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Mais pourquoi donc mon arbre fruitier ne revient-il pas à fleur ...

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<strong>Mais</strong> <strong>pourquoi</strong> <strong>donc</strong> <strong>mon</strong> <strong>arbre</strong> <strong>fruitier</strong><strong>ne</strong> <strong>revient</strong>-<strong>il</strong> <strong>pas</strong> à <strong>fleur</strong> chaque année ?Jean-Jacques Kel<strong>ne</strong>r, maître de conférences, UMR AGAP, Montpellier SupAgroRésuméLa floraison des <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s est essentielle pourobtenir u<strong>ne</strong> production de fruits. Chaque année,l’<strong>arbre</strong> doit produire des <strong>fleur</strong>s pour assurer u<strong>ne</strong>régularité de production. De nombreux facteurspeuvent perturber cette production de <strong>fleur</strong>s etde fruits. Pour certai<strong>ne</strong>s espèces, notamment les<strong>fruitier</strong>s à pépins (pommiers, poiriers), <strong>il</strong> est mêmefréquemment observé u<strong>ne</strong> alternance de production.Cela se caractérise par u<strong>ne</strong> fructificationabondante u<strong>ne</strong> année, suivie par u<strong>ne</strong> année très peuflorifère, puis à nouveau u<strong>ne</strong> année productive. Laconnaissance du cycle de production de l’espèce estimportante pour comprendre les mécanismes sousjacentsà ce comportement, notamment <strong>il</strong> est nécessairede connaître la période de l’induction floralesur ce cycle. Pour la plupart des <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>stempérés, les bourgeons en hiver ont déjà les <strong>fleur</strong>spréparées pour la floraison printanière. La périodede l’induction florale dans les bourgeons est situéedurant la saison végétative précédant la floraison.Durant cette période, certains méristèmes végétatifsreçoivent u<strong>ne</strong> information qui les conduit àmodifier leur fonction<strong>ne</strong>ment pour élaborer des<strong>fleur</strong>s. L’étude des mécanismes physiologiques etgénétiques favorisant l’induction florale s’appuiesur les travaux effectués sur les plantes modèles.Pour le pommier, les recherches en génétique sontconduites pour contribuer à la sélection de variétésnouvelles peu alternantes. En attendant, des opérationsculturales peuvent être mises en œuvre pourfavoriser la régularité de floraison des variétés sensiblesà l’alternance.IntroductionIl est assez courant de voir de grandes fluctuationsinterannuelles du nombre de fruits sur les <strong>arbre</strong>s<strong>fruitier</strong>s de nos vergers. Ces fluctuations peuventêtre dues à des conditions climatiques extrêmes quiconduisent à la perte de récolte (gel printanier, chutede fruits…) ou au développement de maladies ou deravageurs qui affectent les <strong>fleur</strong>s ou les jeu<strong>ne</strong>s fruits,mais elles sont souvent liées à u<strong>ne</strong> floraison défa<strong>il</strong>lantecertai<strong>ne</strong>s années. La floraison des <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s estessentielle pour obtenir u<strong>ne</strong> production de fruits. Ledéveloppement des fruits dérive des orga<strong>ne</strong>s florauxet des orga<strong>ne</strong>s portant les <strong>fleur</strong>s. Ainsi, <strong>pas</strong> de fruitssans <strong>fleur</strong>s ! Connaître le lieu de leur formation et lesconditions de leur induction est déterminant pour u<strong>ne</strong>bon<strong>ne</strong> gestion de la régularité de production dans letemps.Les <strong>arbre</strong>s ont u<strong>ne</strong> productionfluctuanteComment définir ces variations ? Nous le remarquonsen général à la récolte. Le nombre de fruits annuel par<strong>arbre</strong> (rendement) est variable d’u<strong>ne</strong> année à l’autre.Cependant, en observant plus attentivement, <strong>il</strong> estpossible de remarquer si ces variations sont expliquéespar