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JOURNAL OF - Débats parlementaires de la 4e République

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6460 ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948il faut faire mieux votre métier, monsieurle prési<strong>de</strong>nt du conseil. (App<strong>la</strong>udissementsà Vextrême gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil. Dans le communiquéofficiel du Gouvernement <strong>de</strong> dimanchesoir, il est^t expressément que lecas <strong>de</strong>s ouvriers agricoles, <strong>de</strong>s fonctionnaireset <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong> l'Etat étaitréservé.* M. Jacques Dudos. Mais « réservé »,qu'est-ce que ce<strong>la</strong> veut donc dire dansyotre esprit ? (Exc<strong>la</strong>mations au centre.)En tout cas, vous avez pensé que vousne pouviez pas réserver plus longtemps lecas <strong>de</strong>s fonctionnaires et nous sommes lespremiers à nous en réjouir,M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil. Monsieur Du-Clos, vous êtes membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s finances, vous savez que <strong>la</strong> question<strong>de</strong>s fonctionnaires et celle <strong>de</strong>s ouvriersagricole ne dépen<strong>de</strong>nt pas du même ministre.Or, dimanche soir, seul M. le ministredu travail a pu produire ses textes.Lui seul a pu, en quelques heures, lesmettre sur pied. Une étu<strong>de</strong> plus approfondiea été nécessaire pour les autres catégories<strong>de</strong> sa<strong>la</strong>riés. Il fal<strong>la</strong>it pour eux untexte spécial. Je crois que le dé<strong>la</strong>i supplémentaire<strong>de</strong> 24 heures n'était pas exagéré.Je peux bien dire què le Parlement quelquefoisne sait pas être aussi rapi<strong>de</strong> que leGouvernement dans ce cas. (App<strong>la</strong>udissementsau centre.)M. Jacques Duclos. De toutes façons,monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, jeprends acte du fait que, dans votre esprit,lorsque vous avez dit que le cas <strong>de</strong>s fonctionnaires était réservé pour l'attribution<strong>de</strong> <strong>la</strong> prime <strong>de</strong> 2.500 francs, il s'agissait <strong>de</strong>ne différer <strong>la</strong> décision que d'un très courtdé<strong>la</strong>i.Mais alors, je vous pose <strong>la</strong> question sui-.Vante : êtes-vous dans le même état d'espriten ce qui concerne les ouvriers agricoles?Allez-vous prendre une décision aujourd'huiou <strong>de</strong>main ? (App<strong>la</strong>udissements àl'extrême gauche.)Puisque vous avez maintenant réglé locas <strong>de</strong>s fonctionnaires, je vous pose <strong>la</strong>question pour les ouvriers agricoles.J'ajoute que si l'on privait les ouvriersagricoles <strong>de</strong> cette allocation <strong>de</strong> 2.500 francs,oh commettrait une gran<strong>de</strong> injustice. Onferait le Jeu <strong>de</strong>s capitalistes agrarierit? eton porterait un grave préjudice à <strong>de</strong>s ouvriersqui ont aroit à <strong>la</strong> sollicitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>spouvoirs publics. (App<strong>la</strong>udissements àl'extrême gauche.)Enfin, le Gouvernement prévoit, parait-ilfriais sur ce point nous ne sommes pasencore bien fixés — une prime <strong>de</strong> 1.250francs pour le mois <strong>de</strong> septembre. On nous<strong>la</strong>isse entendre aussi que cette primepourra varier selon le prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> etcelui du vin.On trouve <strong>de</strong> nouvelles formules. Onparle maintenant <strong>de</strong>s « prix pilotes ». Etc'est en fonction <strong>de</strong>s « prix pilotes », prix<strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> et prix du vin, que l'on détermineral'allocation qui sera versée àpartir du mois <strong>de</strong> septembre.Eh bien ! monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil,je vous mets en gar<strong>de</strong> contre l'innovatioii, qui risquerait d'être extrêmementdangereuse, qui consisterait à calculer <strong>de</strong>ssuppléments <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>prix pilotes. Il faut tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalitéau coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et non pas d'unprix isolé quelconque. (Applâudisizmentsù Vextrême aaucheAD'ailleurs, nous sommes en droit <strong>de</strong>penser que <strong>la</strong> politique que vous êtes appeléà poursuivre, va faire monter, les prix.Le prix du pain est porté à 35 francs lekilogramme: c'est l'entrée <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong>M. Pineau,, auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> motion économiquedu congrès socialiste, <strong>la</strong>quelle seprononçait en tout état <strong>de</strong> cause contre <strong>la</strong>hausse du prix du pain tout en admettantune certaine augmentation du prix du iblé.