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JOURNAL OF - Débats parlementaires de la 4e République

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6 444 ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948Ce serait l'intergroupe, dites-vous, quiVous diviserait, qui provoquerait les crises.Allons donc ! Je ne les analyserai pas uneà une, mais vous retrouvez toujours un <strong>de</strong>spartis <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité à <strong>la</strong> base môme, àl'origine <strong>de</strong> ces crises. (Très bien ! trèsbien ! sur <strong>de</strong> nombreux bancs à droite et$ur certains bancs à gauche.)Où sont les ennemis du régime ? Est-cevous, est-ce l'opposition qui donne une actualitéredoutable au texte que je vaisyous lire ?« En vérité, l'unité, <strong>la</strong> cohésion, <strong>la</strong> disciplineintérieure du Gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong>France doivent être <strong>de</strong>s choses sacrées,sous peine <strong>de</strong> voir rapi<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> directionsmêrne du pays impuissante et disqualifiée.« Or, comment cette unité, cette cohésion,cette discipline seraient-elles maintenues,à <strong>la</strong> longue, si chacun <strong>de</strong>s membresdu Gouvernement, lequel est collectivementresponsable <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> représentationnationale tout entière, n'était à son postegué le mandataire d'un parti ? »Ces paroles, mesdames, messieurs, ont'été prononcées dans une ville que j'aime,à Bayeux, le 16 juin 1946, par le général<strong>de</strong> Gaulle,A l'heure où nous délibérons dans cetteenceinte close, il est, dans les champs <strong>de</strong>France, sous le beau ciel <strong>de</strong> notre pays,-<strong>de</strong>s paysans qui cueillent, arrachent, rentrentleurs <strong>de</strong>rnières récoltes, déchaumentleurs champs, préparent leurs <strong>la</strong>boursd'automne; il est, dans tous les ateliers,<strong>de</strong>s ouvriers qui se penchent sur leur établi,gui<strong>de</strong>nt leur machine ; il est <strong>de</strong>s artisans,<strong>de</strong>s commerçants qui s'efforcent <strong>de</strong>mener leur affaire en pleine responsabilité,d'équilibrer leur budget familial. {Interruptionsau centre.)Ils pensent peu à vous, mesdames, messieurs,heureusement; mais quand ils ypensent, c'est avec une inquiétu<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>,avec une sorte d'étonnement indigné.Ils mesurent (parfaitement, croyezmoi,combien les mots d'ordre, les solutions<strong>de</strong> leurs syndicats respectifs, limitéspar définition chacun aux intérêts <strong>de</strong> leurssyndiqués propres, sont insuffisants, incapables<strong>de</strong> résoudre <strong>la</strong> crise nationale.Ce qu'ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt, c'est que l'arbitregouvernemental leur donne, <strong>la</strong> solution.Or, au sommet d'un aussi grand pays,aux horizons, aux régions, aux métiers sidivers et, en même temps, si harmonieux,ils ne trouvent que contradictions, que divisionsartificielles, j'al<strong>la</strong>is dire « que décomposition». (Mouvements divers.)Mesdames, messieurs, une majorité incapable<strong>de</strong> dominer <strong>la</strong> situation avait faitappel, avec le ministère André Marie-PaulReynaud, à l'opposition, à ses conseils, àses métho<strong>de</strong>s.Sans même vouloir <strong>la</strong>isser à cette expériencenouvelle le temps <strong>de</strong> prendre corps,yous voulez revenir en arrière, retrouvervos vieilles formules gouvernementales,usées, éculées. Vous voulez, al<strong>la</strong>is-je dire,*< revenir à votre vomissement ». (Protestationsau centre. — Mouvements divers.)M. Yves Fagon. Nous n'avons pas <strong>de</strong> leçonà recevoir <strong>de</strong> vous, monsieur Triboulet1M. Raymond Triboulet. Eh bien "! non. Ou<strong>la</strong> formule André Marie-Paul Reynaud serareprise, ou vous irez <strong>de</strong>vant vos électeurs,monsieur Fagon, comme les autres. (App<strong>la</strong>udissementssur <strong>de</strong> nombreux bancs àdroite et sur certains bancs g, &auche sInterruptions au centre.),M. Maurice Schuman n. Dites ce<strong>la</strong> à ceux<strong>de</strong> vos amis qui ont combattu le gouvernement<strong>de</strong> M. André Marie, alors quenous votions pour lui. (Mouvements divers.)M. Yves Fagon. Soyez sérieux, monsieur.TribouletJM. Raymond Triboutet. Monsieur Fagon,le ton que j'ai employé est peut-être brutal,mais il témoigne d'une conviction profon<strong>de</strong>et du souci <strong>de</strong>s intérêts du pays. Jemérite votre attention.