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JOURNAL OF - Débats parlementaires de la 4e République

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6460 ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 7 SEPTEMBRE 1948d'investiture. ïï n'est pas bon <strong>de</strong> tricheravec le suffrage universel, <strong>de</strong> renier lesengagements ipris ou même tout simplement<strong>de</strong> les oublier.Que vous le vouliez ou non, Vidée <strong>de</strong> <strong>la</strong>dissolution a <strong>la</strong>it, ces Jours <strong>de</strong>rniers, ungrand pas, non seulement dans l'opinionpublique qui, maintenant <strong>la</strong> souhaite, maismême dans cette Assemblée.On peut être partisan <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissolutionet je suis <strong>de</strong> ceux-là, car je pense qu'enreportant son échéance on ne ferait qu'accroîtreles difficultés et rendre plus problématiquele redressement <strong>de</strong> notre pays.Je conçois aussi qu'on y soit hostile.Mais il est un droit que l'on n'a pas, celui<strong>de</strong> ne pas se préparer à son éventualité.J'aurais aimé, 4 cet égard, que le Gouvernementprît l'initiative <strong>de</strong> déposer unprojet <strong>de</strong> loi modifiant <strong>la</strong> loi électorale envigueur en substituant au régime néfastez — et Dieu sait s'il a fait ses preuves! —<strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation proportionnelle unsystème <strong>de</strong> scrutin majoritaire.Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> toutes les doctrines, âetoutes les combinaisons, <strong>de</strong> tous les ç<strong>la</strong>nséconomiques ou financiers, même présentéspar <strong>de</strong>s techniciens avertis — ils sontnombreux dans cette Assemblée — le facteurdéterminant <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite, c'est <strong>la</strong>confiance.Seul, un Gouvernement «'appuyant surune majorité, non seulement dans l'Assemblée,mais dans le pays, pourra méritercette confiance; mais, dans sa structureactuelle et avec <strong>la</strong> politique qu'il se propose<strong>de</strong> suivre, votre Gouvernement n'apa§ eette confiance.Mais, direz-vous, il faut un gouvernementà <strong>la</strong> France. C'est vrai; en cetteheure <strong>de</strong> discussions internationales, encette heure <strong>de</strong> décisions graves, aussi biensur le p<strong>la</strong>n intérieur que sur le p<strong>la</strong>n extérieur,il faut un gouvernement à <strong>la</strong> France,et ce gouvernement, nous serions un certainnombre décidés à le soutenir, à certainesconditions qu'il faut tout <strong>de</strong> mêmepréciser.D'abord, que les engagements pris soientTespectés, notamment en ce qui concerneles élections cantonales.Et puis, dans l'éventualité d'une dissolution,dont le moins qu'on puisse direest qu'elle est possible si certains se refusentà <strong>la</strong> croire probable, le dépût parle Gouvernement d'un projet <strong>de</strong> loi substituantun régime majoritaire...If. Jacques Duclos, Qui truque le suffrage.II. Jean Wasson. ... au régime proportionnel,je viens <strong>de</strong> le dire, projet <strong>de</strong> loiqui, s'il était voté, aurait tout <strong>de</strong> mêmel'avantage <strong>de</strong> libérer <strong>de</strong> l'étreinte <strong>de</strong> leurparti un certain nombre <strong>de</strong> <strong>parlementaires</strong>ch cette Assemblée- (App<strong>la</strong>udissements sur•certains bancs à gauche et à droite.)M. Jacques Duclos. C'était îe raisonnement<strong>de</strong> Laval,. M. Jean Masson. Voilà, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, les conditions d'ordrepurement politique qui comman<strong>de</strong>nttoutes les autres, car elles sont seules <strong>de</strong>nature à rétablir cette confiance sacs<strong>la</strong>quelle il n'y a pais d'espoir ni <strong>de</strong> salutpossibles.Et, du point <strong>de</strong> vue économique et financier,voici quelles seraient, brièvement•exposées en têtes <strong>de</strong> chapitrés, les conditions<strong>de</strong> notre soutien.Il est inévitable, et nous <strong>la</strong> comprenons !bien, qu'après l'échec <strong>de</strong>s gouvernementssuceseifs, on veuille revaloriser les sa<strong>la</strong>ires !