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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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« On constate aujourd’hui qu’une pression s’exerce sur les artistes et les responsablesculturels, pour imposer comme critère pr<strong>in</strong>cipal d’évaluation artistique l’engagementdans une politique de recherche des publics. Le problème n’est pas la légitimité de cetobjectif démocratique, mais la place qu’on lui assigne. (…) [L]e critère premierd’évaluation semble devenir le dest<strong>in</strong>ataire de l’art. Comment, alors, concilier cetimpératif avec l’objectif d’évaluer les projets et démarches contempora<strong>in</strong>es dans leurenjeu artistique, celui de la représentation ? A<strong>in</strong>si, par exemple, la plupart desdécideurs politiques et culturels valorisent les arts de la rue pour leur apparente (etillusoire) capacité <strong>in</strong>tr<strong>in</strong>sèque à être démocratiques puisqu’ils seraient dans la rue, aucontact direct avec la population qu’ils transformeraient, par leur seule présence en<strong>spectateur</strong>s, négligeant le plus souvent d’exprimer une exigence artistique à leur égard(c’est-à-dire, en premier lieu, de prendre en compte la spécificité de leur langage).C’est, a<strong>in</strong>si, au nom d’un critère extra-artistique – la démocratisation – que se pro<strong>du</strong>itune montée en puissance des arts de la rue alors que, dans le même temps, les artistesde ce doma<strong>in</strong>e attendent une reconnaissance de leur spécificité. La reconnaissance,atten<strong>du</strong>e et justifiée, des arts de la rue s’effectue a<strong>in</strong>si malheureusement à contresens,alors qu’ils pourraient être un <strong>in</strong>strument pert<strong>in</strong>ent pour favoriser la réflexion et les<strong>in</strong>itiatives de confrontation entre langages artistiques, y compris dans leurs rapportsavec les enjeux sociaux. Paradoxalement, l’avènement politique des arts de la ruepourrait con<strong>du</strong>ire à leur appauvrissement artistique. » 9712.3. Quelle sortie de crise ?2.3.1. Quand les dissensions menacent l’unité de façadeLa question de la dimension populaire <strong>du</strong> théâtre de rue et les problématiques qu’elleengendre font l’objet d’un débat étonnamment peu disputé au se<strong>in</strong> <strong>du</strong> secteur. Les questionsesthétiques ne sont que peu traitées et s’il existe des désaccords profonds, un consensusrelativement mou les fait en général rapidement taire. Dans son analyse des messages envoyéssur la liste de diffusion « Arts de la rue », Viola<strong>in</strong>e Lemaître remarque qu’il existe unvéritable tabou sur ce po<strong>in</strong>t.« Lorsqu’un message porte sur ce sujet, c’est pour remettre en cause de façon trèsvague et globale la qualité des spectacles de rue ; il n’obtient presque jamais deréponse. Au contraire, une sorte d’alliance se crée par la suite contre l’expéditeur. Onpeut donc supposer que ces questions sont des sujets très sensibles pour le secteur :« Que ce soit sur cette liste ou à la fédé on parle de tout sauf d’artistique, peur des’affronter sur ce terra<strong>in</strong>-là qui reste essentiel. » [globjo@club-<strong>in</strong>ternet.fr, 30 mars2002] Le rapport à l’espace public, très souvent souligné par les recherches portant surles arts de la rue, n’est que très peu discuté également. » 972Sous des airs de (petite) famille où tout le monde se connaît, les arts de la rue sontprofondément divisés. Paradoxalement, c’est à l’heure d’une nécessaire union sacrée que les971 SIMONOT, Michel. op.cit. (2001), p.101 et p.102 (souligné par nous)972 LEMAÎTRE, Viola<strong>in</strong>e. op.cit., p.28327

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