(Rires à Vextrême gauche.)Cette augmentation va peser lour<strong>de</strong>mentsur les budgets <strong>de</strong>s travailleurs, <strong>de</strong>s vieux,<strong>de</strong>s économiquement faibles, pour qui onn'envisage pas <strong>de</strong> compensation. Je voiispose <strong>la</strong> question, monsieur le prési<strong>de</strong>nt duconseil: qu'allez-vous faire pour les vieuxet les économiquement faibles ? (App<strong>la</strong>udissementsà Vextrême gauche.)Les prix du <strong>la</strong>it et <strong>de</strong> ses dérivés :beurre, fromage, vont monter eux aussi etce n'est pas tout. M. le prési<strong>de</strong>nt du conseilnous a avertis, mardi <strong>de</strong>rnier,qu'avant <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> 1948, il va <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r80 milliards <strong>de</strong> francs ae plus à l'impôt.C'est là une réalité du p<strong>la</strong>n Mayer et dup<strong>la</strong>n Reynaud qui continue.Mais tous ces facteurs vont faire augmenterdavantage les prix et l'insuffisance<strong>de</strong>s augmentations <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires va apparaîtreencore avec plus <strong>de</strong> netteté et <strong>de</strong> forcedans un proche avenir.Que va imaginer M. Pineau, installémaintenant rue <strong>de</strong> Rivoli ? Comment vat-ilrépartir les charges fiscales nouvelles ?Je n'en sais rien.Nous serons peut-être fixés bientôt,puisqu'on nous annonce le dépôt prochain<strong>de</strong> textes fiscaux.En tout cas, j'imagine que M. ChristianPineau interprétera dans ses textes <strong>la</strong> pensée<strong>de</strong> M. Paul Ramadier (jui disait: « L'effortfiscal qui est nécessaire pour cette lind'année est supérieur à tout ce qui a été 1envisagé jusqu'à ce jour ».C'est donc là <strong>la</strong> suite du p<strong>la</strong>n Mayer <strong>de</strong>sinistré mémoire, comme le reconnaissaitM. Ramadier lui-même.Par rapport au minimum vital <strong>de</strong> 10.500francs admis par le Gouvernement en décembre<strong>de</strong>rnier, l'augmentation était, au30 août 1948, <strong>de</strong> 28 p. 100 et <strong>la</strong> politiqueéconomique et financière du Gouvernementne peut pas manquer d'aggravercette situation.Le pays, au surplus, n'a pas confiancedans <strong>la</strong> monnaie. 11 sait que vous préparezl'alignement monétaire, c'est-à-dire <strong>la</strong> dévaluation.Il sait que nous sommes là enprésence <strong>de</strong>s conséquences d'une politiquequi fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> France un pays dépendant.On pourrait cependant relever ce payset le peuple s'y emploierait <strong>de</strong> bon cœursi, tout d'abord, on dénonçait tous les traitésqui aliènent notre indépendance nationale(App<strong>la</strong>udissements à Vextrêmegauche), si notre pays se réservait le droit<strong>de</strong> commercer avec toutes les nations,sans exception, au mieux <strong>de</strong> ses intérêts,si l'on réduisait d'autant plus massivementles crédits militaires que <strong>la</strong> Francecesserait d'être l'instrument <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> préparation à <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> l'impérialismeaméricain.Le peuple <strong>de</strong> France voit son pouvoird'achat diminuer tandis que <strong>de</strong> scandaleuxprofits sont réalisés.Il faut en finir avec une telle situation !Il veut, notre peuple, que <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong><strong>la</strong> monnaie soit assurée, ce qui ékige quele sort du franc cesse d'être fixe à Washingtonou à New-York.à Vextrême gauche.).