un nombre fluctuant de <strong>fleur</strong>s sur les <strong>arbre</strong>s d’u<strong>ne</strong>année à l’autre. Les différentes espèces d’<strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>ssont plus ou moins sensibles à la fluctuation interannuelledu nombre de <strong>fleur</strong>s. Les plus affectés de nos<strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s sont les oliviers, pruniers, poiriers etpommiers. Les <strong>fruitier</strong>s subtropicaux sont égalementaffectés : citrus, avocatiers, manguier… Au sein dechaque espèce, les variétés sont plus ou moins sensiblesau phénomè<strong>ne</strong>. Ainsi, chez le pommier, notre espèced’étude priv<strong>il</strong>égiée, certai<strong>ne</strong>s sont régulières (GrannySmith…), et d’autres alternantes (Starkrimson, Rei<strong>ne</strong>des Rei<strong>ne</strong>ttes…)Comment étudier ce phénomè<strong>ne</strong> ?L’observation de l’alternance de floraison est fac<strong>il</strong>itéesur les <strong>fruitier</strong>s à pépins (pommiers, poiriers) car, àchaque floraison, la trace du bourgeon florifère estvisible a posteriori. Le bourgeon florifère du pommierdéveloppe u<strong>ne</strong> inflorescence terminale supportée paru<strong>ne</strong> rosette de feu<strong>il</strong>les. À la base de l’inflorescence,un ou plusieurs méristèmes ax<strong>il</strong>laires développent unrelais de croissance permettant le maintien de la croissancedu rameau pour les années suivantes. La portiond’axe qui supporte l’inflorescence gonfle durant lasaison de végétation, pour don<strong>ne</strong>r u<strong>ne</strong> structure qu’onappelle bourse. La bourse est un marqueur morphologiquede la floraison, qui reste visible plusieurs annéessur les rameaux des <strong>arbre</strong>s. Le bourgeon végétatif <strong>ne</strong>don<strong>ne</strong> <strong>pas</strong> naissance à ce type de structure, seules lestraces des éca<strong>il</strong>les sont visibles sur l’axe. L’observation19


20d’un rameau âgé sur un pommier permet <strong>donc</strong> derepérer les types de croissances annuelles et leur successionde la base au sommet du rameau. Ainsi, si lesbourses se succèdent année après année, cela indiqueque le rameau est fructifère et régulier. La successionde bourses et de traces de pousses végétatives indiqueau contraire u<strong>ne</strong> fluctuation de la présence de floraisond’u<strong>ne</strong> année à l’autre sur ce rameau.Le cycle de développement etreproducteur d’un <strong>arbre</strong> <strong>fruitier</strong>Pour nos <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s tempérés, la dissection desbourgeons révèle la présence des ébauches de <strong>fleur</strong>sdans les bourgeons dès l’autom<strong>ne</strong>. L’induction et ledébut de la formation des <strong>fleur</strong>s précèdent <strong>donc</strong> lapériode hivernale. Elles ont lieu, selon les espèces, dansles bourgeons ax<strong>il</strong>laires ou terminaux en début d’étéet durant la période estivale. Quand le bourgeon est enconstruction, <strong>il</strong> forme u<strong>ne</strong> série d’éca<strong>il</strong>les, puis continued’émettre des pièces foliaires qui resteront protégéesà l’intérieur du bourgeon pour l’année suivante.Si les conditions sont favorables, le méristème qui produitles pièces foliaires reçoit u<strong>ne</strong> information (l’inductionflorale) le conduisant à former u<strong>ne</strong> ou plusieurs<strong>fleur</strong>s (Prunus par ex.), u<strong>ne</strong> ou plusieurs inflorescences(pommiers, vig<strong>ne</strong>…). Chez le pommier, la fenêtre deréceptivité du stimulus floral par le méristème sesitue entre 20 et 50 jours après le début de formationdu bourgeon (c’est-à-dire, selon les variétés, après 15à 20 pièces émises par le méristème depuis le débutde la formation du bourgeon). Dans un <strong>arbre</strong>, tous lesbourgeons <strong>ne</strong> sont <strong>pas</strong> élaborés au même moment. Lesrameaux