6460ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948prévoit <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s communesmixtes et <strong>de</strong>s territoires militaires — cequi implique <strong>la</strong> disparition du caïdat — ilest procédé à l'organisation d'écoles <strong>de</strong>caïds pour mo<strong>de</strong>rniser <strong>la</strong> police dans lesdouars et transformer l'Algérie en unvaste camp <strong>de</strong>. concentration où seulesprévaudront les opinions <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>trusts et <strong>de</strong>s gros colons.Dans tous les domaines, pour essayerd'arrêter l'évolution du peuple qu'on assenât,ce sont les métho<strong>de</strong>s colonialistesrenforcées contré les Algériens et les Algériennesd'origine européenne ou musulmane; c'est le refus systématique <strong>de</strong> reconnaîtreles justes revendications <strong>de</strong> ceuxqui ne font pas partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> caste <strong>de</strong>s seigneurs,qu'ils soient ouvriers, fonctionnaires,artisans, fel<strong>la</strong>hs ou petits colons.Aussi, <strong>la</strong> réaction algérienne est-elleplus arrogante que jamais. C'est ainsi queM. Ricard, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> C. G. A., écrit:« La Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Hommefait <strong>de</strong> l'insurrection un <strong>de</strong>voir sacré ducitoyen lorsqu'il y a vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi.Alors, le Gouvernement portera ses responsabilitéset, s'il déc<strong>la</strong>nche l'insurrection, il <strong>de</strong>vra en rendre compte <strong>de</strong>vant lepays. »Et il conclut: « Et les dirigeants <strong>de</strong> <strong>la</strong>C* G. A. qui,sont <strong>de</strong>s gens d'ordre espèrentqu'ils n'en viendront pas là ».Les fascistes algériens invoquent <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration<strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme pour enroberd'une légalité <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> un appelcontre le peuple <strong>de</strong>'France; Ainsi, ils serévèlent ce qu'ils sont en réalité en setournant vers les rois du dol<strong>la</strong>r, leurs nouveauxprotecteurs.* Et le gouverneur général" M. Naegelencouvre <strong>de</strong>tte attitu<strong>de</strong> tandis qu'il porte sescoups contre le peuple algérien.Le' 12 janvier'<strong>de</strong>rnier, alors qu'il étaitprési<strong>de</strong>nt du conseil, M. Robert Schumangratifiait l'Algérie <strong>de</strong> ce nouveau gouverneurgénéral, M. Naegelen. C'est sous sahaute autorité que M. Jules Moch é<strong>la</strong>borale projet <strong>de</strong> découpage <strong>de</strong>s circonscriptionsalgériennes, procéda à <strong>la</strong> dissolution <strong>de</strong><strong>la</strong> municipalité démocratique d'Oran et fit,aVec M. Naegelen, <strong>de</strong>s élections à l'Assembléealgérienne, une véritable caricatured'élections.C'est lui qui fit arrêter <strong>de</strong> nombreux travailleursalgériens. C'est lui qui, aujourd'hui,fait désigner comme inspecteur général,en Algerie; M. Cornu, préfet duTarn, col<strong>la</strong>borateur bien connu.Mais, plus le Gouvernement s'orientevers une politique réactionnaire et colonialiste,plus l'opposition est gran<strong>de</strong> enAlgérie.Les travailleurs algériens se battent, <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>s semaines pour, obtenir le droità <strong>la</strong> vie: dockers d'Alger, métallurgistesd'Oran, mineurs, ouvriers agricoles, parmilliers, ils utilisent <strong>la</strong> grève. Les pauvresfel<strong>la</strong>hs et les petits colons multiplient lesmanifestations pour obtenir <strong>de</strong>s semenceset <strong>de</strong>s outils. Les artisans et les commerçantsprotestent contre le sort injuste quileur est fait. De grands intellectuels exigentque d'autres conditions soient crééespour