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Cours L3 nutraceutique - additifs alimentaires

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Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> (Nutraceutique – <strong>L3</strong>)Plan du coursB-1. GénéralitésB-2. Les colorantsB-2-1. classification des colorantsB-2-2. lien entre structure moléculaire et couleurB-2-3. les colorants naturelsB-2-4. les colorants de synthèseB-2-5. couleurs et appétitB-2-6. les couleurs en brefB-3. Les conservateursB-3-1. les conservateurs minérauxB-3-2. les conservateurs organiquesB-4. les anti-oxydantsB-4-1. les dérivés phénoliquesB-4-2. l’acide ascorbique E300B-4-3. les agents chélateurs des métauxB-4-4. un oxydant végétal : le romarinB-5. Les édulcorants et polyolsB-5-1. les polyolsB-5-2. les édulcorants intensesContact: Pr. Pierre van de Weghe, UMR 6226 Sciences Chimiques de RennesEquipe Produits Naturels, Synthèses, Chimie Médicinale (bât 5, rdc)pierre.van-de-weghe@univ-rennes1.frhttp://blogperso.univ-rennes1.fr/pierre.van-de-weghe/index.php/tél : 02 23 23 38 032011-2012


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-1. GénéralitésUn additif alimentaire est défini comme « n’importe quelle substance habituellement nonconsommée comme un aliment en soi et non employée comme un ingrédient caractéristique del’aliment, qu’il ait une valeur nutritionnelle ou non, dont l’addition intentionnelle à l’aliment pourun but technologique dans la fabrication, le traitement, la préparation, l’emballage, le transportou le stockage devient, ou peu s’attendre raisonnablement à devenir, lui ou l’un de ses dérivés,directement ou indirectement, un composant de cet aliment » (directive 89/107/EEC).En bref, et plus simplement, un additif alimentaire est une substance ajoutéeintentionnellement aux denrées <strong>alimentaires</strong> pour remplir certaines fonctions technologiques,comme pour colorer, sucrer ou conserver.1


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>La nomenclature distingue 24 classes d’<strong>additifs</strong> selon leurs effets technologiquessur l’aliment. Les principales sont :- couleur : les colorants permettent de renforcer la couleur d’origine de l’aliment oud’en conférer une autre.- conservation : les conservateurs prolongent la durée de conservation des alimentsen les protégeant des altérations dues aux micro-organismes et les anti-oxygènes prolongent ladurée de conservation des aliments en les protégeant des altérations provoquées parl’oxydation.- goût : les édulcorants qui confèrent une saveur sucrée, les acidifiants, lescorrecteurs d’acidité modifiant ou limitant l’acidité ou alcalinité et les exhausteursde goûts servant à masquer le goût originel en rehaussant une saveur en particulier.- texture et autres catégories.Plusieurs techniques sont à la disposition des industriels pour mettre au point des <strong>additifs</strong> :- origine naturelle (extraction de végétaux au moyen de solvants)- reconstitution de substance naturelle par synthèse- modification de produits naturels- <strong>additifs</strong> de synthèseLa plupart des <strong>additifs</strong> ne peuvent être utilisés que dans certaines denrées <strong>alimentaires</strong> et enquantité limitée.L’utilisation des <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> doit toujours être étiquetée sur l’emballage des produits<strong>alimentaires</strong> par leur catégorie (conservateur, anti-oxydant …) avec leur nom ou leur numéro E.Quelques <strong>additifs</strong> échappent à la législation de l’étiquetage (en boulangerie, en pâtisserie, le vinet aussi les solvants qui permettent l’extraction de certains colorants végétaux ou de fruits).2


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Les 24 classes d’<strong>additifs</strong> :2-bis


Lait Entier (64%)EauSucreSemoule de blé dur (6.5%)Sirop de glucoseCrème (3%)AmidonE471 MonostéarineE407 CarraghénanesE415 Gomme xanthaneE410 Gomme de caroubeSelArôme VanilleColorant E160b RoccouLes <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-2. Les colorantsParmi les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>, les colorants sont ceux qui sont davantage dictés par un intérêtéconomique que par une nécessite technique. En effet, le premier sens du consommateursollicité lors du choix d’un aliment est la vue. L’œil est attiré par une bonne présentation où lacouleur intervient (association entre une couleur et un aliment ou une boisson).B-2-1. classification des colorantsPlusieurs modes de classification:- suivant leur propriété principale, la couleur- suivant la nature chimique (colorants polyphénoliques, azoïques …)- suivant qu’ils soient d’origine naturelle ou synthétique.Il est important de noter que l’étiquetage n’indique pas si les colorants sont d’origine naturelleou synthétique. Quelle que soit leur origine, les colorants doivent figurer sous le nom« colorants » suivi de leur nom ou de leur numéro d’identification conventionnel E1XX.B-2-2. lien entre structure moléculaire et couleurLa couleur est due aux ondes lumineuses. Notre œil perçoit les ondes delongueurs comprises entre 400 et 700 nm. Un colorant, par la présencede fonctions chimiques, absorbe ces ondes lumineuses pour donner unecouleur3


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>La matière apparaît colorée de la couleur complémentaire à celle absorbée.Après traitement par hydrogénation de composés organiques au pouvoir colorant et noté ladisparition de ce pouvoir, O. N. Witt, en 1876 a identifié certaines fonctions chimiques commepouvant conférer une coloration à des dérivés chimiques. La théorie établie à partir de cesobservations indique que le groupe d’atomes (fonction chimique) responsable de la coloration ducomposé s’appelle chromophore. L’influence des groupes chromophores peut être renforcée parune forme ionique.les chromophores principaux- éthyléniques C=C - nitrés NO 2- carbonylés C=O - azoïques N=N- nitrosés N=O - aromatiques4


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>La longueur d'onde : elle correspond aux termes de "teinte" (langage courant) ou de "tonalité"(psychométrie).La pureté d'excitation : la vivacité d'une teinte, c'est-à-dire la force de la sensation colorée.La pureté d'excitation s'exprime en pourcentage (pur = 100%, neutre = 0%). Elle correspondaux termes de "pureté" (langage courant) et de "saturation" (psychométrie).Le facteur de luminance : énergie globale réfléchie par la couleur, et s'exprime enpourcentage, par comparaison avec un blanc de référence. Le facteur de luminance correspondaux termes de "luminosité" (langage courant) et de "clarté" (psychométrie).5


