Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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POMMECA.NELLE 135dit an spontanea?Le nombre des localités dans cette partie del'Amérique est assez significatif. Je n'ai pas besoin de rappelerqu'aucun arbre, pour ainsi dire, vivant ailleurs que sur les côtes,n'a été trouvé véritablement aborigène à la fois dans l'Asie,l'Afrique et l'Amérique intertropicales 1. L'ensemble de mes recherchesrend un fait pareil infiniment peu probable, et, si unarbre était assez robuste pour offrir une telle extension, Useraitexcessivement commun dans tous les pays intertropicaux.« D'ailleurs les arguments historiques et linguistiques se sontaussi renforcés dans le sens de l'origine américaine. Les détailsdonnés par Rumphius 2 montrent que VAnona squamosa étaitune plante nouvellement cultivée dans la plupart de îles del'archipel Indien. Forster n'indique aucune Ananacée commecultivée dans les petites îles de la mer Pacifique 3. Rheede ditl'A squamosa étranger au Malabar, mais transporté dansl'Inde, d'abord par les Chinois et les Arabes, ensuite par lesPortugais Il est certain qu'il est cultivé en Chine et en Cochinchine5, ainsi qu'aux Philippines 6; mais depuis quelle époque?C'est ce que nous ignorons. Il est douteux que les Arabes lecultivent 7. Dans l'Inde on le cultivait du temps de Roxbnrgh 8,qui n'avait pas vu l'espèce spontanée, et qui ne mentionnequ'un seul nom vulgaire de langue moderne (bengali), te nomAta, qui est déjà dans Rheede. Plus'tard, on a cru reconnaîtrele nom Gund'a-Gatra comme sanscrit9; mais le DrRoyleayant consulté le célèbre Wilson, auteur du dictionnaire sanscrit,sur l'ancienneté de ce nom, il répondit qu'il avait ététiré du Sabda chanrika, compilation moderne comparativement.Les noms de Ata, AU se trouvent dans Rheede et RumphiusVoilà sans doute ce qui a servi de base à l'argumentai.A. de Candolle,Géorjr ḅot. raisonnée,chap. X.2. Rumphius,1,p. 139,3. Forster,Plantéesculentm.4.Rheede,Malab.,III, p. 22.5. Loureiro,Fl. cach.,p.427.6.B!anco,Fl. Filip.7. Celadépend de l'opinion qu'on se formera sur IA. glafca, -Forsk.(A.asiatica B. Dun.,Anon.,p. 71;A.Forskalii,DC.,8gH,.l,p. 472 quiétaitcultivéquelquefois dans les jardins de l'Egypte,lorsqueForskal visita cepays, sousle nom de Keschta,e'est-à-direlait coagule.Larareté de sa cultureet le silencedesanciensauteursmontrentque c'étaitune introductionmoderne enEgypte. Ebn Baithar (trad.allem.de Sontheimer,2 vol., 1840)médecinarabedu xuiesiècle,ne parle d'aucuneAnonacéeet ne mentionnepas de nom deKeschta.Je ne voispas comment.la descriptionet.la'ignrede Forskal[Descr.,p. 102,:c. tab.la) diffèrentdel'A. squamasa.L échantillonde Coquebert, cité dans le Systema, concorde assezavecla planchede Forskal;mais,commeil est en fleuret que la planche donne le irait,l'identiténe peut être bien prouvée.8. Roxbursh,FI. Ind., ed. 1832,v. 2. p. 6579. PiddingtonIndex,6 p.dOṘoyle, Ill. Him.,p. 60.il. Rheedeet Rumphius,1,p.l 39.

136 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS FRUITStion de Saint-Hilaire; mais un nom bien voisin est donné auMexique à VAnona squamosa. Ce nom est Ate, Ahate de Panucho,qui se trouve dans Hernandez 1 avec deux figures assezsemblables et assez médiocres, qu'on peut rapporter ou à l'A.squamosa, avec Dunal2, ou à l'A. Cherimolia, avec de Martius 3.Oviedo emploie le nom de Anon Il est très possible que lenom de Ata soit venu au Brésil du Mexique et des pays voisins.Il se peut aussi, je le reconnais, qu'il vienne des colonies portugaisesdes Indes orientales. De Martius dit cependant l'espèceimportée des Antilles 5. Je ne sais s'il en a eu la preuve ou sielle résulte de l'ouvrage d'Oviedo, qu'il cite et que je ne puisconsulter. L'article d'Oviedo, transcrit dans Marcgraf 6, décritl'A. squamosa sans parler de son origine.(cL'ensemble des faits est de plus en plus favorable à l'origineaméricaine. La localité où l'espèce s'est montrée le plus spontanéeest celle des forêts de Para. La culture en est ancienne enAmérique, puisque Oviedo est un des premiers auteurs (1535)qui aient écrit sur ce pays. Sans doute la culture est aussi d'unedate assez ancienne en Asie, et voila ce qui rend le problèmecurieux. Il nem'est pas prouvé cependant qu'elle soit antérieureà la découverte de l'Amérique, et il me semble qu'un arbrefruitier aussi agréable se serait répandu davantage dans l'ancienmonde, s'il y avait existé de tout temps. On serait d'ailleursfort embarrassé d'expliquer sa culture en Amérique au commencementdu XVIesiècle en supposant une origine de l'ancienmonde.Depuis que je m'exprimais ainsi, je remarque les faits suivantspubliés par divers auteurs.1° L'argument tiré de ce qu'aucune espèce du genre Anonan'est asiatique est plus fort que jamais. L'A. asiatica, Linné,reposait sur des erreurs (voir ma note, dans Géogr. bot.,p.*862). L'A. obtusifolia, Tussac, Fl. des Antzlles, I. p. 191,pi. 28, cultivé jadis à Saint-Domingue, comme d'origine asiatique,est peut-être fondé sur une erreur. Je soupçonne qu'on adessiné la fleur d'une espèce (A. muricata) et le fruit d'une autre(A. squamosa). On n'a point découvert d'Anona en Asie, maison en connaît aujourd'hui quatre ou cinq en Afrique, au lieud'une ou deux', et un nombre plus considérable qu'autrefoisen Amérique.i. Hernandez,p. 348et 434.2.Dnnal,MémȦnon.,p. 70.3. DeMartius,Fl. bras.,fasc.2,p. 18.4. De là'vientle nom degenre Anona,que Linnéa changéen Annona,(provision),parce qu'il ne voulait aucunnom des languesbarbares etqu'il ne craignait pas les jeux de mots.5.DeMartius,l. c.6.Marcgraf,Brasil,p. 94.7. VoirBaker,Floraof Nauritius,p. 3. L'identitéadmisepar M.Oliver,Flora oftrop. Africa,1,p. 16, de lA. palustrisd'Amériqueavecceluide

