46 LivresD’où la thèse principale de l’auteur (p. 1<strong>14</strong>sq): le magnétisme animal a longtemps étéconsidéré – est encore considéré – comme le premier balbutiement de la psychanalyse et dela psychiatrie dynamique et les avancées de la psychologie clinique, tout en se réclamantde cette filiation, auraient fait le tri et exploité de ces balbutiements tout ce qui pouvaitl’être, le déchet, n’ayant plus qu’un intérêt historique secondaire.Or, pour Bertrand Meheust , il suffit de modifier quelque peu la perception que nous avonsde son statut et de sa place dans l’économie des idées pour que soit également modifié laperception des courants qui se trouvent en aval… alors c’est un autre paysage qui sedécouvre sous nos yeux…Cette thèse, on le voit, fait place à une autre conception de lanature humaine voyant dans celle-ci un abîme, une capacité créatrice capable de s’inventersans cesse en explorant une pluralité de voies conflictuelles.« Le magnétisme n’est pas un dossier mort qui ne ferait qu’ajouter un chapitre de plusà l’histoire passablement encombrée des errances de l’esprit humain, et de ce fait n’auraitplus rien à nous apprendre; à la fréquenter, on fait autre chose que de reconstituer unmonument en ruines, on éclaire un moment crucial de la constitution de l’hommemoderne » (p. 120).L’enquête de Bertrand Meheust est organisée en 5 sections réparties sur deux volumes :Après avoir décrit les courants en lices et les polémiques qui les traversent, il décrit lesbarrages dressés contre le magnétisme par les institutions entre 1820 et 1842, lorsque lemagnétisme se heurte à l’institution médicale, lutte qui se termine par une fin de nonrecevoir.Puis, étudiant l’hypnotisme, il montre comment, à partir de 1878, l’institution seréapproprie les phénomènes magnétiques et ceci l’amène (t. 2) à poser la question -à partirdu différent qui oppose, depuis 1820 magnétiseurs et médecins-, de l’état des sujetssomnambules. S’agit-il d’une conscience amoindrie ou au contraire de l’accès à denouvelles facultés? à une présence au monde plus intense ? Explorant ces voiesconcurrentes jusqu’en 1930, il montre comment et pourquoi la métapsychique jette sesderniers feux.S’intéressant aux turbulences provoqués au sein de l’Institution, à partir de 1885, lemoindre de ses mérites n’est pas de nous faire comprendre comment émergent de nouveauxconcepts, se dessinent de nouvelles frontières dont s’inspireront, au delà des psychanalystes(Freud mais aussi Wilhem Reich, qui l’intègre mieux), des philosophes (Maine de Biran,Roustang,) des écrivains (Hugo, André Breton), des peintres (Kandisky)… sans oublier dementionner les résistances provoquées.Une bibliographie exhaustive de 776 ouvrages complète le tout et vient appuyer cetteétude érudite et critique à la fois et qui mobilise la passion de l’auteur au service d’unepensée refusant clôture et enfermement.Il apporte en tout cas, sur cette question, une contribution majeure à l’un des objets derecherche les plus controversés en conduisant avec méthode le lecteur au cœur du problèmeposé et traité avec une grande liberté de ton, ce qui n’est pas son moindre mérite. (Compterendu de Georges Bertin).MELANCU Stefan, Eminescu et Novalis, Paradigmes romantiques, (Coordinateur StefanBoebely), Cluj-Napoca, Ed. Dacia, coll. Discobulul, 1999, ISBN 973-35-0867-5Eminescu a-t-il connu ou non l’œuvre de Novalis ? Au delà de toute dispute possible,l’étude constate des consonances évidentes entre une partie importante de l’œuvred’Eminescu et celle du poète allemand. Il ne s’agit pas uniquement de la présence chez les
Publications 47deux poètes du symbolisme de la fleur bleue, de l’idéalisme magique ou de l’atmosphèreonirique, mais aussi d’un fond d’idées, de structures et de visions beaucoup plus étendu,constitué dans une relation de type paradigmatique. L’étude relève dans l’espace ducourant romantique les similitudes frappantes ainsi que les différences significatives entreles deux poètes.I. L’aventure de la connaissanceII. Le roman - l’utopie et les avatars de la réalitéIII. La poétique universelleIV. « Les miracles de la nature... »V. Le symbole de la fleur bleue MICHEL-JONES Françoise, Retour aux Dogons : figures du double et ambivalence,Paris, L’Harmattan, 1999, 162 p., 21 x <strong>14</strong> cm, Bibliogr., ISBN 2-7384-8246-5, Br., 90 FF.De l’équilibre valorisé par la pensée indigène à sa réalisation effective, le pas n’est-ilpas trop vite franchi ? C’est ce que l’ouvrage s’attache à établir en montrant que la sociétédogon, centrée sur le duel et le gémellaire, n’en est pas moins travaillée par la contradictionlogique, l’asymétrie et l’inégalité des positions sociales. NASR Seyyed Hossein, La connaissance et le sacré, trad. de l’anglais Patrick Laude,Lausanne, Age d’homme, 1999, 350 p., 24 x 16 cm, ISBN 2-8251-1059-0, Br., 180 FF.Cet ouvrage veut contribuer à une resacralisation de la connaissance et au renouveau dela perspective sapientielle en Occident avec l’aide des traditions encore vivantes de l’Orientoù la connaissance n’a jamais été séparée du sacré. PIMPANEAU Jacques, Chine, mythes et dieux, Arles (Bouches-du-Rhone), P. Picquier,1999, 320 p., ill., 21 x 17 cm, ISBN 2-87730-450-7, Br., 159 FF.L’étude des dieux de la mythologie populaire chinoise et une réflexion sur le mythe(l’existence d’un même mythe sous des variantes diverses, la création d’un nouveau mythepour justifier d’anciens rites, la déification de personnages historiques...). Des contes etlégendes au carrefour du taoïsme. du bouddhisme et du confucianisme. POSTEL Claude, L’homme prophétique : science et magie à la Renaissance, Paris,Belles lettres, 1999, 320 p., ISBN 2-251-44157-3, Br., 135 FF.A partir de deux personnages méconnus, John Dee (1521-1609), le Gallois, etGuillaume Postel, le Normand (1510-1581), l’auteur raconte de nombreux aspectsméconnus de la Renaissance. Ces deux hommes se sont croisés à de multiples reprises : aunom de leurs souverains, François 1er et Elisabeth Ire, ils traverseront l ‘Europe et l’Orient,y découvrant les différentes religions et les mystiques. RIBARD Franck, Le carnaval noir de Bahia : ethnicité, identité, fête afro à Salvador,préf. Katia de Queiros Mattoso, Paris, L’Harmattan, 1999, 512 p., 21 x 15 cm, Bibliogr.,Lexique, ISBN 2-7384-8219-8, Br., 280 FF.Analyse visant à mettre en évidence la nature complexe de l’articulation observée entreles différents niveaux de l’événement-carnaval. Evoluant de l’échelle micro-locale desgroupes de quartiers vers celle globale liée à la médiatisation, elle permet d’éclairer lespostures, les accents et les messages spécifiques proposés par les différents acteurs et enparticulier par les groupes noirs.