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Fichier au format PDF - Le Conseil Général de la Martinique

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MERCREDI 17 JANVIER 2007« LES POLITIQUES TEMPORELLES »INTERVENANT : MONSIEUR JEAN-YVES BOULINMonsieur BIROTTIN ouvre <strong>la</strong> séance :« Je voudrais remercier :- Madame FANON-ALEXANDRE- Monsieur NADEAU : Prési<strong>de</strong>nt du CAUEJe rappelle que les CAUE sont créés par les conseils génér<strong>au</strong>x. Celui <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>Martinique</strong> a été créé en 1979 par le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>. Ce sont <strong>de</strong>s conseillersgénér<strong>au</strong>x en majorité qui en assurent l’administration. Monsieur NADO est Prési<strong>de</strong>ntdu CAUE <strong>de</strong>puis 2005.<strong>Le</strong> partenariat est très fort. Il se matérialise <strong>de</strong> différentes façons, mais surtoutdans le cadre <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à l’habitat. Nous avons une re<strong>la</strong>tion très proche puisque lesai<strong>de</strong>s <strong>au</strong> logement qui sont distribuées par le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> sont instruites par leCAUE.<strong>Le</strong> CAUE est un outil <strong>de</strong> conseil et d’ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> décision qui ne peut qu’ai<strong>de</strong>r le<strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> dans le cadre <strong>de</strong> ses actions <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du territoire. Il a une missiond’in<strong>format</strong>ion et <strong>de</strong> sensibilisation du public notamment sur <strong>la</strong> qualité du cadre <strong>de</strong> vie,<strong>de</strong> conseil <strong>au</strong>x particuliers, qui est plus connue. Des permanences gratuites sontassurées pour les particuliers, surtout en commune, où ils peuvent rencontrer <strong>de</strong>sarchitectes gratuitement. <strong>Le</strong> CAUE est également un outil d’ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> décision <strong>au</strong>xcommunes dans le cadre <strong>de</strong> leurs politiques d’aménagement.Notre mission d’in<strong>format</strong>ion et <strong>de</strong> sensibilisation est très importante puisque <strong>la</strong>notion <strong>de</strong> qualité du cadre <strong>de</strong> vie est finalement assez subjective. C’est uneapproche sensible <strong>de</strong>s choses. Souvent, on est dans <strong>de</strong> l’aménagement pur, <strong>la</strong>réalisation d’infrastructures, <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> politiques urbaines.Il peut arriver que les aspects qualitatifs soient peu pris en compte ; soit parceque nos élus n’ont pas toujours le temps <strong>de</strong> s’arrêter et <strong>de</strong> prendre le temps <strong>de</strong>monter <strong>de</strong>s projets plus fouillés, soit parce qu’ils ne sont pas suffisammentaccompagnés.Notre message <strong>au</strong>jourd’hui est <strong>de</strong> dire qu’il f<strong>au</strong>t un peu plus <strong>de</strong> qualité dans cequ’on réalise en <strong>Martinique</strong>. Nous sommes sur un territoire qui n’est pas bien gran<strong>de</strong>t les possibilités d’expérimentation dans ce qu’on réalise représentent un enjeu trèsimportant.Nous avons choisi <strong>de</strong> vous présenter le thème <strong>de</strong>s politiques temporelles <strong>au</strong>service <strong>de</strong> l’aménagement. Ce sont <strong>de</strong>s politiques qui sont apparues très récemmentmais qui sont pour l’instant très peu utilisées. Pour <strong>la</strong> France, elles datent du début<strong>de</strong>s années 2000 et quelques collectivités se sont <strong>la</strong>ncées là-<strong>de</strong>ssus.


MERCREDI 17 JANVIER 2007Monsieur NADEAU a souhaité vous présenter ce thème après avoir suivi dansle cadre <strong>de</strong>s rencontres nationales <strong>de</strong>s CAUE une intervention sur le sujet qui avaitété faite par l’agglomération lyonnaise.<strong>Le</strong> sujet nous a paru très intéressant. C’est une approche avec une dimensionhumaine <strong>de</strong>s choses puisqu’il s’agit <strong>au</strong> fond du quotidien <strong>de</strong>s gens. C’est égalementune volonté <strong>de</strong> rentabiliser les investissements qui sont réalisés puisque l’objectif <strong>de</strong>ces politiques est <strong>de</strong> satisfaire les besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong> répondre à une<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ; donc connaître <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et les besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et ensuite yrépondre. Ce<strong>la</strong> veut dire : avoir une utilisation maximale <strong>de</strong>s équipements qui sontréalisés, mais <strong>au</strong>ssi assurer ce lien entre les infrastructures et <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s gens et faireen sorte <strong>de</strong> ramener l’aménagement <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’humain.En par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> rentabiliser les équipements, on abor<strong>de</strong> vraiment le sujet <strong>de</strong>développement durable ou soutenable puisqu’il s’agit <strong>de</strong> ne pas gaspiller nosmoyens et <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s équipements qui effectivement sont utilisés, qui servent,qui ont une utilité.<strong>Le</strong>s politiques temporelles se situent <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville car ellesreprésentent le fonctionnement <strong>de</strong> celle-ci, mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’entreprisepuisque c’est le dialogue à l’intérieur <strong>de</strong> l’entreprise.Nous avons <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> transport. Il arrive qu’on ne puissepas toujours être à l’heure <strong>au</strong> travail. Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi pouvoir gérer les enfants le matin.On est <strong>au</strong>jourd’hui en <strong>Martinique</strong> dans un développement « foncièrementdéséquilibré ».Cette concentration que l’on a <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’agglomération à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>sactivités, <strong>de</strong> l’habitat fait qu’effectivement on a <strong>de</strong>s mouvements du type angu<strong>la</strong>ireentre les communes et l’agglomération le matin et le soir. Une grosse partie <strong>de</strong> nosproblèmes est liée à ce déséquilibre ; le fait <strong>de</strong> ne pas utiliser notre territoire danstoute sa plénitu<strong>de</strong>.On observe un phénomène <strong>au</strong>jourd’hui où finalement les communes les plusproches <strong>de</strong> Fort-<strong>de</strong>-France servent un peu <strong>de</strong> pôle <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserrement ; certainescommunes du Sud Caraïbe, les communes du centre at<strong>la</strong>ntique comme le Robert etTrinité accueillent massivement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Je ne sais alors pas si on peutvraiment parler d’un développement <strong>de</strong> ces communes. On est plutôt en face d’unesituation qui s’apparente presque à <strong>de</strong>s communes qui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s communesdortoirs.Actuellement, il f<strong>au</strong>t vraiment assurer un développement en s’appuyant sur<strong>de</strong>s communes qui pourraient être <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> développement. Ce<strong>la</strong> a déjà étéévoqué mais à priori ce<strong>la</strong> semble difficile à réaliser. Il f<strong>au</strong>t vraiment une volonté à cenive<strong>au</strong>.Je vais vous donner quelques chiffres afin <strong>de</strong> voir l’importance et les enjeuxque ce<strong>la</strong> représente.


MERCREDI 17 JANVIER 2007► Au nive<strong>au</strong> du transport :<strong>Le</strong>s dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> type angu<strong>la</strong>ire entre Fort-<strong>de</strong>-France et le Lamentin ontété évalués à 50 000 dép<strong>la</strong>cements/jour en moyenne en 2001. <strong>Le</strong>s données sont lesmêmes entre Fort-<strong>de</strong>-France et Schoelcher.On est à plus <strong>de</strong> 100 000 véhicules <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’échangeur <strong>de</strong> Dillon (dansles <strong>de</strong>ux sens), ce qui correspond à peu près <strong>au</strong> flux que l’on a à l’entrée du tunnel<strong>de</strong> Fourvière à Lyon. En 1999, on déce<strong>la</strong>it 0,41 véhicule par habitant, on note 0,55en 2 000 et on prévoit 0,4 en 2015.<strong>Le</strong> t<strong>au</strong>x d’occupation <strong>de</strong>s véhicules est plutôt faible : 1,4 passager parvéhicule, ce qui est à peu près simi<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> France Métropolitaine. 67 % <strong>de</strong>sdép<strong>la</strong>cements sont effectués en véhicules particuliers et 14 % par les transportscollectifs.► Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’économie :En 2002, 80 % <strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> vente étaient localisées dans l’agglomération.En 2004, on en est à 70,6 %. La tendance se réduit mais l’emprise <strong>de</strong>l’agglomération sur le mon<strong>de</strong> économique est encore très forte <strong>au</strong>jourd’hui.Sept entreprises sur dix ayant <strong>au</strong> moins cinquante sa<strong>la</strong>riés sont imp<strong>la</strong>ntéessur le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CACEM.En 2004, 63 % <strong>de</strong>s entreprises créées étaient dans le centre contre 19 % surle territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCNM et 31 % dans le Sud.Sur les 116 000 emplois qu’on dénombrait en <strong>Martinique</strong> en 1999, 69 000emplois étaient localisés sur le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CACEM, 24 500 sur celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCNMet 22 000 sur le territoire <strong>de</strong> l’Espace Sud.► Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion :43,5 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se trouvent sur le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CACEM contre 28 %sur <strong>la</strong> CCNM et 28 % sur l’Espace Sud.► Caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion :On constate une popu<strong>la</strong>tion plutôt vieillissante même si elle <strong>de</strong>meurere<strong>la</strong>tivement jeune.► Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s jeunes mères célibataires aidées :Elles sont en majorité <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CACEM : 42 % <strong>de</strong>sbénéficiaires <strong>de</strong> l’allocation parents isolés se trouvent sur le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CACEM.Ce sont quelques chiffres glob<strong>au</strong>x afin <strong>de</strong> mieux se situer et <strong>de</strong> voir le type <strong>de</strong>développement que nous sommes en train d’abor<strong>de</strong>r.