développer l'enseignement et l'éducation.Une c<strong>la</strong>rification salutaire se faitdans les esprits.Tel qui, hier, s'était <strong>la</strong>issé entraîner par<strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> raciste et a<strong>la</strong>rmiste <strong>de</strong>rrièreceux qui furent les soutiens du régimepétainiste, s'aperçoit aujourd'huiqu'il a été trompé.C'est pourquoi les Algériens, comme le 1peuple <strong>de</strong> France, veulent un changementtotal <strong>de</strong> l'orientation politique du Gouvernement.Ils veulent <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires qui leurpermettent <strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>travail normales» Ils veulent <strong>de</strong>s semences,<strong>de</strong>s charrues, une politique <strong>de</strong> l'eau,<strong>la</strong> terre à ceux qui <strong>la</strong> travaillent. Ils veulentl'enseignement pour tous, <strong>de</strong>s écolesen <strong>la</strong>ngue française et en <strong>la</strong>ngue arabe.Ils veulent ce qui leur a été promis, uneAssemblée algérienne élue au suffrage universelpar les Algériens et les Algériennes,sans aucun truquage. C'est pourquoi, ilsagissent avec le peuple <strong>de</strong> France pour ungouvernement d'union démocratique quileur apportera ce qu'ils désirent.Pour toutes ces raisons, les députés communistesalgériens, certains d'interpréterles sentiments du peuple algérien, voterontcontre le Gouvernement actuel. (App<strong>la</strong>udissementsà Vextrême gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Pleven.M. René Pleven. Mesdames, messieurs,pour expliquer le vote <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>smembres du groupe <strong>de</strong> l'U. D. S. R., ilme suffira d'interpréter une <strong>de</strong>s phrasesles plus remarquables <strong>de</strong> Ja déc<strong>la</strong>rationministérielle.Lorsqu'il se présenta pour le scrutind'investiture, M. le prési<strong>de</strong>nt du Gouvernementdéc<strong>la</strong>ra que « <strong>la</strong> confiance n'estpas <strong>la</strong> croyance au miracle ». Eh bien!ceux <strong>de</strong>s memtores <strong>de</strong> notre groupe qui nel'ont pas accordée lors du scrutin d'investiture,ne changeront pas <strong>de</strong> position dansle présent scrutin, car pour le faire, il faudraitqu'ils croient non pas à un miraclemais à <strong>de</strong>ux miracles: un miracle qui porteraitsur les hommes et un miracle quiporterait sur les choses.D'abord un miracle sur les hommes. Lacomposition du <strong>de</strong>uxième GouvernementSchuman, est pratiquement <strong>la</strong> même quecelle du premier Gouvernement. Or, jecrois que personne ne conteste que <strong>la</strong> crisequi a éc<strong>la</strong>té* pratiquement à partir <strong>de</strong> juinn'a pas eu comme cause véritable l'amen<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> M. Cap<strong>de</strong>ville et <strong>la</strong> différence<strong>de</strong> trois milliards <strong>de</strong> francs qui séparait <strong>la</strong>proposition du Gouvernement <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>l'auteur <strong>de</strong> l'amen<strong>de</strong>ment.En réalité, il existait, au sein du Gouvernement,entre les hommes, <strong>de</strong> profondsdésaccords.Devons-nous croire que ces hommes quiétaient en désaccord en juin, qui l'étaientencore il y a huit jours, ont changé enl'espace <strong>de</strong> quelques heures ?Nous avions quelques doutes hier, maisnous en avons beaucoup moins aujourd'huiaprès avoir lu dans Le Popu<strong>la</strong>ire quele Gouvernement avait adopté hier <strong>la</strong> propositionsocialiste et, pour expliquer cettetête <strong>de</strong> chapitre, nous avons trouvé quelquesbons coups <strong>de</strong> patte pour nos cellègueset amis radicaux.Ce<strong>la</strong> veut dire que le jeu <strong>de</strong>s partis continue,que l'accord continue à être précaireet