courts finissent leur croissance rapidementet forment un bourgeon terminal beaucoup plus tôtque les rameaux longs. Les bourgeons ax<strong>il</strong>laires de labase des rameaux se forment avant ceux de l’extrémitéapicale. L’induction florale peut ainsi avoir lieu durantu<strong>ne</strong> longue période de la saison estivale, selon le typede bourgeon. Cela dépend aussi beaucoup du mode decroissance de l’espèce. En effet, la position des bourgeonsfloraux varie en fonction des espèces : les Prunusont u<strong>ne</strong> floraison ax<strong>il</strong>laire, les <strong>fruitier</strong>s à pépins ontu<strong>ne</strong> floraison terminale et ax<strong>il</strong>laire. Après l’induction,les pièces florales se constituent et se différencientprogressivement jusqu’au début de l’hiver, puis aprèsla levée de dormance des bourgeons.Quels sont les déterminantsde l’induction florale des <strong>arbre</strong>s<strong>fruitier</strong>s ?Chez les <strong>arbre</strong>s, les gè<strong>ne</strong>s des mécanismes observéschez les plantes modèles herbacées ont été conservés :la plupart des gè<strong>ne</strong>s de la chaî<strong>ne</strong> d’induction florale(<strong>pas</strong>sage de la croissance exclusivement végétative àl’aptitude à développer des orga<strong>ne</strong>s floraux) et de différenciationflorale (production effective des piècesflorales) peuvent être retrouvés dans les génomesséquencés des plantes fruitières lig<strong>ne</strong>uses (vig<strong>ne</strong>, pommier,pêcher…). Comme pour les plantes herbacées,les voies favorisant l’induction peuvent <strong>donc</strong> être dedifférentes natures : la température, la photopériode,les conditions de nutrition ou la présence d’hor<strong>mon</strong>es.Cela dépend de l’espèce, de son cycle de développementet de son environ<strong>ne</strong>ment.Les conditions qui influencentl’induction florale des <strong>arbre</strong>s<strong>fruitier</strong>sLa température ?Chez les espèces fruitières tempérées, la périoded’induction florale est estivale. Le froid n’est <strong>donc</strong> <strong>pas</strong>un stimulus pour l’induction florale (<strong>pas</strong> de vernalisation).Cependant, les stress environ<strong>ne</strong>mentaux (froid,chaleur, sécheresse) peuvent être u<strong>ne</strong> cause d’inhibitionpartielle ou totale de l’induction florale. Ainsi,u<strong>ne</strong> différence de fert<strong>il</strong>ité des bourgeons de la base dessarments du cépage Merlot, entre Bordeaux et Béziers,est observée chez la vig<strong>ne</strong>. La plus faible inductiond’inflorescences dans les bourgeons à Bordeaux estexpliquée par les températures fraîches au printempslors de la constitution des premiers bourgeons ax<strong>il</strong>lairesde la base du nouveau sarment. À Béziers, lestempératures plus élevées durant cette période <strong>ne</strong>limiteraient <strong>pas</strong> l’induction d’inflorescences dans cesbourgeons en formation.La photopériode et la quantitéde lumière ?Il est communément admis que les <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s <strong>ne</strong>sont <strong>pas</strong> affectés par la photopériode. Cependant, laquantité de lumière reçue par les feu<strong>il</strong>les des orga<strong>ne</strong>sflorifères est un paramètre qui a u<strong>ne</strong> certai<strong>ne</strong> importancesur l’induction florale. Elle exerce probablementun rôle par la quantité de produits de la photosynthèsedisponibles pour soutenir l’organogenèse des méristèmes,en même temps que les autres demandes ausein de l’<strong>arbre</strong>, pour la croissance des branches et desfruits par exemple.Les concurrences trophiquesavec la croissance des fruits ?Lorsque l’<strong>arbre</strong> débourre, <strong>il</strong> puise dans un premiertemps dans ses réserves pour assurer la croissance,car <strong>il</strong> n’a <strong>pas</strong> de feu<strong>il</strong>les pour fabriquer les sources decarbo<strong>ne</strong> nécessaire à ses besoins. La surface foliaires’établit rapidement et prend le relais des réserves.La photosynthèse doit alors assurer l’alimentation


