Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
BANANIER 245M. Sagot, par les Français à la Guyanne. Il a peut-être pourorigine le nom Bala ou Palan, du Malabar, à la suite d'uneintroduction par les Portugais, depuis le voyage de Piso.L'ancienneté et la spontanéité du Bananier en Asie sont desfaits incontestables. Il a plusieurs noms sanscrits l. Les Grecs,les Latins et ensuite les Arabes en ont parlé comme d'un arbrefruitier remarquable de l'Inde. Pline 2 en parle assez clairement.Il dit que les Grecs de l'expédition d'Alexandre l'avaientvu dans l'Inde, et il cite le nom Pala, qui existe encore au Malabar.Les sages se reposaient sous son ombre et en mangeaientles fruits. De là le nom de Musa sapientum des botanistes. Musaest tiré de l'arabe Mouz ou Mauwz, qu'on voit déjàauxnr2 siècledans Ebn Baithar. Le nom spécifique paradisiacavient deshypothèses ridicules qui faisaient jouer au Bananier un rôledans l'histoire d'Eve et du paradis.Il est assez singulier que les Hébreux et les anciens Egyptiens 3n'aient pas connu cette plante indienne. C'est un indice qu'ellen'était pas dans l'Inde depuis un temps très reculé, mais plutôtoriginaire de l'archipel indien.Le Bananier offre dans le midi de l'Asie, soit sur le continent,soit dans les îles, un nombre de variétés immense; la culturede ces variétés remonte dans l'Inde, en Chine, dans l'archipelindien à une époque impossible à apprécier; elle s'était étenduejadis, même dans les îles de la mer Pacifique 4 et sur la côteoccidentale d'Afrique s; enfin les variétés portaient des nomsdistincts dans les langues asiatiques les plus séparées, comme lesanscrit, le chinois, le malais. Tout cela indique une anciennetéprodigieuse de culture, par conséquent une existence primitiveen Asie, et une diffusion contemporaine avec celle des racesd'hommes ou antérieure.On dit avoir trouvé le Bananier spontané en plusieurs points.Cela mérite d'autant plus d'être noté que les variétés cultivéesne donnant souvent pas de graines et se multipliant par division,l'espèce ne doit guère se naturaliser par semis hors descultures. Roxburgh l'avait vu dans les forets de Chittagong 6,sous la forme du Al. sapientum. Rumphius 7 décrit une variétéà petits fruits sauvage dans les îles Philippines. Loureiro parleprobablementde la même sous le nom de M. seminifera agrestis,qu'il oppose au M. seminifera domestica, et qui serait donc1. Roxburghet "Wallich,Fl. ind., 2, p. 485; Piddington, Index.2. Pline, Hist.,1.12.c. 6.3.Unger, l. c., et Wilkinson,2, p. 403,ne le mentionnentpas. Le Banamierse cultiveaujourd'huien Egypte.4. Forster,Plant. esc.,p. 28.5. Clusius,Exot.,p. 229 Brown,Bot.Congo,p. 51.6.Roxburgh,Corom.țab. 275;Fl. ind., L c.7. Rumphius.Amb.,5, p. 139.8. Loureiro,Fl. coch.,p. 791.
246 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS FRUITSspontanée en Cochinchine. Blanco indique aussi un Bananiersauvage aux Philippines i, mais sa description est insuffisante.Finlayson 2 a trouvé le Bananier sauvage, en abondance, dansla petite île de Pulo Ubi, à l'extrémité sud du pays de Siam.Thwaites 3 a vu la forme du M. sapientum dans les forêts rocailleusesdu centre de l'île de Ceylan et n'hésite pas à direque c'est la souche des Bananiers cultivés. Sir J. Hooker etThomson 4 l'ont trouvé sauvage à Khasia.En Amérique, les faits sont tout autres. On n'y a jamais vu leBananier sauvage, excepté à la Barbade s, mais là c'est unarbre qui ne mûrit pas ses fruits et qui est par conséquent,selon les probabilités, le résultat de variétés cultivées peu abondantesen semences. Le TVild plantain de Sloane G paraît uneplante très différente des Musa. Les variétés qu'on prétend pouvoirêtre indigènes en Amérique sont au nombre de deux seulement,et en général on y cultive infiniment moins de variétésqu'en Asie. La culture du Bananier est, on peut dire, récentedans une grande partie de l'Amérique, car elle ne remonte guèreà plus de trois siècles. Piso 7 dit positivement que la plante aété importée au Brésil et n'avait pas de nom brésilien. Il nedit pas d'où elle venait. Nous avons vu que, d'après Oviedo,l'espèce a été apportée des Canaries à Saint-Domingue. Ceci,joint au silence de Hernandez, généralement si exact pour lesplantes utiles, spontanées ou cultivées, du Mexique, me persuadeque le Bananier manquait lors de la découverte de l'Amériqueà toute la partie orientale de ce continent.Existait-il dans la partie occidentale, sur les bords de la merPacifique? C'est très invraisemblable quand on pense aux communicationsqui existaient entre les deux côtes, vers l'isthme dePanama, et à l'activité avec laquelle les indigènes avaient répandudans toute l'Amérique les plantes utiles, comme le manioc,le maïs, la pomme de terre, avant l'arrivée des Européens.Le Bananier, dont ils font tant de cas depuis trois siècles, qui semultiplie si aisément par les drageons, qui a une apparence sifrappante pour le vulgaire, n'aurait pas été oublié dans quelquesvillages au milieu des forêts ou sur le littoral.Je conviens que l'opinion de Garcilasso, descendant des Incas,auteur qui a vécu de 1530 à 1568, est d'une certaine importancelorsqu'il dit que les indigènes connaissaient le Bananier avantla conquête. Ecoutons cependant un autre écrivain très digned'attention, Joseph Acosta, qui avait été au Pérou et que M. de1. Blanco,FI., i1' édit., p. 247.2.Finlayson, Journ.to Siam,1826,p. 86,d'aprèsRitter,Erdlc, 4,p. 878.3.Thwaites,Enumṗlant. Ceylan,ta. 321.4. D'aprèsAitchison, Catal. of Piinjab,p. 147.5. Hughes,Barb.,p. 182 Maycock,FI. Bavb.,p. 396.6. Sloane,Jamaica,2, p. 148.7. Piso,édit. 1648,Hist.nat., p. 75.