POMMECA.NELLE 135dit an spontanea?Le nombre <strong>de</strong>s localités dans cette partie <strong>de</strong>l'Amérique est assez significatif. Je n'ai pas besoin <strong>de</strong> rappelerqu'aucun arbre, pour ainsi dire, vivant ailleurs que sur les côtes,n'a été trouvé véritablement aborigène à la fois dans l'Asie,l'Afrique et l'Amérique intertropicales 1. L'ensemble <strong>de</strong> mes recherchesrend un fait pareil infiniment peu probable, et, si unarbre était assez robuste pour offrir une telle extension, Useraitexcessivement commun dans tous les pays intertropicaux.« D'ailleurs les arguments historiques et linguistiques se sontaussi renforcés dans le sens <strong>de</strong> l'origine américaine. Les détailsdonnés par Rumphius 2 montrent que VAnona squamosa étaitune plante nouvellement cultivée dans la plupart <strong>de</strong> îles <strong>de</strong>l'archipel Indien. Forster n'indique aucune Ananacée commecultivée dans les petites îles <strong>de</strong> la mer Pacifique 3. Rhee<strong>de</strong> ditl'A squamosa étranger au Malabar, mais transporté dansl'In<strong>de</strong>, d'abord par les Chinois et les Arabes, ensuite par lesPortugais Il est certain qu'il est cultivé en Chine et en Cochinchine5, ainsi qu'aux Philippines 6; mais <strong>de</strong>puis quelle époque?C'est ce que nous ignorons. Il est douteux que les Arabes lecultivent 7. Dans l'In<strong>de</strong> on le cultivait du temps <strong>de</strong> Roxbnrgh 8,qui n'avait pas vu l'espèce spontanée, et qui ne mentionnequ'un seul nom vulgaire <strong>de</strong> langue mo<strong>de</strong>rne (bengali), te nomAta, qui est déjà dans Rhee<strong>de</strong>. Plus'tard, on a cru reconnaîtrele nom Gund'a-Gatra comme sanscrit9; mais le DrRoyleayant consulté le célèbre Wilson, auteur du dictionnaire sanscrit,sur l'ancienneté <strong>de</strong> ce nom, il répondit qu'il avait ététiré du Sabda chanrika, compilation mo<strong>de</strong>rne comparativement.Les noms <strong>de</strong> Ata, AU se trouvent dans Rhee<strong>de</strong> et RumphiusVoilà sans doute ce qui a servi <strong>de</strong> base à l'argumentai.A. <strong>de</strong> <strong>Candolle</strong>,Géorjr ḅot. raisonnée,chap. X.2. Rumphius,1,p. 139,3. Forster,Plantéesculentm.4.Rhee<strong>de</strong>,Malab.,III, p. 22.5. Loureiro,Fl. cach.,p.427.6.B!anco,Fl. Filip.7. Celadépend <strong>de</strong> l'opinion qu'on se formera sur IA. glafca, -Forsk.(A.asiatica B. Dun.,Anon.,p. 71;A.Forskalii,DC.,8gH,.l,p. 472 quiétaitcultivéquelquefois dans les jardins <strong>de</strong> l'Egypte,lorsqueForskal visita cepays, sousle nom <strong>de</strong> Keschta,e'est-à-direlait coagule.Larareté <strong>de</strong> sa cultureet le silence<strong>de</strong>sanciensauteursmontrentque c'étaitune introductionmo<strong>de</strong>rne enEgypte. Ebn Baithar (trad.allem.<strong>de</strong> Sontheimer,2 vol., 1840)mé<strong>de</strong>cinarabedu xuiesiècle,ne parle d'aucuneAnonacéeet ne mentionnepas <strong>de</strong> nom <strong>de</strong>Keschta.Je ne voispas comment.la <strong>de</strong>scriptionet.la'ignre<strong>de</strong> Forskal[Descr.,p. 102,:c. tab.la) diffèrent<strong>de</strong>l'A. squamasa.L échantillon<strong>de</strong> Coquebert, cité dans le Systema, concor<strong>de</strong> assezavecla planche<strong>de</strong> Forskal;mais,commeil est en fleuret que la planche donne le irait,l'i<strong>de</strong>ntiténe peut être bien prouvée.8. Roxbursh,FI. Ind., ed. 1832,v. 2. p. 6579. PiddingtonIn<strong>de</strong>x,6 p.dOṘoyle, Ill. Him.,p. 60.il. Rhee<strong>de</strong>et Rumphius,1,p.l 39.

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