carbonée de nombreux orga<strong>ne</strong>s en développement.La croissance végétative (branches, rameaux) est trèsdemandeuse en produits de la photosynthèse à cetteépoque. Les <strong>fleur</strong>s et ensuite les jeu<strong>ne</strong>s fruits sont desorga<strong>ne</strong>s très petits qui peuvent subir u<strong>ne</strong> concurrencetrès forte, car <strong>il</strong>s ont peu de capacité à attirer les nutrimentsvers eux. À fin mai début juin, la photosynthèsen’assure <strong>pas</strong> la totalité de la demande en assim<strong>il</strong>ats.Cela se traduit par un arrêt de croissance d’axes végétatifset la chute de certains jeu<strong>ne</strong>s fruits peu développés(chute physiologique). En même temps, chez lepommier, les premiers bourgeons sont en formation enposition terminale des rameaux courts. Ces orga<strong>ne</strong>sont peu de pouvoir d’attraction des produits de la photosynthèsepar rapport à des orga<strong>ne</strong>s en plei<strong>ne</strong> croissance.Peu après, les fruits qui sont restés en placeentrent dans u<strong>ne</strong> phase de croissance très importante(grossissement) et devien<strong>ne</strong>nt prépondérants dansl’ut<strong>il</strong>isation des produits de la photosynthèse. Ils attirentles ressources à eux, en augmentant encore les concurrencesavec les petits orga<strong>ne</strong>s comme les méristèmesdes bourgeons. U<strong>ne</strong> forte charge en fruits peut <strong>donc</strong> êtretrès défavorable à l’induction florale dans les bourgeonsdes rameaux adjacents. De plus, cet excès de charge enfruits peut aussi défavoriser, d’u<strong>ne</strong> part la croissancevégétative, qui va s’arrêter rapidement, et d’autre partla qualité des fruits, qui se partageront les produits de laphotosynthèse. Le calibre des fruits et leur chargementen sucres seront moindres que pour ceux des <strong>arbre</strong>squi supportent un nombre modéré de fruits. Il est <strong>donc</strong>préférable de limiter le nombre de fruits sur l’<strong>arbre</strong>pour favoriser la qualité des fruits de l’année en courset l’induction florale pour l’année suivante.La production d’hor<strong>mon</strong>espar les grai<strong>ne</strong>s des fruits ?Les hor<strong>mon</strong>es végétales sont des molécules chimiquesqui stimulent ou inhibent certains processus dansla plante. Les gibbérelli<strong>ne</strong>s en particulier interfèrentdans les méristèmes avec les mécanismes de transitionde l’état végétatif vers un fonction<strong>ne</strong>ment florifère(induction florale). Les fruits, et en particulier lesgrai<strong>ne</strong>s se développant dans ces fruits, sont producteursde gibbérelli<strong>ne</strong>s. U<strong>ne</strong> hypothèse souvent évoquéedans la littérature est que ces substances seraientexportées par les pédicelles des fruits et pourraientainsi migrer vers les bourgeons les plus proches oùelles seraient perçues et orienteraient la morphogenèsedes méristèmes pour les maintenir dans un état végétatif.L’influence des pépins des fruits a été dé<strong>mon</strong>tréeexpérimentalement (pommiers, poiriers…) : des <strong>arbre</strong>savec beaucoup de fruits produisent peu de bourgeonsflorifères ; des <strong>arbre</strong>s sans fruits ont u<strong>ne</strong> très grandeproportion de bourgeons florifères ; les <strong>arbre</strong>s avecfruits sans grai<strong>ne</strong>s (fruits parthénocarpiques) développentégalement u<strong>ne</strong> très grande proportion debourgeons avec des <strong>fleur</strong>s. L’application de gibbérelli<strong>ne</strong>ssur l’<strong>arbre</strong> a un effet inhibiteur de l’induction floralechez le pommier et la plupart des <strong>arbre</strong>s <strong>fruitier</strong>s.Cependant, le phénomè<strong>ne</strong> est complexe, car quelquesexpériences