à droite.)(App<strong>la</strong>udissementsM. Maurice Schumann. Mais vos parolessemblent s'adresser à vos amis qui ontcombattu le gouvernement <strong>de</strong> M. AndréMarie, alors que nous, nous l'avons soutenu.M. Raymond Triboulet. Nous l'avonsnous-mêmes soutenu. (Protestations aucentre. — Mouvements divers.)Vous êtes <strong>de</strong>vant une alternative impérieuse.Je sais bien que lorsqu'on déc<strong>la</strong>requ'il y a <strong>de</strong>ux solutions, d'aucuns préten<strong>de</strong>ntqu'il y en a sans doute une troisième,meilleure. Mais cette troisième solution,ici, je vous assure qu'elle est exclue et c'està elle pourtant que vous semblez vouloirvous accrocher désespérément.Yous ne pouvez pas poursuivre vos jeuxstériles, ridicules ; vous ne pouvez pas nepas gouverner le pays et, en même temps,refuser <strong>de</strong> soumettre à nouveau vos mandatsà <strong>la</strong> souveraineté du peuple. (App<strong>la</strong>udissementsà droite et sur certains bancs àgauche.) *M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. JacquesDuclos, <strong>de</strong>rnier interpel<strong>la</strong>teur. (App<strong>la</strong>udissementsà V extrême gauche.)M. Jacques Ducloe. Mesdames, messieurs,ce nouveau Gouvernement, sur <strong>la</strong> compositionduquel j'ai <strong>de</strong>mandé, au nom dugroupe communiste, à, interpeller M. leprési<strong>de</strong>nt du conseil, a été constitué dans<strong>de</strong>s conditions qui comportent, chacun <strong>de</strong>nous en a le sentiment, certains éléments<strong>de</strong> nouveauté.Il y a une semaine, en effet, M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil recevait l'investiture <strong>de</strong>l'Assemblée et obtenait 322 voix, en (baissesensible sur <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte investiture, <strong>de</strong>00 voix, si je ne me trompe.Nous avons été seuls, comme parti, àvoter contre <strong>la</strong> motion d'investiture, maisil y eut (beaucoup d'abstentions ; et il fautbien reconnaître que certains <strong>de</strong>s abstentionnistes<strong>de</strong> mardi <strong>de</strong>rnier ont joué 1 unTôle très actif, durant <strong>la</strong> semaine qui vient<strong>de</strong> s'écouler, dans tous les pourparlers —j'al<strong>la</strong>is dire « dans les marchandages » —qui ont précédé <strong>la</strong> formation du cabinet.Comme chacun <strong>de</strong> nous le sait, le groupesocialiste vota l'investiture, et c'est notrecollègue, M. Lussy, qui expliqua les raisonsdu vote <strong>de</strong> son groupe.On se souvient aussi que, mardi <strong>de</strong>rnier,M. Guy Mollet posa certaines questionsà M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil désignéet semb<strong>la</strong>it faire dépendre le vote <strong>de</strong> songroupe <strong>de</strong>s réponses qui seraient faites àces questions.M. Guy Mollet souhaitait que le nouveauGouvernement voulût bien engager les nécessairesnégociations avec les représentantsqualifies <strong>de</strong> toutes les familles spirituellesdu Yiet Nam. Il évoqua, à ce sujet,une interprétation donnée récemment parM. Pleven <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration du précé<strong>de</strong>ntgouvernement. Cette interprétation excluaitlouiç éventualité fte négociationsavec le prési<strong>de</strong>nt Ho Chi Minh; et le silenceapprobateur <strong>de</strong> M. André Marie permitalors à M. Pleven <strong>de</strong> considérer queson point <strong>de</strong> vue était partagé par le Gouvernement.La réponse <strong>de</strong> M. Robert Schuman,mardi <strong>de</strong>rnier, fut