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-2-3. les colorants naturelsL’origine de ces colorants est végétale à l’exception de la cochenille (isolée à partir de corpsdesséchés de la femelle coccus cacti).E 100 ou curcumine : constituant du curry, extrait de curcuma longa ou safran, decouleur jaune orangé.H 3 COOOOCH 3HOOHUtilisations principales: moutarde, potages, produits de charcuterie, produits laitiers etboissons.(1E,6E)-1,7-bis(4-hydroxy-3-methoxyphenyl)hepta-1,6-diene-3,5-dioneE 101i ou riboflavine (vitamine B2): obtenue àpartir de levure, germe de blé, œufs, foie d’animaux et aussipar synthèse organique (principale source actuelle). Donneune coloration jaune-orangé. Colorant principalement utilisépour les produits laitiers, crêmes, pâtisseries, confiserie,condiments et produits de charcuterie.H 3 CH 3 CHONNOHNOOHOHNHO6


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>E 120 ou cochenille (acide carminique) : obtenu àpartir de corps desséchés des femelles de l’insecte coccuscacti. Ce colorant donne une couleur rouge vif.Il est principalement employé dans les boissons, liqueurs,sirops, produits de charcuterie, glaces et crèmes glacées.HOHOOHHOOHOOHOHOOCH 3OHCO 2 HE 140i ou les chlorophylles : les chlorophylles constituent le pigment vert desplantes. Elles sont obtenues par extraction de végétaux comestibles ou de souches naturellesd’herbes, de luzerne … Elles sont constituées d’au moins quatre dérivés de structure voisine eten proportion variable suivant les végétaux.OCO 2 HONON Mg NRNR'Les chlorophylles sont utilisées pour colorer les légumes et fruits verts, crèmes glacées,bonbons, moutardes.7


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>E 150 ou les caramels : les caramels sont fluides ou solides de couleur brun plus oumoins foncés. Ils améliorent l’aspect des produits en donnant de la couleur aux aliments peucolorés! Utilisés dès les années 1840.La couleur caramel se développe en chauffant un sirop de sucrejusqu’à obtenir une coloration brun sombre (cuisson à températurecontrôlée d’un hydrate de carbone pour le sécher, l’isomériser puisle polymériser).Sa préparation diffère de la réaction de Maillard largementutilisée dans le domaine alimentaire pour colorer intentionnellementou pas les mets (réaction entre un hydrate de carbone et un acideaminé donnant des furanes).O CHO O CHOHO8


CH 3 CH 3CH 3 CH 3CO 2 HLes <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>E 160a-160f ou les caroténoïdes : ce sont des pigments de couleurs jaune, orange etrouge précurseur de la vitamine A. Ils sont principalement utilisés pour les boissons, liqueurs,sirops, potages, condiments, confiserie, crèmes glacées, préparations pour les desserts etcharcuterie.H 3 CH 3 CCH 3 CH 3 CH 3CH 3 CH 3 CH 3 CH 3CH 3β-carotèneE160aH 3 CH 3 CCH 3 CH 3 CH 3 CH 3 CH 3 CH 3 CH 3CH 3lycopèneE160dHO 2 CbixineH 3 CH 3 COHCH 3CH 3HOCH 3CH 3CH 3 CH 3CH 3 CH 3O capsantéineCH 3 CH 3 CH 3 HO β-apo-8'-caroténalCH 3 CH 3 CH 3CH 39


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>E 162 ou le rouge de betterave : la racine de betterave rougecontient de nombreux colorants comme les bétalaïnes rouges (bétanine,bétadine, prébétadine) et de bétaxanthine jaunes (vulgaxanthine I et II).Ces colorants (extrait aqueux de la racine ou jus concentré) sont utilisés encharcuterie, potages, condiments, fromages et croûtes, boissons, liqueurs,sirops, confiserie, biscuiterie et desserts.HOHOOHOHOOHONCO 2betanineHO 2 CNHCO 2 H10


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-2-4. les colorants de synthèseLes colorants synthétiques sont plus stables et ont une durée de vie plus longue. Les couleurssont souvent également beaucoup plus intenses.E 102 ou tartrazine : colorant jaune appartenant à la famille des composésdiazoïques, sous la forme d’un sel trisodique. Utilisé pour les glaces, crèmes glacées, confiserieet croutes de fromages.NaO 3 SNHONN NCO 2 Naprincipe de synthèse des dérivés diazoïquesNH 2NaNO 2 /HCl2NSO 3 NaNaO 3 S0-5 °CNaO 3 SNaO 3 SN 2NMe 2N NNMe 211orange de méthyleE 127 ou érythrosine : colorant rouge dont l’emploi estdorénavant limité, la présence d’iode étant suspectée de provoquer desintolérances. Est utilisé pour les fruits rouges en conserve, les fruits etles légumes transformés, soupes en sachet, quelques produitsboulangers et les boissons. Le rouge allura AC (E 129) peut être utilisécomme alternative.NaO 3 SNaOH 3 CIICH 3ON NHOIOICO 2 NaSO 3 Na


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>E 131 ou bleu patenté V : colorant bleu utilisé en Europe soit seul soit en combinaisondans certaines denrées <strong>alimentaires</strong>. Son utilisation est interdite en Australie, aux Etats-Uniset en Norvège car il peut provoquer des allergies. Utilisé avec la tartrazine (E 102) pour faire lacouleur verte des sirops de menthe. Le bleu brillant FCF (E 133) non-autorisé en France estutilisé à la place du bleu patenté V en Australie, en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne.H 3 CN CH 3NaO 3 SSO 3 NaSO 3 NaHOHO 3 Sbleu patentéSO 3 HNCH 3CH 3NCH 3bleu brillantNCH 3E 142 ou vert S : seul colorant vert autorisé en France. Les fabricants ont recours àdes mélanges bleus et jaunes autorisés. Utilisé en confiserie,charcuterie, fruits confits, crèmes glacées et glaces, boissons,sirops et liqueurs.NaO 3 SH 3 C CH 3NOHN CH 3CH 3SO 3 Na12


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-2-5. couleurs et appétitLe bleu est la plus populaire des couleurs, mais c’est celle qui est lamoins appétissante…Le bleu est rare dans la nature, voire toxique …L’Homme a appris à discriminer ses sources <strong>alimentaires</strong> en fonction dela toxicité potentielle, de la fraîcheur ou de la dangerosité des produitsde la nature. Ces critères ont été souvent associés u bleu, violet, au noir.C’est ainsi que bien souvent la vue de la couleur influe sur l’appétit: lebleu le réduit alors que l’orange, le rouge ou le vert l’accroissent.Finalement, dans l’alimentaire, les couleurs les plus populaires sontle vert, le brun et le rouge.de plus en plus d’aliments bleus…C’est une tendance à la découverte et àl’expérimentation gastronomique. En 1997, suiteà un vote sur internet, Mars Inc. ajoute le bleuaux M&M’s, ce qui a eu pour conséquence une augmentationsignificative des ventes.13


