assez <strong>de</strong>vraisemblance, que les premiers Aryens occi<strong>de</strong>ntaux sont arrivésen Europe 2500 ans avant notre ère, et les Aryens orientaux dansl'In<strong>de</strong> un millier d'années plus tard.Le basque (ou ibère), le guanche <strong>de</strong>s îles Canaries, dont onconnaît quelques noms <strong>de</strong> <strong>plantes</strong>, et le berbère se rattachaientprobablement aux anciennes langues du nord <strong>de</strong> l'Afrique.Les botanistes sont obligés, dans beaucoup <strong>de</strong> cas, <strong>de</strong> douter<strong>de</strong>s noms vulgaires attribués aux <strong>plantes</strong> par les voyageurs, leshistoriens et les philologues. C'est une conséquence <strong>de</strong>s doutesqu'ils ont eux-mêmes sur la distinction <strong>de</strong>s espèces et <strong>de</strong> ladifficulté qu'ils savent très bien exister lorsqu'on veut s'assurerdu nom vulgaire d'une plante. L'incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vient d'autant1.Hehn,Kulturpflanzenund Hausthierein iltr,enUeèergangaus Asienin-8,3eédition,1877.