ont <strong>mon</strong>tré sur pommier que selon laforme appliquée (GA4, GA3 ou GA7) et le moment deson application, les effets sont variables, et pourraientêtre inverses dans le cas de GA4. Les mécanismes detransmission du signal et le mode d’action des gibbérelli<strong>ne</strong>spour bloquer l’induction florale sont encoremal connus. Cela fait partie des pistes de recherchesdes mécanismes génétiques qui pourraient expliquerles différences variétales observées sur l’aptitude à larégularité de floraison chez le pommier.Les solutions techniquespour réduire l’alternance :l’éclaircissage des fruitsLe principal facteur qui contribue à l’alternance de floraiso<strong>ne</strong>st le trop grand nombre de fruits sur l’<strong>arbre</strong>.U<strong>ne</strong> manière de réguler la floraison d’u<strong>ne</strong> année surl’autre est <strong>donc</strong> de réduire ce nombre les années deforte charge. De plus, cela permet de favoriser le calibreet la qualité organoleptique des fruits restant surl’<strong>arbre</strong>. <strong>Mais</strong> se posent les questions suivantes : combiende fruits enlever ? Quand et comment les enlever? En fonction du contexte (verger de productionintensif, verger bio, dans un jardin de particulier…), lasolution optimale sera différente, principalement pourdes causes de main d’œuvre et de coût de production.Enlever des fruits manuellement est envisageable s<strong>il</strong>e nombre d’<strong>arbre</strong>s n’est <strong>pas</strong> trop important et chezun particulier durant son temps de loisirs ; cela estplus problématique pour la rentab<strong>il</strong>ité des vergers deproduction.Quand réduire le nombre de fruits ?U<strong>ne</strong> des réponses commu<strong>ne</strong>s à tous ces contextes estla période à laquelle <strong>il</strong> faut œuvrer pour que l’opérationsoit efficace : le plus tôt possible ! En effet, <strong>il</strong> fautenlever la cause de l’inhibition avant d’entrer dans lapériode durant laquelle l’initiation florale se produitdans la majorité des bourgeons. En l’occurrence, surpommier, l’éclaircissage se pratique de la floraison àla chute physiologique (début juin). U<strong>ne</strong> opérationplus tardive sera moins efficace, voire nulle, car lesbourgeons des rameaux courts, sur lesquels porte lagrande majorité de la production, auront évolué demanière irréversible en bourgeons végétatifs. En effet,<strong>il</strong>s auront <strong>pas</strong>sé la fenêtre de réceptivité indiquée plushaut et auront continué la formation d’un axe végétatifpréformé dans le bourgeon.Combien de fruits laisser ?La réponse à cette question n’est <strong>pas</strong> fac<strong>il</strong>e, car cela vadépendre de plusieurs facteurs : d’u<strong>ne</strong> part de l’aptitudede la variété à alter<strong>ne</strong>r ou non. D’autre part, du volume etde la conduite de l’<strong>arbre</strong> et surtout de sa surface foliaire.21


22En effet, c’est un rapport optimal entre nombrede fruits et surface foliaire qu’<strong>il</strong> faut atteindre.L’expérience de l’arboriculteur et la connaissance deson verger sont primordiales dans cette adaptationcar, en plus de l’effet sur le retour à <strong>fleur</strong>s, c’est surtoutl’amélioration de la qualité et du calibre des fruits del’année en cours qui est recherchée. Réduire le nombrede fruits entraî<strong>ne</strong> u<strong>ne</strong> compétition moindre pour ceuxqui restent et favorise leur croissance et leur chargementen eau et en sucres. La conduite de l’<strong>arbre</strong> est unélément important dans cette réflexion. L’observationde la diversité architecturale et du comportementalternant ou régulier d’u<strong>ne</strong> diversité de variétés cultivéesa conduit à proposer u<strong>ne</strong> « conduite centrifuge »combinant l’aménagement de la pénétration de lalumière dans l’<strong>arbre</strong> et la réduction du nombre deramifications pour réguler la floraison. Un groupe