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-2-6. les couleurs en brefJaune, jaune-orangé:Rouge:Vert:Caramel-marron:Noir:E100 (curcumine), E101 (roboflavine)E120 (cochenille)E140 (chlorophyle)E150 (caramel)E153 (charbon végétal médicinal)Jaune-orange: E160 (les caroténoïdes), E160a (carotène), E160b (Rocou-Annatto), E160c (Paprika), E160d (Licopène)Jaune:E161 (les xanthophiles), E161b (lutéine), E161g (canthaxanthine)Pourpre foncé, jaune:Pourpre bleu ocre:Blanc:E162 (bétanine, rouge de betterave)E163 (anthocyanes)E170 (carbonate de calcium), E171 (oxyde de titane)14


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Intermède : la Dose Journalière Admissible (DJA)Définition de la DJA : estimation de la quantité d'un additif alimentaire, exprimée sur labase du poids corporel, qui peut être ingérée quotidiennement toute la vie sans risqueappréciable pour la santé. Ce dernier terme signifie dans la pratique, qu’au stade actuel desconnaissances, aucun n’effet toxique ne peut-être attribué à l'additif concerné pour ce niveaud’exposition. On exprime généralement la DJA en mg/kg/j.E102 (tartrazine) :E120 (cochenille) :E150b (caramel) :DJA = 7.5 mg/kgDJA = 5 mg/kgDJA = 200 mg/kgBut de la DJA : sert à protéger la santé des consommateurs et à rendre plus aisé le commercealimentaire international. La DJA est une approche pratique de la sécurité des <strong>additifs</strong><strong>alimentaires</strong> et permet d’harmoniser les contrôles. L'avantage pour les autorités de proposerune DJA pour chaque additif est qu’elle est universellement applicable dans des pays différentset à tous les membres de la population.DJA-1


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Intermède : la Dose Journalière Admissible (DJA)Détermination de la DJA : les <strong>additifs</strong> sont approuvés seulement s'ils apportent la preuve deleur innocuité pour la santé humaine aux doses proposées. L'évaluation de la sécurité est baséesur une revue scientifique de toutes les données toxicologiques pertinentes sur l’<strong>additifs</strong>pécifique, chez l’homme et l’animal. Dans l'UE, ce travail est réalisé par l’Autorité Européennede Sécurité des Aliments (AESA) [autrefois le CSAH, Comité Scientifique de l'AlimentationHumaine]. Les essais toxicologiques incluent des études à long terme et transgénérationnellespour déterminer comment l'additif est métabolisé par l’organisme et évaluer ainsi tous leseffets toxiques probables. Le point de départ pour établir la DJA est la détermination d’uneDose Sans Effet (DSE) chez l’espèce animale la plus sensible. La DSE est donc la dose endessous de laquelle aucun effet défavorable n'a été observé dans les études. Elle s’exprime enmg/kg/j. La DJA est la DSE divisée par un facteur de sécurité, habituellement de 100.DJA-2


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-3. Les conservateursEst appelé conservateur toute substance capable de s’opposer aux altérations d’origineschimiques ou microbiologiques.Les conservateurs sont réglementés sous la forme de listes positives et négatives. L’intégrationd’un conservateur dans une liste et la détermination du seuil maximal d’utilisation se font selondeux critères principaux :-l’intérêt technologique du conservateur-les interactions et impacts avec l’environnement proche (échanges contenus-contenant, impact sur la santé du consommateur et sur l’environnement en général)Les altération peuvent être soit chimiques soit biologiques. Sont utilisés pour « lutter » contreles altérations-chimiques : antioxydants, anti-UV, anti ozonant, retardateur de flamme…-biologiques : antifongiques, antibactériens …Certains <strong>additifs</strong> de conservation peuvent jouer le double rôle d’antimicrobien et d’antioxygène.Les substances utilisées peuvent être organiques (acides carboxyliques) ou minérales (nitrates,sulfites ou sels). Quelle que soit leur nature, les conservateurs doivent figurer sous le nom« conservateur » suivi de leur nom ou de leur numéro d’identification conventionnel E2XX.15


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Attention: d’un point de vue législatif, les agents de conservation sont considérés comme unenécessité indispensable à une bonne hygiène alimentaire, en particulier sur le planmicrobiologique.Au-delà des conservateurs (<strong>additifs</strong>) il existe des techniques de conservation:-appertisation, stérilisation, irradiation: destruction totale (ou partielle) desenzymes et des bactéries responsables de la détérioration des aliments.-réfrigération (0-5 °C) et congélation (-20 à -40 °C): permet de ralentir lavitesse de développement microbien.-séchage, salage, confisage, lyophilisation: techniques ayant pour but d’abaisser laquantité d’eau nécessaire au développement de la flore microbienne.-conservation sous vide ou sous atmosphère protectrice (azote ou dioxyde decarbone)Note: appertisation, communément appelée conserve = traitement thermique qui consiste à stériliser par lachaleur des denrées périssables dans des contenants hermétiques aux liquides, aux gaz et aux microorganismes(boîtes métalliques, bocaux). Les aliments chauffés à une température de 110 à 130°C sontdébarrassés de tous les micro-organismes ou enzymes susceptibles de les altérer ou de les rendre impropres àla consommation, et ce, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Comme beaucoup de procédés utilisésdans le secteur agroalimentaire, l'appertisation est soumise à une législation stricte. Les conserves de légumespar exemple, ne doivent contenir aucun conservateur. On doit le nom "appertisation" à l'industriel NicolasAppert qui inventa le procédé à la fin du XVIIIème siècle, à l'occasion d'un concours lancé par Napoléon 1errécompensant le meilleur procédé de conservation de la nourriture destinée aux armées. Sa découverte resterarelativement ignorée jusqu'à ce que Louis Pasteur l'explique au grand public au début du siècle suivant.16


