Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
BANANIERfil1 1 r__Humboldt invoque à l'appui du précédent. Ses expressions me•conduisent plutôt à une opinion différente 1. Il s'exprime ainsidans la traduction française de i598 2 « La cause pour laquelleles Espagnols l'ont appelé plane (car les naturels n'avaientpoint de tel nom) a été, comme es autres arbres, pour autantqu'ils ont trouvé quelque ressemblance de l'un à l'autre ». Ilmontre combien le plane (Platanus) des Anciens était différent.II décrit très bien le Bananier, et ajoute que cet arbre est trèscommun aux Indes (ici, cela veut dire en Amérique), « quoiqu'ilsdisent (les Indiens) que son origine soit venue d'Ethiopie. Il ya une espèce de petits planes blancs et fort délicats, lesquelsils appellent en FEspagnolle 3 Dominique. Il y en d'autres quisont plus forts et plus gros, et d'une couleur rouge. Il n encroît point au Pérou, mais on les y apporte des Indes commeau Mexique de Cuernavaca et des autres vallées. En la terreferme et en quelques îles, il y a des grandes planares, quisont comme bosquetaux (bosquets) très épais. » Assurément, cen'est pas ainsi que s'exprimerait l'auteur pour un arbre fruitierd'origine américaine. Il citerait des noms américains, des usagesaméricains. Il ne dirait surtout pas que les indigènes les regardentcomme d'origine étrangère. La diffusion dans les terreschaudes du Mexique pourrait bien avoir eu lieu entre l'époquede la conquête et celle où écrivait Acosta, puisque Hernandez,dont les recherches consciencieuses remontent aux premierstemps de la domination espagnole à Mexico (quoique publiéesplus tard à Rome), ne dit pas un mot du Bananier 5. L historienPrescott a vu d'anciens ouvrages ou manuscrits, selon lesquelsles habitants de Tumbez auraient apporté à Pizarre desbananes lorsqu'il débarqua sur la côte du Pérou, et il croitaux feuilles trouvées dans les huacas, mais il ne cite pas sespreuves 6.. ,«Quant à l'argument des cultures faites par les indigènes, à1 De Humboldta cité l'éditionespagnole de 1608.La premièreéditionest de 1591.Je n'ai pu consulter que la traduction françaisede Regnault,qui est de 1598et qui a tous les caractèresde l'exactitude,indépendammentdu mériteau point de vue de la languefrançaise.2. Acosta,traduction,1. 4, c. 21.3. C'est-à-direprobablement à Hi=paniola șoit Saint-Domingue, car, s ilavaitvoulu dire en langue espagnole, on aurait traduit par castillanetsanslettre capitale.Voyez d'ailleurs la page 168de l'ouvrage.4.II Ya ici probablement une faute d'impressionpourAndes,car le motIndesn'a pas de sens dans ce passage. Le mêmeouvragedit, page 166,qu'il ne vient pas d'Ananas au Pérou,maisqu'on les y apportedes Andes,et, page173quele cacaovient desAndes.Celasignifiait doncles régionschaudes.Le mot Andesa été appliqué ensuite à la chaînedes montagnes,par une transposition bizarre et malheureuse.5. J'ai parcourul'ouvrage en entier pour m'en assurer.6. Prescott, Conquête du Pérou,édit. de Baudry, 164,183.L'auteur aconsultédessourcesprécieuses, entre autres un manuscritde Montesinos,de 1527,mais il ne cite pas ses autorités pour chaquefait, et se borne àdes indicationsvagues et collectives qui sontloin de suffire.
248 PLANTES CULTIVÉESPOURLEURS FRUITSl'époque actuelle, dans des contrées de l'Amérique très séparéesdes établissements européens, il m'est difficile d'admettreque depuis trois siècles des peuplades soient restées absolumentisolées et n'aient pas reçu un arbre aussi utile, par l'intermédiairedes pays colonisés.En résumé, voici ce qui me paraît le plus probable uneintroduction faite de bonne heure par les Espagnols et les Portugaisà Saint-Domingue et au Brésil, ce qui suppose, j'en conviens,une erreur de Garcilasso quant aux traditions des Péruviens.Si cependant des recherches ultérieures venaient àprouver que le Bananier existait dans quelques parties del'Amérique avant la découverte par les Européens, je croirais àune introduction fortuite, pas très ancienne, par l'effet d'unecommunication inconnue avec les îles de la mer Pacifique ouavec la côte de Guinée, plutôt qu'à l'existence primitive etsimultanée du Bananier dans les deux mondes. La géographiebotaniquetout entière rend cette dernière hypothèse improbable,je dirai presque impossible à admettre, surtout dans ungenre non partagé entre les deux mondes.Enfin, pour terminer ce que j'ai à dire du Bananier, jeremarquerai combien la distribution des variétés est favorableà l'opinion de l'espèce unique, adoptée, dans des vues de botaniquepure, par Roxburgh, Desvaux et R. Brown. S'il existaitdeux ou trois espèces, probablement l'une serait représentéepar les variétés qu'on a soupçonnées originaires de l'Amériqueune autre serait sortie, par exemple, de l'archipel indien ou dela Chine, et la troisième de l'Inde. Au contraire, toutes les variétéssont géographiquement mélangées. En particulier, lesdeux qui sont le plus répandues en Amérique diffèrent sensiblementl'une de l'autre et se confondent chacune avec des variétésasiatiques,ou s'en rapprochent beaucoup.Ananas. Ananassa sativa, Lindley. Bromelia AnanasTLinné.Malgré les doutes énoncés par quelques auteurs l'Ananas doitêtre une plante d'Amérique, introduite de bonne heure, par les,Européens, en Asie et en Afrique.Nana était le nom brésilien d'où les Portugais avaient faitAnanas. Les Espagnols avaient imaginé le nom de Pinas, àcause de l'analogie de forme avec le cone du Pin pignon Tousles premiers écrivains sur l'Amérique en parlent 3. Hernandezdit que l'Ananas habite les endroits chauds de Haïti et duMexique. Il mentionne un nom mexicain, Matzatli. On avait1. Marcgraf,Brasil.,p. 33.2. Oviedoțrad. de Ramusio,3, p. 113 Jos.Acosta,Hist.nat. desIndes,,trad. franç.,p. 166.3. Thevet,Pison,etc. HernandezȚhés,p. 341.
