13.07.2015 Views

Le traitement chirurgical de l'obésité morbide : mise à jour - INESSS

Le traitement chirurgical de l'obésité morbide : mise à jour - INESSS

Le traitement chirurgical de l'obésité morbide : mise à jour - INESSS

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

REMERCIEMENTS<strong>Le</strong> présent rapport a été préparé à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’AETMIS par le D r Raouf Hassen-KhodjaM. Sc. (administration <strong>de</strong> la santé), mé<strong>de</strong>cin (hémobiologie) et chercheur-consultant, et M. Jean-Marie R. Lance, M. Sc. (sciences économiques), conseiller scientifique principal.L’AETMIS remercie les lecteurs externes suivants pour leurs précieux commentaires sur ce rapport:D r Mitiku BelachewProfesseur, service <strong>de</strong> chirurgie universitaire, Centre hospitalier régional <strong>de</strong> Huy, Huy(Belgique)D r Nicholas V. ChristouChirurgien et professeur <strong>de</strong> chirurgie, Centre universitaire <strong>de</strong> santé McGill, MontréalD r Slim HaddadProfesseur agrégé, département <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine sociale et préventive, Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, etéconomiste, Université <strong>de</strong> Montréal, MontréalD r Picard MarceauProfesseur, département <strong>de</strong> chirurgie, Université Laval, et chirurgien, Hôpital Laval, QuébecD r Jean MouïelProfesseur, Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Nice, et spécialiste en chirurgie digestive, Centre <strong>de</strong> chirurgieet laparoscopie, Nice (France)D r Nicola ScopinaroProfesseur, département <strong>de</strong> chirurgie, Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, Università di Genova, OspedaleSan Martino, Gênes (Italie)D r Rudolf SteffenMé<strong>de</strong>cin spécialiste FMH en chirurgie viscérale, Berne (Suisse)DIVULGATION DE CONFLITS D’INTÉRÊTSAucun conflit à signaler.iv


RÉSUMÉL’OBÉSITÉ MORBIDEDepuis 1998, à la suite d’un rapport <strong>de</strong>l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la santé (OMS),l’obésité est considérée comme un problème<strong>de</strong> santé publique majeur et a même été déclarée« épidémie mondiale ». L’OMS enfait même une maladie chronique dont laprévention et la prise en charge efficacesexigent <strong>de</strong>s stratégies à long terme : ellerésulte en effet d’interactions complexesentre <strong>de</strong>s facteurs métaboliques, endocriniens,génétiques, socioéconomiques, environnementaux,culturels, psychologiques etcomportementaux. L’obésité est la cause <strong>de</strong>nombreuses maladies, dont l’hypertensionartérielle, l’hyperlipidémie, le diabète, certainstroubles cardiovasculaires, l’apnée dusommeil, l’ostéoarthrite et certains cancers,et même <strong>de</strong> décès.DéfinitionL’obésité se caractérise par la présence d’unexcès <strong>de</strong> tissu graisseux et est généralementdéfinie par l’indice <strong>de</strong> masse corporelle(IMC), qui tient compte du poids et <strong>de</strong> lataille. Cet indice s’exprime en kilogrammespar mètre carré (kg/m 2 ). L’appellationd’obésité s’applique lorsque l’IMC est supérieurou égal à 30 kg/m 2 . Si l’IMC se situeentre 25 et 29,9 kg/m 2 , on parle plutôtd’embonpoint. On parle d’obésité morbi<strong>de</strong>lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 40, ouà 35 kg/m 2 si elle s’accompagne <strong>de</strong> maladiesassociées.PrévalenceLa prévalence <strong>de</strong> l'obésité (IMC ≥ 30) dansla population <strong>de</strong> 18 ans et plus (excluant lesfemmes enceintes) vivant à domicile connaîtune progression constante. Alors que lespersonnes obèses ne comptaient que pour13,8 % <strong>de</strong> la population en 1978-1979 auCanada, cette proportion est passée à 23,1 %en 2004; ces chiffres s’appuient sur <strong>de</strong>s mesuresdirectes <strong>de</strong> la taille et du poids. L’écartentre les hommes et les femmes est faible :22,9 % versus 23,2 %. Au Québec, la situationest comparable, avec un taux global <strong>de</strong>21,8 % (20,9 % chez les hommes et 22,7 %chez les femmes). L’obésité morbi<strong>de</strong> (IMC≥ 40) a aussi augmenté <strong>de</strong> façon importanteau Canada, passant <strong>de</strong> 0,9 % en 1978-1979 à2,7 % en 2004, et les femmes sont plus touchéespar ce problème (3,8 % versus 1,6 %chez les hommes). Cette donnée n’est pasdisponible pour le Québec.ConséquencesL’obésité entraîne un far<strong>de</strong>au épidémiologiqueet économique considérable. Selon <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s réalisées aux États-Unis, où le tauxd’obésité, dans la pério<strong>de</strong> 1999-2002, atteignait31,1 % chez les personnes <strong>de</strong> 20 à74 ans, ce problème entraînerait au moins112 000 décès par année, bien que d’autresestimations alliant embonpoint et obésitédonnaient plus <strong>de</strong> 300 000 décès. La controversepersiste encore sur l’importance<strong>de</strong> ce far<strong>de</strong>au. Du point <strong>de</strong> vue économique,au Canada, en 1997, les coûts médicauxdirects attribuables à l’obésité <strong>de</strong> l’adulteétaient estimés à 1,8 milliard <strong>de</strong> dollars, soit2,4 % <strong>de</strong>s coûts médicaux directs totaux.Une étu<strong>de</strong> estime que l’obésité a entraînéau Québec <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> 700 millions<strong>de</strong> dollars, soit 5,8 % du budget provincial<strong>de</strong> santé (année financière 1999-2000), et<strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> productivité supérieures à800 millions <strong>de</strong> dollars.LE RÔLE DU TRAITEMENTCHIRURGICAL DANS L’APPROCHETHÉRAPEUTIQUE DE L’OBÉSITÉL’approche thérapeutique <strong>de</strong> l’obésité estmultiple et complexe. Elle nécessite unestructure <strong>de</strong> soins adaptée ainsi que la disponibilitéd’une équipe multidisciplinaire.v