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-3-1. les conservateurs minéraux Les chlorures et les phosphatesEn raison de leur usage traditionnel, les chlorures et les phosphates ne sont pas considéréscomme <strong>additifs</strong> dans l’esprit du grand public. Ils sont utilisés comme dépresseurs de l’activitéde l’eau (séchage complet ou partiel). Les phosphates sont employés dans les produits decharcuterie et contribuent à leur texture et à la rétention d’eau. Les phosphates interviennentaussi comme agents anti-microbiens.NaCl: forme la plus classique de chlorure, 2 à 3% de sels dans les produits frais réfrigérés et 5à 6% pour les produits frais non réfrigérés après séchage partiel.H 3 PO 4 (E238), Na 3 PO 4 (E239), K 3 PO 4 (E240) sont les formes les plus courantes des phosphates,1 à 5 g/kg pour les produits de consommation courante Les nitrites et les nitratesNaNO 3 (E251, nitrate de sodium), NaNO 2 (E250, nitrite de sodium), KNO 3 (E252, nitrate depotassium) et KNO 2 (E249, nitrite de potassium).Ils sont utilisés traditionnellement dans les produits de charcuterie.Le composé véritablement actif est le nitrite. Sous l’effet de la flore, les nitrates sont réduitsen nitrites. Depuis 1964, on préfère utiliser directement les nitrites pour supprimer laconversion lente du nitrate en nitrite.17


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Au cours de la cuisson, les nitrites donnent des inhibiteurs puissants de Clostridium botulicum,responsable du botulisme.Usage très réglementé : en vente uniquement sous la forme d’un mélange NaCl + 0.6% NaNO 2 .1.5 à 2% de sel nitré dans les produits de salaison soit 90 à 120 mg/kg de nitrite.Les nitrites sont des <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> présentant un caractère cancérigène s’ils sontconsommés en trop grandes quantités : ils réagissent dans l’estomac (présence d’acidechlorhydrique, soit un pH acide) avec la fonction amine des acides aminés et des protéines pourdonner des nitrosamines qui par réaction sur l’ADN provoque des perturbations lors desréplications cellulaires, donc à terme des cancers.R 1 NaNO 2N HR 2 pH 3 (HCl)R 1R 2N NOnitrosamineH 3 CN N OH 3 CN-nitrosodiméthylamine (NDMA)Les quantités de sel nitré utilisées par les industriels de la charcuterie et de la salaison ontfortement diminué. La formation des nitrosamines peut être partiellement inhibée par additiond’acide ascorbique ou de palmitate d’ascorbyle (<strong>additifs</strong> utilisés comme anti-oxydants).18


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> Anhydride sulfureux et sulfitesL’anhydride sulfureux est utilisé sous les formes suivantes :SO 2Na 2 SO 3NaHSO 3Na 2 S 2 O 5anhydride sulfureuxE220sulfite de sodiumE221bisulfite de sodiumE222disulfite de sodiumE223K 2 S 2 O 5disulfite de potasiumE224CaSO 3sulfite de calciumE226Ca(HSO 3 ) 2sulfite acide de calciumE227KHSO 3sulfite acide de potassiumE228Ces <strong>additifs</strong> sont utilisés en œnologie (désinfection du matériel de vinification en brûlant de lafleur de soufre – époque romaine).L’espèce active est l’anhydride sulfureux qui se dégage dans le aliments par réaction de selssulfités avec l’eau. Il est actif sur les bactéries, moisissures et levures. Il inhibe desphénomènes de brunissement enzymatique (réaction de Maillard) ou d’instabilité de couleur.-empêche le noircissement des pommes de terre tranchées ou pelées et produitsdérivés,-préserve la stabilité des couleurs des fruits et légumes secs,-blanchit la chaire des poissons (morue).La dose moyenne exprimée en SO 2 est de 100 à 200 mg/kg. Une grande partie est éliminéependant la cuisson.Peut poser quelques soucis toxicologiques chez certains sujets asthmatiques. Une trop grandeconsommation peut provoquer des allergies (urticaire, troubles respiratoires).19


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> L’anhydride carbonique (E290)Le dioxyde de carbone (CO 2 ) inhibe la croissance de nombreux micro-organismes. Actif contreles moisissures mais peu contre les levures et aucune action contre les bactéries. Il estprincipalement utilisé pour la conservation de viande réfrigérée, œufs, lait, poissons et produitsde la mer. Egalement employé dans les boissons gazeuses.B-3-2. les conservateurs organiques Acide sorbique et sorbatesL’acide sorbique est un composé naturel extrait des baies du sorbier. Ilpeut également être préparé par synthèse à partir de l’acide acétique.H 3CHC C CHCCO 2 HHHacide sorbique E200Il est utilisé soit sous forme d’acide soit sous forme de sels de sodium (E201), de potassium(E202) et de calcium (E203).L’acide sorbique et ses sels possèdent une activité antimicrobienne. Il est surtout employé sousforme de sorbate de potassium pour la conservation du pain tranché, des laits fermentés, desyaourts, de la mayonnaise, en confiserie dans les pruneaux et les fruits confis et dans lespréparations aux fruits.Pas de toxicité particulière (DJA = 25 mg/kg).20


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> L’acide benzoïque et les benzoatesL’acide benzoïque (E210) peut être obtenu soit par extraction de baies, soit par synthèse. Il estégalement disponible sous trois formes de sels : benzoate de sodium (E211), benzoate depotassium (E212), benzoate de calcium (E213).Actif sous force non ionisé à pH


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> Autres acides organiquesLes plus employés sont :HCO 2 Hacide formique E236et sels E237 et E238CH 3 CO 2 Hacide acétique E260et sels E261 à E263CH 3 CH 2 CO 2 Hacide propionique E280et sels E281 à E283Ont un rôle acidifiant, empêchant le développement de certains micro-organismes. En surface,ils sont employés comme décontaminant des viandes. Les doses d’utilisation étant très faibles,ils sont toujours associés à d’autres moyens de conservation.Utilisations principales : pain, bière, fruits et légumes en conserve, jus de fruits, confitures. Acides organiques conservateurs et ayant d’autres fonctionsCes composés sont appelés conservateurs secondaires. Il s’agit :- de l’acide ascorbique (E300) et de ses sels (sodium E301 et calcium E302),- de l’acide citrique (E330) et ses sels (sodium E331, potassium E332 et calcium E333).L’acide citrique est l’acide organique le plus utilisé dans l’industrie alimentaire (75% desacidifiants <strong>alimentaires</strong> en Europe!). Abaissant le pH jusqu’à pH 2.9, il inhibe le développementdes levures et des micro-organismes. Les principales utilisations (au-delà de son action antioxydante)sont les boissons sucrées plates ou gazéifiées (« soft drink »), en confiserie etconfitures (il rehausse les arômes de fruits).22


