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sous contrainte de financement - RATP

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La performance économique <strong>de</strong> la <strong>RATP</strong> (en M€)327 314manœuvre laissées à l’entreprisepour optimiser WACC et ROCE ?Dans le premier cas, ses moyenssont limités. Ne pouvant intervenirsur les taux <strong>de</strong> rémunérationdu capital, l’entreprise chercheraà obtenir un « maximum raisonnable» <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes au regard<strong>de</strong>s capitaux propres. Pour lamaximisation du ROCE, sapalette d’outils sera plus étoffée.Structurée par l’intensité capitalistique<strong>de</strong> l’activité, la valeur dudénominateur (l’actif immobiliséet le BFR), sera en particuliersensible à la date d’apports <strong>de</strong>fonds propres, au coût d’évaluation<strong>de</strong>s immobilisations, à l’âge<strong>de</strong>s équipements et au report <strong>de</strong>certains investissements ou besoins<strong>de</strong> <strong>financement</strong> (stocks, créance)sur <strong>de</strong>s <strong>sous</strong>-traitants. Côté numérateur,les moyens d’actions serontmultiples : augmentation <strong>de</strong>s prix<strong>de</strong> vente, accélération du rythme<strong>de</strong> productivité, mutualisation <strong>de</strong>sfonctions support, externalisation<strong>de</strong>s activités non rentables auprès<strong>de</strong> <strong>sous</strong>-traitants sur lequel on faitpeser les <strong>contrainte</strong>s <strong>de</strong> flexibilitéet <strong>de</strong> salaire en sont <strong>de</strong>s traductionscourantes. Notons qu’enROCE et WACC à la <strong>RATP</strong>rapportant un résultat annuel àune structure patrimoniale <strong>de</strong>long terme et rigi<strong>de</strong> par nature, leROCE tend à exacerber la flexibilitéattendue <strong>de</strong>s moyens d’exploitation.De la théorie à lapratiqueOn le voit, ce mécanisme <strong>de</strong> suivi<strong>de</strong> la performance <strong>de</strong> l’entrepriseest affaire « <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue 3 ». Leniveau <strong>de</strong> rentabilité doit permettred’assurer le développement<strong>de</strong> l’entreprise, la rémunération<strong>de</strong> l’actionnaire et <strong>de</strong> lever<strong>de</strong>s fonds auprès <strong>de</strong>s organismes<strong>de</strong> crédit ou directement sur lemarché financier. D’inspirationlibérale, sa mise en exergue intéresseparticulièrement l’entreprisecotée en bourse qui cherche àlever directement <strong>de</strong>s fonds surle marché auprès d’investisseursepotentiels en présentant <strong>de</strong>s promesses<strong>de</strong> gains futurs. Mais quepenser <strong>de</strong> la généralisation <strong>de</strong> cesindicateurs à l’entreprise publique ?Mesurer l’efficacité économiqueLa <strong>RATP</strong> affiche pour la première année en 2009 un WACC <strong>de</strong> 5,9% qui correspond aucoût moyen pondéré du capital entre les capitaux empruntés (4,1% à la <strong>RATP</strong>) et lescapitaux propres (OAT 10 ans majoré d’une prime <strong>de</strong> risque propre au secteur <strong>de</strong>stransports et proche à ce jour <strong>de</strong> 5%). Le ROCE, <strong>de</strong> 4,3%, est inférieur au WACC.Notons que ce taux s’applique aujourd’hui à l’ensemble <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’EPIC or lesmodifications apportées à l’ordonnance <strong>de</strong> 1959 par les lois ORTF et du Grand Paris,auront une inci<strong>de</strong>nce structurante sur l’organisation et la gestion <strong>de</strong> l’entreprise. Acompter du 1er janvier 2012, la <strong>RATP</strong> <strong>de</strong>vra présenter une comptabilité séparée entre« son activité <strong>de</strong> gestionnaire <strong>de</strong> l’infrastructure du réseau <strong>de</strong> métro » et celle « d’exploitant<strong>de</strong> services <strong>de</strong> transport public <strong>de</strong> voyageurs ». Le STIF <strong>de</strong>vra « assurer unerémunération appropriée <strong>de</strong>s capitaux engagés » par le gestionnaire <strong>de</strong> l’infrastructure.Le terme « approprié », a <strong>de</strong>puis précisé le Conseil Constitutionnel, fera référenceau coût moyen pondéré du capital. Or si l’écart entre le ROCE et le WACC est <strong>de</strong>1,6 point aujourd’hui, qu’en sera-t-il <strong>de</strong>main <strong>de</strong> l’écart entre ROCE et WACC pour laseule activité <strong>de</strong> gestionnaire d’infrastructure ? Les péages reversés annuellementpar le STIF pourront-ils raisonnablement être rapportés à la valeur globale <strong>de</strong>s infrastructuresdu réseau ferré ? Ces re<strong>de</strong>vances seront-elles <strong>de</strong>stinées au remboursementpartiel <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong>de</strong> la <strong>RATP</strong> ou couvriront-elles exclusivement l’entretien, lacharge d’investissements à venir et la rémunération <strong>de</strong> l’entreprise pour son