Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA
CÉDRA.TIER,CITRONNIER, LIMONIER 143plus souvent dans les forêts. » Ce peut être l'effet d'une naturalisationaccidentelle, par suite des cultures. Miquel, dans saflore-moderne des Indes hollandaises n'hésite pas à dire queles C. medica et Limonian sont seulement cultivés dans l'Archipel.La culture des variétés plus ou moins acides s'est répanduede bonne heure dans l'Asie occidentale, du moins dans la Mésopotamieet la Médie. On ne peut guère en douter, puisque deuxformes avaient des noms sanscrits, et que d'ailleurs les Grecsont eu connaissance du fruit par les Mèdes, d'où est venu lenom de Citrus medica. Théophraste 2 en a parlé le premier,sous le nom de Pomme de Médie et de Perse, dans une phrasesouvent répétée et commentée depuis deux siècles 3.Elle s'appliqueévidemment au Citrus medica; mais, tout en expliquantde quelle manière on sème la graine dans des vases, pour lestransplanter ensuite, l'auteur ne dit pas si cela se pratiquait enGrèce ou s'il décrivait un usage des Mèdes. Probablement, lesGrecs ne cultivaient pas encore le Cédratier, car les Romains nel'avaient pas dans leurs jardins au commencement de l'èrechrétienne. Dioscoride, né en Cilicie et qui écrivait dansle Ier siècle, en parle à peu près dans les mêmes termes queThéophraste. On estime que l'espèce a été cultivée en Italiedans le m° ou le ive siècle, après des tentatives multipliées 5.Palladius, dans le ve siècle, en parle comme d'une culture bienétablie.L'ignorance des Romains de l'époque classique au sujet desplantes étrangères à leur pays les a fait confondre, sous le nomde lignum citreum, le bois du Citrus, avec celui du Cednts, donton faisait de fort belles tables, et qui était un Cèdre ou unThuya, de la famille toute différente des Conifères.Les Hébreux ont dû avoir connaissance du Cédratier avantles Romains, à cause de leurs rapports fréquents avec la Perse,la Médie et les contrées voisines. L'usage des Juifs modernes dese présenter à la synagogue, le jour des Tabernacles, un cédratà la main, avait fait croire que le mot Hadar du Lévitiquesignifiait citron ou cédrat mais Risso a montré, par la comparaisondes anciens textes, que ce mot signifie un beau fruit ou lefruit d'un bel arbre. Il croit même que les Hébreux ne connaissaientpas le Citronnier ou Cédratier au commencement de notreère, parce que la version de Septante traduit Hadar par fruit d'untrès bel arbre. Toutefois les Grecs ayant vu le Cédratier en Médieet en Perse du temps de Théophraste, trois siècles avant Jésus-Christ, il serait singulier que les Hébreux n'en aient pas eui. Miquel Flora indo-bat., i, part. 2,p. 528.2. Theophrastes,1 4, c. 4. “3. Bodseusdans Theophrastes, ed. 1644,p. 322,343; Risso, TraiteduCitrm,_p. 198 Targioni, Cenni storici, p. 196.4.Dioseorides,1, p.5. 166.Targioni, l. c.
144 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS FRUITSconnaissance lors de leur captivité à Babylone. D'ailleurs l'historienJosèphe dit que, de son temps, les Juifs portaient à leurfête des pommes de Perse, malum persicum, et c'est un desnoms du cédrat chez les Grecs.Les variétés à fruit très acide, comme le Limonumet l'acida,n'ont peut-être pas attiré l'attention aussi promptement que leCédratier, cependant l'odeur aromatique intense, dont parlentThéophrasteetDioscoride, parait les indiquer. Ce sontles Arabesqui ont étendu beaucoup la culture du Limonier (Citronnierdes Français) en Afrique et en Europe. D'après Gallesio, ils l'ontportée, dans le xe siècle de notre ère, des jardins de l'Oman enPalestine et en Egypte. Jacques de Vitry, dans le xnr3 siècle,décrit très bien le limon, qu'il avait vu en Palestine. Un auteur,appelé Falcando, mentionne, en 1260, des « Lumias » très acides,qu'on cultivait autour de Palerme, et la Toscane les avaitaussi à la même époquefOranger. Citrus Aurantium, Linné (excl. var. y). CitrusAurantium Risso.Les Orangers se distinguent des Pompelmouses (C. decumana)par l'absence complète de poils sur les jeunes pousses et sur lesfeuilles, par un fruit moins gros, toujours de forme sphérique,par la peau de ce fruit moins épaisse; et des Cédratiers (C. medica)par les fleurs entièrement blanches, le fruit jamais allongé,sans mamelon au sommet, à peau peu ou point bosselée, médiocrementadhérente avec la partie juteuse.Ni Risso dans son excellent traité du Citrus, ni les auteurs modernes,comme Brandis et sir Joseph Hooker, n'ont pu indiquerun autre caractère que la saveur pour distinguer l'Oranger àfruits plus ou moins amers, soit Bigaradier, à&YOranger proprementdit, à fruit doux. Cette différence me paraissait si peude chose, au point de vue botanique, lorsque j'ai étudié la questiond'origine en 1855, que j'inclinais à considérer, avec Risso,les deux sortes d'Orangers comme de simples variétés. Les auteursactuels anglo-indiens font de même. Ils ajoutent unetroisième variété, qu'ils nomment Bergamia, pour la Bergamote,dont la fleur est plus petite et le fruit sphérique ou pyriforme,plus petit que l'orange commune aromatique et légèrementacide.Cette dernière forme n'a pas été trouvée sauvage et me paraitplutôt un produit de la culture.On demande souvent si les oranges douces donnent quandles sème des onoranges douces, et les bigarades des oranges amères.C'est assez indifférent au point de vue de la distinction enespèces ou variétés, car nous savons que, dans les deux règnes,tous les caractères sont plus ou moins héréditaires, que certaines1.Targioni,J. c., p. 217.
