Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
BOTANIQUE 9un fait général et certain, est à présent un des lieux communsde la science. Tout ce qu'on écrit sur la géographie botaniqueou zoologique s'appuie sur cette base, qui n'est plus contestée.Elle offre, dans les applications à chaque pays ou chaque espèce,de nombreuses difficultés, car, une cause étant une fois reconnue,il n'est pas toujours aisé de savoir comment elle a agi dans chaquecas particulier. Heureusement, en ce qui concerne les plantescultivées, les questions qui se présentent n'exigent pas de remonterà des temps très anciens, ni surtout à des dates qu'onne peut préciser en nombre d'années ou de siècles. Sans doutela plupart des formes spécifiques actuelles remontent à un tempsplus reculé que la grande extension des glaciers dans l'hémisphèreboréal, phénomène qui a duré bien des milliers d'annéessi l'on en juge par l'énormité des dépôts que les glaces ont enlevéset transportés; mais les cultures ont commencé depuis cesévénements et même, dans beaucoup de cas, depuis une époquehistorique. Nous n'avons guère à nous occuper de ce qui aprécédé. Les espèces cultivées peuvent avoir changé de paysavant leur culture, ou, dans un temps plus long, avoir changéde forme, cela rentre dans les questions générales de tous lesêtres organisés notre travail demande seulement que chaqueespèce soit examinée depuis qu'on la cultive, ou dans les tempsqui ont précédé immédiatement sa culture. C'est une grandesimplification.La question d'ancienneté, ainsi limitée, peut être abordée aumoyen des renseignements historiques ou autres, dont je parleraitout à l'heure, et par les principes de la géographie botanique.Je rappellerai ceux-ci sommairement, pour montrer de quellemanière ils aident à découvrir l'origine géographique d'uneplante.Chaque espèce présente ordinairement une habitation continueou à peu près. Cependant quelquefois elle est disjointe, c'est-àdireque les individus qui la composent sont divisés entre desrégions éloignées. Ces cas, très intéressants pour l'histoire durègne végétal et des surfaces terrestres du globe, sont loin deformer la majorité. Par conséquent, lorsqu'une espèce cultivéese trouve à l'état sauvage, très abondamment en Europe, etmoins abondamment aux Etats-Unis, il est probable que, malgréson apparence indigène en Amérique, elle s'y est naturalisée,à la suite de quelque transport accidentel.Les genres du règne végétal, bien que formés ordinairementde plusieurs espèces, son tsouvent limités à telle ou telle région.Il en résulte que plus un genre compte d'espèces toutes de lamême grande division du globe, plus il est probable qu'une desespèces en apparence originaire d'une autre partie du monde y aété transportée et s'y est naturalisée, par exemple, en s'échappantdes cultures. Cela est vrai surtout dans les genres qui habi-
10 MÉTHODESPOUR DÉCOUVRIRL'ORIGINE DES ESPÈCEStent les pays tropicaux, parce qu'ils sont plus souvent limités àl'ancien ou au nouveau monde.La géographie botanique apprend quelles flores ont encommundes genres et même des espèces, malgré un certain éloignement,et quelles, au contraire, sont très différentes, malgré des analogiesde climat ou nne distance assez faible. Elle fait connaîtreaussi quels sont les espèces, genres et familles ayant des habitationsvastes et quels autres ont une extension ou aire moyennerestreinte. Ces données aident beaucoup à déterminer l'origineprobable d'une espèce. Les plantes qui se naturalisent se répandentrapidement. J'en ai cité jadis i desexemples, d'après ce quis'est passé depuis deux siècles, et des faits semblables ont continuéd'être observés d'année en année. On connaît la rapiditéde l'invasion récente de l'Ânackark Alsinastrum dans les eauxdouces d'Europe, et celle de beaucoup de plantes européennes àla Nouvelle-Zélande, en Australie, en Califormie, etc., signaléedans plusieurs flores ou voyages modernes.L'extrême abondance d'une espèce n'est pas une preuve d'ancienneté.V Agave americana, si commun dans la région méditerranéenne,quoique venu d'Amérique, et notre Cardon, quicouvre maintenant d'immenses étendues des pampas de la Plata,en sont des exemples remarquables. Le plus souvent, l'invasiond'une espèce marche rapidement, et au contraire l'extinction estle résultat d'une lutte de plusieurs siècles contre des .circonstancesdéfavorables 2.La désignation la plus convenable à adopter pour des espèces.ou, dans un langage plus scientifique, pour des formes voisines,est un problème qui se présente souvent en histoire naturelle, etdans la catégorie des espèces cultivées plus que dans les autres.Ces plantes changent par la culture. L'homme s'empare desformes nouvelles qui lui conviennent et les propage par desmoyens artificiels, tels que les boutures, la greffe, le choix desgraines, etc. Evidemment, pour connaître l'origine d'une de cesespèces, il faut éliminer le plus possible les formes qui semblentartificielles et concentrer son attention sur les autres. Une réflexionbien simple doit guider dans ce choix c'est qu'uneespèce cultivée offre des diversités principalement dans les partiespour lesquelles on la cultive. Les autres peuvent rester sans modifications,ou avec des modifications légères, dont le cultivateurne tient pas compte, parce qu'elles lui sont inutiles. Il fautdonc s'attendre à ce qu'un arbre fruitier primitif et sauvage aitde petits fruits, de saveur médiocrement agréable; à ce qu'unecéréale ait de petites graines, la. pomme de terre sauvage de petitstubercules, le tabac indigène des feuilles étroites, etc., etc.,sans aller cependant jusquà s'imaginer qu'une espèce aurait pris1. A. de Candolle,Gêoqr.bot.misonnée,chap. VII et X.2. A. de Candolle,Gêogr.bot.raisonnée,chap.TIII, p. 804.