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-3. Les anti-oxydants (antioxygènes)Les anti-oxydants sont des substances naturelles présentes dans lesaliments ou incorporés à ceux-ci. Ces substances prolongent la duréede conservation des aliments en les protégeant des altérationsprovoquées par l’action de l’oxygène (oxydation). Les anti-oxydantspermettent en particulier de protéger les graisses et les huilesinsaturées qui s’oxydent par voie radicalaire (rancissement desmatières grasses et modifications de couleur). Ils préserventcertaines vitamines, empêchent la formation de composés volatilsmalodorants comme certains aldéhydes, alcools, acides, époxydes,cétones.Ces substances sont notées : E3xxLes anti-oxydants limitent le processus d’oxydation- soit en empêchant ou en diminuant la formation deradicaux libres- soit en réagissant directement avec les radicaux librespour donner des espèces chimiques peu réactives.23


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Dégradation organoleptique des acides gras insaturés :O 2ROO .(acide gras)R-HLes paramètres organoleptiques :- goût- odeur- textureinitiation(chaleur, UV, etc.)R .R-Haldéhydes, cétoneshydrocarbures, furanes …aldéhydesROOHRO .radicaux libresHO .esters24


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Les anti-oxydants peuvent être d’origine naturelle ou de synthèse. Parmi les composés naturels,on trouve majoritairement la vitamine C (acide ascorbique) et les tocophérols (famille de lavitamine E). La disponibilité de ces composés dans la nature n’est pas suffisante pour couvrirentièrement la demande, donc ils sont également disponibles après synthèse organique. Desanti-oxydants « non naturel » (origine purement synthétique), la famille des gallates est la pluscourante.Les anti-oxydants peuvent classer soit par leur origine, soit par la fonction organique qu’ilspossèdent.B-4-1. les dérivés phénoliquesLes phénols sont les dérivés les plus employés dans ce domaine en raison de leur mode d’action.mode d'action des phénolsOHO . O.O. R +R-H +.25


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> Les tocophérols (dérivés de la vitamine E) E306 à E309Les tocophérols naturels sont extraits de noix, graines de tournesol, pousses de soja et de maïs(ou de synthèse). L’usage principal de ces dérivés est la conservation d’huiles végétales,margarines et produits à bases de cacao.R 15HOMe H Me H MeR 2 78 OMeCH 3HOR 3R 15Tocophérol A R 1 ,R 2 ,R 35,7,8-triméthyl5,8-diméthylαβMe Me Me7,8-diméthyl γR 2 78 OMeCH 3R 3Tocophérol B8-méthyl δ Les esters galliques E310 à E312Issus de la synthèse et principalement utilisés dans les margarines, huiles végétales, chewinggum.OHHO OH R = CH 2 CH 2 CH 3 gallate de propyle E310R = CH 2 (CH 2 ) 6 CH 3 gallate d'octyle E311R = CH 2 (CH 2 ) 10 CH 3 gallate de dodécyle E312C R O O26


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> Butylhydroxytoluène (BHT, E321) et Butylhydroxyanisole(BHA, E320)Utilisés pour bonbons, raisins secs, fromages fondus, beurrede cacahuète, soupes instantannées. Ce sont des <strong>additifs</strong>actuellement contreversés car semblent présenter uncaractère carcinogène chez le rat. Remplacés par les gallates.H 3 CH 3 CH 3 CH 3 CCH 3CH 3OHCH 3OHCHCH 33CH 3CHCH 33CH 3BHTBHAB-4-2. l’acide ascorbique E300L’acide ascorbique ou vitamine C est très utilisé en alimentation. Double usage :activité anti-oxydante et acidifiant (rétention de coloration). Voir CODEX en ligne.http://www.codexalimentarius.net/gsfaonline/additives/details.html?id=241&lang=frmécanisme d’action :HO OH . O O2 RO O - 2 R-HOOOHOHHOHOacide déhydroascorbiqueOCH 3HOHOOHO OOHTrès largement utilisé pour les viandes en conserve, charcuterie et salaison, produits de lapêche, légumes et fruits en conserve, sucres, pains, brioches etc.Les quantités en général employées sont d’environ 300 mg/L ou 300 mg/kg.27


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Autres <strong>additifs</strong> de la même famille :HOOHHOOHHOHOOOacide érythorbiqueO OHOO (CH 2 ) 14 CH 3Opalmitate d'ascorbateB-4-3. les agents chélateurs des métauxCes composés renforcent le pouvoir anti-oxydant d’autres composés en captant (par chélationdes métaux comme Fe 2+ou Cu 2+ ). Ils sont avant tout considérés comme retardateurs del’oxydation. En plus des composés notés ci-dessous, certains dérivés di-phénoliques peuventjouer également le rôle de complexant métallique.HNO 3 E330 acide phosphorique H 3 PO 4 E338nitrates de :Na E331K E332Ca E333phosphates de :Na E339K E340Ca E341H 3 COHCO 2 Hacide lactique E270(aussi conservateur)OHHO 2 CCO 2 HOHacide tartrique E334tartrate de :Na E335K E336double de Na E33728


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-4-4. un anti-oxydant végétal : le romarin (juin 2008)L’utilisation d’agents anti-oxydant est ancienne et a été employée surtout de façonempirique. Certains végétaux ont montré qu’ils étaient capables de retarder ladétérioration des aliments à l’air (effet protecteur du bourgeon de peuplier, dubois de chêne, de la sauge et du romarin). Les sources les plus intéressantes sontles épices et les herbes aromatiques comme le thym, le clou de girofle, legingembre, la sauge et le romarin. On y relève de hautes teneurs en composésphénoliques. Seul le romarin connaît un réel développement industriel : la sélectionvégétale, l’amélioration des conditions de culture, d’extraction et de purificationont conduit à une importante production (au départ additif de goût).La branche de romarin introduite dans une bouteille d’huile d’olive n’est pasuniquement pour un usage décoratif, elle protège avant tout l’huile de sonoxydation et donc de la dégradation organoleptique.HOHO 2 COHHOOOOHHOHOOOCO 2 HOHOHacide carnosiquecarnosolacide rosmarinique29


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>En compléments : les acides organiques mécanisme d’actionLes acides ont un double effet antimicrobien: un effet via l’acidification et un effet spécifiqueà l’acide utiliser.effet acidifiantadapter le choix de l’acide au type demicro-organismes que l’on souhaiteéliminer (ou empêcher sa croissance).- benzoate de Na (E211), de K (E212), deCa (E213) : efficaces en milieu pH < 4bons résultats contre leslevures, peu actifs contre les bactéries.- acide sorbique (E200) : pKa = 4.7,activité maximale à pH < 4 et décroitprogressivement jusque pH = 6.5.AO-1


