Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

13.07.2015 Views

OLIVIER 225n'est plus certain, quoique M. Hehn ait dit récemment le contraire,sans alléguer aucune preuve à l'appui de son opinionIl serait intéressant de savoir sous quelle dynastie avaient étédéposés les cercueils les plus anciens dans lesquels on a trouvédes rameaux d'Olivier. Le nom égyptien, tout différent dunom sémite, indique une existence plus ancienne que les premièresdynasties. Je citerai tout à l'heure un fait à l'appui decette grande antiquité.Selon Théophraste 2,il y avait beaucoup d'Oliviers et l'onrécoltait beaucoup d'huile dans la Cyrénaïque, mais il ne dit pasque l'espèce y fût sauvage, et la circonstance qu'on récoltaitbeaucoup d'huile fait présumer une variété cultivée. La contréebasse et très chaude entre l'Egypteetl'Atlas n'est guère favorableà une naturalisation de l'Olivier hors des plantations. M. Kralik,botaniste très exact, dans son voyage à Tunis et en Egypte, nel'a vu nulle part à l'état sauvage 3, bien qu'on le cultive dansles oasis. En Egypte, il est seulementcultivé, d'après MM Ṣchweinfurthet Ascherson, dans leur résumé de la flore de la région duNilLa patrie préhistorique s'étendait probablement de la Syrievers la Grèce, car l'Olivier sauvage est très commun sur la côteméridionale de l'Asie Mineure. Il y forme de véritables forêts 5.C'est sans doute là et dans l'Archipel que les Grecs ont pris debonne heure connaissance de cet arbre. S'ils ne l'avaient pas vuchez eux, s'il l'avaient reçu des peuples sémites, ils ne lui auraientpas donné un nom spécial, Elaia, dont les Latins ont faitOlea. L'Iliade et l'Odyssée mentionnent la dureté du bois d'Olivieret l'usage de s'oindre le corps avec son huile. Celle-ci étaitd'un emploi habituel pour la nourriture et l'éclairage. La mythologieattribuait à Minerve la plantation de l'Olivier dansl'Attique, ce qui signifie probablement l'introduction de variétéscultivées et de procédés convenables pour l'extraction de l'huile.Aristée avait introduit ou perfectionné la manière de presser lefruit.Ce même personnage mythologique, du nord de la Grèce,avait porté, disait-on, l'Olivier en Sicile et en Sardaigne. LesPhéniciens, à ce qu'il semble, ont pu s'en acquitter comme luiet de très bonneheure, mais, à l'appui de l'introduction de l'espèceou d'une variété perfectionnée par les Grecs, je dirai que dansles îles de la Méditerranée le nom sémite Zeit n'a laissé aucunetrace. C'est le nom gréco-latin qui existe comme en Italie 6,tandis que sur la côte voisine d'Afrique et en Espagne ce sont1. Hehn,Kulturpflanzen,éd. 3, p. 88,ligne 9.2. Theophrastes,Hist.plant., 1. 4, c. 3, à la fin.3. Kralik,dans Bull.Soc. bot.Fr., 4, p. 108.4. Schweinfurthet Ascherson,Beilr'àgezur floraJEtldopiens,p. 281.5. Balansa,Bull. Soc.bot.de France,4, p. 107.6. Moris,Flora sardoa, 3, p. 9; Bertoloni,Flora ital., 1, p. 46.DE CANDOLLE. IS

226 PLA.NTESCULTIVÉES POUR LEURS FRUITSdes noms égyptien ou arabe, comme je l'expliquerai dans uninstant.Les Romains ont connu l'Olivier plus tard que les Grecs.D'après Pline 1, ce serait seulement à l'époque de Tarquinl'Ancien, en 627 avant J.-C, mais probablement l'espèce existaitdéjà dans la Grande Grèce, comme en Grèce et en Sicile.D'ailleurs Pline voulait parler peut-être de l'Olivier cultivé.Un fait assez singulier, qui n'a pas été remarqué et discutépar les philologues, est que le nom berbère de l'Olivier et del'olive a pour racine Taz ou Tas, analogue au Tat des anciensEgyptiens. Les Kabaïles de la division d'Alger, d'après le Dictionnairefrançais-berbère, publié par le gouvernement français,appellent l'Olivier sauvage Tazebboujt, Tesettha Ou' Zebbouj etl'Olivier greffé Tazemmou?% Tasettha Ou'xemmour, Les Touaregs,autre peuple berbère, disent Tamahinet2, Ce sont bien des indicesd'ancienneté de l'Olivier en Afrique. Les Arabes ayant conquiscette contrée et refoulé les Berbères dans les montagnes et ledésert, ayant également soumis l'Espagne à l'exception du paysbasque, les noms dérivés du sémitique Zeit ont prévalu mêmedans l'espagnol. Les Arabes d'Alger disent Zenboudje pourl'Olivier sauvage, Zitoun pour l'olivier cultivé Zit pour l'huiled'olive. Les Andalous appellent l'olivier sauvage Azebuche etle cultivé Aceytuno 4. Dans d'autres provinces, on emploieconcuremment le nom d'origine latine, Olivio, avec les nomsarahes5. L'huile se dit en espagnol aeeyte, qui est presque lenom hébreu; mais les huiles saintes s'appellent oleos santos,parce qu'elles se rattachent à Rome. Les Basques se servent dunom latin de l'Olivier.D'anciens voyageurs aux îles Canaries, par exemple Bontier,en 1403, mentionnent l'Olivier dans cet archipel, où les botanistesmodernes le regardent comme indigène 6.Il peut avoir été introduitpar les Phéniciens, s'il n'existait pas antérieurement. Onignore si les Guanches avaient des mots pour olivier et huile.Webb et Berthelot n'en indiquent pas dans leur savant chapitresur la langue des aborigènes T. On. peut donc se livrer à différentesconjectures. Il me semble que l'huile aurait joué un rôleimportant chez les Guanches s'ils avaient possédé l'Olivier, etqu'il en serait resté quelque trace dans la langue actuelle populaire.A ce point de vue, la naturalisation aux Canaries n'estpeut-être pas aussi ancienne que les voyages des Phéniciens.Aucune feuille d'Olivier n'a été trouvée jusqu'à présent dans1.Pline,Hist.,1.15,c. 1.2. Duveyrier,LesTouaregsdu nord (1864),p. 173.3. Munby, Flore de l'Algérie,p. 2 Debeaux, Catal. Boghar,p. 68*4.Boissier,Voyagebot.enEspagne, éd. 1, 2, p. 407.5.Willkommet Lange,Prodp.fl. hispan.,2, p. 672.6. Webbet Berthelot, Hist.nat. des Canaries,Géog.Sot.,p. 47 et 48.7.Webbet Berthelot,Ibid., Ethnographie,p, 188..

