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Maladie de Vaquez

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SOMMAIREINTRODUCTION________________________________________________________________ 3DEMARCHE DIAGNOSTIQUE____________________________________________________ 4REFERENCES _________________________________________________________________ 10Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 2


POLYGLOBULIES PRIMITIVES (<strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong>)INTRODUCTIONLa maladie <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> ou polyglobulie primitive est le résultat d’une expansion clonaled’une cellule souche hématopoïétique multipotente <strong>de</strong>venue maligne.Les progéniteurs érythroï<strong>de</strong>s sont hypersensibles à plusieurs facteurs <strong>de</strong> croissance maisle fait essentiel caractéristique est la possibilité <strong>de</strong> développement in vitro en l’absenced’apport d’érythropoïétine exogène. La physiopathologie <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> a étérécemment découverte. Cette pathologie s’associe dans 80 p. cent <strong>de</strong>s cas à une mutationunique acquise du gène codant pour la protéine JAK2, au niveau du codon 617 (substitutiond’une valine pour une phénylalanine). JAK2 est une protéine associée aux récepteurs <strong>de</strong>scytokines (comme le récepteur à l’érythropoïétine) et participe à la transduction du signal <strong>de</strong>scytokines. Cette mutation s’accompagne d’une activité tyrosine kinase constitutive <strong>de</strong> JAK2,responsable d’une hypersensibilité aux facteurs <strong>de</strong> croissance hématopoïétiques et d’unepolyglobulie dans les modèles animaux murins. Plus récemment, il est apparu que la mutationdu gène codant pour la protéine JAK2 n’est probablement pas le premier événement àl’origine d’une polyglobulie primitive. Ainsi, une hématopoïèse clonale précé<strong>de</strong>raitl’apparition <strong>de</strong> la mutation <strong>de</strong> JAK2. Les événements à l’origine du développement <strong>de</strong> cettehématopoïèse clonale sont en cours d’investigation et <strong>de</strong>s gènes candidats ont été i<strong>de</strong>ntifiés.De manière intéressante, le développement d’une leucémie aiguë dans le cadre d’unepolyglobulie primitive surviendrait à partir d’un progéniteur clonal mais ne portant pas encorela mutation <strong>de</strong> JAK2.Le diagnostic <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> repose sur <strong>de</strong>s signes cliniques et sur <strong>de</strong>s signesbiologiques dont le groupement a fait l’objet <strong>de</strong> propositions successives.Il s’agit d’une maladie dont la durée naturelle est longue. Son évolution est dominée parles complications vasculaires, la survenue d’une myélofibrose, et la transformation enleucémie aiguë.Le traitement doit chercher surtout à éviter les complications vasculaires qui sont une <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> mortalité et éviter <strong>de</strong> favoriser les transformations hématologiques.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 3


DEMARCHE DIAGNOSTIQUELe diagnostic <strong>de</strong> la polyglobulie primitive repose sur un ensemble <strong>de</strong> signes cliniques etbiologiques qui permet <strong>de</strong> distinguer les polyglobulies secondaires, au cours <strong>de</strong>squelles lamoelle réagit à une stimulation <strong>de</strong> la synthèse d’érythropoïétine par différents mécanismespathologiques, <strong>de</strong> la polyglobulie primitive qui est une maladie médullaire échappant aucontrôle <strong>de</strong> l’érythropoïétine.Des signes cliniques peuvent être communs à l’ensemble <strong>de</strong>s polyglobulies telle quel’érythrose cutanée et muqueuse et les manifestations vasculaires.Certains signes cliniques sont plus particuliers à la polyglobulie primitive tel que le prurità l’eau chau<strong>de</strong>, les érythromélalgies, les acci<strong>de</strong>nts hémorragiques et une splénomégaliepalpable.Le diagnostic a longtemps été établi selon <strong>de</strong>s critères définis par le Polycythemia VeraStudy Group (PVSG), mais cette proposition qui aboutissait à une forte présomption etéliminait les cas douteux a pu être remplacée par <strong>de</strong>s propositions tenant compte <strong>de</strong>s donnéesplus récentes, telles que la pratique généralisée <strong>de</strong> l’échographie transcutanée et la recherche<strong>de</strong> la mutation du gène codant pour la protéine JAK2. Si cette <strong>de</strong>rnière se révèle négative, laculture <strong>de</strong> progéniteurs érythroï<strong>de</strong>s in vitro (à la recherche d’une pousse spontanée),l’évaluation du taux d’érythropoïétine endogène et une étu<strong>de</strong> cytogénétique peuvent êtreréalisées.L’ensemble <strong>de</strong> ces arguments peut être classé <strong>de</strong> différentes manières selon lespossibilités d’investigations. On peut, selon leur importance diagnostique les placer dansl’ordre suivant :1. Evaluation <strong>de</strong> la polyglobulie par l’étu<strong>de</strong> du volume globulaire total qui doit êtresupérieur <strong>de</strong> 25% par rapport au pourcentage théorique ou égal ou supérieur à 36ml/kg chez l’homme et 32 ml/kg chez la femme. En l’absence <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong>réaliser ce type d’étu<strong>de</strong>, il faut au moins avoir un hématocrite égal ou supérieur à 60%chez l’homme et 56% chez la femme.2. Présence d’une splénomégalie palpable.3. Absence d’une cause <strong>de</strong> polyglobulie secondaire dont les plus fréquentes peuvent êtrerapi<strong>de</strong>ment reconnues par l’échographie abdominale (cancer du foie) et rénale (cancerdu rein), l’examen cardiaque (cardiopathie congénitale), la détermination <strong>de</strong> lasaturation en oxyhémoglobine (insuffisance respiratoire), la détermination du tauxd’HbCO (tabagisme) dans le sang et la recherche d’une methémoglobinémie.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 4