peut-être superficiel.D'autre part, il faudrait croire à un miraclesur les choses. Il y a plusieurs mois,nous avons averti le Gouvernement qu*<strong>de</strong> très graves problèmes se poseraient aumoment <strong>de</strong> l'été: <strong>de</strong>s problèmes intérieurs,économiques et <strong>de</strong> véritables problèmes<strong>de</strong> réformes <strong>de</strong> scructure.Nous déc<strong>la</strong>rions que, pour les résoudre,il faudrait un gouvernement aussi fort quepossible, ayant une base aussi <strong>la</strong>rge quepossible.Or, à l'époque, les orateurs officiels dugouvernement — je parle du premier gou-
Je suis <strong>de</strong> ceux qui ont eu confiance etje voudrais rappeler qu'au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong>discussion <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sur les pouvoirs réglementaires,et à propos <strong>de</strong> l'amen<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> M. Frédéric-Dupont, je me suis expli?qué dans les termes suivants:« Je souhaite, bien entendu, qu'il soitadopté — cet amen<strong>de</strong>ment — puisque jel'ai défendu, mais je suis moins pessimisteque mon ami Barrachin. Je veuxcroire que les hommes qui composentl'équipe gouvernementale sont à <strong>la</strong> -fois<strong>de</strong>s démocrates et <strong>de</strong>s patriotes et queleur sincérité est totale. Je me refuse,pour ma part, à croire que, <strong>de</strong>main, <strong>de</strong>scombinaisons souterraines viendront torpillerle gouvernement auquel tout lémon<strong>de</strong> aujourd'hui s'est associé... » Cequi, d'ailleurs, a provoqué <strong>de</strong>s protestations(le M. Jacques Duclos.Je ne regrette pas d'avoir adopté celteattitu<strong>de</strong>, mais fe suis obligé <strong>de</strong> constaterque-j'ai eu une confiance excessive dans<strong>la</strong> sagesse d'une partie <strong>de</strong> cette Assembléeet il est <strong>de</strong> mon <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> souligner<strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> ceux qui ont cru,avant même qu'elle fût commencée, <strong>de</strong>voirfaire capoter une expérience qu'i<strong>la</strong>urait tout <strong>de</strong> même mieux valu <strong>la</strong>isserse dérouler.Quoi, qu'il en soit, lorsque M. le prési<strong>de</strong>ntSchuman nous a, à son tour, <strong>de</strong>mandél'investiture, nous n'avons pu, mesamis ni moi-même, lui accor<strong>de</strong>r nos suffrages,non pas bien sûrl et il le sait,.que nous n'ayons pas confiance en lui,mais parce que nous pensions que les difficultésqui avaient amené l'échec <strong>de</strong> l'ex->éïience précé<strong>de</strong>nte, il al<strong>la</strong>it, à nouveau,{ es trouver sous ses pas.H les a trouvées, puisqu'à un momentdonné, il a failli renoncer à <strong>la</strong> lour<strong>de</strong> missionqu'il avait à assumer- et si, eu définitive,très récemment, il est parvenu àconstituer un gouvernement, aucune <strong>de</strong>ces difficultés ne nous paraît avoir disparu,bien au contraire.. Je rends hommage et à <strong>la</strong> technicité etau courage <strong>de</strong> M. Christian Pineau, maisenfin, il est tout <strong>de</strong> même paradoxal, alorsque <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration -ministérielle a repris,pour aine <strong>la</strong>rge part, le programme <strong>de</strong>M. Paul Reynaua, <strong>de</strong> penser que c'estM. Christian Pineau qui va l'appliquer.. C'est un paradoxe saisissant et je soispersuadé, comme mes amis, qu'il n'échapperaà personne dans le pays. D'ailleurs,on nous annonce un certain nombre <strong>de</strong>projets financiers, dont on dit qu'ils vontêtre discutés cette semaine et qui me paraissentfort éloignés <strong>de</strong>s dispositions prévuespar M. Paul. Reynaud.Je ne veux pas insister davantage. Nousen reparlerons le moment venu.Ce qui manque, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, à