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10 MÉTHODESPOUR DÉCOUVRIRL'ORIGINE DES ESPÈCEStent les pays tropicaux, parce qu'ils sont plus souvent limités àl'ancien ou au nouveau mon<strong>de</strong>.La géographie botanique apprend quelles flores ont encommun<strong>de</strong>s genres et même <strong>de</strong>s espèces, malgré un certain éloignement,et quelles, au contraire, sont très différentes, malgré <strong>de</strong>s analogies<strong>de</strong> climat ou nne distance assez faible. Elle fait connaîtreaussi quels sont les espèces, genres et familles ayant <strong>de</strong>s habitationsvastes et quels autres ont une extension ou aire moyennerestreinte. Ces données ai<strong>de</strong>nt beaucoup à déterminer l'origineprobable d'une espèce. Les <strong>plantes</strong> qui se naturalisent se répan<strong>de</strong>ntrapi<strong>de</strong>ment. J'en ai cité jadis i <strong>de</strong>sexemples, d'après ce quis'est passé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux siècles, et <strong>de</strong>s faits semblables ont continuéd'être observés d'année en année. On connaît la rapidité<strong>de</strong> l'invasion récente <strong>de</strong> l'Ânackark Alsinastrum dans les eauxdouces d'Europe, et celle <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> <strong>plantes</strong> européennes àla Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, en Australie, en Califormie, etc., signaléedans plusieurs flores ou voyages mo<strong>de</strong>rnes.L'extrême abondance d'une espèce n'est pas une preuve d'ancienneté.V Agave americana, si commun dans la région méditerranéenne,quoique venu d'Amérique, et notre Cardon, quicouvre maintenant d'immenses étendues <strong>de</strong>s pampas <strong>de</strong> la Plata,en sont <strong>de</strong>s exemples remarquables. Le plus souvent, l'invasiond'une espèce marche rapi<strong>de</strong>ment, et au contraire l'extinction estle résultat d'une lutte <strong>de</strong> plusieurs siècles contre <strong>de</strong>s .circonstancesdéfavorables 2.La désignation la plus convenable à adopter pour <strong>de</strong>s espèces.ou, dans un langage plus scientifique, pour <strong>de</strong>s formes voisines,est un problème qui se présente souvent en histoire naturelle, etdans la catégorie <strong>de</strong>s espèces <strong>cultivées</strong> plus que dans les autres.Ces <strong>plantes</strong> changent par la culture. L'homme s'empare <strong>de</strong>sformes nouvelles qui lui conviennent et les propage par <strong>de</strong>smoyens artificiels, tels que les boutures, la greffe, le choix <strong>de</strong>sgraines, etc. Evi<strong>de</strong>mment, pour connaître l'origine d'une <strong>de</strong> cesespèces, il faut éliminer le plus possible les formes qui semblentartificielles et concentrer son attention sur les autres. Une réflexionbien simple doit gui<strong>de</strong>r dans ce choix c'est qu'uneespèce cultivée offre <strong>de</strong>s diversités principalement dans les partiespour lesquelles on la cultive. Les autres peuvent rester sans modifications,ou avec <strong>de</strong>s modifications légères, dont le cultivateurne tient pas compte, parce qu'elles lui sont inutiles. Il fautdonc s'attendre à ce qu'un arbre fruitier primitif et sauvage ait<strong>de</strong> petits fruits, <strong>de</strong> saveur médiocrement agréable; à ce qu'unecéréale ait <strong>de</strong> petites graines, la. pomme <strong>de</strong> terre sauvage <strong>de</strong> petitstubercules, le tabac indigène <strong>de</strong>s feuilles étroites, etc., etc.,sans aller cependant jusquà s'imaginer qu'une espèce aurait pris1. A. <strong>de</strong> <strong>Candolle</strong>,Gêoqr.bot.misonnée,chap. VII et X.2. A. <strong>de</strong> <strong>Candolle</strong>,Gêogr.bot.raisonnée,chap.TIII, p. 804.