MERCREDI 17 JANVIER 2007Je remercie à nouve<strong>au</strong> le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> <strong>de</strong> nous donner l’opportunité <strong>de</strong>nous exprimer sur ces sujets.Je passe <strong>la</strong> parole à Monsieur BOULIN qui vous expliquera les tenants et lesaboutissants <strong>de</strong> ces politiques. »Monsieur BOULIN :« Merci Monsieur BIROTTIN <strong>de</strong> votre introduction. Nous avons be<strong>au</strong>coup àapprendre sur ce qui se passe dans cette région <strong>de</strong> France, <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong>.Je suis très heureux d’être ici, très heureux qu’on m’ait invité.Je suis un sociologue <strong>au</strong> CNRS (Centre National <strong>de</strong> <strong>la</strong> RechercheScientifique) et j’exerce cette activité à l’Université Paris-D<strong>au</strong>phine dans un centre <strong>de</strong>recherche qui ne s’appelle plus IRIS mais IRISES. On s’est regroupé avec <strong>de</strong>spolitologues dans le cadre <strong>de</strong>s rapprochements et <strong>de</strong>s partenariats entre l’universitéet le CNRS qu’on appelle une UMM.Dans mon centre <strong>de</strong> recherche, il y a essentiellement <strong>de</strong>s économistes et <strong>de</strong>ssociologues, maintenant <strong>de</strong>s politologues. <strong>Le</strong>s sujets couverts sont assez <strong>la</strong>rgesmais tournent be<strong>au</strong>coup <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> l’urbain pour une partie. <strong>Le</strong>s économistes et lespolitologues travaillent sur le fédéralisme. C’est une gran<strong>de</strong> question en Europe <strong>de</strong>savoir s’il f<strong>au</strong>t créer une Europe Fédérale ou pas.Je suis un sociologue <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions industrielles <strong>au</strong> départ : quelqu’un quiétudie les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion, les re<strong>la</strong>tions entre employeurs et employés. Laquestion du temps me passionne <strong>de</strong>puis quelques années. J’ai be<strong>au</strong>coup travaillé enFrance et en Europe sur ces questions du temps <strong>de</strong> travail et sur les grands débatsconcernant <strong>la</strong> réduction du temps <strong>de</strong> travail, l’aménagement du temps <strong>de</strong> travail, <strong>la</strong>flexibilité.En partant <strong>de</strong> ce point, je me suis ensuite orienté sur :1°) L’impact que ce<strong>la</strong> avait sur les sa<strong>la</strong>riés, sur ceux dont on réduit <strong>la</strong> durée dutravail et sur d’<strong>au</strong>tres qui parfois n’ont pas le choix et qui prennent <strong>de</strong>s emplois àtemps partiel. Pourquoi ? Parce que ce sont <strong>de</strong>s femmes, ce sont les seuls emploisqui sont offerts dans <strong>la</strong> distribution par exemple, dans les services <strong>de</strong> nettoyage… etqui se trouvent confrontés à <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> ce qu’on appelle« articu<strong>la</strong>tion », « conciliation », ou « harmonisation » entre leurs différents tempssoci<strong>au</strong>x.2°) La manière dont les gens arrivent à concilier le temps <strong>de</strong> travail et leur vie,le fait <strong>de</strong> savoir si ces personnes possè<strong>de</strong>nt une certaine <strong>au</strong>tonomie dans cettegestion. En général, elles ne l’ont pas. Elles sont plutôt, en particulier pour lesfemmes, dans une situation contrainte.3°) Ce qui m’amène <strong>au</strong>x politiques temporelles locales, c'est-à-dire ce que lesItaliens commençaient à appeler « les politiques <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ». J’avais tenuà écrire ce sujet puisque je m’y intéressais déjà <strong>de</strong>puis assez longtemps. Ce premier


MERCREDI 17 JANVIER 2007article sur <strong>la</strong> question paru en 1992 dans <strong>la</strong> revue Futurible par<strong>la</strong>it plutôt du temps <strong>de</strong>travail, <strong>de</strong> l’emploi…D’un côté, on constate bien que le temps <strong>de</strong> travail structure <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>sindividus. Il va les contraindre, leur donner <strong>de</strong>s opportunités <strong>au</strong>ssi parfois. D’un <strong>au</strong>trecôté, on voit bien que <strong>la</strong> société a un certain type d’organisation qui fait que là <strong>au</strong>ssi ily a <strong>de</strong>s opportunités mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s obstacles. Comme ce<strong>la</strong> a été le cas pour <strong>la</strong>moitié <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés en France et une partie d’entre eux en <strong>Martinique</strong>, <strong>la</strong> durée dutravail a été réduite à 35 heures. Il y a certainement eu moins d’accords en<strong>Martinique</strong> à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s petites entreprises.La question du choix du jour RTT n’est pas toujours possible pour tous lessa<strong>la</strong>riés. Toutefois, il y a toute une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (en particulier les cadres)qui a cette possibilité. <strong>Le</strong>s jours RTT s’ajoutent souvent <strong>au</strong>x vacances sco<strong>la</strong>ires ou<strong>au</strong>x week-end prolongés. De ce fait, on a vu un certain nombre <strong>de</strong> choses sedévelopper, <strong>de</strong>s comportements nouve<strong>au</strong>x apparaître : les départs en week-end <strong>de</strong>trois jours par exemple. Cependant, d’<strong>au</strong>tres personnes sont confrontées à un tempsun peu vi<strong>de</strong> parce qu’elles ne peuvent pas l’utiliser pour <strong>de</strong>s raisons financières mais<strong>au</strong>ssi pour <strong>de</strong>s raisons d’organisation locale <strong>de</strong>s infrastructures, <strong>de</strong>s horairesd’ouverture.Exemple : J’ai rencontré plusieurs femmes disposant d’un jour RTT qui vou<strong>la</strong>ient allerà <strong>la</strong> piscine un mardi après-midi. Cependant, cette p<strong>la</strong>ge horaire était réservée <strong>au</strong>xsco<strong>la</strong>ire ou <strong>au</strong>x associations. Quand <strong>la</strong> piscine ouvrait en fin <strong>de</strong> journée pour lepublic, ces femmes <strong>de</strong>vaient alors rentrer s’occuper <strong>de</strong> leurs enfants.Une réflexion sur l’organisation sociale du temps doit être menée. Du point dudéveloppement durable, je citerai un <strong>au</strong>tre exemple. Tous les exemples cités ont étéà l’origine <strong>de</strong>s politiques temporelles, <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion.Exemple : En Allemagne, en particulier, un événement important est intervenu en1993 dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> usine <strong>de</strong> fabrication d’<strong>au</strong>tomobiles, VOLKSWAGEN. Pour <strong>de</strong>sraisons <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong> l’emploi, un accord a été signé entre les syndicats et <strong>la</strong>direction <strong>de</strong> l’entreprise afin <strong>de</strong> s<strong>au</strong>ver <strong>de</strong>s emplois en réduisant <strong>la</strong> durée du travail.C’est ce qu’on appelle <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> partage du travail. A l’époque, ils étaient déjàà 35 heures (le processus a été négocié entre les syndicats et le patronat et mis enp<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis 1984). Ils sont donc passés à 28 heures sur quatre jours, ce qui aprovoqué, selon les entreprises, be<strong>au</strong>coup d’horaires différents.On a étudié un cas en particulier à Augsbourg, <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> l’industrie<strong>au</strong>tomobile. Cette ville ne vit que <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>au</strong>tomobile. Sur 120 000 habitants,plus <strong>de</strong> 50 000 travaillent dans l’industrie <strong>au</strong>tomobile. Toute l’économie est centréesur l’industrie <strong>au</strong>tomobile. Dans cette usine qui comptait 30 000 sa<strong>la</strong>riés, l’accord citéprécé<strong>de</strong>mment a été mis en œuvre et il y avait 150 horaires différents. Au bout d’uneannée, on s’est aperçu que l’entreprise <strong>de</strong> transport public, Société d’économiemixte, avait perdu l’essentiel <strong>de</strong> ses usagers. <strong>Le</strong>s gens prenaient leur voiture pouraller travailler parce que le système <strong>de</strong> ramassage ne fonctionnait plus. Ce<strong>la</strong> a euune conséquence énorme sur l’environnement puisqu’il y avait davantage <strong>de</strong>transport en véhicule personnel. Il y a eu un processus <strong>de</strong> médiation pour essayer <strong>de</strong>