<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses iaborieuses, dont nous pouvonslouer <strong>la</strong> patience dans <strong>la</strong> situation souventmisérable où elles se trouvent. (Très bien/très bien! à droite.)Seulement, si ces rajustements sont justifiésà- <strong>la</strong> base, il n'était peut-être, pasopportun <strong>de</strong> les généraliser, car enallouant uniformément à tous les sa<strong>la</strong>riés,à tous les fonctionnaires, une in<strong>de</strong>mnité<strong>de</strong> 2.500 francs, quel que soit le montant I<strong>de</strong> leurs sa<strong>la</strong>ires ou <strong>de</strong> leurs traitements— et nous savons que l'éventail va quelquefois<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 10.000 francs jusqu'à2 millions <strong>de</strong> francs pour les directeurs <strong>de</strong>sindustries nationalisées — je dis, monsieurle prési<strong>de</strong>nt du conseil, que vous commettezune lour<strong>de</strong> erreur. (App<strong>la</strong>udissementssur certains bancs à gauche et à droite.)Et puis, cette in<strong>de</strong>mnité, que vous préten<strong>de</strong>zunique, autrement dit, exceptionnelle,vous savez bien que vous serezobligé d'en faire une in<strong>de</strong>mnité mensuelleet définitive, car les prix ne peuventqu'augmenter par suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> brusque miseen circu<strong>la</strong>tion dans te pays d'un pouvoird'achat supplémentaire <strong>de</strong>* 25 milliard* aumoins sans une augmentation corré<strong>la</strong>tive<strong>de</strong> <strong>la</strong> production.Il eût, en réalité, fallu assortir cettehausse <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires d'une augmentation <strong>de</strong><strong>la</strong> durée <strong>de</strong> travail, <strong>la</strong> fixer à quarantehuitheures par semaine au minimum,avec même <strong>la</strong> possibilité d'heures supplémentairesfacultatives, après accord entrepatrons et ouvriers et, en tout cas, avecexemption <strong>de</strong>s charges sociales à partir <strong>de</strong><strong>la</strong> quarante et unième heure.Puis, pour obtenir cette confiance, ilfaudrait que le Gouvernement, avant touteexigence fiscale, consentît enfin h réaliser<strong>la</strong> suppression, non pas seulement <strong>de</strong>quelques directions ministérielles, mais <strong>de</strong>tous les services administratifs inutiles enréduisant d'une façon substantielle lenombre <strong>de</strong>s fonctionnaires.Je serais curieux <strong>de</strong> savoir combien <strong>de</strong>postes <strong>de</strong> fonctionnaires ont été supprimés<strong>de</strong>puis que l'Assemblée a voté l'amen<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> M. Pleven.Il faudrait que le Gouvernement prîtaussi l'engagement <strong>de</strong> réaliser dans les entreprisesnationalisées les réformes <strong>de</strong>structure indispensables, notamment parl'épuration <strong>de</strong>s conseils d'administration,afin <strong>de</strong> ne pas imposer périodiquement aupays une superfiscalité aont le produit, endéfinitive, n'est <strong>de</strong>stiné qu'à combler ledéficit <strong>de</strong> ces nationalisations. (App<strong>la</strong>udissementssur certains bancs à gauche et àdroite.)Quand on sait que 26 milliards <strong>de</strong> francsont été affectés l'année <strong>de</strong>rnière aux houillèresnationalisées, et que le résultat en aété une diminution du ren<strong>de</strong>ment, onpense qu'il eût peut-être mieux valu utiliserces crédits ipour le rééquipement et <strong>la</strong>mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> notre agriculture en vued'une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> production indispensableà <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s prix agricoles.Enfin, il n'est pas inutile <strong>de</strong> constaterque l'économie française n'est plus àmêmit<strong>de</strong> supporter les charges que lui impose<strong>la</strong> sécurité sociale dans son actuellestructure, et ce n'est