votre gouvernement, c'estmi élément essentiel qui s'appelle <strong>la</strong> confiance,et sans <strong>la</strong>quelle rien ne peut réussir,sans <strong>la</strong>quelle il me paraît impossible<strong>de</strong> restaurer <strong>la</strong> monnaie. -. •, iL'absence <strong>de</strong> confiance, vous condamneaux mesures financières que vous alleznous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r et qui font déjà chuchoter; elle' est traduite par un (baromètrequ'il est <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> décrier, mais quiexiste-tout <strong>de</strong> même- et qui - s'appelle lecours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bourse. Il suffit, pour s'en convaincre,<strong>de</strong> lire les journaux <strong>de</strong> ce soir.Je suis obligé <strong>de</strong> constater avec regretque ceux qui ont eu raison dans mongroupe, ce sont ceux qui, dès l'abord, seASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948 6463sont méfiés, ceux qui ont pensé que lesdissensions internes du gouvernement précé<strong>de</strong>ntcontinueraient et handicaperaient<strong>la</strong> formation ^<strong>de</strong> tout gouvernement, Ellesont handicapé <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> votre gouvernementet vous êtes arrivé à une formulequi vous a, sans doute, été imposéepar le^ circonstances, mais dont je pense,avec M. René Pleven, qu'elle n'est pasviable.Encore une fois, à mon sens, rien nepeut être redressé dans ce pays, surtout <strong>la</strong>monnaie, sans <strong>la</strong> confiance du pays etsans <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong>s pays étrangers. Etcomme mes amis et moi ne pensons pas,malheureusement, que votre . équipe soit<strong>de</strong> nature à inspirer cette confiance, nousne pourrons pas vous accor<strong>de</strong>r nos suffrages.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Viollette.M. Maurice Viollette. Certains <strong>de</strong> nos collèguesont, au cours <strong>de</strong> ces débats, entreprisl'histoire <strong>de</strong> cette crise.Je crois qu'en vérité c'est débat bienvain car, au cours-<strong>de</strong> cette, crise, s'il fal<strong>la</strong>itenvisager l'action <strong>de</strong>s divers partis, chacunaurait, sinon à porter condamnation,du moins à exprimer <strong>de</strong>s regrets, sur l'action<strong>de</strong> tel ou tel <strong>de</strong>s autres partis .auxquelsil n'appartient pas.J'ai entendu aussi engager, à l'égard <strong>de</strong>ssocialistes, un véritable procès <strong>de</strong> tendance.Il semble que, du moment qu'ilssont au Gouvernement, il y a quelque défianceà marquer à ce Gouvernement. J1fut pourtant un gouvernement où ilsn'étaient pas, où ils n'étaient pas susceptiblesd'être et, chez ceux qui manifestentainsi cette défiance à l'égard du parti socialiste,je n'ai pas remarqué d'enthousiasme(pour cette forme <strong>de</strong> gouvernementdont ses membres ne faisaient pas partie.(App<strong>la</strong>udissements à gauche et au centre.)Au surplus, si j'ai bien compris, il y aquelques instants^ M. Barrachin, il a déc<strong>la</strong>rélui-même qu'il était impossible <strong>de</strong>se passer du concours socialiste. Serait-iltrès habile da les rejeter dans lîs brascommunistes ?Au fond, je comprends mal ce débat.Que veut-on', en réalité ? Provoquer unecrise et en assumer <strong>la</strong> responsabilité ?M. Raymond Triboulet. Elle n'est pasterminée, c'est toujours <strong>la</strong> même.M. Maurice Viollette. Je vous en prie.Depuis huit jours, le pays entend tousles matins prononcer le nom d'un hommepolitique qui va être chargé <strong>de</strong> former le-Gouvernement. Oh! le pays n'est pas,chaque jour, en présence <strong>de</strong> bien singulièresnouveautés. (Sourires.)C'est M. Ramadier, ou c'est M. AndréMarie, ou c'est M. Schuman et lorsqu'onreprend le journal, on retrouve un <strong>de</strong> cesnoms avec <strong>de</strong>s combinaisons très semb<strong>la</strong>bleset <strong>de</strong>s col<strong>la</strong>borateurs qui ne sont pastoujours très différents.Je crois que si nous continuons ce jeu,nous allons arriver simplement .