Candolle, Alphonse de. Origine des plantes cultivées ... - EditAEFA

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THÉ 93étudiés par M. Doell 1 le Panicum maximum croit dans leséclaircies des forêts voisines de l'Amazone, près de Santarem,dans les provinces de Bahia, Ceara, Rio-de-Janeiro et Saint-Paul.Quoique la plante soit souvent cultivée dans ces pays, les localitéscitées, par leur nature et leur multiplicité, font présumerl'indigénat. M. Dœll a vu aussi des échantillons de la Guyanefrançaise et de la Nouvelle-Grenade.Voyons ce qui concerne l'Afrique.Sir W. Hooker 2 mentionnait des échantillons rapportés deSierra Leone, d'Aguapim, des bords du Quorra et de l'île deSaint-Thomas, dans l'Afrique occidentale. Nees 3 indique l'espècedans plusieurs localités de la colonie du Cap, même dansdes broussailles et dans des pays montueux, A. Richard 4 mentionnedes localités d'Abyssinie, qui paraissent aussi en dehorsdes cultures, mais il convient n'être pas très sûr de l'espèce.M. Anderson, au contraire, n'hésite pas en indiquant le P. maximumcomme rapporté des bords du Zambèze et de Mozambiquepar le voyageur Peters 6.On sait positivement que l'espèce a été introduite à l'île Mauricepar l'ancien gouverneur Labourdonnais B, et qu'elle s'y estrépandue hors des cultures, de même qu'à Rodriguez et auxSeychelles 7. L'introduction en Asie ne peut pas être ancienne,car Roxburgh (FI. ind.) et Miquel (Fl. ind.-bat.) ne mentionnentpas l'espèce. A Ceylan, elle est uniquement cultivée8.En définitive, il y a un peu plus de probabilité, ce me semble,en faveur de l'origine africaine, conformément à l'indication dunom vulgaire et à l'opinion générale, mais peu aprofondie, desauteurs. Cependant, puisque la plante se répand si aisément, ilest singulier qu'elle ne soit pas arrivée d'Abyssinie ou de Mozambiqueen Egypte et qu'on l'ait reçue si tard dans les îles del'Afrique orientale. Si l'existence, antérieurement aux cultures,d'une même espèce phanérogame en Afrique et en Amériquen'était une chose extrêmement rare, on pourrait la supposer;mais c'est peu vraisemblable pour une plante cultivée, dont ladiffusion est évidemment très facile.Article 3. – Emplois divers des tiges ondes fenîllcs.Thé. – Thea sinensis, Linné.Au milieu du xvme siècle, lorsqu'on connaissait encore très peu1.Dœll,dansFlora brasil., in-fol.,vol. 2, part. 2.2. Sir W. Hooker,Nigerflora, p. 550.3. Nees,HorœAfrics aicstr.Qraminess,p. 36.4. A.Richard,Abyssinie,2, p 373.5. Peters,Reise,Botanik,p. 546.6. Bojer,Hortusmauritianiis, 563. ·.7. Baker,Flora of MauritiusandSeyc'telle?,p. 436.8. Thwaites, Ennm. plant. Ceylome.

94 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES Ob FEUILLESl'arbuste qui produit le thé, Linné le nomma Thea sinensis.Bientôt après, dans la seconde édition du Species plantarum, ilcrut mieux faire en distinguant deux espèces, Thea Bohea etThea viridis, qu'il croyait répondre à la distinction commercialedes thés noirs et verts. On a prouvé depuis qu'il n'y aqu'une espèce, comprenant plusieurs variétés, et qu'on obtientdes thés noirs ou verts au moyen de toutes les variétés, selon lesprocédés de fabrication. Cette question était réglée lorsqu'il s'enest élevé une autre sur la réalité du genre Thea, en tant que distinctdu Camellia. Quelques auteurs font du Thea une sectionde l'ancien genre Camellia; mais, si l'on réfléchit aux caractèresindiqués d'une manière très précise par Seemann il est permis,ce me semble, de conserver le genre Thea, avec la nomenclatureancienne et usitée de l'espèce principale.On mentionne souvent une légende japonaise racontée parKsempfer s. Un prêtre venu de l'Inde en Chine, dans l'année §19de notre ère, ayant succombé au sommeil lorsqu'il voulait veilleret prier, aurait coupé ses deux paupières, dans un mouvementd'indignation, et elles se seraient changées en un arbuste, leThé, dont les feuilles sont éminemment propres à empêcher dedormir. Malheureusement pour les personnes qui admettentvolontiers les légendes en tout ou en partie, les Chinois n'ontjamais entendu parler de celle-ci, quoique l'événement se fûtpassé chez eux. Le thé leur était connu bien avant l'année 519, etprobablement il n'avait pas été apporté de l'Inde. C'est ce quenous apprend le Dr Bretschneider, dans son opuscule, riche defaits botaniques et linguistiques 3. Le Pent-sao, dit-il, mentionnele Thé 2700 ans avant Jésus-Christ, le Rya 5 à600 ans aussi avant Jésus-Christ, et le commentateur de ce dernierouvrage, au quatrième siècle de notre ère, a donné des détailssur la plante et sur l'emploi de ses feuilles en infusion.L'usage est donc très ancien en Chine. Il l'est peut-être moinsau Japon, et s'il existe depuis longtemps en Cochinchine, ce quiest possible, on ne voit aucune preuve qu'il se soit répandujadis du côté de l'Inde; les auteurs ne mentionnent aucun nomsanscrit, ni même des langues indiennes modernes. Le faitparaîtra singulier quand on verra ce que nous avons à dire surl'habitation naturelle de l'espèce.Les graines de Thé se répandent souvent hors des cultures etmettent les botanistes dans le doute sur la qualité spontanée despieds qu'on a rencontrés çà et là. Thunberg croyait l'espècesauvage au Japon, mais MM.Franchet et Savatier le nient com-1. Seemann, dans Transactions of the linnsean Society, 22, p. 337, pl. 61.2. Kœmpfer, Amœn. Japon.3. Bretschneider, On the study and value of clzinese botanical worksrp. 13 et 45.4. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., I, p. 61.