activité<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’infrastructure ? Quel sera le périmètre d’activité du gestionnaire d’infrastructure? Les choix qui seront faits ne seront pas sans conséquence sur lesniveaux <strong>de</strong> ROCE et <strong>de</strong> WACC qui détermineront à leur tour les <strong>contrainte</strong>s auxquelless’expose le gestionnaire d’infrastructure. Le 1 er janvier 2012 est également la dated’entrée en vigueur du prochain contrat avec le STIF – qui <strong>de</strong>vrait logiquement se scin<strong>de</strong>ren <strong>de</strong>ux contrats distincts investissement/exploitation. Gageons qu’ils feront l’objet<strong>de</strong> vives discussions entre les <strong>de</strong>ux parties qui, espérons le, ne perdront pas <strong>de</strong> vuel’impact <strong>de</strong> ces arbitrages sur les usagers et les agents.2353,6%2684,1%Source : comptes sociaux <strong>RATP</strong> 2009Définition :Les capitaux engagés se composent <strong>de</strong>s immobilisations, machines, terrains, brevets…et du besoin en fond <strong>de</strong> roulement d'exploitation. Ce besoin résulte <strong>de</strong>l'écart entre, d'une part, la valeur <strong>de</strong>s stocks et les créances d'exploitation et,d'autre part, les <strong>de</strong>ttes d'exploitation, essentiellement les <strong>de</strong>ttes fournisseurs.(ROCE) d’un service publicmarchand n’est en soi pas aberrant,l’objectif pour la collectivitéétant d’obtenir la meilleure allocation<strong>de</strong> moyens nécessaires à laréalisation du service qui lui estrendu. Reste toutefois à relativisercet indicateur au regard d’autreséléments <strong>de</strong> nature qualitative(qualité, distribution, accessibilitédu service public, etc.).L’idée <strong>de</strong> la rémunération ducapital investi (WACC) apparaîtelle en revanche contreproductive.L’actionnaire (dans ce cas, lacollectivité) étant par ailleurs lebénéficiaire du service, la prime<strong>de</strong> risque n’a plus sa raison d’être.Sauf à préparer l’acteur qui assureaujourd’hui la mission du servicepublic à une privatisation progressive.Encadrée au niveaueuropéen, la libéralisation enmarche <strong>de</strong>s services publics <strong>de</strong>réseau conduit ainsi l’Etat à légiférerle cas échéant, en faveurd’une rémunération du gestionnairetenant compte <strong>de</strong> l’argentinvesti dans l’infrastructure.Derrière l’intérêt grandissantpour les indicateurs ROCE etWACC dans ces entreprises, l’objectif<strong>sous</strong> jacent est <strong>de</strong> refléterune vérité tarifaire concernant lecoût d’utilisation <strong>de</strong>s infrastructures<strong>de</strong> réseau, par nature nonrentables, afin d’en répartir lacharge entre la collectivité et lesutilisateurs privés (augmentationprogressive <strong>de</strong>s re<strong>de</strong>vances) touten rémunérant l’activité du gestionnaire(qui tend à <strong>de</strong>venir lui,<strong>de</strong> droit privé). En revanche, leprincipe <strong>de</strong> subventionnement<strong>de</strong>s activités non rentables par<strong>de</strong>s activités lucratives (et donc6,3%4,7%6 5196 588 6 952 7 3752006 2007 2008 2009ROCE WACC Capitaux engagés EBIT5,9%4,3%concurrentielles) est abandonné.Pour l’illustrer, la libéralisationd’Aéroport <strong>de</strong> Paris (ADP) faitfigure <strong>de</strong> cas d’école 4 . Transforméen société anonyme en 2005 etintroduit en bourse en 2006,ADP envisage pour le contrat <strong>de</strong>régulation économique à venir(CRE 2) <strong>de</strong> sortir du périmètrerégulé son activité immobilière <strong>de</strong>diversification (loyers immobiliers,commerces), mettant ainsi fin auprincipe <strong>de</strong> « caisse unique ». Cetransfert d’activité entraîne unerégression du ROCE du périmètrerégulé <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3 points à2,9%, que le groupe compte rattraperen 5 ans afin d’être enligne avec son WACC. Par quelsmoyens ? En ralentissant nettementson rythme d’investissementsau cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> et enimposant aux agents, fournisseurset <strong>sous</strong>-traitants, un rythme <strong>de</strong>productivité sans précé<strong>de</strong>nt. Est-celà, la fin d’un modèle socio-économiqueau profit d’un modèleéconomico-financier ? Du partage<strong>de</strong> la valeur ajoutée à celui durésultat d’exploitation, on le voit,le choix n’est pas neutre pourl’homme, le travail qu’il produit etla société pour laquelle il le réalise.[Sophie Raffort](1) Alexis Canuet, Alternatives Economiquesn° 268 - avril 2008.(2) Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques,Article Web - 01 novembre 1995.(3) Marc Bartoli, Diagnostic d’entreprise, l’économiqueà l’épreuve du social, 1994(4) Pour aller plus loin, cf. Rapport du Sénatsur le projet <strong>de</strong> loi relatif aux aéroports(2004), Présentation <strong>de</strong>s résultats annuels2009, ADP (2010) et Dossier public <strong>de</strong> consultationCRE 2011-2015 (2010).CONNEXIONS _ mai-juin 2010 15

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