OLIVIER 225n'est plus certain, quoique M. Hehn ait dit récemment le contraire,sans alléguer aucune preuve à l'appui <strong>de</strong> son opinionIl serait intéressant <strong>de</strong> savoir sous quelle dynastie avaient étédéposés les cercueils les plus anciens dans lesquels on a trouvé<strong>de</strong>s rameaux d'Olivier. Le nom égyptien, tout différent dunom sémite, indique une existence plus ancienne que les premièresdynasties. Je citerai tout à l'heure un fait à l'appui <strong>de</strong>cette gran<strong>de</strong> antiquité.Selon Théophraste 2,il y avait beaucoup d'Oliviers et l'onrécoltait beaucoup d'huile dans la Cyrénaïque, mais il ne dit pasque l'espèce y fût sauvage, et la circonstance qu'on récoltaitbeaucoup d'huile fait présumer une variété cultivée. La contréebasse et très chau<strong>de</strong> entre l'Egypteetl'Atlas n'est guère favorableà une naturalisation <strong>de</strong> l'Olivier hors <strong>de</strong>s plantations. M. Kralik,botaniste très exact, dans son voyage à Tunis et en Egypte, nel'a vu nulle part à l'état sauvage 3, bien qu'on le cultive dansles oasis. En Egypte, il est seulementcultivé, d'après MM Ṣchweinfurthet Ascherson, dans leur résumé <strong>de</strong> la flore <strong>de</strong> la région duNilLa patrie préhistorique s'étendait probablement <strong>de</strong> la Syrievers la Grèce, car l'Olivier sauvage est très commun sur la côteméridionale <strong>de</strong> l'Asie Mineure. Il y forme <strong>de</strong> véritables forêts 5.C'est sans doute là et dans l'Archipel que les Grecs ont pris <strong>de</strong>bonne heure connaissance <strong>de</strong> cet arbre. S'ils ne l'avaient pas vuchez eux, s'il l'avaient reçu <strong>de</strong>s peuples sémites, ils ne lui auraientpas donné un nom spécial, Elaia, dont les Latins ont faitOlea. L'Ilia<strong>de</strong> et l'Odyssée mentionnent la dureté du bois d'Olivieret l'usage <strong>de</strong> s'oindre le corps avec son huile. Celle-ci étaitd'un emploi habituel pour la nourriture et l'éclairage. La mythologieattribuait à Minerve la plantation <strong>de</strong> l'Olivier dansl'Attique, ce qui signifie probablement l'introduction <strong>de</strong> variétés<strong>cultivées</strong> et <strong>de</strong> procédés convenables pour l'extraction <strong>de</strong> l'huile.Aristée avait introduit ou perfectionné la manière <strong>de</strong> presser lefruit.Ce même personnage mythologique, du nord <strong>de</strong> la Grèce,avait porté, disait-on, l'Olivier en Sicile et en Sardaigne. LesPhéniciens, à ce qu'il semble, ont pu s'en acquitter comme luiet <strong>de</strong> très bonneheure, mais, à l'appui <strong>de</strong> l'introduction <strong>de</strong> l'espèceou d'une variété perfectionnée par les Grecs, je dirai que dansles îles <strong>de</strong> la Méditerranée le nom sémite Zeit n'a laissé aucunetrace. C'est le nom gréco-latin qui existe comme en Italie 6,tandis que sur la côte voisine d'Afrique et en Espagne ce sont1. Hehn,Kulturpflanzen,éd. 3, p. 88,ligne 9.2. Theophrastes,Hist.plant., 1. 4, c. 3, à la fin.3. Kralik,dans Bull.Soc. bot.Fr., 4, p. 108.4. Schweinfurthet Ascherson,Beilr'àgezur floraJEtldopiens,p. 281.5. Balansa,Bull. Soc.bot.<strong>de</strong> France,4, p. 107.6. Moris,Flora sardoa, 3, p. 9; Bertoloni,Flora ital., 1, p. 46.DE CANDOLLE. IS

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!