detechniciens et d’ingénieurs, le Mafcot (MAîtrise de laFructification, COncept et Technique), a développé unout<strong>il</strong> (l’équ<strong>il</strong>ifruit) pour adapter le nombre de bourgeonsà laisser sur chaque branche en fonction de lasurface de sa section. Le fait de réduire directement lenombre de bourgeons sur l’<strong>arbre</strong> permet de réduire letemps de ta<strong>il</strong>le et participe ainsi à la réduction de maind’œuvre de ta<strong>il</strong>le et d’éclaircissage.L’éclaircissage chimiqueEn verger de production, l’éclaircissage manuel esttrop long à réaliser pour être rentable. Cette techniquen’est <strong>donc</strong> envisagée que pour compléter d’autrestechniques plus rapides. De nombreuses études sontmenées dans les centres techniques régionaux et par leCtifl (Centre technique interprofession<strong>ne</strong>l des fruits etlégumes) pour adapter les programmes d’éclaircissageen fonction des variétés et des contextes pédoclimatiquesde chaque région. Plusieurs types de moléculeschimiques peuvent être ut<strong>il</strong>isés pour réduire le nombrede fruits, et cette technique doit prendre en comptela réglementation et les recommandations d’usages.L’application est faite en plusieurs étapes, à partir dela floraison jusqu’à la chute physiologique. Lorsque lafloraison est abondante et sur des variétés diffic<strong>il</strong>esà éclaircir, <strong>il</strong> est nécessaire de commencer à réduirele nombre de <strong>fleur</strong>s avant l’anthèse en appliquant del’éthéphon, dont la dégradation dans les tissus produitde l’éthylè<strong>ne</strong> qui favorise la chute des <strong>fleur</strong>s. Le secondstade pour intervenir se situe après la pollinisation dela <strong>fleur</strong> centrale des corymbes. On cherche à empêcherla pollinisation des <strong>fleur</strong>s qui s’ouvrent les jours suivantsen asséchant ou brûlant leurs stigmates et étami<strong>ne</strong>s.Le thiocyanate d’am<strong>mon</strong>ium est par exempleemployé à cette fin. Des hor<strong>mon</strong>es végétales de synthèsepeuvent aussi être employées dès les stades F2 +3 jours, lorsque le calibre du fruit central du corymbeest entre 7 à 10 mm. Ce sont des hor<strong>mon</strong>es de typeauxi<strong>ne</strong> (NAD : alpha-naphtyl acétamide, ANA : acidealpha-naphtylacétique) avec plusieurs formulationscommerciales. Des cytokini<strong>ne</strong>s (6-benzyladéni<strong>ne</strong>) sontégalement employées seules ou pour accentuer l’effetdu NAD (calibre fruit central 7 à 10 mm). On chercheavec ces molécules à exacerber les différences de croissanceentre le fruit central et les latéraux. Durant lachute physiologique, ces derniers tomberont.L’éclaircissage mécaniqueL’évolution de la réglementation a abouti <strong>il</strong> y aquelques années à l’interdiction d’u<strong>ne</strong> molécule trèsefficace pour l’éclaircissage des pommiers. La prise encompte des problématiques environ<strong>ne</strong>mentales et lescontraintes économiques pesant sur les exploitationsont incité la recherche d’alternatives à l’éclaircissagechimique. L’éclaircissage mécanique consiste à battrela ramification des <strong>arbre</strong>s avec des f<strong>il</strong>s au moment dela floraison, ou à faire vibrer le tronc des <strong>arbre</strong>s pourfaire chuter les jeu<strong>ne</strong>s fruits. Plusieurs out<strong>il</strong>s sont e<strong>ne</strong>xpérimentation, et pour prendre exemple sur le premierdéveloppé (Machi<strong>ne</strong> Darwin), les f<strong>il</strong>s sont placéssur un axe vertical <strong>pas</strong>sant parallèlement à la haie.Son usage demande u<strong>ne</strong> adaptation des <strong>arbre</strong>s quidoivent être menés en haies <strong>pas</strong> trop épaisses pourque les f<strong>il</strong>s puissent atteindre le centre de l’<strong>arbre</strong>. Lavitesse de rotation de l’axe porteur des f<strong>il</strong>s et la vitessedu tracteur sont adaptées pour détruire