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Eric Sutter - La Campanologie

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Dans quelques villages, la sonnerie festive est codifiée. Par exemple, à Montfermier (Tarn-et-<br />

Garonne), la sonnerie d'un mariage se fait avec les deux cloches à la volée, la sonnerie d'un baptême<br />

de garçon se fait avec la grosse cloche alors que celle d'un baptême de fille se fait avec la petite cloche.<br />

Dans le Sud-Ouest de la France et plus particulièrement dans le <strong>La</strong>uragais, on pratique la "volée<br />

tournante" : le sonneur qui est auprès de la cloche la fait tourner complètement sur elle-même et fait<br />

frapper le battant en position haute. Les clochers peuvent comporter plusieurs cloches équipées pour<br />

être tournées.<br />

Un peu de silence, s'il vous plait !<br />

Tel pourrait être le message communiquée par la clochette agitée par le Président d'une<br />

assemblée (parlementaire ou autre) lors de débats houleux afin de ramener un peu plus de calme<br />

dans les lieux<br />

Vous êtes convoqués !<br />

Dans la plupart des clochers de cathédrale, on trouvait une cloche du chapitre : celle-ci servait à<br />

annoncer toutes les assemblées capitulaires, les élections des doyens et leur mort.<br />

Dans le cas d'une information longue et complexe, alors qu'il est impossible de transmettre le message<br />

instantanément par des crieurs publics, la solution est de recourir à un bref signal ordonnant le<br />

rassemblement immédiat de toutes les personnes concernées à un endroit déterminé où l'information<br />

pourra être annoncée de vive voix et commentée. Ces communications peuvent être à caractère<br />

politique, juridique, institutionnel, judiciaire ou militaire. Ainsi la cloche va-t-elle permettre, par<br />

exemple, de convoquer les assemblées populaires, ou les assemblées du magistrat, d'inviter le peuple<br />

à accueillir une personnalité, etc.<br />

Dans les beffrois de la région septentrionale, c'est habituellement la Ban-cloque ou cloche banale, c'està-dire<br />

celle qui, entre toutes les cloches civiles, joue le rôle juridique principal, qui annonce les "bans"<br />

ou séances communales et, plus généralement les rassemblements civils.<br />

Lorsqu'une ville n'avait pas de beffroi, de clocher civil, elle plaçait les cloches dans la principale<br />

église. Si la ville était épiscopale, c'était la cathédrale qui recevait la cloche des citoyens ou la cloche du<br />

magistrat (exemples des cathédrales de Verdun, de Sens, de Strasbourg…). A Sens, la cloche de la<br />

Porte Commune est dédiée à la convocation des citoyens électeurs à l'assemblée. Dans certains cas, la<br />

cloche de la ville (parfois un carillon, dans les villes du Nord) était installée dans une tour distincte de<br />

celle qui abritait les cloches religieuses, avec un accès séparé dont le maire avait la clé.<br />

Ce rôle des cloches dans la convocation des magistrats existait dans la plupart des provinces. Les<br />

Mezées cognaçaises, en Charente, se réunissaient ainsi chaque mois au son de la cloche. A Genève,<br />

"l'Accord", c'est le nom du bourdon de la cathédrale St-Pierre, est encore sonné à la main à raison d'un<br />

coup par minute avant l'ouverture de chaque session du "Grand Conseil".<br />

A Ribeauvillé (68), dans la Tour des Bouchers existe encore une cloche de 1468, dénommée Ratsglocke<br />

et Brennglocke qui appelait autrefois les membres du conseil de la ville à se réunir<br />

De tels usages sont cependant en voie de disparition, d’autres modalités étant utilisées dans la vie<br />

moderne.<br />

Du Moyen Age (époque de structuration des grandes villes) jusqu'à la Révolution, voire jusqu'au XIX e<br />

s. (arrivée de l'électricité et d'autres moyens de communication), on peut dire que les cloches des<br />

cathédrales sonnaient tout au long de la journée. Un maître sonneur y résidait en permanence (il avait<br />

son logement - exigu - entre les tours ou dans un recoin de l'édifice) mais ce n'était pas suffisant pour<br />

mettre en branle les gros bourdons et plusieurs cloches à la fois. Pour les grandes sonneries, il fallait<br />

de quinze à vingt sonneurs pour tirer les cordes ou sonner au pied. Une cloche était dédiée à la<br />

convocation des sonneurs (cas, par exemple, de la Donatienne de 1687 à la cathédrale de Nantes).<br />

© <strong>Eric</strong> <strong>Sutter</strong> et SFC, 2007 Page 14 sur 17

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