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>En compléments : les acides organiqueseffet spécifique – effet organoleptiqueL’incorporation d’acides organiques dans une denrée entraîne l’apparition d’un goût acide, maistous les acides n’ont pas le même effet en termes d’intensité de la saveur et de notearomatique.intensité de la saveur et duréeL’intensité du goût acide et de sa durée dépend de la nature de cet acide. L’acide malique etcitrique apportent une intensité en goût similaire, par contre la durée de la saveur estdifférente.AO-2


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>En compléments : les acides organiquesnote aromatique de quelques acidesChaque acide organique possède sa propre note organoleptique.acide acétique = vinaigre (aigre)acide tartrique = vin (âpre)acide citrique = citronacide malique = pomme (vert)L’acide gluconique n’a pas de goût spécifique, tandis que l’acide sorbique a une saveur poivréeprononcée et difficile à masquer. exemple d’action sur le pain de mieL’acide sorbique à faible dose et le propionatede Ca sont utilisés car ils n’apportent pas desaveur particulière. Par contre, ils influencentfortement le gonflement du pain lors de sacuisson et agissent sur le développement demoisissures.AO-3


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>En compléments : les acides organiques aspect réglementaire des acides organiquesL’utilisation des acides organiques est réglementée par une Directive européenne (95/2/CE)transposée en droit français par l’arrêté du 2 octobre 1997.1- annexe I (95/2/CE): les acides organiques autorisé selon le principe du quantum satis,c’est-à-dire la dose strictement nécessaire pour obtenir l’effet recherché (il n’y a pas deteneur maximale fixée par la réglementation) = acide acétique (E260) et ses sels (E261 àE263), acide lactique (E270) et ses sels (E325 à E327), acide malique (E296) et ses sels (E350à E352), l’acide ascorbique (E300) et ses sels (E301 à E302), acide citrique (E330) et ses sels(E331 à 333), acide tartrique (E334) et ses sels (E335 à 337).2- annexe III (95/2/CE): les acides sont autorisés sous conditions = acide sorbique (E200)et ses sels (E202 et 203), acide benzoique (E210) et ses sels (E211 et 213), acide propionique(E280) et ses sels (E281 et 283). Ils ne sont autorisés qua dans certaines applications etsoumis à des restrictions de quantité.AO-4


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-5. Les édulcorants et polyolsUn édulcorant est une substance (ou produit) ayant un goût sucré. Le rôle d’un édulcorant estd’améliorer le goût d’un aliment (ou médicament) en lui donnant une saveur sucrée. Le pouvoirsucrant d’un édulcorant ou d’un polyol se définit par rapport à une solution connue desaccharose, en général 30 g/L à 20 °C. Dans ces conditions, le pouvoir sucrant (PS) dusaccharose est défini comme égal à 1.Exemples de PS pour des sucres (attention les sucres ne sont pas des <strong>additifs</strong> mais desingrédients) : Saccharose, 1 ; Fructose, 1,2 ; Glucose, 0,7 ; Maltose, 0,3 ; Lactose, 0,3.Les édulcorants sont, parmi les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>, ceux dont l’introduction sur le marchéfrançais fut très progressive et plus lent à se faire que dans d’autres pays comme les Etats-Unis.Les édulcorants considérés comme <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> ont pour origine : les plantes : fruits (sorbitol), légumes (mannitol), prunes, framboises, choux-fleurs (xylitol) édulcorants intenses d’origine naturelle : thaumatine (extraite d’un arbre poussant au Ghana,Togo et Soudan), stévioside (extraite de « l’herbe douce » du Paraguay), la glycyrrhizine(réglisse), monelline (baie du Nigéria) et la miraculine (fruit miracle d’Afrique équatoriale). synthèse chimique : saccharine, cyclamate, acésulfame K et aspartame.30


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Les édulcorants sont classés en deux familles :- les polyols, appelés aussi édulcorants de masse, dont le PS est proche dusaccharose,- les édulcorants intenses, de PS de 2000 à 3000 fois supérieur à celui dusaccharose.Polyolssorbitol 0,5 - 0,6mannitol 0,5 - 0,6isomalt 0,5 - 0,6maltitol 0,8 - 0,9lactitol 0,3 - 0,4xylitol 0,9 - 1,0érythritol 0,4 - 0,7Edulcorants intenses (naturels)thaumatine 2000 - 3000monelline 1500 - 2000stévioside 200 - 300glycyrrhizine 50 - 100Edulcorants intenses (synthèse)saccharine 500cyclamate 35acésulfame K 200aspartame 200dulcine 250alitame 2000sucralose 400 - 600thaumatineHHOHHCH 2 OHOHHOHOHsorbitolglycyrrhizine - réglisseCH 2 OH31


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>En dehors du sucre de table, les édulcorants intenses suscitent une certaine méfiance et leurusage est différent d’une région du monde à une autre. Au Japon et en Australie l’usaged’édulcorants intenses de synthèse est interdit (aspartame, saccharine), au contraire del’Europe où ils sont très utilisés. Par contre le stévioside, édulcorant intense naturel autorisé auJapon et en Australie, est interdit comme additif alimentaire en Europe et aux Etats-Unis.Les édulcorants intenses présentent en apparence plusieurs avantages :- permettent d'obtenir un goût sucré sans apport calorique, ce qui peut être utile notammentdans le cadre d'un régime hypocalorique, dans le cadre d'un régime de maintien du poidscorporel, ou encore pour les personnes diabétiques, pour lesquelles la consommation desaccharose est en général déconseillée.- pratiques d'emploi, sont sous différentes formes facilement utilisables (tablettes, poudre,etc.).Cependant, ils sont parfois déconseillés par des diététiciens ou des nutritionnistes :- entretiennent le goût pour le sucre et ainsi, les consommateurs réguliers de produits sucrésavec des édulcorants intenses auront tendance à choisir des produits plus sucrés, ce quipourrait favoriser notamment l'obésité en augmentant l'apport calorique.- en dépit de leur apport calorique nul, ils peuvent entraîner une réponse de l'insuline, quoiquefaible, étant donné leur saveur sucrée, ce qui peut ne pas être souhaitable dans certainescirconstances (notamment chez les diabétiques de type 2, en dehors des repas).32