à user tousnos hommes politiques! (Rires sur diversbancs.)M. Jean Legendre. Ils le sont !M. Maurice Viollette. Nous allons arriverà ce résultat qu'à force d'entendre parlertoujours <strong>de</strong>s mêmes, le pays portera unesingulière condamnation, non pas, peutêtre,tant sur le Gouvernement que surl'Assemblée, qui aura ainsi manifesté, <strong>de</strong>façon éc<strong>la</strong>tante, son impuissance.De toute nécessité, il faut qu'il y ait ungouvernement dans ce pays.J'entends bien qu'on me rétorquera queles formations qui, nous sont présentéessont parfois paradoxales. Le paradoxe estdans <strong>la</strong> coaliti&n nécessaire <strong>de</strong>s divers partispour former une majorité gouvernementale.Du moment que vous êtes oblige <strong>de</strong>faire appel à <strong>de</strong>s partis non homogènespour* former un gouvernement, vous rencontrezfatalement le paradoxe. Il est, doncimpossible d'éviter ces heurts un peu singuliersqui sont dans <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s. choseset il est remarquable que parlent aujourd'hui<strong>de</strong> paradoxe <strong>de</strong>s anticommunistes quicomptent sur le concours communiste ipourles ai<strong>de</strong>r contre le Gouvernement.La seule chose qui importe, c'est h volontéd'arriver à un*résultat. Il est unechose essentielle, qui prime toutes les autres,qui conditionne toutes les autres: lesauvetage du franc. Dans cette Assemblée,il ne <strong>de</strong>vrait pas y avoir d'autre préoccupationque celle-là; toutes les autres sontsecondaires, accessoires, subalternes, carnous savons qu'il n'y a plus que lésmoyens chirurgicaux qui puissent guérirnotre pays <strong>de</strong> l'effroyable ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> l'inf<strong>la</strong>tion.M. Jean Legendre. Vous savez bien qu'iln'y a pas <strong>de</strong> chirurgiens, il n'y a que <strong>de</strong>schar<strong>la</strong>tans ! (Vives protestations à gaucheet au centre.)M. Marcel Poimbœuf. Vous êtes orfèvre lM. Maurice VioJlettê. Des interruptions <strong>de</strong>ce genre gagneraient vraiment à ne pasêtre émises, car les chirurgiens qui se proosentné sont pas que dans cette Absem-Elée. (App<strong>la</strong>udissements au centre et àgauche.)Pour mon compte, donc, je ne crois pasque nous ipuissions dire « non » a priori hce Gouvernement.M. Schuman, il y a quelques jours*a reçu ici l'investiture et, alors qu'aucunacte ne permet <strong>de</strong>.dire qu'il a manqué aux,engagements qu'il avait pris <strong>de</strong>vant nous,on lui refuserait le vote qu'on lui a accordéà ce moment-là 1A propos <strong>de</strong> quel acte gouvernementalpeut-on lui dénier le consentement qu'alorson lui donnait ? (App<strong>la</strong>udissements aùcentre et a gauche.)Est-ce qu'il en est qui veulent jeter cepays dans <strong>la</strong> politique du pire ?M. Jean Legendre. C'est <strong>la</strong> vôtre.M. Maurice Viollette. Est-ce qu'il en estqui veulent se précipiter dans <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> <strong>la</strong> catastrophe ?A un moment aussi grave, est-il possible<strong>de</strong> ne pas faire l'union entre nous, dans]a mesure où elle est réalisable, pour lesalut du -pays ?M. le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Assemblée, au début<strong>de</strong> cette séance, rendait avec émotionl'hommage dû au grand citoyen européenqu'était Edouard Bénès et il le félicitaitd'avoir eu comme préoccupation essentielled'organiser <strong>la</strong> paix européenne.Et si, nous, au lieu d'organiser le désordre,le pire désordre nous nous préoccupionsun peu d'installer <strong>la</strong> paix françaisedans ce pays ? (App<strong>la</strong>udissements au centraet sur quelques bancs à gauche.)