Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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13.07.2015 Views

LIN 101Hôr et Tone en vieux goth 1. Haar existe aussi dans l'allemandde Salzburg 2. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sensordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de Li peutêtre rattaché à une même racine que ligare, lier, et comme Hôr,au pluriel Hôrvar, est rattaché par les érudits s à Harva, radicalallemand pour Flachs, mais le fait n'en existe pas moins quedans les pays scandinaves et en Finlande on a employé d'autresexpressions que dans tout le midi de l'Europe. Cette diversitéindique l'ancienneté de la culture et concorde avec le fait queles lacustres de Suisse et d'Italie cultivaient un Lin avantles premières invasions des Aryens. Il est possible, je diraimême probable, que ceux-ci ont apporté le nom Li, plutôt quela plante ou sa culture; mais, comme aucun Lin n'est spontanédans le nord de l'Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois.d'origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nordavant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé leLin annuel, car le Linvivace ne supporterait pas les rigueurs despays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climatde Russie est favorable en été à la culture du Lin ordinaireannuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et enItalie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par lesFinnois; après quoi les Aryens auraient répandu les noms lesplus habituels chez eux, celui de Lin dans le midi et de flahsdans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apportéd'Asie le Lin annuel, qu'on aurait vite substitué au Lin vivace,moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne saitpas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a remplacé,en Italie, celle du Linum angustifolium vivace, mais cedoit être avant l'ère chrétienne, car les auteurs parlent d'uneculture bien établie, et Pline dit qu'on semait le Lin au printempset qu'on l'arrachait en été 4. On ne manquait pas alors d'instrumentsde métal, ainsi on aurait coupé le Lin s'il avait été vivace.D'ailleurs celui-ci semé au printemps n'aurait pas été mûr avantl'automne.Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiensdevait être annuel. On n'a pas trouvé jusqu'à présent dans lescatacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, denature à donner des preuves directes et incontestables. SeulementUnger B a pu examiner une capsule tirée des briques d'un monumentque Lepsius attribue au xiue ouxive siècle ayant J.-C, etil l'a trouvée plus semblable à celles du L. usitatissimum que dui. Nemnich,ibid.2. Nemnich, ibid.3. Fick, Vergl. WorterbuchInd. germ. 2' éd., 1, p. 722.Le même faitvenir le nom Lina du latin Linum,mais cenomremonteplushaut, étant(jommnnà plusieurslanguesaryenneseuropéennes.4. Plinius, 1 19,cap. 1 Veresatumœstalevellitur.5. Unger,BotanischeStreifzûge,1866,n° 7, p. 15.

102 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS TIGES OU FEUILLESL. angustifolium. Sur trois graines que Braun a a vues dans lemusée de Berlin, mélangées avec d'autres de plantes diversescultivées, une lui a paru appartenir au L. angustifolium et lesdeux autres au L. humile, mais il faut convenir qu'une seulergraine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffisante.Les peintures de l'ancienne Egypte montrent qu'on nerécoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. Onl'arrachait 2.En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sécheressede l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistanteque le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au printempspour récolter en été. Ajoutons que lé*Lin annuel, de laforme appelée humile, est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie,le seul également que les collecteurs modernes aient vucultivé en Egypte s.M. Heer soupçonne que les anciens Egyptiens auraient cultivéle Linum angustifolium, de la région méditerranéenne, en lesemant comme une plante annuelle 4. Je croirais plutôt qu'ils ontemporté ou reçu leur Lin d'Asie, et déjà sous la forme de Yhnmile.Les usages et les figures montrent que leur culture du Lindatait d'une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant queles Egyptiens des premières dynasties avant Ghéops appartenaientà une race proto-sémitique, venue par l'isthme de Suez 5.Le Lin a été retrouvé dans un tombeau de l'ancienne Chaldée,antérieur à Babylone 6, et son emploi dans cette région se perddans la nuit des temps. Ainsi les premiers Egyptiens de la raceblanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs successeursimmédiats ont pu le recevoir d'Asie avant l'époque descolonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs dela Grèce avac l'Egypte sous la XIVedynastie 7.Une introduction très ancienne d'Asie en Egypte n'empêchepas d'admettre des transports successifs de l'est à l'ouest dansdes temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes.Ainsi les Aryens occidentaux et les Phéniciens ont pu transporteren Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que leL. angustifolium,pendant la période de 2500 à 1200 ans avant notre ère.L'extension par les Aryens aurait marché plus au nord quecelle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerrede Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchîde,,1. A. Braun, DiePflanzenresie des MgyptischenMuséumsin Berlin,in-8°,1877,p. 4.2. Rosellini,pl. 35et 36,citépar Unger,Bot. Streifzûrte,n.»4,p. 62.3. W. Schimper,Ascherson, Boissier, Sab.weiniurl.fi, cités dans AI.Braun,l. c., p. 4.4. Heer,Ueb.d. Flachs,p. 26.5. Maspero,Histoireanciennedesveuplesde l'Orient,éd. 3, Paris, lS78rp. 13 et suivantes.6. Journal of the royal asiatic soc.,vol. la p. 271, cité dans Heer^.l. c, p. 6.7. Maspero,p. 213 et suivantes.