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-5-1. les polyolsLes polyols utilisés en remplacement du saccharose sont fabriqués par réduction(hydrogénation) des sucres correspondants, la fonction aldéhyde (ou cétone) étant réduite enalcool. Les polyols constituent une catégorie bien définie et sont référencés au sein de l’unioneuropéenne sous E4xx et E9xx.Les polyols autorisés au sein de l’UE ont pour principales caractéristiques d’être hypocaloriqueset acariogènes (acariogène = ne donne pas de caries). E420 : sorbitol (i) et sirop de sorbitol (ii)Le sorbitol (nom tiré des baies de sorbier) est le produit d’hydrogénation du D-glucose.HOHOOHOOHOHH 2 , NiHHOHHCH 2 OHOHHOHOHCH 2 OHDans l’organisme, le sorbitol est converti en fructose qui ne déclenche pas d’insuline sécrétion.Usages : stabilisant et humectant (empêche le dessèchement) pour biscuits, confiseries,gommes à mâcher, surimi et édulcorant pour confiseries, chocolat, confitures.33


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E421 : mannitolLe mannitol tire son nom de la manne, exsudation sucrée du frêne. On le rencontre égalementdans les olives, figues et certains champignons et algues.Il est produit par hydrogénation catalytique du fructose :HOOHOHOOHOHHOHHCH 2 OHOHOHOHCH 2 OHH 2 , NiHHOHHCH 2 OHOHHOHOHCH 2 OHHOHOHHCH 2 OHHHOHOHCH 2 OHsorbitolmannitolobtenu par cristallisationC’est un polyol peu soluble dans l’eau et faiblement hygroscopique. Il est surtout utilisé commepolyol de surface (saupoudrage des confiseries sans sucres et anticristallisant des autrespolyols). E953 : isomaltL’isomalt est un mélange équimolaire de α-D-glucopyranosyl-1,6-sorbitol et de α-Dglucopyranosyl-1,6-mannitol.OHOH OHO OOHOH OHHO OHOH34


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E965 : maltitol (i) et sirop de maltitol (ii)Le maltitol est obtenu par hydrogénation du maltose.Il est chimiquement proche du sucrose mais ne participe pas à la réactionde Maillard. E966 : lactitolLe lactitol est un dissaccharide hydrogéné stable obtenu par hydrogénation du lactose. Il a unesaveur douce (PS de 0,3 à 0,4 fois celui du sucre) et il est employé dans les gommes à mâcher,confiseries, desserts, sauces, moutardes, produits de boulangerie et certains compléments<strong>alimentaires</strong>. E967 : xylitolDe nombreux végétaux et plus particulièrement les fruits renferment du xylitol(fraises, prunes, etc.). Il est cependant produit industriellement par hydrogénationdu D-xylose qui provient lui-même de xylanes (hémi-celluloses) présents en grandequantité dans le maïs, écorce de bouleaux, coques d’amande).HOHOOOHOHHOOHOCH 2 OHHHHCH 2 OHIl est des polyols celui qui produit l’effet rafraîchissant le plus fort ; pour cette raison c’estl’additif le plus employé pour les produits « rafraîchisseur d’haleine ».Note : l’effet refroidissant d’un polyol en bouche est dû au caractère endothermique de ladissolution dans l’eau du composé.HHOHCH 2 OHOHHOHCH 2 OH35


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E968 : érythritolIl s’agit d’un des polyols les plus récents dont l’autorisation d’utilisation au seinde l’UE est récente (directive de 2006). L’érytritol est produit parfermentation de farine de blé ou maïs par l’enzyme hydrolysate et par unelevure osmophilique (Moniliella pollinis ou Trichosporonoides megachilensis).OHOHHOOHIl possède un bon effet refroidissant mais nettement inférieur à celui du xylitol. Cet effet estmis à profit pour nombre de préparations : barres de chocolat glacées, confiseries et chewinggum. Il est également employé dans des graisses solides comme l’huile de noix de coco, le beurrede caco, cependant l’effet rafraîchissement peut donner l’impression d’un aspect graisseux duproduit.L’érythritol n’étant pas dégradé (ou peu), n’atteignant pas le gros intestin, étant absorbérapidement, il apporte que très peu de calories (0,2 calorie par gramme).Les polyols sont donc des édulcorants de charge au goût plaisant. Ils possèdent une grandestabilité chimique (stable à la chaleur et fondent sans décomposition) et ont une valeurcalorique inférieure à celle des sucres. En raison de leur stabilité et d’un mode d’absorptionparticulier, les polyols sont peu caloriques. Peu sensibles à la fermentation, ils ne réagissent pas(ou peu) avec les bactéries présentes dans la bouche et sont donc considérés acariogènes (lesorbitol est utilisé comme témoin acariogène). Il n’y a pas vraiment de restriction sur lesquantités à utiliser. La dose maximale d’emploi repose sur le principe du quantum satis, c’est-àdirela dose strictement nécessaire pour obtenir l’effet recherché.36


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>les polyols ou édulcorants de masseCéréalesSaccharoseLaitAmidonConversionenzymatiqueLactoseSirop dedextroseSirop demaltoseSirop desaccharoseIsomaltuloseXyloseGalactoseFermentationHydrogénationIsomérisationErythritol(E968)Sorbitol(E420)Maltitol(E965)Mannitol(E421)Isomalt(E953)Xylitol(E967)Lactitol(E966)Tagatose37


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>B-5-2. les édulcorants intensesLes édulcorants intenses ont un pouvoir sucrant très élevé par rapport au saccharose (jusque2000 à 3000 fois plus sucrant) et ont une valeur énergétique pratiquement nulle. Leurincorporation dans une préparation alimentaire représente une charge pondérale infime.Objectifs attendus lors de l’utilisation d’un édulcorant intense :- avoir un goût sucré- faible densité calorique pour la même équivalence de sucré que le saccharose,- physiologiquement inerte- non toxique- économiquement compétitifQuelques défauts à limiter :- goût peu proche de celui du sucre (saccharine : arrière-goût amer, aspartam : goût sucréretardé …- pas d’effet de texture (moelleux)- le prix (l’aspartame étant le plus coûteux)Les édulcorants intenses peuvent être classés suivant leur origine : naturelle ou synthétique.38