pas, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, comme vous l'avez ditdans votre discours d'investiture, en modifiantle p<strong>la</strong>fond dos cotisations que vousaméliorerez le système.Non, il lui faut une modification plusprofon<strong>de</strong>, une modification liée malheureusementà cette crise effroyable <strong>de</strong> moralitéqui sévit dans le pays. 11 faut avoir lecourage <strong>de</strong> retirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité socialeles petits risques, parce que ces petits risquessuscitent l'absentéisme et appauvris*sent <strong>la</strong> collectivité. (App<strong>la</strong>udissementscertains bancs à gauche et à droite.)sutM. Fernànd Grenier. Les oisifs au travail!M, Jean Masson. Tel est le programme<strong>de</strong> gouvernement qui serait <strong>de</strong> nature à'entraîner le soutien d'un grand nombre*d'entre nous. Mais ce n'est pals, que jesache, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, levôtre, tout au moins sur <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>spoints.Or, un fait est certain : le Trésor est àbout <strong>de</strong> ressources. On vous prête l'intention,monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, jene sais si le fait est exact, <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<strong>la</strong> Banque <strong>de</strong> France une avance sur lescrédits susceptibles <strong>de</strong> vous être consentisau titre du p<strong>la</strong>n Marshall.Ce serait là une expérience extrêmementgrave à <strong>la</strong>quelle je refuse <strong>de</strong> m'arrêter.Mais en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette hypothèse, jene vois guère que trois solutions passibles.D'abord, le recours à l'emprunt. Mais ilfaudrait alors retrouver <strong>la</strong> confiance, et <strong>la</strong>présence d'un ministre socialiste auxfinances et à l'économie nationale, sansque je veuille aller aupsi loin que M. Triboulet,ne faciliterait peut-être pas leschoses.Le concours <strong>de</strong> l'étranger? Mais il <strong>de</strong>vientd'autant plus hypothétique que m&<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sont plus pressantes et plus répétées.Le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiscalité, enf<strong>la</strong> ?Son ren<strong>de</strong>ment serait bien douteux, puisque,après le prélèvement exceptionnel etle payement du cinquième quart, vous saveztous que les contribuables françaissont, dans leur ensemble, à bout <strong>de</strong>souffle.Alors, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil,votre expérience n'ira pas loin. Elle n'irapas plus loin que les projets fiscaux quiseront soumis à cette ^semblée.Dans ces conditions, pourquoi insisterinutilement 1 Pourquoi perdre à nouveauun temps précieux ?Appuyé sur une majorité aujourd'huichance<strong>la</strong>nte et <strong>de</strong>main certainement défail<strong>la</strong>nte,votre gouvernement, tel qu'il estcomposé, ne pourra qu'expédier les affairescourantes. Il ne pourra ipas pratiquementgouverner.Alors, voyez-vous, il vaut mieux tout <strong>de</strong>suite, sans inutiles atermoiements, prendrecourageusement position et refuser à votregouvernement les moyens <strong>de</strong> poursuivreune politique qui serait certainement, inéluctablement,une politique d'inf<strong>la</strong>tionâvec, au bout, <strong>la</strong> chute définitive du francet <strong>la</strong> faillite du pays. (App<strong>la</strong>udissementssur certains bancs a gauche. — App<strong>la</strong>usurcertains bancs à gauche et à droite,)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Monin,M. Philippe Monin. Mesdames, messieurs,mon intervention sera brève.J'ai <strong>la</strong> conviction, en montant à cettetribune, <strong>de</strong> venir exprimer le sentiment dôplusieurs <strong>de</strong> mes amis du groupe <strong>de</strong>s républicainsindépendants, qui estiment que<strong>la</strong> présence d'un <strong>de</strong>s leurs au gouvernementn'engage le groupe en aucune façon.Il m'apparaît indispensable, après avoirécouté avec beaucoup d'attention M. te pré-

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