MERCREDI 17 JANVIER 2007faire prendre conscience que l’entreprise, que ce<strong>la</strong> soit ses organisation syndicalesou sa direction, <strong>de</strong>vait se préoccuper <strong>de</strong>s externalités qu’elle produit sur le territoire.Je vais vous donner un <strong>au</strong>tre exemple pour montrer le lien avec ledéveloppement soutenable dont on par<strong>la</strong>it. Développement soutenable ou durable, letemps est un élément central. Nous effectuons <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong>s actions qui relient lepassé <strong>au</strong> futur. Chaque région ou territoire a une i<strong>de</strong>ntité patrimoniale, historique,culturelle, économique, politique. Nos actions d’<strong>au</strong>jourd’hui vont transformer cepatrimoine : soit elles le détruisent, soit elles le reproduisent, tourné vers le passé,soit <strong>au</strong> contraire, elles essaient <strong>de</strong> l’améliorer, d’aller vers quelque chose qui fait lelien entre les <strong>de</strong>ux (passé et futur), qui ne perd pas <strong>la</strong> mémoire du patrimoine,l’historicité et toute <strong>la</strong> culture, qui cherche à maintenir une i<strong>de</strong>ntité culturelle duterritoire et une i<strong>de</strong>ntité sociale. Il y a <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong>s types d’usage dutemps qui ne sont pas les mêmes.Un <strong>au</strong>tre exemple qui vient d’Italie, à Prato. Sur une petite zone d’activité où ily a be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> petites entreprises textiles, ce que les Italiens appellent un « districtindustriel » (l’endroit où se regroupe une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites entreprises qui travaillentdans le même domaine et qui s’échangent les in<strong>format</strong>ions, les contrats et quiacceptent toutes les comman<strong>de</strong>s qui viennent), il existe un « time manager »(manager du temps) qui essaie, à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> question du temps, <strong>de</strong> faire le lien entrel’usage du temps et l’usage du patrimoine, <strong>de</strong> l’environnement…. Ce<strong>la</strong> peutégalement concerner <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s e<strong>au</strong>x. Ils ont mis en p<strong>la</strong>ce tout un système pouressayer <strong>de</strong> mutualiser toutes les entreprises car <strong>au</strong>cune n’est capable <strong>de</strong> prendre lesystème qui va permettre <strong>de</strong> retraiter les e<strong>au</strong>x usées. Par contre, si elles serassemblent et qu’elles créent un système sur ce territoire, il y <strong>au</strong>ra <strong>de</strong>s résultats.<strong>Le</strong> problème du coût pour les entreprises est en général un obstacle <strong>au</strong>financement d’un projet.J’en viens <strong>au</strong> sujet immédiat : les politiques temporellesSelon l’INSEE, le temps social est le temps physiologique, le temps qu’onpasse à dormir, à s’occuper <strong>de</strong> soi. Ce n’est pas toujours un temps social, c’estsurtout un temps personnel. Il nous permet <strong>au</strong>ssi d’être dans notre rapport avec <strong>la</strong>société. <strong>Le</strong> temps social est <strong>au</strong>ssi un construit social. C’est également un certainnombre <strong>de</strong> représentations par rapport <strong>au</strong> temps.On distingue différents temps :- le temps du travail qui comprend le temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>format</strong>ion, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s,- le temps du transport,- le temps libre (les 2/3 <strong>de</strong> ce temps sont passés <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> télévision <strong>au</strong>jourd’hui),- le temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie sociale,- le temps <strong>de</strong> loisir,- le temps domestique, très inégalement réparti <strong>au</strong>jourd’hui.


MERCREDI 17 JANVIER 2007les pays scandinaves, par contre, les enfants n’ont <strong>au</strong>cun impact sur <strong>la</strong> participation<strong>de</strong>s femmes <strong>au</strong> marché du travail mais sur <strong>la</strong> durée du travail <strong>de</strong>s femmes parcequ’elles prennent le congé parental. Cette pério<strong>de</strong> est rémunérée. Il n’y apratiquement pas <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire. Elle dure douze mois qui peuvent être pris àtemps partiel. <strong>Le</strong>s hommes peuvent prendre <strong>de</strong>ux mois.On peut faire <strong>de</strong>s choses dans l’espace du travail (entreprise,administration…).- On peut pratiquer <strong>de</strong> <strong>la</strong> flexibilité équilibrée, négociée : essayer <strong>de</strong> faire en sorteque le hors travail <strong>de</strong>s individus soit un élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation sur le temps <strong>de</strong>travail ; ce qui est très peu fait <strong>au</strong>jourd’hui.Exemple : Aux Pays-Bas, tout sa<strong>la</strong>rié peut déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sa durée <strong>de</strong> travail. Un refus<strong>de</strong> l’employeur nécessiterait une justification.Une entreprise comme « BOIRON » en France (fabricant <strong>de</strong>s produitshoméopathiques) applique ce système <strong>de</strong>puis 30 ans. 35 % <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés travaillent àtemps partiel. Cette entreprise compte be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> femmes parmi ses sa<strong>la</strong>riés.Chaque année, il y a possibilité <strong>de</strong> revoir sa durée <strong>de</strong> travail.- On peut également appliquer <strong>la</strong> conciliation entre vie professionnelle et vie privée.On note <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s avancées à ce sujet en Europe <strong>de</strong>puis l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong>Scandinavie en Europe (diffusion du congé parental, meilleure protection du travail àtemps partiel, égalité entre les hommes et les femmes…). <strong>Le</strong> sommet <strong>de</strong> Lisbonnevise l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s femmes <strong>au</strong> marché du travail mais <strong>au</strong>ssi <strong>la</strong>création <strong>de</strong> services pour l’accueil <strong>de</strong>s enfants, pour le travail domestique.<strong>Le</strong>s politiques temporelles locales, appelées « politiques <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> <strong>la</strong>ville » par les Italiens, représentent <strong>la</strong> vie quotidienne. Elles doivent faire en sorteque les institutions politiques (conseils génér<strong>au</strong>x, municipalités…) prennent encompte et s’intéressent à <strong>la</strong> vie quotidienne <strong>de</strong>s habitants, <strong>de</strong>s visiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Ilf<strong>au</strong>t prendre en considération qu’il y a <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements et que <strong>de</strong>s services doiventse décentraliser. Il f<strong>au</strong>t travailler sur les changements <strong>de</strong>s rythmes temporels <strong>de</strong>sactivités et sur <strong>la</strong> coordination entre les systèmes d’horaires. Il y a régu<strong>la</strong>tion dutemps <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s services, <strong>de</strong>shôpit<strong>au</strong>x, <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévision sans tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> transversalité, <strong>de</strong> l’externalité… Sion doit retenir quelques grands mots ici, ce sera : proximité, accessibilité etcitoyenneté.Origine <strong>de</strong>s politiques temporelles<strong>Le</strong>s femmes Italiennes, députées du Parti Communiste Italien, dans le milieu<strong>de</strong>s années 1980 ont fait un projet <strong>de</strong> loi « <strong>Le</strong>s femmes changent le temps », (tempsdu travail, <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville). Elles avaient une approche immédiatement globaledu temps en disant qu’il f<strong>au</strong>t réduire <strong>la</strong> durée du travail, travailler sur <strong>la</strong> flexibilité,revoir <strong>la</strong> distribution du travail entre les hommes et les femmes <strong>au</strong> sein du foyer,transport, services. A l’époque, tous les services publics étaient fermés l’après-midi.<strong>Le</strong> projet n’a pas été adopté mais a fait débat en particulier parmi les femmes qui se


MERCREDI 17 JANVIER 2007sont constituées en association. Il y a eu ensuite une loi <strong>de</strong> décentralisation qui adonné <strong>au</strong> maire <strong>la</strong> possibilité d’harmoniser les horaires <strong>de</strong>s services <strong>au</strong>ssi bienpublics que privés. Des négociations <strong>au</strong> p<strong>la</strong>n local ont été organisées. <strong>Le</strong> maire <strong>de</strong>Modène a donc créé un pacte pour <strong>la</strong> mobilité afin <strong>de</strong> construire un rése<strong>au</strong> <strong>de</strong>transport à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour les personnes handicapées ou les femmes quitravaillent et qui ont <strong>de</strong> jeunes enfants…<strong>Le</strong>s politiques temporelles sont <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s politiques spatio-temporelles. En2000, l’initiatrice du projet <strong>de</strong> loi du milieu <strong>de</strong>s années 1980 est <strong>de</strong>venue Ministre duTravail. Une loi associant le travail (possibilités <strong>de</strong> congé parental, <strong>de</strong> congés <strong>de</strong><strong>format</strong>ion, d’absence du travail) et <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong>s politiques temporelleslocales. Dans toutes les villes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 30 000 habitants, les politiques temporelles<strong>de</strong>vaient être appliquées, il <strong>de</strong>vait y avoir un bure<strong>au</strong> du temps.En France, un rése<strong>au</strong> européen a été financé à partir du milieu <strong>de</strong>s années1990 avec <strong>de</strong>s collègues allemands, italiens pour traiter du dialogue social local.Depuis l’arrivée <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi Aubry, <strong>la</strong> DIACT (Délégation Interministérielle àl’Aménagement et à <strong>la</strong> Compétitivité <strong>de</strong>s Territoires), anciennement appelée DATAR(Délégation à l’Aménagement du Territoire et <strong>de</strong> l’Action Régionale), nous a donné<strong>de</strong>s possibilités à travers un appel d’offres <strong>de</strong> financer un séminaire qui s’appe<strong>la</strong>it« Temps et Territoires » que j’ai dirigé <strong>de</strong> 2000 à 2004. Il réunissait <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong>scollectivités locales, <strong>de</strong>s administrations centrales, <strong>de</strong>s chercheurs, <strong>de</strong>s architectes…L’objectif était <strong>de</strong> sensibiliser à partir <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> recherche que l’on avaiteffectués et d’aller dans <strong>de</strong>s collectivités locales (Poitiers, Saint-Denis, <strong>la</strong> Giron<strong>de</strong>)pour leur en parler.En 2001, les premiers bure<strong>au</strong>x du temps apparaissent en France sur lesmodèles <strong>de</strong>s bure<strong>au</strong>x italiens.<strong>Le</strong> bure<strong>au</strong> du temps est un organisme chargé <strong>de</strong> découvrir les problèmes et<strong>de</strong> faire <strong>la</strong> transversalité entre les différents acteurs concernés. Ces <strong>de</strong>rniers vontétablir un diagnostic partagé qui mènera ensuite à une solution partagée et acceptéepar tous.Exemples : Il existe un problème <strong>de</strong> trafic à l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Comment résoudre ceproblème ? Il f<strong>au</strong>t voir si les entreprises ne peuvent pas changer leurs habitu<strong>de</strong>s.Ce<strong>la</strong> concerne <strong>au</strong>ssi les horaires sco<strong>la</strong>ires. <strong>Le</strong>s horaires sco<strong>la</strong>ires peuvent-ils êtremodifiés ? Ce<strong>la</strong> vise le système <strong>de</strong> l’éducation. A ce sta<strong>de</strong>, ce<strong>la</strong> se rapporteégalement <strong>au</strong>x enfants, à <strong>la</strong> famille, <strong>au</strong>x professeurs. Il est donc indispensable <strong>de</strong>faire <strong>la</strong> transversalité entre tous les acteurs concernés.A Poitiers, environ 25 000 étudiants se ren<strong>de</strong>nt chaque matin sur le campusqui est un peu à l’extérieur. Ce<strong>la</strong> créé donc un souci pour les sociétés <strong>de</strong> transportpublic. Ils ont discuté avec le rectorat, <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’université… <strong>Le</strong> bure<strong>au</strong> dutemps a <strong>de</strong>mandé si les horaires <strong>de</strong>s cours ne pouvaient pas être décalés. Il a mis enp<strong>la</strong>ce un dialogue sociétal avec <strong>la</strong> société civile, <strong>la</strong> municipalité, l’entreprise, lessyndicats… Tous ces acteurs concernés par le problème vont discuter, faire undiagnostic partagé ; ce qui va les conduire à trouver une solution partagée. Ils ontdonc accepté <strong>de</strong> décaler les horaires <strong>de</strong>s cours à l’université. La société <strong>de</strong> transporta pu mieux gérer son parc. Ce<strong>la</strong> a eu <strong>de</strong>s effets positifs en terme d’environnement et