catégorique : le choixfait par les précé<strong>de</strong>nts gouvernements esttoujours va<strong>la</strong>ble, déc<strong>la</strong>ra-t-il.On aurait donc pu s'attendre à une riposte<strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> M. Guy Mollet. Mais,avec une discrétion exemp<strong>la</strong>ire, le secrétairegénéral du parti socialiste se contenta<strong>de</strong> <strong>la</strong> distante ou dédaigneuse réplique<strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil.M. Guy Mollet avait <strong>de</strong>mandé, en outre, £M. Robert Schuman, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer que le*Gouvernement <strong>la</strong>isserait l'Assemblée libre<strong>de</strong> se saisir du problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tionsco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ïcité. A ce<strong>la</strong>, M. RobertSchuman répondit par <strong>la</strong> négative. Il déc<strong>la</strong>raqu'il entendait respecter le statu quo. .Entre autres choses, ce<strong>la</strong> signifie le refu^id'introduire les lois <strong>la</strong>ïques en Alsace.Cette <strong>de</strong>uxième réponse semb<strong>la</strong> donnersatisfaction à M. Guy Mollet, qui <strong>de</strong>meura:silencieux à son banc; et M. Albert Bayeta eu raison <strong>de</strong> rappeler récemment, à cesujet, que les états généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ïcité<strong>de</strong>mandaient au Gouvernement tout autrechose qu'une « abstention ». Ils lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> défendre l'école nationale. (.Ap*p<strong>la</strong>udissements à l'extrême gauche.)1M. Guy Mollet par<strong>la</strong> ensuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> situationd,es travailleurs, <strong>de</strong> <strong>la</strong> baisse du pouvoird'achat; mais, avec une extraordinairefaculté d'oubli, il ne rappe<strong>la</strong> pasque c'est dans une discussion qui avaittrait justement à <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> du pouvoird'achat <strong>de</strong>s travailleurs que M. Ramadiertrouva prétexte à écarter les ministrescommunistes du gouvernement.;(App<strong>la</strong>udissements à Vextrême gauche.)}M. Guy Mollet par<strong>la</strong> enfin <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité;sociale, "<strong>de</strong>s nationalisations. Mais, sur;ces points, M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong>meurasilencieux; et M. Guy Mollet nesollicita aucune précision supplémentaire.Peu après, le groupe socialiste votait <strong>la</strong>motion (l'investiture.On pouvait penser qu'après ce vote lé !nouveau gouvernement serait rapi<strong>de</strong>mentconstitué ; et Le Popu<strong>la</strong>ire du jeudi 2 septembreécrivait, sur huit colonnes: « Leprogramme économique doit être <strong>la</strong> clé <strong>de</strong>*voûte <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité ».L'Aube du même jour disait, <strong>de</strong> soncôté: « Le prési<strong>de</strong>nt du conseil veut uncabinet d'action, fait appel à <strong>de</strong>s hommesdécidés à réaliser un programme précis,se refuse aux « négociations » paralysanteset aux « dosages » savants ».Ce même jour, 2 septembre à midi, legroupe parlementaire socialiste faisait connaîtresa décision <strong>de</strong> refuser l'offre <strong>de</strong> participationministérielle.Mais le M. R. P. ne se <strong>la</strong>issait pas arrêterpar ce refus... provisoire. Le len<strong>de</strong>main,vendredi 3 septembre, L'Aube écrivait: « M. Robert Schuman forme son gouvernementmalgré le refus <strong>de</strong>s socialistesd'y participer ».Le refus socialiste fut motivé par le faitque M. Robert Schuman ne tenait pas —»c'est le parti socialiste qui parle — suffisammentcompte <strong>de</strong>s aspirations <strong>de</strong>s tra*vailleurs.Il faut voir en quoi consistait pratiquementle différend qui existait entre |eparti socialiste et M. Robert Schuman*Le Popu<strong>la</strong>ire du 4 septembre écrivait?g L§s. socialisîeâ m £eùvênt fluê constate^

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