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Algerie News 27-02-2013.pdf

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C U L T U R E 23Fespaco 2013Les 3BQue se passe-t-il réellement dans ce Fespaco, 23 e édition ? Des films y sont projetés bien évidemment.Le public vient-il au rendez-vous ? En soirée, absolument, mais pas autant que dans les précédentes éditions.De notre envoyé spécialà Ouagadougou Samir ArdjoumLa faute, semble-t-il, est à imputer àune communication timide et auxconditions de projection ? Réussies,mais toujours avec son quota d’incohérences(Même pas mal, débutera avec10 minutes d’avance sans la présence de laréalisatrice, des coupures d’électricité àl’Institut français, ou bien un film, «Femmeécrite» du Marocain Lahcen Zinoun, quirefuse de voir défiler ses plans à cause d’unDVD défectueux). Les choses sont ainsi faites.Côté programmation, difficile de faireson choix, entre salles de cinéma éparpilléesaux quatre coins de la ville, transportsouvent éprouvant, mais comme diraitl’adage : « Quand on veut, on peut ». Alors,mettons nos habitudes de côté, et allons-y.Le cinéma, c’est aussi cet «Ailleurs» qu’ontente de découvrir. Fespaco oblige, lecinéma burkinabé est à l’honneur. Les professionnelsreconnaissent que la productionest «sévèrement triste», que les filmssouvent projetés entre deux éditions du festival,sont des objets alimentaires dont lesréalisateurs assument la superficialité del’entreprise. Faut aller tout de même plusloin dans l’intérieur de ces produits deconsommation, dont il faut rappeler le succèspublic conséquent.L’un des plus emblématiques réalisateursde cette scène filmique se nommeBoubakar Diallo. Ancien fondateur et journalistedu «Journal du Jeudi» (plus connusous le sobriquet «Jiji»), Diallo est connupour sa verve et son trait sarcastique. En2000, subitement, il décide de changer deregistre, de prendre une caméra, de ne pas«attendre l’argent des Occidentaux» et defaire des films qui parleront, selon lui, aupublic local. Bricolage, peu de décors, unecaméra numérique, des personnages aucaractère bien trempé, un florilège de stéréotypes,et surtout des subventionsallouées par plusieurs ministères à la fois.Amusant de patienter jusqu’au génériquefinal d’un de ses films, et d’y dresser la listedes organismes étatiques, «amoureux ducinéma», allant du ministère de la Culture àcelui de la Santé, participant de ce fait à uneopération plus que douteuse. Tous ces filmsne sont là que pour esquiver les véritablesproblèmes sociaux du pays. Servez la soupecomique, insérez parfois des relents misogynesou racistes (le personnage du sénégalaisest devenu au fil des films de Diallo, unleitmotiv comique), et saupoudrez le tout.Et vous obtiendrez des titres tels que Sofia,Cœur de lion, Sam le Caïd, Foulard noir,Môgo puissant. «Beau» programme qui endit long sur la volonté d’éradiquer ceux oucelles qui auraient l’outrecuidance de voirdans le cinéma, une arme de destructionmassive.Dans le «cinéma» de Diallo, interdit depenser ! Que nous dit cette fois-ci le réalisateurdans «Congé de mariage», son dernieropus présenté lundi 25 février dans lacompétition long-métrage ? Que la femme,qu’elle le veuille ou non, est toujoursdépendante de l’homme. Il ne le dit pasfrontalement, pis encore, il l’insère en filigrane,et camoufle son discours par dessaynètes, des sketchs, où le mot d’espritviendra assommer le spectateur par un rirejubilatoire. Femme mariée ou maitresse,mari volage ayant un revenu professionnelintéressant, histoire d’infidélité, subterfugede la femme cocufiée, nationalisme pousséau summum et toujours cette musique quiconditionne le spectateur, l’obligeant uniquementà se divertir. Et la forme dans toutça ? Vaudeville épousant les codes du théâtreoù le côté «cour» et «jardin» est respectéà la lettre. On entre comme on sort ducadre, avec cette manie de poser son dialoguecomme si de rien n’était. Tout est dicté,savamment récité comme un texte sacré,que des os dans ces personnages qui ressemblentà des silhouettes. Chez Diallo,comme dans toute cette spécificité filmique,les mots ne sont plus cinglants, ilsremplissent juste des bouteilles. Comme ledisait un intellectuel local : «Ici, les genssont intéressés par les 3B». «Bière,Brochette et Baise». En ce sens, Congé demariage est un chef-d’œuvre !S.A.ALGERIE NEWS Mercredi <strong>27</strong> février 2013

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