MODALITES THERAPEUTIQUES ET SURVEILLANCE DE L’EVOLUTIONLe traitement <strong>de</strong> la polyglobulie primitive fait appel :- aux saignées- à la chimiothérapie et/ou à l’interféron-αLes saignéesElles sont un traitement d’urgence lors <strong>de</strong> la découverte d’une polyglobulie avec <strong>de</strong>s signesd’intolérance traduisant un syndrome d’hyperviscosité : céphalées, hypertension artérielle, ousignes neurologiques et neuro-sensoriels. Elles peuvent aussi être utilisées au cours <strong>de</strong>l’évolution <strong>de</strong> la maladie pour faire face à <strong>de</strong>s poussées importantes au cours <strong>de</strong> traitementscytoréducteurs. Certains auteurs ont préconisé d’en faire le traitement initial surtout chez lespatients jeunes pour tenter <strong>de</strong> limiter au maximum l’utilisation <strong>de</strong> traitements cytoréducteurspotentiellement dangereux. Une seule étu<strong>de</strong> randomisée a comparé l’efficacité <strong>de</strong>s saignéesaux autres traitements. Cette étu<strong>de</strong> a mis en évi<strong>de</strong>nce une gran<strong>de</strong> inci<strong>de</strong>nce d’acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>thrombose dans les 3 premières années du traitement surtout chez <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s qui avaientdéjà eu <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> thrombose antérieure, ou chez les mala<strong>de</strong>s âgés. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>spremières années l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s thromboses n’est pas apparue être plus importante que chezles mala<strong>de</strong>s traités par chimiothérapie.La pratique régulière <strong>de</strong> saignées aboutit à la constitution d’une carence en fer profon<strong>de</strong> etaccentue habituellement l’hyperplaquettose. L’inci<strong>de</strong>nce sur la survenue <strong>de</strong> myélofibrose a étédiscutée mais ne peut pas être démontrée.Enfin, il apparaît comme très difficile <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong> façon régulière pendant <strong>de</strong> longuesannées ce type <strong>de</strong> traitement.Le volume <strong>de</strong>s saignées varie selon le poids du mala<strong>de</strong> entre 300 et 400 ml à chaque fois. Lafréquence va dépendre <strong>de</strong> la tendance évolutive <strong>de</strong> la polyglobulie. Initialement si l’on veutobtenir une baisse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’excès <strong>de</strong> globules rouges il faut pratiquer une saignée 2 à 3 foispar semaine pendant au moins 2 semaines.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 6


