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Les conditions de survenue des crises graves - Patrick Lagadec

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<strong>Patrick</strong> LAGADECXavier GUILHOU– Sentiment d’extrême confusion : en raison du nombre <strong>de</strong>s problèmes<strong>de</strong> fond qui jaillissent et entrent en résonance ;– Sentiment <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> vulnérabilité : au milieu d’un enchevêtrement <strong>de</strong>lignes <strong>de</strong> faille, toutes porteuses <strong>de</strong> <strong>crises</strong> <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur ;– Sentiment <strong>de</strong> perte : il y a un “avant” et un “après”, sans retourpossible à l’état antérieur ;– Sentiment d’accablement : le phénomène <strong>de</strong> rupture est porteur <strong>de</strong><strong>crises</strong> à répétition ; n’importe quelle affection, même bénigne, tend à conduireà une crise, à <strong>de</strong>s <strong>crises</strong> dans la crise ; les trajectoires semblent constammentchoisir les variantes parmi les plus funestes 6 ;– Sentiment d’impuissance : ces <strong>crises</strong> opportunistes donnent lieu à<strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> mises en résonance instantanés et multiformes ; <strong>de</strong>s bullesd’opinion se forment au rythme <strong>de</strong>s médias et explosent <strong>de</strong> façon difficile àanticiper ; davantage : puissamment ancrées dans les déséquilibres profondsdu système, elles sont d’emblée résistantes aux traitements conventionnels.Le versant “décomposition” étant le plus perceptible, l’impression prévautque l’on vit un processus <strong>de</strong> démaillage généralisé, un travail <strong>de</strong> sape quasiimpossible à juguler.Mais il faut encore complexifier l’examen : alors que la crise se présentecomme un phénomène relativement focalisé – c’est une urgence quifuse hors <strong>de</strong>s limites habituelles et provoque <strong>de</strong>s mises en résonances <strong>de</strong> plusen plus amples – la rupture renvoie à <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> plus en plus vastes,hétérogènes, et cependant reliés entre eux par <strong>de</strong>s liens qui tiennent auxstructures fondamentales <strong>de</strong>s systèmes en cause.De la sorte, alors que, dans l’urgence, on doit se focaliser sur les solutionsà apporter, alors que, dans la crise, il faut se questionner sur les problèmesen cause, pour les ruptures, on est rapi<strong>de</strong>ment confronté à <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> symptômes: il est difficile <strong>de</strong> cerner un champ d’examen, <strong>de</strong> poser un diagnostic,d’atteindre les racines d’un phénomène, <strong>de</strong> les traiter, sans se perdre rapi<strong>de</strong>mentdans <strong>de</strong>s labyrinthes ouvrant sur d’autres labyrinthes. Ainsi, engagerune réflexion sur la violence dans telle école <strong>de</strong> telle banlieue conduit rapi<strong>de</strong>mentà une réflexion sur l’éducation et ses finalités, l’emploi et le travail, lasécurité, la presse, les relations Nord-Sud, etc.Pour le responsable, l’univers stratégique se caractérise donc par <strong>de</strong>straits encore bien plus complexes que dans la crise :- 179 -

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