102 PLANTES CULTIVÉESPOUR LEURS TIGES OU FEUILLESL. angustifolium. Sur trois graines que Braun a a vues dans lemusée <strong>de</strong> Berlin, mélangées avec d'autres <strong>de</strong> <strong>plantes</strong> diverses<strong>cultivées</strong>, une lui a paru appartenir au L. angustifolium et les<strong>de</strong>ux autres au L. humile, mais il faut convenir qu'une seulergraine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffisante.Les peintures <strong>de</strong> l'ancienne Egypte montrent qu'on nerécoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. Onl'arrachait 2.En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sécheresse<strong>de</strong> l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistanteque le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au printempspour récolter en été. Ajoutons que lé*Lin annuel, <strong>de</strong> laforme appelée humile, est le seul cultivé <strong>de</strong> nos jours en Abyssinie,le seul également que les collecteurs mo<strong>de</strong>rnes aient vucultivé en Egypte s.M. Heer soupçonne que les anciens Egyptiens auraient cultivéle Linum angustifolium, <strong>de</strong> la région méditerranéenne, en lesemant comme une plante annuelle 4. Je croirais plutôt qu'ils ontemporté ou reçu leur Lin d'Asie, et déjà sous la forme <strong>de</strong> Yhnmile.Les usages et les figures montrent que leur culture du Lindatait d'une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant queles Egyptiens <strong>de</strong>s premières dynasties avant Ghéops appartenaientà une race proto-sémitique, venue par l'isthme <strong>de</strong> Suez 5.Le Lin a été retrouvé dans un tombeau <strong>de</strong> l'ancienne Chaldée,antérieur à Babylone 6, et son emploi dans cette région se perddans la nuit <strong>de</strong>s temps. Ainsi les premiers Egyptiens <strong>de</strong> la raceblanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs successeursimmédiats ont pu le recevoir d'Asie avant l'époque <strong>de</strong>scolonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs <strong>de</strong>la Grèce avac l'Egypte sous la XIVedynastie 7.Une introduction très ancienne d'Asie en Egypte n'empêchepas d'admettre <strong>de</strong>s transports successifs <strong>de</strong> l'est à l'ouest dans<strong>de</strong>s temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes.Ainsi les Aryens occi<strong>de</strong>ntaux et les Phéniciens ont pu transporteren Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que leL. angustifolium,pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2500 à 1200 ans avant notre ère.L'extension par les Aryens aurait marché plus au nord quecelle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps <strong>de</strong> la guerre<strong>de</strong> Troie, on tirait encore les belles étoffes <strong>de</strong> Lin <strong>de</strong> la Colchî<strong>de</strong>,,1. A. Braun, DiePflanzenresie <strong>de</strong>s MgyptischenMuséumsin Berlin,in-8°,1877,p. 4.2. Rosellini,pl. 35et 36,citépar Unger,Bot. Streifzûrte,n.»4,p. 62.3. W. Schimper,Ascherson, Boissier, Sab.weiniurl.fi, cités dans AI.Braun,l. c., p. 4.4. Heer,Ueb.d. Flachs,p. 26.5. Maspero,Histoireancienne<strong>de</strong>sveuples<strong>de</strong> l'Orient,éd. 3, Paris, lS78rp. 13 et suivantes.6. Journal of the royal asiatic soc.,vol. la p. 271, cité dans Heer^.l. c, p. 6.7. Maspero,p. 213 et suivantes.

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