(App<strong>la</strong>udissementsEt, tandis que <strong>de</strong>s signes inquiétants <strong>de</strong>chômage se manifestent chez nous, nous<strong>de</strong>vrions, si les choses n'étaient pas à'l'envers, faire travailler tout le mon<strong>de</strong>,puisqu'il y a tant <strong>de</strong> choses à faire pom*reconstruire, pour équiper, pour mo<strong>de</strong>rni*ser l'industrie et l'agriculture <strong>de</strong> <strong>la</strong>France. Mais ce n'est pas votre gouvernement<strong>de</strong> passage qui peut promouvoir unetelle politique.Vous allez faire <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> M. Reynaudsans M. Reynaud. Mais M. Reynaudva sans doute suivre vos opérations avecautant <strong>de</strong> sympathie que <strong>de</strong> discrétion*pour ne pas trop vous gêner. De Reynaudà Pineau, il y aura, nous en sommes sûrs,<strong>de</strong> <strong>la</strong> suite dans les idées.De plus en plus, le peuple pense etpensera à <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> constituer ungouvernement d'union démocratique pou 15(aire une politique française, pour sauver,le pays. (App<strong>la</strong>udissements sur les mêmesbancs.) ,A <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> misère et <strong>de</strong> ruine que'votre Gouvernement va faire sur le p<strong>la</strong>néconomique et financier, va s'ajouter unepolitique <strong>de</strong> régression sociale. L'idée <strong>de</strong>M. Paul Reynaud <strong>de</strong> s'attaquer à <strong>la</strong> sécuritésociale n'est pas abandonnée. Aux travailleurs,<strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce s'impose.De même, <strong>la</strong> menace contre les entrepri-.ses nationales ne s'est pas évanouie. On'parle sans cesse <strong>de</strong> leur déficit, ma»s 011oublie <strong>de</strong> dire que les capitalistes, pour:les produits et services <strong>de</strong>s entreprises nationalisées,bénéficient <strong>de</strong> prix anormale-"ment bas, qui accroissent considérablementleurs profits. (App<strong>la</strong>udissements sutles mêmes bancs.)Les prix <strong>de</strong>s industries nationaliséessont au coefficient moyen <strong>de</strong> 1.080 parrapport à 100 en 1938, tandis que l'indice<strong>de</strong>s prix industriels est <strong>de</strong> 1.730. Voilà ceque ne disent pas les détracteurs <strong>de</strong>s nationalisations.'(App<strong>la</strong>udissements à Vextrêmegauche.)Enfin, je veux dire quelques mots sur,le problème <strong>de</strong>s réparations, dont M. leprési<strong>de</strong>nt du conseil n'avait pas parlé danssa déc<strong>la</strong>ration et dont il m'a dit, dans saréponse, que ce n'était pas une <strong>de</strong>s plusimportantes questions <strong>de</strong> l'actualité'.Le journal Combat, <strong>de</strong>s 5 et 6 septembre<strong>de</strong>rniers, nous rappe<strong>la</strong>it que le départementd'Etat veut reviser <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s usinesalleman<strong>de</strong>s à démonter dans l'Allemagneocci<strong>de</strong>ntale.Le programme <strong>de</strong>s réparations prévoitle démontage et le transfert <strong>de</strong> 862 usinesdont 180 dans <strong>la</strong> zone française et, jus*qu'ici, d'après le journal Combat, 6 usineront été attribuées à <strong>la</strong> France.A <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong> France en signant les accords<strong>de</strong> Londres a, du même coup, adoptéune position contraire à son droit à réparations.C'est ce qu'écrit fort justement ce'même journal Combat du 3 septembre<strong>de</strong>rnier :« En souscrivant aux accords <strong>de</strong> Londres,<strong>la</strong>. France et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Rretagne ont,non sans hésitation, mais formellement,joué <strong>la</strong> carte <strong>de</strong> l'Allemagne occi<strong>de</strong>ntale*Dès lors, <strong>la</strong> conjugaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux signaturesqu'elles avaient successivement accordées,les mettait à <strong>la</strong> merci <strong>de</strong>s intentionsaméricaines.« Or, il n'y a pas d'équivoque possible.Pour les Etats-Unis, l'a^e <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstruction<strong>de</strong> l'Europe passe par l'Allemagne,dont ils veulent faire, le centre d'attraction"

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