94 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES Ob FEUILLESl'arbuste qui produit le thé, Linné le nomma Thea sinensis.Bientôt après, dans la secon<strong>de</strong> édition du Species plantarum, ilcrut mieux faire en distinguant <strong>de</strong>ux espèces, Thea Bohea etThea viridis, qu'il croyait répondre à la distinction commerciale<strong>de</strong>s thés noirs et verts. On a prouvé <strong>de</strong>puis qu'il n'y aqu'une espèce, comprenant plusieurs variétés, et qu'on obtient<strong>de</strong>s thés noirs ou verts au moyen <strong>de</strong> toutes les variétés, selon lesprocédés <strong>de</strong> fabrication. Cette question était réglée lorsqu'il s'enest élevé une autre sur la réalité du genre Thea, en tant que distinctdu Camellia. Quelques auteurs font du Thea une section<strong>de</strong> l'ancien genre Camellia; mais, si l'on réfléchit aux caractèresindiqués d'une manière très précise par Seemann il est permis,ce me semble, <strong>de</strong> conserver le genre Thea, avec la nomenclatureancienne et usitée <strong>de</strong> l'espèce principale.On mentionne souvent une légen<strong>de</strong> japonaise racontée parKsempfer s. Un prêtre venu <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> en Chine, dans l'année §19<strong>de</strong> notre ère, ayant succombé au sommeil lorsqu'il voulait veilleret prier, aurait coupé ses <strong>de</strong>ux paupières, dans un mouvementd'indignation, et elles se seraient changées en un arbuste, leThé, dont les feuilles sont éminemment propres à empêcher <strong>de</strong>dormir. Malheureusement pour les personnes qui admettentvolontiers les légen<strong>de</strong>s en tout ou en partie, les Chinois n'ontjamais entendu parler <strong>de</strong> celle-ci, quoique l'événement se fûtpassé chez eux. Le thé leur était connu bien avant l'année 519, etprobablement il n'avait pas été apporté <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>. C'est ce quenous apprend le Dr Bretschnei<strong>de</strong>r, dans son opuscule, riche <strong>de</strong>faits botaniques et linguistiques 3. Le Pent-sao, dit-il, mentionnele Thé 2700 ans avant Jésus-Christ, le Rya 5 à600 ans aussi avant Jésus-Christ, et le commentateur <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnierouvrage, au quatrième siècle <strong>de</strong> notre ère, a donné <strong>de</strong>s détailssur la plante et sur l'emploi <strong>de</strong> ses feuilles en infusion.L'usage est donc très ancien en Chine. Il l'est peut-être moinsau Japon, et s'il existe <strong>de</strong>puis longtemps en Cochinchine, ce quiest possible, on ne voit aucune preuve qu'il se soit répandujadis du côté <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>; les auteurs ne mentionnent aucun nomsanscrit, ni même <strong>de</strong>s langues indiennes mo<strong>de</strong>rnes. Le faitparaîtra singulier quand on verra ce que nous avons à dire surl'habitation naturelle <strong>de</strong> l'espèce.Les graines <strong>de</strong> Thé se répan<strong>de</strong>nt souvent hors <strong>de</strong>s cultures etmettent les botanistes dans le doute sur la qualité spontanée <strong>de</strong>spieds qu'on a rencontrés çà et là. Thunberg croyait l'espècesauvage au Japon, mais MM.Franchet et Savatier le nient com-1. Seemann, dans Transactions of the linnsean Society, 22, p. 337, pl. 61.2. Kœmpfer, Amœn. Japon.3. Bretschnei<strong>de</strong>r, On the study and value of clzinese botanical worksrp. 13 et 45.4. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., I, p. 61.

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