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JOURNAL OF - Débats parlementaires de la 4e République

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6460ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948M. le prési<strong>de</strong>nt. En conséquence, <strong>la</strong>séance est <strong>de</strong> nouveau suspendue.(La séance, suspendue à dix-neuf heuresvingt minutes, est reprise à dix-neuf heuresquarante minutes.)M. te prési<strong>de</strong>nt. La .séance est reprise.. J'ai reçu <strong>de</strong> MM. <strong>de</strong> Menthon, Cu<strong>de</strong>net etLussy, un ordre du jour ainsi conçu:« L'Assemblée nationale,« Approuvant les déc<strong>la</strong>rations du Gouvernement,« Lui fait confiance sur les bases <strong>de</strong> <strong>la</strong>fléc<strong>la</strong>ration ministérielle du 31 août,« Et, repoussant toute addition,« Passe à l'ordre du jour. »Je reçois à l'instant un <strong>de</strong>uxième ordre'du jour présenté par MM. Antier, Barbier,Barraehin et Furaud ainsi rédigé:« L'Assemblée nationale,« Après avoir entendu les explications duGouvernement,« Constate que sa composition ne correspondpas aux déc<strong>la</strong>rations faites par M. leprési<strong>de</strong>nt du conseil le 31 août, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'investiture,« Et, repoussant toute addition,« Passe à l'ordre du jour. »M. François <strong>de</strong> Menthon. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>la</strong> priorité pour le premier ordre du jour.m. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Barraehinsur les ordres du jour.M. Edmond Barraehin. Mesdames, messieurs,le vote que nous <strong>de</strong>vons émettreen cette fin <strong>de</strong> débat comporte une doublesignification.Il "s'agit, tout d'abord, d'approuver, enquelque sorte, <strong>la</strong> reconduction <strong>de</strong>s pouvoirsréglementaires qui se trouvent,d'ailleurs, d'ores et déjà, transmis auGouvernement actuel par le gouvernementprécé<strong>de</strong>nt. Il s'agit, d'autre part,^'accor<strong>de</strong>r ou non notre confiance.Sur le premier point, il ne saurait yavoir d'équivoque <strong>de</strong> notre part puisque,avec un certain nombre <strong>de</strong> mes collègues,j'avais cru <strong>de</strong>voir, il y a un mois, refuserau gouvernement <strong>de</strong> M. André Marie,et <strong>de</strong> M. Paul Reynaud les pouvoirs réglementairesqui sont aujourd'hui transmisau gouvernement <strong>de</strong> M. Schuman et<strong>de</strong> M. Pineau.Je rappelle, à ce sujet, que notre collègueM. Frédéric-Dupont prit, au cours<strong>de</strong> <strong>la</strong> séance du 9 août, une précautionqui, semble-t-il, était assez légitime, tendantà ce que soient incorporés dans leprojet qui nous était soumis, avant l'article1 er , ces mots: « Jusqu'à l'expiration<strong>de</strong>s pouvoirs du gouvernement actuel etdans les dé<strong>la</strong>is ci-<strong>de</strong>ssous précisés, les dispositionssuivantes sont prises. »Ce qui signifiait que M. Frédéric-Dupontet un certain nombre d'entre nous désiraientque les pouvoirs réglementaires nefussent donnés qu'au gouvernement <strong>de</strong>M. André Marie et <strong>de</strong> M. Paul Reynaud.Je m'excuse <strong>de</strong> me citer moi-même, Jeserai bref; ie veux simplement rappelerce que ie déc<strong>la</strong>rais après avoir alïirméqué M. André Marie avait toute ma confiance.ïc Nous <strong>la</strong> donnons également... ïï —îéette confiance — « ...à M. Paul Reynaud,'à, sa personne et à son programme, carmous reconnaissons, à travers ce programme,tout un p<strong>la</strong>n .pour lequel nousn'avons cessé <strong>de</strong> combattre <strong>de</strong>puis quenotre parti s'est constitué. Mais nousavons <strong>la</strong> conviction absolue.— qui dictenotre ligne politique, comprise par lesuns, non comprise par les autres — quevous ne pourrez pas longtemps gouverneravec l'équipe que vous avez formée. Ledébat est dominé par un problème politiquequi ne peut avoir <strong>de</strong> solution dansl'état actuel <strong>de</strong>s choses. Vous nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>zune délégation <strong>de</strong> pouvoirs ?Nous vous répondons: A vous, M. AndréMarie, oui, à M. Paul Reynaud, oui, maisnous ne voulons pas que, <strong>de</strong>main, àcause <strong>de</strong> certains désaccords, <strong>de</strong> certainesdissensions qui peuvent naître, qui naissentdéjà, vouâ le savez parfaitement, nospouvoirs aient été donnés à <strong>de</strong>s hommesen qui nous n'avons pas confiance et quenous n'avons jamais cessé <strong>de</strong> combattre.»Ceci, bien entendu, ne retire rien à <strong>la</strong>déférente sympathie que nous-mêmes ettoute