MERCREDI 17 JANVIER 2007d’écologie : il y avait moins d’étudiants qui se rendaient en cours en voiture, ou enscooter…A Paris, <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s politiques temporelles a été confiée à Anne Hidalgo,<strong>la</strong> première adjointe du maire <strong>de</strong> Paris, Bertrand De<strong>la</strong>noë. Ils ont voulu travaillerpremièrement sur les crèches. Comment décaler les horaires <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong>scrèches ? Sont alors concernés le syndicat, les sa<strong>la</strong>riées qui habitent loin, qui nesont pas souvent bien rémunérées. Décaler les horaires leur imposerait <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> vie plus difficiles. La solution : Ne pourrait-on pas faire une crècheinter-entreprise dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> municipalité va être partie prenante ?<strong>Le</strong> bure<strong>au</strong> du temps va également rechercher les besoins à travers <strong>de</strong>senquêtes, les pratiques d’usage du temps, les obstacles que rencontre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,les problèmes d’accessibilité…En 2004, l’association « Tempo Territorial » a été créée. Elle réunit unequinzaine <strong>de</strong> territoires qui pratiquent les politiques temporelles, une vingtaine quisont intéressés et qui adhèrent <strong>au</strong> fur et à mesure et une cinquantaine <strong>de</strong>participants. Quelques pays qui pratiquent les politiques temporelles sont concernés :Italie, Allemagne, France, ainsi que quelques villes comme Helsinki (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>),Bristol (Roy<strong>au</strong>me-Uni)...Enjeux et Principes<strong>Le</strong>s enjeux du développement soutenable résultent <strong>de</strong> :- l’urbanité : Comment avoir une société solidaire ? Comment avoir une société où ily a du lien social ? Comment créer <strong>de</strong>s temps collectifs ? Comment vivre en ville ensécurité ? Chaque catégorie a-t-elle l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ? <strong>Le</strong>s catégories sont leshabitants, les visiteurs pour le boulot (businessman), les touristes… Avec <strong>la</strong> mise enp<strong>la</strong>ce du rése<strong>au</strong> « NOCTILIEN », <strong>au</strong>trefois appelé « NOCTAMBUS », le rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> bus <strong>la</strong>nuit, on s’est aperçu que ce<strong>la</strong> était utile pour les travailleurs <strong>de</strong> nuit (ceux quitravaillent dans les banques <strong>de</strong> nuit, les centres d’appel, les hôpit<strong>au</strong>x, les gardiens<strong>de</strong> nuit et ceux qui sont dans le secteur du loisir) qui n’avaient pas <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong>transport <strong>au</strong>paravant ou qui étaient obligés <strong>de</strong> prendre leur voiture.- <strong>la</strong> conciliation-harmonisation : lien entre <strong>la</strong> vie professionnelle, <strong>la</strong> vie sociale, et <strong>la</strong>vie personnelle…- <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation : mo<strong>de</strong>rniser les services, rapprocher le service <strong>de</strong> l’habitant, créer<strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> services publics dans les zones rurales, <strong>de</strong>s guichets uniquesdécentralisés. Comment permettre l’accessibilité immédiate du service à travers lesnouvelles technologies ?Institutions, métho<strong>de</strong>s et outils


MERCREDI 17 JANVIER 2007 Comment intégrer l’organisation sociale avec les temps vécus ?Comment sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s caractéristiques économiques, sociales, culturelles,patrimoniales, construire une organisation spatio-temporelle qui va rendre unterritoire attractif, par exemple sur <strong>la</strong> <strong>format</strong>ion ? Aujourd’hui, les entreprises nes’imp<strong>la</strong>ntent pas où il y a <strong>de</strong>s sources d’énergie. Au contraire, elles s’installent où il ya une bonne <strong>format</strong>ion, un bon rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> transport, un bon système <strong>de</strong> loisir… Ellesvont <strong>au</strong>ssi s’installer sur un territoire qui va leur permettre d’avoir une bonnelogistique, <strong>de</strong> bien fonctionner.<strong>Le</strong> problème ensuite est <strong>de</strong> faire le lien entre les différentes échelles spatiales.Un problème <strong>de</strong> gouvernance se pose. La décentralisation <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> décision versle h<strong>au</strong>t, vers l’international, <strong>la</strong> mondialisation, vers le local est importante. La respiration temporelle d’un territoire.<strong>Le</strong>s architectes, les géographes savent <strong>la</strong> représenter à partir d’unchronotope. Un chronotope est un producteur <strong>de</strong> temps qui attire.● Analyse à partir <strong>de</strong> diaporamas du quartier <strong>de</strong>s Halles, <strong>de</strong> Hambourg.Des points lumineux apparaissent <strong>au</strong> fur et à mesure que <strong>la</strong> ville s’anime.Comment faire co-exister <strong>la</strong> ville qui dort, <strong>la</strong> ville qui s’amuse et <strong>la</strong> ville quitravaille ? L’urbanisme jusqu’à présent a spécialisé les lieux. La ville historiqueeuropéenne a toujours mé<strong>la</strong>ngé le lieu où l’on travaille, le lieu où l’on vit, le lieu oùl’on dort, ce qui créé <strong>de</strong>s conflits <strong>de</strong> temps.● Passage d’une carte <strong>de</strong> Dijon qui montre les activités principales.● Passage d’une <strong>au</strong>tre carte <strong>de</strong> Dijon qui montre l’occupation en terme <strong>de</strong> catégorieprofessionnelle.Champs d’application<strong>Le</strong>s points d’application <strong>de</strong>s politiques temporelles peuvent être les suivants :- <strong>Le</strong>s horaires et les rites sco<strong>la</strong>ires- <strong>Le</strong>s universités- Par rapport <strong>au</strong> trafic à l’entrée <strong>de</strong>s villes, à <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s familles : <strong>au</strong>tonomie <strong>de</strong> l’écolepour réguler les horaires (accueil <strong>de</strong>s enfants, heures <strong>de</strong> début et <strong>de</strong> fin <strong>de</strong>s cours)- Horaires <strong>de</strong>s crèches et <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>ries d’enfantsExemples : En Dordrecht, <strong>au</strong>x Pays-Bas, une crèche est située à l’intérieur <strong>de</strong>l’école. Tout le système éducatif est intégré dans un espace : école, jardin d’enfants.


