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Les conditions de survenue des crises graves - Patrick Lagadec

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<strong>Patrick</strong> LAGADECXavier GUILHOUrésolution, pour le meilleur ou pour le pire ; (…) La crise est un paroxysmed’incertitu<strong>de</strong> et d’angoisse où tout est en suspens (…) Dans cette perspective,la crise n’est pas un signe <strong>de</strong> maladie, mais un signe <strong>de</strong> résistance à lamaladie. Non pas une faillite, mais un sursaut. L’organisme n’est pas <strong>de</strong>venuincapable <strong>de</strong> se régler lui-même, mais il opte provisoirement pour un mo<strong>de</strong>exceptionnel <strong>de</strong> régulations à visée défensive. Il n’y a dans <strong>de</strong> telles <strong>crises</strong> nidésordre ni anarchie, mais instauration d’un ordre spécial lié à l’urgence etau péril vital » (Bolzinger, 1982, p. 475-480).– Pathologie. Bien plus près <strong>de</strong> nous, une signification très différentea pris <strong>de</strong> l’importance : « A cette version hippocratique <strong>de</strong> la crise, la penséemédicale du XIX e siècle ajoute un point <strong>de</strong> vue nouveau. La crise n’est plusterminale, résolutive et salutaire; elle est inaugurale, elle est purement réactionnelle,sans intention <strong>de</strong> guérison, parfois elle <strong>de</strong>vient même pathogènelorsqu’elle développe <strong>de</strong>s mécanismes excessifs. Tout se passe comme si nousutilisions aujourd’hui, simultanément ou alternativement, ces <strong>de</strong>ux conceptsque la pensée médicale a progressivement élaborés : la crise-guérison et lacrise-maladie » (Bolzinger, 1982, p. 476).– Moment <strong>de</strong> vérité. Dans la tragédie grecque, la crise est ce moment où,brutalement, éclate tout le passé, dont la signification avait échappé aux acteurs.– Opportunité. On peut ici rappeler cette acception chinoise bienconnue <strong>de</strong> la notion, représentée par un double idéogramme signifiant tout àla fois danger et opportunité. « <strong>Les</strong> <strong>crises</strong> déblaient le terrain. Elles nousdébarrassent tout d’abord d’une infinité <strong>de</strong> formes extérieures <strong>de</strong>puis longtempsdénuées <strong>de</strong> vie, et qu’il aurait été impossible <strong>de</strong> faire disparaître àcause <strong>de</strong> leur droit historique. Elles suppriment ensuite un certain nombre <strong>de</strong>pseudo-organismes qui n’ont jamais eu <strong>de</strong> droit d’existence et qui, incrustésfortement dans tous les domaines <strong>de</strong> la vie, sont les principaux responsables<strong>de</strong> notre prédilection pour la médiocrité et <strong>de</strong> notre haine pour tout ce qui estexceptionnel » (Burckhardt, 1971, p. 216-217).Décision, bifurcation, pathologie, moment <strong>de</strong> vérité où le passé réclameson dû, opportunité, se rejoignent donc pour constituer cette notion,riche, comme on l’a dit, <strong>de</strong> sa malléabilité.Des repérages par typologies empiriquesLa démarche a consisté ici à établir <strong>de</strong>s classifications particulières<strong>de</strong>s réalités empiriques observées. On a introduit par exemple <strong>de</strong>s dichotomies,- 165 -

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