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CÉDRA.TIER,CITRONNIER, LIMONIER 143plus souvent dans les forêts. » Ce peut être l'effet d'une naturalisationacci<strong>de</strong>ntelle, par suite <strong>de</strong>s cultures. Miquel, dans saflore-mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s hollandaises n'hésite pas à dire queles C. medica et Limonian sont seulement cultivés dans l'Archipel.La culture <strong>de</strong>s variétés plus ou moins aci<strong>de</strong>s s'est répandue<strong>de</strong> bonne heure dans l'Asie occi<strong>de</strong>ntale, du moins dans la Mésopotamieet la Médie. On ne peut guère en douter, puisque <strong>de</strong>uxformes avaient <strong>de</strong>s noms sanscrits, et que d'ailleurs les Grecsont eu connaissance du fruit par les Mè<strong>de</strong>s, d'où est venu lenom <strong>de</strong> Citrus medica. Théophraste 2 en a parlé le premier,sous le nom <strong>de</strong> Pomme <strong>de</strong> Médie et <strong>de</strong> Perse, dans une phrasesouvent répétée et commentée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux siècles 3.Elle s'appliqueévi<strong>de</strong>mment au Citrus medica; mais, tout en expliquant<strong>de</strong> quelle manière on sème la graine dans <strong>de</strong>s vases, pour lestransplanter ensuite, l'auteur ne dit pas si cela se pratiquait enGrèce ou s'il décrivait un usage <strong>de</strong>s Mè<strong>de</strong>s. Probablement, lesGrecs ne cultivaient pas encore le Cédratier, car les Romains nel'avaient pas dans leurs jardins au commencement <strong>de</strong> l'èrechrétienne. Dioscori<strong>de</strong>, né en Cilicie et qui écrivait dansle Ier siècle, en parle à peu près dans les mêmes termes queThéophraste. On estime que l'espèce a été cultivée en Italiedans le m° ou le ive siècle, après <strong>de</strong>s tentatives multipliées 5.Palladius, dans le ve siècle, en parle comme d'une culture bienétablie.L'ignorance <strong>de</strong>s Romains <strong>de</strong> l'époque classique au sujet <strong>de</strong>s<strong>plantes</strong> étrangères à leur pays les a fait confondre, sous le nom<strong>de</strong> lignum citreum, le bois du Citrus, avec celui du Cednts, donton faisait <strong>de</strong> fort belles tables, et qui était un Cèdre ou unThuya, <strong>de</strong> la famille toute différente <strong>de</strong>s Conifères.Les Hébreux ont dû avoir connaissance du Cédratier avantles Romains, à cause <strong>de</strong> leurs rapports fréquents avec la Perse,la Médie et les contrées voisines. L'usage <strong>de</strong>s Juifs mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong>se présenter à la synagogue, le jour <strong>de</strong>s Tabernacles, un cédratà la main, avait fait croire que le mot Hadar du Lévitiquesignifiait citron ou cédrat mais Risso a montré, par la comparaison<strong>de</strong>s anciens textes, que ce mot signifie un beau fruit ou lefruit d'un bel arbre. Il croit même que les Hébreux ne connaissaientpas le Citronnier ou Cédratier au commencement <strong>de</strong> notreère, parce que la version <strong>de</strong> Septante traduit Hadar par fruit d'untrès bel arbre. Toutefois les Grecs ayant vu le Cédratier en Médieet en Perse du temps <strong>de</strong> Théophraste, trois siècles avant Jésus-Christ, il serait singulier que les Hébreux n'en aient pas eui. Miquel Flora indo-bat., i, part. 2,p. 528.2. Theophrastes,1 4, c. 4. “3. Bodseusdans Theophrastes, ed. 1644,p. 322,343; Risso, TraiteduCitrm,_p. 198 Targioni, Cenni storici, p. 196.4.Dioseori<strong>de</strong>s,1, p.5. 166.Targioni, l. c.