MERCREDI 17 JANVIER 2007En Italie, ils ont décidé <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s « écoles ouvertes sur <strong>la</strong> ville ». Il s’agitd’ouvrir les cours d’écoles <strong>au</strong>x habitants quand il n’y a pas cours pour <strong>de</strong>s activités.Ce<strong>la</strong> conduira à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un « learning center » (centre d’apprentissage) ;c'est-à-dire un centre <strong>de</strong> « <strong>la</strong> société <strong>de</strong> connaissance ». Il va y avoir une école, lesjardins d’enfants avec <strong>de</strong>s activités, un centre <strong>de</strong> <strong>format</strong>ion pour les adultes, <strong>de</strong>sservices (rest<strong>au</strong>rant…). Ce<strong>la</strong> donne lieu à une entité qui créé du lien social dans <strong>la</strong>ville.<strong>Le</strong>s politiques temporelles ne relèvent pas seulement du fonctionnel mais<strong>au</strong>ssi du culturel. Elles vont bousculer les habitu<strong>de</strong>s, anticiper les changements <strong>de</strong>smo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie.Exemple : La bibliothèque n’est plus un lieu où on va chercher un livre, c’est un lieu<strong>de</strong> lien social, on y va en famille. On va discuter, lire <strong>de</strong>s journ<strong>au</strong>x. Ce<strong>la</strong> impliquedonc <strong>la</strong> création <strong>de</strong> services (rest<strong>au</strong>rant, café, cyber espace, <strong>de</strong>s activités organisées<strong>au</strong>tour <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture…).Comment faire en sorte que les horaires <strong>de</strong>s transports correspon<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>xhoraires du travail ? <strong>Le</strong>s gens qui travaillent tard le soir sont obligés d’utiliser leurvoiture pour rentrer chez eux. Quand ils ne disposent pas d’une voiture, ilsrencontrent <strong>de</strong>s difficultés considérables.Il f<strong>au</strong>t donc articuler entre eux les différents systèmes d’horaires (celui <strong>de</strong>l’école, <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>s services…). Il f<strong>au</strong>t faire en sorte que les gens quitravaillent trouvent un certain nombre <strong>de</strong> services à leur sortie du travail.Exemple : A Poitiers, <strong>de</strong>puis quatre ans, dans <strong>la</strong> semaine qui précè<strong>de</strong> <strong>la</strong>rentrée sco<strong>la</strong>ire, dans toutes les mairies <strong>de</strong> quartier, il y a un guichet unique <strong>de</strong> <strong>la</strong>rentrée sco<strong>la</strong>ire. Tous les services liés à <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité à <strong>la</strong> péri sco<strong>la</strong>rité (cantine,assurance, sport, musique…) se réunissent <strong>au</strong> même endroit. Ce<strong>la</strong> présente <strong>de</strong>savantages : toutes les démarches peuvent être effectuées dans un même lieu, lesprofessionnels qui travaillent dans ce secteur peuvent échanger.Pour parler d’articu<strong>la</strong>tion entre temps <strong>de</strong> travail et temps hors travail, le maire<strong>de</strong> Rennes a décidé <strong>de</strong> négocier avec les femmes qui travaillent dans le service <strong>de</strong>nettoyage <strong>de</strong> bure<strong>au</strong>x. Elles effectuent <strong>de</strong>ux heures le matin, <strong>de</strong>ux heures à <strong>la</strong>cantine sco<strong>la</strong>ire plus tard dans <strong>la</strong> journée, et enfin trois heures le soir. Elles nepeuvent pas rentrer chez elles dans <strong>la</strong> journée, ce<strong>la</strong> créé <strong>de</strong>s problèmes… <strong>Le</strong> mairea décidé d’entreprendre <strong>de</strong>s négociations.- La femme <strong>de</strong> ménage ne pourrait-elle pas nettoyer pendant que l’employé <strong>de</strong>bure<strong>au</strong> est encore à son poste ?- Deux équipes travaillent à tour <strong>de</strong> rôle : une le matin et l’<strong>au</strong>tre l’après-midi.Il essaie d’améliorer <strong>la</strong> sécurité dans <strong>la</strong> ville (meilleur éc<strong>la</strong>irage) afin qu’il y aitune meilleure appropriation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville entre les hommes et les femmes. Commentgérer les effectifs <strong>de</strong> police en fonction <strong>de</strong>s moments ?Conclusion


MERCREDI 17 JANVIER 2007● Passage <strong>de</strong> photos.A Crémone, en Italie, on a inventé <strong>la</strong> journée du citoyen. <strong>Le</strong> mercredi, l’horaireest égal pour tous. <strong>Le</strong> mercredi après-midi, tous le services seront ouverts qu’ilssoient privés ou publics. C’est un temps commun qui a été créé.Il peut y avoir <strong>de</strong>s lieux qui ont <strong>de</strong>s usages différents à <strong>de</strong>s momentsdifférents. Ce<strong>la</strong> donne matière à réflexion du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’urbanisme et <strong>de</strong>l’architecture : il f<strong>au</strong>t <strong>de</strong>s lieux qui ont cette mixité. Ce<strong>la</strong> commence à se développer<strong>au</strong>x Pays-Bas par exemple.Merci <strong>de</strong> votre attention. »DEBATMME FANON-ALEXANDRE :« Nous avons un gros problème <strong>de</strong> temps que nous n’arrivons pas à gérer. Jevou<strong>la</strong>is simplement vous remercier <strong>au</strong> nom du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> pour cet exposévraiment bril<strong>la</strong>nt.Il se trouve que le mercredi est un jour où souvent les enfants ne sont pas enc<strong>la</strong>sse et nous terminons à 13 h 00. Je ne sais pas si on vous a parlé dufonctionnement du temps chez nous. Nous avons <strong>de</strong>ux après-midi <strong>de</strong> libre. Nouscommençons très tôt le matin. Nous avons quelque chose <strong>de</strong> spécifique que l’on neretrouve pas dans les systèmes parisiens : nous terminons <strong>de</strong> travailler à 13 h 00 lemercredi et le vendredi. Ce qui donne lieu pratiquement à un week-end prolongérégulier pour l’ensemble <strong>de</strong>s administrations.Je vou<strong>la</strong>is vous donner une in<strong>format</strong>ion puisque vous avez souhaité connaîtreun peu le fonctionnement chez nous.Sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s statistiques, nous avons constaté <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>Conseil</strong><strong>Général</strong> en ce qui concerne le temps <strong>de</strong> présence <strong>de</strong>s agents, par rapport à <strong>la</strong>France, nous avons premièrement un temps partiel qui est en train d’<strong>au</strong>gmenter cesjours-ci mais je sais que c’est certainement le problème du transport qui créé le plusgrand problème. Mais il est complètement ridicule alors que nous avons précisémenten terme démographique <strong>de</strong>s femmes qui sont plus présentes et qui sont chefs <strong>de</strong>famille. Ce<strong>la</strong> peut paraître un peu inopérant. En définitive, c’est parce que nousavons les mercredis après-midi qui correspon<strong>de</strong>nt à un besoin d’activités pour lesfemmes.La <strong>de</strong>uxième chose c’est <strong>la</strong> solidarité familiale qui est encore très présentechez nous avec un habitat où le logement n’est pas forcément partagé par unefamille mais par <strong>de</strong>ux ou trois générations parfois. C’est quelque chose qui est <strong>au</strong>ssiimportant.


MERCREDI 17 JANVIER 2007La troisième chose : les absences <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die… Nous n’avons pas vraimentles congés <strong>de</strong> convenance. Ce<strong>la</strong> existe toujours comme partout ailleurs mais il n’y ena pas be<strong>au</strong>coup. Même si on sait qu’il y a <strong>de</strong> temps en temps du burn-out, le poids<strong>de</strong> <strong>la</strong> famille repose be<strong>au</strong>coup sur <strong>la</strong> femme qui est chef <strong>de</strong> famille même si elle vit<strong>de</strong> minima soci<strong>au</strong>x. Ce sont <strong>de</strong> petits éléments que je vou<strong>la</strong>is vous donner.J’ai une question fondamentale à vous poser en ce qui concerne les bure<strong>au</strong>xdu temps. Je suis évi<strong>de</strong>mment extrêmement intéressée par ce sujet parce que nousvenons <strong>de</strong> réaliser un sondage. J’ai <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> faire un <strong>de</strong>uxième sondage <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> du personnel parce que nous fonctionnons avec <strong>de</strong>s horaires un peu strict.Ce<strong>la</strong> fait un moment que j’essaie <strong>de</strong> me battre contre ce<strong>la</strong>. Mais figurez-vous que lespremières personnes qui bloquent cette évolution du pointage et <strong>de</strong>s horaires àtemps partiel sont les syndicats, en tout cas un syndicat.J’ai ensuite sondé par Internet tout en négociant avec les syndicats.Globalement, les gens ne veulent pas changer <strong>de</strong> système. Pourquoi ? Parce qu’il ya déjà <strong>de</strong>ux après-midi <strong>de</strong> libre. Parce qu’ils ont seize jours <strong>de</strong> RTT supplémentairespar rapport <strong>au</strong>x vingt-sept jours que nous pratiquons ici. Par contre, <strong>la</strong>désorganisation est terrible <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du service public que nous sommes. Nousn’arrivons plus à gérer. Nous avions un système qui était très compliqué maisbe<strong>au</strong>coup trop intellectuel. C’est ingérable pour que les gens ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong>scongés <strong>de</strong> RTT avant ou après les congés, les ponts…En définitive, nous avons du mal à nous socialiser. Quand je veux réunirl’ensemble <strong>de</strong>s cadres <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité, je suis sûre que je suis à moins 20 % parcequ’il y a un qui est ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, un <strong>au</strong>tre en RTT, l’<strong>au</strong>tre qui est en congé…Ladésorganisation est effective. L’idée était bonne mais comme elle n’a pas été norméeet les négociations ont été <strong>la</strong>issées <strong>au</strong> rythme <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres. Il s’en est suiviune désorganisation à tout point <strong>de</strong> vue y compris <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du fonctionnement dusecteur privé.Votre exposé me montre comment il est urgent <strong>de</strong> se mettre <strong>au</strong>tour d’unetable ; ce qui est <strong>de</strong> plus en plus difficile. L’intolérance est partout, elle n’est passeulement dans <strong>la</strong> famille ou dans le couple. Elle est <strong>au</strong>ssi dans <strong>la</strong> société. <strong>Le</strong>s jeux<strong>de</strong> pouvoir sont extraordinaires <strong>au</strong>jourd’hui. Arriver à vivre ensemble me semble êtreun rapport qui avait été introduit il y a déjà presque 30 ans et il est encore d’actualité.Avec toute cette mo<strong>de</strong>rnité, avec tout cet accord expérimental, les échangesd’expériences, cette nouvelle façon d’apprendre avec les différentes expérienceseuropéennes, tout compte fait ça ne sort pas grand-chose. Et c’est là le problème.Est-ce que les bure<strong>au</strong>x du temps qui ont été mis en p<strong>la</strong>ce et qui sontnécessaires parce que ce sont <strong>au</strong> moins <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> réflexion sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>s lieux d’actions ? »M. BOULIN :« Oui, peut être pas <strong>au</strong> p<strong>la</strong>n où on souhaiterait qu’ils le soient <strong>de</strong>venus. Mais ily a <strong>de</strong>s actions qui sont entreprises. Je peux donner <strong>de</strong>s exemples comme le guichetunique <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Poitiers. Dans votre cas, ce que vous expliquez,c’est qu’il manque l’acteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile. Il y a eu un accord et c’est souvent ce