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BANANIER 245M. Sagot, par les Français à la Guyanne. Il a peut-être pourorigine le nom Bala ou Palan, du Malabar, à la suite d'uneintroduction par les Portugais, <strong>de</strong>puis le voyage <strong>de</strong> Piso.L'ancienneté et la spontanéité du Bananier en Asie sont <strong>de</strong>sfaits incontestables. Il a plusieurs noms sanscrits l. Les Grecs,les Latins et ensuite les Arabes en ont parlé comme d'un arbrefruitier remarquable <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>. Pline 2 en parle assez clairement.Il dit que les Grecs <strong>de</strong> l'expédition d'Alexandre l'avaientvu dans l'In<strong>de</strong>, et il cite le nom Pala, qui existe encore au Malabar.Les sages se reposaient sous son ombre et en mangeaientles fruits. De là le nom <strong>de</strong> Musa sapientum <strong>de</strong>s botanistes. Musaest tiré <strong>de</strong> l'arabe Mouz ou Mauwz, qu'on voit déjàauxnr2 siècledans Ebn Baithar. Le nom spécifique paradisiacavient <strong>de</strong>shypothèses ridicules qui faisaient jouer au Bananier un rôledans l'histoire d'Eve et du paradis.Il est assez singulier que les Hébreux et les anciens Egyptiens 3n'aient pas connu cette plante indienne. C'est un indice qu'ellen'était pas dans l'In<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis un temps très reculé, mais plutôtoriginaire <strong>de</strong> l'archipel indien.Le Bananier offre dans le midi <strong>de</strong> l'Asie, soit sur le continent,soit dans les îles, un nombre <strong>de</strong> variétés immense; la culture<strong>de</strong> ces variétés remonte dans l'In<strong>de</strong>, en Chine, dans l'archipelindien à une époque impossible à apprécier; elle s'était étenduejadis, même dans les îles <strong>de</strong> la mer Pacifique 4 et sur la côteocci<strong>de</strong>ntale d'Afrique s; enfin les variétés portaient <strong>de</strong>s nomsdistincts dans les langues asiatiques les plus séparées, comme lesanscrit, le chinois, le malais. Tout cela indique une anciennetéprodigieuse <strong>de</strong> culture, par conséquent une existence primitiveen Asie, et une diffusion contemporaine avec celle <strong>de</strong>s racesd'hommes ou antérieure.On dit avoir trouvé le Bananier spontané en plusieurs points.Cela mérite d'autant plus d'être noté que les variétés <strong>cultivées</strong>ne donnant souvent pas <strong>de</strong> graines et se multipliant par division,l'espèce ne doit guère se naturaliser par semis hors <strong>de</strong>scultures. Roxburgh l'avait vu dans les forets <strong>de</strong> Chittagong 6,sous la forme du Al. sapientum. Rumphius 7 décrit une variétéà petits fruits sauvage dans les îles Philippines. Loureiro parleprobablement<strong>de</strong> la même sous le nom <strong>de</strong> M. seminifera agrestis,qu'il oppose au M. seminifera domestica, et qui serait donc1. Roxburghet "Wallich,Fl. ind., 2, p. 485; Piddington, In<strong>de</strong>x.2. Pline, Hist.,1.12.c. 6.3.Unger, l. c., et Wilkinson,2, p. 403,ne le mentionnentpas. Le Banamierse cultiveaujourd'huien Egypte.4. Forster,Plant. esc.,p. 28.5. Clusius,Exot.,p. 229 Brown,Bot.Congo,p. 51.6.Roxburgh,Corom.țab. 275;Fl. ind., L c.7. Rumphius.Amb.,5, p. 139.8. Loureiro,Fl. coch.,p. 791.