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> édulcorants intenses naturels E957 : thaumatine (PS 2000 à 3000)La thaumatine (commercialisé sous le nom de talin) est un mélange deprotéines extraites d’un fruit d’Afrique occidentale (ThaumatococcusDanielli). Actuellement elle est produite par génie génétique etbiotechnologique.L’usage de la thaumatine est assez limitée ; on la retrouve dans les pâtesà mâcher et les confiseries.Deux modes d’action sont considérées :- renforçateur et exhausteur de goût- renforçateur de flaveur et édulcorant. monelline (PS 1500 à 2000), miraculine (PS 0), stévioside (PS 200 à 300) : ces édulcorantsnaturels ne sont pas autorisés dans l’UE. E958 : glycyrrhizine (PS 50 à 100)Provient de la réglisse. Quelques inquiétudes sur son usage, il estrecommandé de consommer au maximum 100 mg/jour.OR 2HR 1 = β-glcR 2 = β-glc 2 -β-glcglycyrrhizineHCO 2 R 1stévioside39


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E959 : néohespéridine dihydrochalcone NHD (PS 1000)Sont préparées à partir de flavones de citrus naringine (contenues dans la pâte blanche de laparoie du pamplemousse) et néohespéridine.Le goût sucré est prononcé et apparaît lentement, ne possède pas d’arrière goût amer et peutmasquer le goût amer de certaines boissons. Utilisé principalement en raison de la persistancede son goût sucré dans les chewing-gums, les bonbons et dans certaines boissons amères commele jus de pamplemousse.OHORHO2 HOO OHR 1HOOH R 1 O= H ou OCH 3 R 2 =CH 3OHOOHOH édulcorants intenses de synthèse E954 : saccharine et ses sels de Na, K et Ca (PS 300 à 700)Saccharine vient du nom latin saccharum qui veut dire sucre. Elle est utilisée depuis plus d’unsiècle (découverte en 1878) et a pris une part importante dans les boissons et dans les denrées<strong>alimentaires</strong>, en particulier comme substituant au sucre au cours des deux guerres mondiales(rationnement en sucre naturel).ONHSO O40


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Alors qu’elle fut soupçonnée de conduire à des cancers, il a été démontré récemment que lasaccharine ne présente pas de danger carcinogène chez l’humain (en 2000, les restrictionsd’usage imposée aux Etats-Unis a été retirée).Bonne stabilité à la chaleur ainsi qu’aux variations de pH et n’est pas métabolisée parl’organisme.Utilisations comme édulcorant de table (sucrettes), boissons, confiseries, certainsmédicaments, multivitamines. E952 : cyclamate (PS 30)Essentiellement utilisé en synergie avec d’autres édulcorants comme lasaccharine (10 / 1). Son goût est sucré et franc. Il est l’un des édulcorantsles moins chers. E950 : acésulfame K (PS 200)O O NaSN OHEdulcorant non calorique, stable à la chaleur jusqu’à 200 °C (utilisation dans des produitscuits au four). Il n’est pas métabolisé. La dose journalière admissible (DJA) estde 9 mg/kg de poids corporel. Utilisations comme édulcorant de table, boissons,confiseries, marmelades et confitures, pâtisseries etc.O OSO NOK41


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E951 : aspartame (PS 200)C’est l ’édulcorant « vedette », découvert par hasard (comme tous ceux issus de la synthèse) en1965. Il est utilisé dans près de 5000 produits à travers le monde. Il est employé dans denombreuses préparations, souvent en combinaison avec d’autres édulcorants intense commel’acésulfame K.Synthèse :H 2 NOOH + O ClEt 3 NHCbzNOOHBnOHH 3 O3HCbzNOOBnHO 2 C O HO 2 CBnO 2 CHLiOH.H 2 O CbzNBnO 2 COOHClHOH 3 OClClHCbzNBnO 2 CClOOClClEt 3 NClOCHH 3 N3OHCbzNBnO 2 CONHCO 2 CH 3OH 2 , Pd-CH 2 NHO 2 CNHOOCH 3aspartame42


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>L’aspartame est aujourd’hui approuvé dans 90 pays car il possède à la fois un bon pouvoirsucrant et ne présente pas de composante d’arrière-goût amer.Par contre il présente l’inconvénient de se décomposer rapidement car il est relativementinstable en solution. Cela a pour conséquence d’une diminution assez rapide du pouvoir sucrant etl’apparition de la phénylalanine (l’un des produits de décomposition) peut provoquer des troublesdu métabolisme.les produits de décomposition :HO 2 CHNOO NHdicétopipérazineNH 2HO 2 CCO 2 Hacide aspartiquephénylalanineCO 2 HNH 243Son instabilité au cours du chauffage ne permet de l’employer en biscuiterie. Les usagescourant de l’aspartame sont donc : boissons non alcoolisés (à base de lait ou de produits dérivésou de jus de fruits), desserts et confiseries.Il existe également une variante de l’aspartame (concurrente) :SNHOHNONH 2E956 alitame (PS 2000)CO 2 H


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong> E955 : sucralose (Trichlorogalactosaccharose) (PS 400 à 600)Le sucralose est autorisé au sein de l’UE depuis 2004. Il possède un pouvoirsucrant supérieur à l’aspartame et est résistant à la chaleur ce qui permetun usage pour des préparations subissant une cuisson. Les usagesprincipaux en Europe sont boissons alcoolisées ou non, desserts et produitsHOCl OOHOHClOOHOOHClsimilaires, confiserie et moutarde. E951 : stévia (rébaudioside A) (PS 400) cf suppUne histoire toute récente en France : autorisédepuis septembre 2009. Il s’agit d’une forme purifiéed’un des composants du Stévia. Les feuilles de laplante, Stevia rebaudiana sont connues depuislongtemps pour leur pouvoir sucrant. Les extraits deStévia sont depuis longtemps utilisés commeédulcorant au Japon, mais ce n’est que trèsrécemment que d’autres pays ont autorisé son usagecomme édulcorant.Certains pensent qu’il pourrait supplanter l’usage del’aspartam.44


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>Tiré du CODEX ALIMENTARIUS (http://www. codexalimentarius.net)Doses maximales d’emploi des édulcorants intenses (directive 94/35/CE)45


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>L’origine du goût sucré46


Les <strong>additifs</strong> <strong>alimentaires</strong>- Premières hypothèses (1969) de la chimioperception des composés sucrés. Schallenberger et Acree ont établique l’existence d’une structure dite AH-B, où H est un proton et B un groupe électronégatif était nécessaire(mais non suffisante) pour qu’apparaisse la saveur sucrée. La distance entre AH et B doit être comprise entre2.5 et 4 Å.- Une hypothèse complémentaire propose qu’un troisième site riche en électrons X soit nécessaire pour formerun triangle (le triangle de Kier). Cette hypothèse et la précédente permettent d’orienter la recherche denouveaux édulcorants mais pas d’expliquer les différences de PS, ni les interactions goût sucré – goût amer.47

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