MERCREDI 17 JANVIER 2007qui arrive : on reste dans une conception interne. On va négocier à partir <strong>de</strong>sporteurs d’intérêt, essayer d’éviter les conflits… Résultat : d’après ce que vous dites,c’est l’usager qui en pâtit. Il va y avoir un problème d’accessibilité <strong>au</strong>x servicespublics. C’est là où <strong>la</strong> négociation nécessite d’introduire les associations d’usagers…Ce<strong>la</strong> va prendre du temps.Comme vous dites, <strong>au</strong> début ce sera tendu et il va y avoir <strong>de</strong>s positions trèsfermes. Mais, je suis intimement convaincu qu’en mettant <strong>de</strong>s gens <strong>au</strong>tour d’unetable, et qu’en n’arrivant pas avec une solution toute fait, on trouve <strong>de</strong>s solutions. Onne va pas trouver <strong>de</strong> solution optimale du premier coup.Pour répondre à votre question, le bure<strong>au</strong> du temps est un lieu qui provoque<strong>de</strong>s actions, qui est à l’origine d’actions. C’est donc un lieu <strong>de</strong> sensibilisation,d’in<strong>format</strong>ion, d’enquêtes pour comprendre comment fonctionne le territoire,d’impulsion. Il ira voir les partenaires et les gens qui vont mettre les choses enœuvre. Ce n’est pas le bure<strong>au</strong> du temps qui va le faire. Il n’a pas d’<strong>au</strong>torité pour ce<strong>la</strong>.L’<strong>au</strong>torité vient du maire ou du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité locale. Il f<strong>au</strong>t qu’il soitassez convaincant pour dire qu’il f<strong>au</strong>t se tourner vers cette solution-là. Mais c’estlong. Il y a quand même <strong>de</strong>s choses qui peuvent aller vite : décaler les horaires <strong>de</strong>scours à l’université.Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi réfléchir <strong>au</strong>x effets pervers <strong>de</strong>s choses que l’on va créer mais onne peut pas penser à tout non plus. Après, il f<strong>au</strong>t accepter qu’on soit dans unesociété où rien n’est jamais figé à l’avance.<strong>Le</strong> bure<strong>au</strong> du temps n’est pas un lieu <strong>de</strong> décision mais un lieu d’impulsiond’actions et <strong>de</strong> sensibilisation. La difficulté vient <strong>de</strong>s structures intermédiaires quiinterviennent dans nos décisions, dans nos actions. A Rennes, il y avait un gran<strong>de</strong>space culturel, appelé « les champs libres », qui a regroupé <strong>la</strong> bibliothèque. Ils ontessayé <strong>de</strong> dire : il f<strong>au</strong>drait qu’il soit ouvert un peu plus <strong>la</strong>rgement. A Poitiers, ilsorganisent <strong>de</strong>s « mardis <strong>de</strong> temps » <strong>au</strong>près <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ce sont <strong>de</strong>sconférences <strong>au</strong>tour du temps. »MME FANON-ALEXANDRE :« Vous parliez tout à l’heure <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> transport, <strong>de</strong> trajet. Je suisvraiment préoccupée par rapport <strong>au</strong> personnel départemental. Nous avonspratiquement 2 000 personnes qui travaillent ici. On a territorialisé un certain nombre<strong>de</strong> services. Je suis donc prête à territorialiser les services publics département<strong>au</strong>xdès que j’<strong>au</strong>rai l’<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> mon Prési<strong>de</strong>nt. Mais ce<strong>la</strong> a déjà été fait dans ledomaine social et médico-social <strong>de</strong> façon à pouvoir toucher <strong>au</strong> plus près <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion. Mais, j’ai du personnel sur un micro territoire qui est obligé <strong>de</strong> se réveillerà 4 h 30 le matin pour pouvoir être ici à 7 h 30 le matin. Depuis 4 h 30 <strong>la</strong> personneest déjà bloquée sur le problème du trajet. Ce sont <strong>de</strong>s gens qui n’habitent pas trèsloin. Ils le font pour éviter <strong>de</strong> gaspiller <strong>de</strong> l’essence <strong>de</strong> façon extraordinaire parce queces gens n’ont pas be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> revenus <strong>la</strong> plupart du temps et même s’ils en ont unpeu plus que d’<strong>au</strong>tres, ils ont <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> trois quatre personnes avec souvent <strong>la</strong>mère qui ne travaille pas et qu’il f<strong>au</strong>t emmener les enfants <strong>au</strong> lycée. Même s’il y a <strong>la</strong>carte sco<strong>la</strong>ire, ce<strong>la</strong> leur revient moins cher <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre sur <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> déposerl’enfant dans un lycée urbain même si c’est Ducos, plutôt que <strong>de</strong> payer unsupplément <strong>de</strong> transport sco<strong>la</strong>ire. Il leur f<strong>au</strong>t donc partir très tôt parce qu’ils gaspillent


MERCREDI 17 JANVIER 2007moins d’essence, ils arrivent plus vite <strong>au</strong> travail mais ils n’en repartent pas plus tôtpour <strong>au</strong>tant. Ils repartent même plus tard parce qu’à partir <strong>de</strong> 16 h 00 vous prenezpratiquement une heure pour sortir du centre ville Fort-<strong>de</strong>-France pour arriver <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> du Lamentin globalement. C’est insupportable. Je suis persuadée que si oncommence à regar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> courbe <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, <strong>de</strong>s dépressionsnerveuses… c’est un problème fondamental <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong>. »Carole VETUS :« Je suis architecte urbaniste décorateur d’intérieur dans <strong>la</strong> région parisienne.J’ai eu le p<strong>la</strong>isir d’entendre parler du CAUE. Il fait partie <strong>de</strong>s organismesprofessionnels avec lesquels je travaille dans les H<strong>au</strong>tes Seines. Je trouve ce<strong>la</strong>formidable d’utiliser les moyens <strong>de</strong> communication comme <strong>la</strong> radio pour vous faireconnaître et expliquer <strong>au</strong>x habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong> dans quelle orientation le CAUEet le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> travaillent <strong>au</strong> service <strong>de</strong>s citoyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong> trèsintelligemment. Cette connaissance peut se développer facilement <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion parce que l’in<strong>format</strong>ion est présente. Je me rends compte qu’<strong>au</strong>jourd’hui ily a une transversalité du travail avec le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>. Ce travail <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration,<strong>de</strong> bon échange est plutôt prometteur pour pouvoir régler les problèmes <strong>de</strong>circu<strong>la</strong>tion. C’est évi<strong>de</strong>nt que ça va se régler. »MME MAZARIN :« Il y a <strong>de</strong>ux choses qui m’ont intéressé particulièrement. <strong>Le</strong> portage politiquedoit être fort. Je pense que sans portage politique, il n’y <strong>au</strong>ra rien du tout. De <strong>de</strong>uxchoses l’une, l’organisation d’une conférence débat signifie qu’il y a déjà un portagemais il f<strong>au</strong>t que ce portage politique soit <strong>au</strong>ssi porté par <strong>de</strong>s citoyens. Si Agenda 21existe c’est parce qu’on a fait appel à <strong>de</strong>s citoyens. Je n’appartiens à <strong>au</strong>cuneadministration. Je suis juste usagère <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Je pourrais même dire que je suisune ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville sur plusieurs nive<strong>au</strong>x : j’ai un mari qui est un commerçant ducentre ville ; ce qui est quand même intéressant parce que ce<strong>la</strong> permet <strong>de</strong> se poserplein <strong>de</strong> questions sur le développement en particulier, sur ce que vous avez appeléles superpositions <strong>de</strong>s usagers (comment ils s’entrecroisent, comment ils veulentvenir). Il y a quand même pas mal <strong>de</strong> tentatives qui sont faites pour que <strong>la</strong> ville soitréappropriée par les usagers sur les temps qui ne sont pas <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail.Pour le moment c’est l’échec. Si les commerçants déci<strong>de</strong>nt par exemple d’essayer<strong>de</strong> voir s’ils arrivent à obtenir <strong>de</strong>s gens qui arriveraient à revenir sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s lesamedi ou le samedi après-midi ou tardivement. Ils sont là mais <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion n’estpas <strong>au</strong> ren<strong>de</strong>z-vous. On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi. Tout ce<strong>la</strong> pour dire que ce quim’a intéressé par rapport <strong>au</strong> bure<strong>au</strong> du temps, c’est que <strong>la</strong> transversalité existe entreles différents services, entre le public et le privé ; mais ce<strong>la</strong> s’arrête là.Il y a quand même <strong>de</strong>s citoyens qui sont en alerte, qui ont <strong>de</strong>s idées. Il f<strong>au</strong>draitqu’on trouve un endroit où éventuellement qui permettrait soit <strong>de</strong> signaler <strong>de</strong>sdysfonctionnements et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s propositions puisque vous avez parlé <strong>de</strong> microprojets.A part le portage politique qui peut nous permettre <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>schoses sur le territoire mais il y a <strong>au</strong>ssi <strong>la</strong> possibilité d’utiliser les quartiers, les rues.C’est dans ce sens que le bure<strong>au</strong> du temps si il en existe un, peut également seservir <strong>de</strong> ces apports.