l'Assemblée peut nourrir à l'égard<strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil et <strong>de</strong> sonministre <strong>de</strong>s finances.L'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> M. Frédéric-Dupontn'a recueilli que soixante-ouinze voix. Ilest probable que si les députés avaient puprévoir Ce qui se passe actuellement, ilen aurait recueilli bien davantage.On nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> également <strong>de</strong> voter<strong>la</strong> confiance. Mesdames, messieurs, jevous pose <strong>la</strong> question, et sans passion :croyez-vous véritablement — je connaislà-<strong>de</strong>ssus votre sentiment, discret ou public— que les scènes qui viennent <strong>de</strong> sedérouler dans notre pays, dans l'arènepolitique et parlementaire, sont <strong>de</strong> natureà susciter un renouveau <strong>de</strong> confiance quelqu'il soit, aussi bien à l'intérieur qu'àl'étranger ? Vous ne le croyez pas et moinon plus.Pourtant, il est indispensable que nousredonnions confiance à l'étranger. Je neprends qu'un exemple, mais le plus important<strong>de</strong> tous : l'exécution du p<strong>la</strong>nMarshall. Elle va se trouver en danger,car sa mise en route est subordonnée,vous le savez, à <strong>la</strong> pratique, par les paysbénéficiaires, d'une politique <strong>de</strong> stabilitéfinancière et monétaire.Voulez-vous que nous nous reportionsau premier <strong>de</strong>s textes oui peuvent retenirnotre attention, le rapport établi voici unan, à Paris, par le comité <strong>de</strong>s seize pays*européens adhérant au p<strong>la</strong>n Marshall etau vu duquel celui-ci a été définitivementarrêté. A l'article 68 <strong>de</strong> ce rapport, onpeut lire :« Les gouvernements <strong>de</strong>s pays intéresséss'engagent à mettre à exécution, indépendamment<strong>de</strong> toute assistance extérieure,les mesures d'ordre intérieur qu'ilsera en leur pouvoir <strong>de</strong> prendre dans ledomaine fiscal et en matière monétaire,afin <strong>de</strong> réduire immédiatement les recoursà <strong>la</strong> banque d'émission et toutes pratiques<strong>de</strong> caractère inf<strong>la</strong>tionniste. Le Gouvernementfrançais a, pour sa part, c<strong>la</strong>irementexprimé au comité sa volonté <strong>de</strong>couvrir toutes les dépenses budgétairescourantes pour l'année 1948, y compris lesdépenses militaires et les dépenses <strong>de</strong> reconstruction,avec les recettes courantes,à <strong>la</strong> seule exception <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités verséesau titre aes dommages <strong>de</strong> guerreprivés et <strong>de</strong>s dépenses d'équipement industriel.En outre, il sera mis fin, en 1948,aux avances <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque <strong>de</strong> France* »En ce qui concerne le domaine intérieur,on attend, parait-il, un choc psychologique<strong>de</strong>stiné à ranimer <strong>la</strong> confiancedu pays, à permettre une politique d'emprunt.Soyons sérieux: est-ce le déroulement<strong>de</strong>s événements actuels qui va permettrece choc psychologique ?Nous sommes tous inquiets, plus ou'moins, selon -notre tempérament, en présence<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation telle qu'elle se pré-ssente aujourd'hui. Ce oui nous sépare,c'est que les uns sont convaincus qu'onpeut tout sauver grâce aux formules envigueur, cependant que les autres, et j'ensuis, proposent une solution plus radicaleet qui me semble légitimée par les faits,par les circonstances.M. Paul Reynaud déc<strong>la</strong>rait l'autre jour,au banquet <strong>de</strong> l'American club : « On nepeut pas atteler au char <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong>séquipes tirant en sens contraire, »M. Pierre Dreyfus-Schmidt. Il aurait pus'en apercevoir plus tôtlM. Edmond Barraehin. Nous nous eiïsommes aperçus pour lui.Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pasdans cette Assemblée <strong>de</strong> majorité stable.Les gouvernements ne sont pas renverséspar l'opposition ; ils ne sont pas renversés,comme disent certaines personnes ou certainsjournaux, par <strong>la</strong> conjonction <strong>de</strong>sextrêmes. Ils se renversent eux-mêmes...M. Paul Giacobbi. Très bien !M. Edmond Barraehin. ...parce qu'ils nesont d'accord sur rien.Vous savez qu'on ne peut pas gouverneravec le parti socialiste et qu'il n'est paspossible <strong>de</strong> gouverner contre lui. On nqpeut donc pas gouverner du tout.Croyez-vous qu'il n'y ait pas dans cettesituation matière à réfléchir pour noustous, à quelque parti que nous appartenions,«puisque notre préoccupation com-

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