le nombreadéquat de <strong>fleur</strong>s, à définir en fonction des conditionsenviron<strong>ne</strong>mentales et selon la sensib<strong>il</strong>ité des variétésà l’alternance. Ces out<strong>il</strong>s mécaniques ont l’avantagede pouvoir être ut<strong>il</strong>isés en culture biologique et surd’autres espèces, pêcher par exemple, pour réduire lacharge et favoriser le calibre des fruits. Ils entrent dansu<strong>ne</strong> logique de mécanisation globale du verger, la ta<strong>il</strong>leétant elle-même mécanique (mur <strong>fruitier</strong>).Le déterminisme génétique :exemple du pommierToutes les techniques pour limiter l’alternance sontonéreuses et nécessitent de la part de l’exploitant uninvestissement en temps, en produits et en matériel.L’amélioration végétale est u<strong>ne</strong> piste potentielle pouréviter l’alternance de production et ainsi réduire sonimpact économique. Notre équipe de recherche a<strong>mon</strong>tré que le caractère d’irrégularité est soumis à undéterminisme génétique, ce qui permet d’envisagerde sélection<strong>ne</strong>r des génotypes réguliers. Cependant,l’amélioration d’u<strong>ne</strong> espèce à développement longcomme un <strong>arbre</strong> <strong>fruitier</strong>, nécessite beaucoup de temps(15 ans au minimum). Elle est d’autant plus diffic<strong>il</strong>elorsque l’évaluation du caractère à sélection<strong>ne</strong>rdemande plus de quatre à cinq ans de suivi agronomique,ce qui est le cas pour quantifier u<strong>ne</strong> irrégularitéde la production de <strong>fleur</strong>s. Pour raccourcir le tempsd’évaluation de l’aptitude du génotype à être régulier,nous cherchons à mettre en évidence des marqueursgénétiques susceptibles d’être employés pour sélection<strong>ne</strong>rles plantes avant leur entrée en production.Cette approche est présentée par Baptiste Guittonpour le pommier.


Bibliographie choisieListe limitée, en priv<strong>il</strong>égiant l’accès libre sur le web.U<strong>ne</strong> bibliographie plus complète est présentée par B.Guitton dans son article.Thème : déterminants de l’induction florale, facteurset conditions qui l’influencent.Koutinas N., Pepelyankov G., Lichev V., 2010, Flowerinduction and flower bud development in apple andsweet cherry. Biotechnol. & Biotechnol. Eq. 2010,24(1), 1549-1558. http://www.diagnosisp.com/dp/journals/view_pdf.php?journal_id=1&archive=1&issue_id=26&article_id=891Thème : les solutions techniques.Démarche de recherche aboutissant aux préconisationstechniques participant à la réduction del’alternance en verger :Lauri P.E. and Laurens F., 2005. Architectural typesin apple (Malus x domestica Borkh.) - Concepts anduse for tree management and ge<strong>ne</strong>tic improvement inFrance. In “Crops: growth, quality and biotechnologyR. Dris (ed.). The Haworth Press, Inc.p1300-1313.Voir la synthèse sur les activités de recherches sur lelien suivant (document pdf) :Lauri P-E. 2007. Architecture de l’<strong>arbre</strong> <strong>fruitier</strong> – dela morphologie des plantes à l’agronomie. Dossier decandidature au diplôme d’Hab<strong>il</strong>itation à Diriger desRecherches. http://hal.inria.fr/docs/00/37/71/21/PDF/HDR_PE_Lauri_2007-Doc_Synthese.pdfLauri P-E. 2006. Mafcot, Connaître l’<strong>arbre</strong> pourmieux le conduire. Réussir fruits et légumes.Supplément gratuit au N° 247. http://www.agropomme.ca/Documentation_publique/FORMATION/FORMATION_2009/ReussirFL-247%20sup.pdfLes techniques de l’éclaircissage chimique et mécaniquedu pommier.Mathieu V., Lavoisier Ch., Ferre G., 2011.L’éclaircissage du pommier. Ed: CTIFL. 307 pages -ISBN : 9782879113081Roche L., Codarin S., Mathieu, V., 2009. L’éclaircissagemécanique du pommier. Perspectives pour demain...Infos-Ctifl, 251: 32-36. http://www.fruits-et-legumes.<strong>ne</strong>t/revue_en_lig<strong>ne</strong>/infos_ctifl/infospdf/infos%20251/251p32-36.pdf23

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