MERCREDI 17 JANVIER 2007J’ai un fils qui travaille à Sainte-Anne, qui habite Didier. Il commence à 7 h 00le matin. <strong>Le</strong> premier taxi part à 5 h 30 et Mozaïk ne commence qu’à 6 h 00. Tous lesmatins, il <strong>de</strong>scend à pied <strong>de</strong> Didier jusqu’à Fort-<strong>de</strong>-France, pour pouvoir prendre lepremier taxi <strong>de</strong> Sainte-Anne qui lui permet d’arriver à son travail à 7 h 00. Il reste unchoix : l’achat d’une voiture. Je trouve que ce<strong>la</strong> ne <strong>de</strong>vrait pas être un choix qu’onserait obligé <strong>de</strong> faire, parce qu’on sait à quel point <strong>la</strong> précarité <strong>de</strong> l’emploi chez lesjeunes est présente. S’il f<strong>au</strong>t assurer l’entretien d’une voiture avec un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> 800€, ce n’est pas possible. A quand une coordination <strong>de</strong>s horaires entre Mozaïk et lestaxis ? »MME FANON-ALEXANDRE :« Nous avions quelque chose d’excellent à l’époque, c’était les taxis payés. Ilss’arrêtaient à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Entre temps, les institutions sont passées. Il f<strong>au</strong>tdémarcher les appels d’offres. Ce<strong>la</strong> peut être long. Nous sommes vraiment dans unesociété <strong>de</strong> mutation. On a eu le cas présenté dans le France-Antilles <strong>de</strong> jeuneslycéens qui partaient <strong>au</strong>x <strong>au</strong>rores et qui revenaient tard le soir. Comment voulezvousqu’il n’y ait pas d’échec sco<strong>la</strong>ire après ce<strong>la</strong> ? Se réveiller à 4 h 00 du matin pour<strong>de</strong>s jeunes, c’est quelque chose d’inimaginable. Ils finissent leur nuit dans le buspour pouvoir être à l’heure… On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors si on est obligé d’être logé à <strong>la</strong>même enseigne <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s métropoles européennes. »M. BOULIN :« En plus, on est sûr qu’on peut mieux faire. »MME FANON-ALEXANDRE :« Je sais que nous sommes rentrés dans le cycle <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratieparticipative quel que soit le nive<strong>au</strong> du territoire, il y a <strong>de</strong>s lieux où on peuts’exprimer. Ce<strong>la</strong> n’existait pas <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>. <strong>Le</strong>s ateliers Agenda 21(une dizaine d’ateliers que nous avons créés) sont <strong>de</strong>s lieux où le citoyen peut venirs’exprimer, dire son opinion.On a fait un colloque avec <strong>de</strong>s scientifiques sur le réch<strong>au</strong>ffement climatique.Nous avons réussi à mettre <strong>de</strong>s experts en présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile. Nous avonsfait un colloque avec <strong>de</strong>s experts <strong>de</strong> très h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> qui sont venus. <strong>Le</strong> premier jour,pratiquement 900 personnes étaient présentes, 290 personnes le <strong>de</strong>uxième jour.La ville <strong>de</strong> Fort-<strong>de</strong>-France organise <strong>de</strong>s débats. Cependant, il y a le problème<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche d’in<strong>format</strong>ions parce que trop d’in<strong>format</strong>ions tuent l’in<strong>format</strong>ion. Endéfinitive, on ne sait plus à quel moment il f<strong>au</strong>t <strong>la</strong> prendre en compte. C’est souventsectorisé : parfois c’est uniquement pour les commerçants, d’<strong>au</strong>tres fois c’est sur unquartier bien précis. Il se pose alors un problème <strong>de</strong> transversalité.Il y a <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>is qui existent. <strong>Le</strong> re<strong>la</strong>is politique n’est pas forcément celuiqu’il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>x citoyens <strong>au</strong>jourd’hui. Il y a à <strong>la</strong> fois le besoin d’exprimer et le re<strong>la</strong>isqu’on peut utiliser pour faire passe un certain nombre <strong>de</strong> problèmes concrets. Onpeut également utiliser « La lettre <strong>de</strong>s lecteurs » dans le France-Antilles, notrejournal local ou <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à faire un reportage. Parfois, on a du mal à accé<strong>de</strong>r <strong>au</strong>politique parce qu’il est occupé, il a ses priorités… Mais il y <strong>au</strong>ssi <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>faire appel à <strong>la</strong> presse. Ce<strong>la</strong> va un peu plus vite avec elle. Ce n’est quand même pasle mo<strong>de</strong> fonctionnel d’une démocratie. <strong>Le</strong>s instituions ont une responsabilité sur ce


MERCREDI 17 JANVIER 2007désordre que nous avons <strong>au</strong>jourd’hui. Il f<strong>au</strong>t à un moment ou un <strong>au</strong>tre réguler. <strong>Le</strong>citoyen n’est pas suffisamment écouté.Nous avons du mal à mettre en cohérence tous ces lieux <strong>de</strong> pouvoir qui sesont multipliés <strong>de</strong> façon épouvantable sur <strong>de</strong>s territoires qui étaient tout petit. Nousn’avons pas les mêmes problèmes que les villes européennes mais nous avons lesmêmes lois que les villes européennes. Nous avons <strong>de</strong>s pouvoirs qui ne sont passouvent en mesure <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions parce qu’ils sont sous contrainte(financière, administrative…). Nous sommes <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s instituions bloquées. Notrecapacité d’action est tellement embrigadée. Je commence à pratiquer le télétravail.Je ne vois pas pourquoi un cadre supérieur ne pourrait pas tirer plus profit en étantchez lui à une certaine heure, à prendre vingt minutes pour arriver <strong>au</strong> travail plutôtque <strong>de</strong> prendre une heure, voire 1 h 10 à s’énerver. <strong>Le</strong>s premiers emplois jeunesque nous avons recrutés <strong>au</strong> sein du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> ont commencé par allerchercher une voiture. <strong>Le</strong>s gens ont besoin <strong>de</strong> cet espace <strong>de</strong> liberté, <strong>de</strong> gérer un peuleur temps parce que tous ces temps là s’accumulent mais sont en contradiction lesuns par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres.A l’époque, <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Fort-<strong>de</strong>-France fonctionnait <strong>de</strong> 8 h 00 à 18 h 30. Dix ansaprès c’est passé à 18 h 00 et <strong>au</strong>jourd’hui, on est à 17 h 00. Après 17 h 00, c’est <strong>la</strong>délinquance qui commence à s’organiser dans <strong>la</strong> ville. Même quand lescommerçants voudraient ouvrir, il n’ y a pas <strong>de</strong> clients. Après avoir payé les RTT etles heures supplémentaires, s’ils s’aperçoivent que le bi<strong>la</strong>n est négatif, ils n’ont plusenvie <strong>de</strong> reconduire l’opération.C’est tout cet espace un peu dépressif dans lequel on est, dans lequel on vitqui a un impact à <strong>la</strong> fois sur l’énergie qui nous reste pour pouvoir agir. Travailler surle local quand on aime son pays et qu’on a envie <strong>de</strong> le voir avancer est quelquechose <strong>de</strong> très passionnant. »M. SMITH :« Je voudrais remercier Monsieur BOULIN pour cet exposé qui est vraimenttrès enrichissant pour nous. Comment l’a dit Madame FANON-ALEXANDRE, nous avonsun personnel qui a développé <strong>de</strong> véritables pathologies dues à ce problème <strong>de</strong>gestion du temps <strong>de</strong> transport. Nous retrouvons ce<strong>la</strong> <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> cette collectivitépuisque ce sont 2 000 personnes réparties sur l’ensemble du territoire, mais <strong>la</strong>majeure partie <strong>de</strong> ce personnel se trouve sur Fort-<strong>de</strong>-France.Aujourd’hui, nous avons une majorité <strong>de</strong> personnel qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’aménagerleur temps <strong>de</strong> travail parce qu’ils n’arrivent pas à gérer cette arrivée à 7 h 30. C’estvrai qu’il y a <strong>de</strong>s gens qui se réveillent entre 4 h 30 et 5 h 00 pour pouvoir être à 7 h30 ici. On imagine bien tout ce que ce<strong>la</strong> comporte comme nuisances sur le travail,sur le climat social à l’intérieur <strong>de</strong> l’institution. »MME FANON-ALEXANDRE :« Même quand il n’y a pas <strong>de</strong> structure monoparentale, c’est quand même <strong>la</strong>femme qui a <strong>la</strong> responsabilité. Je voudrais savoir si le temps <strong>de</strong>s courses n’existepas. Mais il f<strong>au</strong>t bien qu’on mange, qu’on boive. Quand je regar<strong>de</strong> le débat<strong>au</strong>jourd’hui dans les gran<strong>de</strong>s métropoles européennes sur le travail du dimanche : s’iln’y avait pas le dimanche, comment ferait-on ? Il f<strong>au</strong>t en plus être citoyen, avoir <strong>de</strong>sactivités sportives pour ne pas mourir jeune et assumer les enfants.