La chimiothérapiePlusieurs médicaments sont disponibles :L’HydroxyuréeIl s’agit d’un anti-métabolite qui inhibe la ribonucléosi<strong>de</strong> réductase et donc la synthèsed’ADN. L’Hydroxyurée est administrée à la dose <strong>de</strong> 2 g en moyenne jusqu’à la normalisation<strong>de</strong> l’hématocrite puis à une dose d’entretien permettant le maintien <strong>de</strong> ce résultat.L’Hydroxyurée a une durée d’action <strong>de</strong> quelques jours ce qui permet facilement <strong>de</strong> moduler ladose en fonction <strong>de</strong> l’évolution hématologique. L’Hydroxyurée peut provoquer <strong>de</strong>s troublesdigestifs et entraîne obligatoirement une macrocytose. A la longue, après plusieurs années,<strong>de</strong>s effets cutanés sont notés avec sécheresse <strong>de</strong> la peau, tendance à la fibrose et très rarementulcérations qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt impérativement l’arrêt du médicament.Dans le cadre <strong>de</strong> la polyglobulie primitive l’Hydroxyurée s’est révélée être un médicamentefficace dont les résultats dans les étu<strong>de</strong>s publiées montrent une nette amélioration <strong>de</strong> lasurvie par rapport à <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s traités uniquement par <strong>de</strong>s saignées avec moins d’acci<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> thrombose (5,6% versus 21,6%) mais plus <strong>de</strong> leucémies aiguës (5,6 à 9,8% versus 3,7%).Dans une étu<strong>de</strong> comparant l’Hydroxyurée au Pipobroman, aucune différence n’a été notée surla survie, le pourcentage <strong>de</strong> complications thrombotiques et <strong>de</strong> leucémies aiguës. Par contredans cette étu<strong>de</strong> on note beaucoup plus d’évolution vers la myélofibrose qu’avec lePipobroman.Le PipobromanIl s’agit d’un dérivé bromuré <strong>de</strong> la pipérazine qui a un mécanisme d’action à la fois <strong>de</strong> typealkylant et d’anti-métabolite.Il s’agit d’un traitement oral à la dose habituelle <strong>de</strong> 75 mg par jour jusqu’à la normalisation <strong>de</strong>l’hémogramme qui nécessite un traitement d’entretien selon le résultat obtenu. La toléranceest bonne en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> rares cas <strong>de</strong> diarrhée. Il agit en l’espace <strong>de</strong> 3 à 4 semaines et permet <strong>de</strong>maintenir un traitement d’entretien facilement modulable. Dans l’étu<strong>de</strong> citée ci-<strong>de</strong>ssus il s’estrévélé mieux toléré que l’Hydroxyurée.Après plusieurs années d’évolution, une résistance peut apparaître aussi bien chez les mala<strong>de</strong>straités par l’Hydroxyurée que chez les mala<strong>de</strong>s traités par le Pipobroman. Il est possible <strong>de</strong>tenter <strong>de</strong>s croisements <strong>de</strong> traitement.L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> survenue d’une leucémie aiguë paraît être i<strong>de</strong>ntique pour ces <strong>de</strong>uxmédicaments , <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5% à 10 ans.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 7


Interféron-αL’Interféron-α a un effet inhibiteur sur la prolifération <strong>de</strong>s progéniteurs hématopoïétiques, uneffet inhibiteur direct sur les fibroblastes médullaires et a une action antagoniste <strong>de</strong> celle duPDGF et du TGF-β. L’Interféron-α a été utilisé en cas <strong>de</strong> polyglobulies primitives réfractairesaux autres traitements, mais également chez les personnes jeunes car il est jusqu’à maintenantconsidéré comme n’ayant pas d’action oncogénique ou tératogène. Dans 60% <strong>de</strong>s cas cetraitement a pu permettre d’obtenir un abaissement suffisant <strong>de</strong> l’hématocrite et dans 75% <strong>de</strong>scas une réduction du volume <strong>de</strong> la rate. Il s’agit cependant d’un traitement souvent très maltoléré et difficile à maintenir <strong>de</strong> façon prolongée. Il peut être par contre d’une ai<strong>de</strong> importantechez <strong>de</strong>s sujets très jeunes ou à l’occasion du développement d’une grossesse.Anagréli<strong>de</strong>Un traitement anti-agrégant plaquettaire par l’aspirine à dose faible parait utile en casd’hyperplaquettose, <strong>de</strong> saignées fréquentes et en cas <strong>de</strong> complications thrombotiques.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 8


MODALITES THERAPEUTIQUES CANCERESTChez les sujets jeunes on peut proposer dans un premier temps la réalisation <strong>de</strong> saignées.Si l’obtention d’un taux d’hématocrite satisfaisant (47%) ne peut être facilement obtenupar <strong>de</strong>s saignées espacées (intervalle <strong>de</strong> 4 à 6 semaines), on utilise alors l’Hydroxyurée ou lePipobroman pour lequel l’expérience acquise au CHU Saint-Antoine est particulièrementimportante.Chez les mala<strong>de</strong>s âgés , ces mêmes médicaments peuvent être utilisés. En cas <strong>de</strong> suivi trèsdifficile, un traitement par radio-phosphore peut être discuté. Ce traitement ne nécessite quepeu <strong>de</strong> contrôles peut être proposé, mais son risque leucémogène, important à 10 ans, doit êtrepris en compte en fonction <strong>de</strong> l’âge. Les indications du phosphore radioactif sont ainsi<strong>de</strong>venues tout à fait exceptionnelles et ten<strong>de</strong>nt à disparaître.La découverte d’une mutation <strong>de</strong> JAK2 chez près <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong>polyglobulie primitive permet <strong>de</strong> supposer que <strong>de</strong>s thérapeutiques ciblées ayant pour objectifl’inhibition spécifique <strong>de</strong> cette protéine pourront être développées dans les années à venir.Référentiel <strong>Maladie</strong> <strong>de</strong> <strong>Vaquez</strong> – Version 1208 9


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