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248 PLANTES CULTIVÉESPOURLEURS FRUITSl'époque actuelle, dans <strong>de</strong>s contrées <strong>de</strong> l'Amérique très séparées<strong>de</strong>s établissements européens, il m'est difficile d'admettreque <strong>de</strong>puis trois siècles <strong>de</strong>s peupla<strong>de</strong>s soient restées absolumentisolées et n'aient pas reçu un arbre aussi utile, par l'intermédiaire<strong>de</strong>s pays colonisés.En résumé, voici ce qui me paraît le plus probable uneintroduction faite <strong>de</strong> bonne heure par les Espagnols et les Portugaisà Saint-Domingue et au Brésil, ce qui suppose, j'en conviens,une erreur <strong>de</strong> Garcilasso quant aux traditions <strong>de</strong>s Péruviens.Si cependant <strong>de</strong>s recherches ultérieures venaient àprouver que le Bananier existait dans quelques parties <strong>de</strong>l'Amérique avant la découverte par les Européens, je croirais àune introduction fortuite, pas très ancienne, par l'effet d'unecommunication inconnue avec les îles <strong>de</strong> la mer Pacifique ouavec la côte <strong>de</strong> Guinée, plutôt qu'à l'existence primitive etsimultanée du Bananier dans les <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s. La géographiebotaniquetout entière rend cette <strong>de</strong>rnière hypothèse improbable,je dirai presque impossible à admettre, surtout dans ungenre non partagé entre les <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s.Enfin, pour terminer ce que j'ai à dire du Bananier, jeremarquerai combien la distribution <strong>de</strong>s variétés est favorableà l'opinion <strong>de</strong> l'espèce unique, adoptée, dans <strong>de</strong>s vues <strong>de</strong> botaniquepure, par Roxburgh, Desvaux et R. Brown. S'il existait<strong>de</strong>ux ou trois espèces, probablement l'une serait représentéepar les variétés qu'on a soupçonnées originaires <strong>de</strong> l'Amériqueune autre serait sortie, par exemple, <strong>de</strong> l'archipel indien ou <strong>de</strong>la Chine, et la troisième <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>. Au contraire, toutes les variétéssont géographiquement mélangées. En particulier, les<strong>de</strong>ux qui sont le plus répandues en Amérique diffèrent sensiblementl'une <strong>de</strong> l'autre et se confon<strong>de</strong>nt chacune avec <strong>de</strong>s variétésasiatiques,ou s'en rapprochent beaucoup.Ananas. Ananassa sativa, Lindley. Bromelia AnanasTLinné.Malgré les doutes énoncés par quelques auteurs l'Ananas doitêtre une plante d'Amérique, introduite <strong>de</strong> bonne heure, par les,Européens, en Asie et en Afrique.Nana était le nom brésilien d'où les Portugais avaient faitAnanas. Les Espagnols avaient imaginé le nom <strong>de</strong> Pinas, àcause <strong>de</strong> l'analogie <strong>de</strong> forme avec le cone du Pin pignon Tousles premiers écrivains sur l'Amérique en parlent 3. Hernan<strong>de</strong>zdit que l'Ananas habite les endroits chauds <strong>de</strong> Haïti et duMexique. Il mentionne un nom mexicain, Matzatli. On avait1. Marcgraf,Brasil.,p. 33.2. Oviedoțrad. <strong>de</strong> Ramusio,3, p. 113 Jos.Acosta,Hist.nat. <strong>de</strong>sIn<strong>de</strong>s,,trad. franç.,p. 166.3. Thevet,Pison,etc. Hernan<strong>de</strong>zȚhés,p. 341.