MERCREDI 17 JANVIER 2007Il y a une tentative <strong>de</strong> culpabilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s femmes due <strong>au</strong> faitqu’elles travaillent qui est d’ailleurs une <strong>au</strong>to culpabilisation. <strong>Le</strong>s rythmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> famillesont fondament<strong>au</strong>x. Quand vous ne pouvez pas prendre un petit déjeuner ensemble,quand vous ne mangez pas à <strong>la</strong> cantine le midi et que le soir <strong>de</strong> toutes les façons <strong>la</strong>famille est en train <strong>de</strong> travailler, l’enfant est alors un peu livré à lui-même. Latélévision remp<strong>la</strong>ce alors l’éducation.Il y a quand même <strong>de</strong>s choses très positives ici. On a <strong>de</strong>s lieux, <strong>de</strong>sexutoires… Mais notre vie ne peut pas être ce<strong>la</strong> ; c'est-à-dire utiliser les exutoiresparce qu’il y a <strong>de</strong>s souffrances sociétales. Ce n’est pas possible. Derrière tout ce<strong>la</strong>, ily a quand même une dégradation objective qui va très vite <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidaritéfamiliale. Au nive<strong>au</strong> du corps <strong>de</strong>s assistantes sociales que nous avons ici, (il y en aplus d’une centaine), ce qui revient le plus souvent c’est l’éc<strong>la</strong>tement <strong>de</strong>s solidaritésfamiliales. La dégradation économique est inscrite dans le ton parce que noussommes en mutation économique et <strong>la</strong> mondialisation accélère quand même cephénomène. Cette angoisse <strong>de</strong>s grands espaces fait qu’on a envie <strong>de</strong> se retrouver.On a toujours pensé que <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong> pourrait être à l’abri <strong>de</strong> tous cesphénomènes <strong>de</strong> trans<strong>format</strong>ion alors qu’elle est en plein <strong>de</strong>dans. »Une intervenante :« Je viens d’un milieu professionnel où j’ai effectué un travail sur lesconditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s femmes dans les horaires décalés. Je travaille dans lemilieu aérien. Il y a <strong>de</strong>s résistances que l’on a déjà rencontré concernant leschangements, les négociations <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s horaires parce qu’on vou<strong>la</strong>it quand mêmegar<strong>de</strong>r le mercredi après-midi mais on ne savait ce qu’on al<strong>la</strong>it nous proposer d’<strong>au</strong>tre.<strong>Le</strong>s gens acceptent <strong>de</strong> se contraindre <strong>au</strong> point même où ils font pratiquement <strong>de</strong>l’<strong>au</strong>to régu<strong>la</strong>tion avec un absentéisme qui est quand même régulier et organisé. C’estpour survivre que les gens s’organisent <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> respiration et quand vousdites que les femmes ont récupéré du temps, elles ont récupéré du temps mais cen’est pas du temps d’épanouissement, c’est du temps <strong>de</strong> récupération. On est frappé<strong>de</strong> plein fouet par <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies mo<strong>de</strong>rnes sur une société qui n’est pas prête pource<strong>la</strong>. »MME FANON-ALEXANDRE :« Et qui s’est construite rapi<strong>de</strong>ment trop vite. <strong>Le</strong> fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s Antilles : unehistoire qui a été <strong>de</strong> nature exponentielle avec <strong>de</strong>s changements imposés. Nousvivons le rythme <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. Ce sont <strong>de</strong>s problèmes qu’on abor<strong>de</strong> souvent avecMonsieur SMITH, mon DRH, ici présent qui sont difficiles. Presque chaque directeurchez nous, (il y en a une dizaine), est confronté à ce<strong>la</strong>. On est entre <strong>la</strong> rigidité et <strong>la</strong>souplesse humaine.Même <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du syndicat, j’ai dû jouer d’astuces pour faire remarquer <strong>au</strong>xfemmes syndicalistes qui étaient dans <strong>la</strong> salle que c’est d’elles qu’on par<strong>la</strong>it. Il v<strong>au</strong>tmieux négocier et ne pas vivre sous stress. Il f<strong>au</strong>t quand même qu’on se protège.J’ai be<strong>au</strong>coup d’idées après cet exposé et je peux vous dire qu’on peut allertrès loin sur ce sujet. Je veux penser à ma petite boîte parce qu’il f<strong>au</strong>t quand même


MERCREDI 17 JANVIER 2007que je m’occupe <strong>de</strong> mon personnel ici et surtout <strong>de</strong> <strong>la</strong> gente féminine qui donnebe<strong>au</strong>coup <strong>au</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>. »M. BOULIN :« Quelle est <strong>la</strong> proportion ? »MME FANON-ALEXANDRE :« On est à environ 65 % <strong>de</strong> femmes <strong>au</strong>jourd’hui et nous essayons <strong>de</strong> fairemonter <strong>la</strong> féminisation <strong>de</strong>s cadres et <strong>de</strong>s responsabilités. On fait vraiment un grostravail là-<strong>de</strong>ssus, ne serait-ce que pour permettre <strong>au</strong>x femmes d’avoir confiance enelles. Mais pour ce<strong>la</strong>, il f<strong>au</strong>t que l’intendance suive ; c'est-à-dire les crèches… Nousavons essayé le type <strong>de</strong> crèche sur p<strong>la</strong>ce mais les contraintes sont insupportables. »M. BOULIN :« Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi travailler sur les partenariats privés, publics. Des exemples àRennes qui ont travaillé <strong>de</strong>ssus : c’est <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s crèches inter-entreprises. »MME FANON-ALEXANDRE :« Il y a peu <strong>de</strong> privé et le privé est un peu i<strong>de</strong>ntifié négatif. Il commence à êtrei<strong>de</strong>ntifié positif mais c’est très lent. »M. BIROTTIN :« C’est en train <strong>de</strong> se structurer. Justement, hier on <strong>de</strong>vait avoir MadamePadra qui a <strong>de</strong>s crèches <strong>au</strong> Lamentin. Elle a dit qu’à partir <strong>de</strong> 2007, elle va menerune réflexion pour modifier les horaires <strong>de</strong>s jardins d’enfants et <strong>de</strong>s crèches dont elleest responsable. Elle se rend compte que les horaires <strong>de</strong>s crèches sont inadaptés<strong>au</strong>x heures où les parents déposent les enfants. Elle a une initiative personnelle maisc’est un problème tellement complexe parce que le fait d’agir sur un indicateur <strong>au</strong>raforcément une répercussion sur un <strong>au</strong>tre.Il f<strong>au</strong>t pouvoir mobiliser be<strong>au</strong>coup d’acteurs qui ont <strong>de</strong>s intérêts divergents.C’est vrai que ce<strong>la</strong> semble vraiment compliqué <strong>de</strong> s’en sortir d’<strong>au</strong>tant plus qu’on acette compétition <strong>de</strong> territoires dont vous avez parlé qui fait qu’effectivement on a <strong>de</strong>sblocages politiques à un moment donné. Je crois que <strong>la</strong> solution c’est peut être <strong>de</strong>démarrer sur <strong>de</strong>s petits projets. »MME FANON-ALEXANDRE :« Il f<strong>au</strong>t faire bouger les choses. On ne peut pas considérer qu’une société soitsimplement bloquée même si on i<strong>de</strong>ntifie les blocages. En tout cas, merci be<strong>au</strong>coup.J’ai été très heureuse <strong>de</strong> vous connaître. Je vais remercier <strong>au</strong>ssi le CAUE <strong>de</strong> vousavoir retrouvé. C’est vrai que le temps nous manque un peu parce que nous sommesmobilisés sur <strong>de</strong>s choses mais c’est vraiment un problème important. Je me suisintéressée <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts pour savoir si l’Union <strong>de</strong>s Femmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong>qui avait fait du transport quelque chose d’important était venue. »M. BIROTTIN :« Elles étaient invitées mais ne sont pas venues malheureusement. »MME FANON-ALEXANDRE :


MERCREDI 17 JANVIER 2007« C’est quand même dommage. Ce que vous disiez est quand même trèsimportant. <strong>Le</strong>s politiques peuvent découvrir un problème et dire qu’ils vont s’enoccuper parce que c’est vraiment très important, parce que ce<strong>la</strong> conditionne ycompris l’activité économique . Une ville qui fonctionne par exemple le dimanche,ce<strong>la</strong> se fait déjà mais ce n’est pas systématique. Par exemple, on a déjà étalé <strong>la</strong>rentrée sco<strong>la</strong>ire ainsi que les vacances sco<strong>la</strong>ires parce que c’est une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> national. Au nive<strong>au</strong> du territoire, est-ce qu’il n’y a pas d’aménagement àprévoir ? »M. BOULIN :« C’est ce que je vous disais. Il f<strong>au</strong>t prendre en compte les caractéristiquesspécifiques du territoire. C’est normal <strong>de</strong> dire qu’une loi est sensée s’appliquer <strong>de</strong>façon homogène hors ce n’est pas possible. »MME FANON-ALEXANDRE :« Toute <strong>la</strong> réforme du système français vient <strong>de</strong> là. »Une intervenante :« La Métropole écrase <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong> alors que <strong>la</strong> <strong>Martinique</strong> est bien enavance et qu’il y a tout un é<strong>la</strong>n. »M. BIROTTIN :« Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a une vision assez partagée <strong>de</strong>s choses.Ici, tout le mon<strong>de</strong> a un peu ressenti dans son quotidien, dans son véhicule <strong>la</strong>problématique. Je pense que c’est peut être moins difficile d’arriver à un diagnosticpartagé puisque finalement on est à peu près tous d’accord sur <strong>la</strong> même chose.Maintenant, il f<strong>au</strong>t passer à l’<strong>au</strong>tre étape : trouver les solutions. Il ne f<strong>au</strong>t pas <strong>la</strong>isserl’organisation du fonctionnement à l’initiative du privé. Ce<strong>la</strong> se passe un peu ici.Quand on regar<strong>de</strong> les centres commerci<strong>au</strong>x par exemple, on sent bien qu’il y a unedynamique économique qui parfois influe sur le territoire. Quelque part, les politiquesn’arrivent pas à imposer un fonctionnement à <strong>la</strong> société. »M. BOULIN :« Je pense que vous avez tout ce qu’il f<strong>au</strong>t, vous avez <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> faire. Ilf<strong>au</strong>t d’abord se mettre d’accord sur le diagnostic et après les solutions. »M. BIROTTIN :« Merci Be<strong>au</strong>coup. »

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