Prise en charge <strong>de</strong> l’obésitéLa prise en charge <strong>de</strong> l’obésité repose minimalementsur trois mesures fondamentales :1) un enseignement intensif visant l’améliorationdu régime alimentaire;2) un counselling portant sur la pratiquerégulière <strong>de</strong> l’activité physique; et3) un recours à <strong>de</strong>s approches behavioristespermettant <strong>de</strong> mieux réguler les habitu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> vie <strong>de</strong>vant être modifiées.<strong>Le</strong>s objectifs <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> poids doivent êtreclairement établis avec le patient. <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cinpeut proposer un <strong>traitement</strong> pharmacologiqueau patient obèse qui ne peut atteindreles objectifs fixés à l’ai<strong>de</strong> d’une diète et <strong>de</strong>l’activité physique.Prise en charge <strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong>Dans le cas <strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong>, l’approchemultidimensionnelle précé<strong>de</strong>mment décrites’avère inefficace. Selon l’OMS, la chirurgieque l’on qualifie <strong>de</strong> bariatrique (du grec baros,qui signifie lourd) est considérée commele seul <strong>traitement</strong> efficace.La chirurgie bariatrique regroupe actuellementun ensemble <strong>de</strong> techniques qui peuventêtre classées en <strong>de</strong>ux principaux types d’interventions:• les techniques fondées sur une restrictiongastrique, qui diminuent l’ingestion alimentairepar la réduction <strong>de</strong> la capacitégastrique :• les gastroplasties : création d’une pochepar agrafage ou par sectionagrafagesur le plan horizontal ou vertical(gastroplastie verticale calibrée),• les anneaux <strong>de</strong> gastroplastie : posed’un anneau fixe ou ajustable quiforme un réservoir gastrique <strong>de</strong> petitvolume;• les techniques dites mixtes, qui associentà une restriction gastrique le principed’une malabsorption intestinale par lacréation d’un système <strong>de</strong> court-circuit ou<strong>de</strong> dérivation :• les dérivations gastriques, dont la variantela plus pratiquée dans le mon<strong>de</strong>est la dérivation gastrique avec anse<strong>de</strong> Roux en Y,• les dérivations biliopancréatiquesavec gastrectomie distale ou pariétale.Bien que toutes ces techniques <strong>chirurgical</strong>esaient été <strong>mise</strong>s au point avec une approched’incision <strong>de</strong> la paroi abdominale (laparotomie),<strong>de</strong>s chirurgiens ont continué à explorer<strong>de</strong> nouvelles façons d’intervenir, particulièrementsur le plan <strong>de</strong> l’abord <strong>chirurgical</strong>.C’est ainsi que les techniques laparoscopiquessont apparues au milieu <strong>de</strong>s années1990 et se sont rapi<strong>de</strong>ment répandues dansplusieurs pays. De fait, selon un sondageinternational, 62,85 % <strong>de</strong>s interventions pratiquéesdans le mon<strong>de</strong> en 2003 étaient réaliséespar voie laparoscopique, surtout la dérivationgastrique et l’anneau <strong>de</strong> gastroplastieajustable.L’efficacité et la sécurité <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> cestechniques, tant dans leur version laparotomiqueque laparoscopique, sont établies àdivers <strong>de</strong>grés, mais soulèvent encore <strong>de</strong>squestions légitimes.OBJECTIFS DE L’ÉVALUATIONEn 1998, le Conseil d’évaluation <strong>de</strong>s technologies<strong>de</strong> la santé (<strong>de</strong>venu <strong>de</strong>puis l’Agenced’évaluation <strong>de</strong>s technologies et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>sd’intervention en santé) avait publié un rapportsur le <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>de</strong> l’obésitémorbi<strong>de</strong>. La nécessité <strong>de</strong> clarifier le statut <strong>de</strong>la dérivation biliopancréatique avec gastrectomiepariétale (intervention pratiquée àQuébec), la montée rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s techniqueslaparoscopiques et la prévalence croissante<strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong> expliquent cette <strong>mise</strong> à<strong>jour</strong>. De plus, l’AETMIS répond à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>du ministère <strong>de</strong> la Santé et <strong>de</strong>s Servicessociaux, qui souhaitait qu’elle examinel’évolution <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong>chirurgie bariatrique ainsi que les meilleuresconditions <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s personnesgravement obèses. Enfin, un volet <strong>de</strong> l’évaluationabor<strong>de</strong> les aspects économiques.vi


MÉTHODE<strong>Le</strong> présent rapport a été effectué à partird’un examen <strong>de</strong> la littérature et <strong>de</strong>s rapportsd’agences d’évaluation publiés entre 1998(année <strong>de</strong> publication du précé<strong>de</strong>nt rapport)et avril 2005. <strong>Le</strong>s banques <strong>de</strong> données habituelles,soit Medline, Cochrane Library etHTA database, ont été consultées avec lesmots clés suivants : Obesity; Morbid Obesity;Surgical Treatment; Bariatric Surgery;Gastroplasty; Gastric Bypass; Gastric Banding.Cette recension a repéré un nombre élevéd’étu<strong>de</strong>s publiées <strong>de</strong>puis 1998. Toutefois,compte tenu <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong>s essais comparatifs,randomisés ou non, et <strong>de</strong> la prédominance<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> séries <strong>de</strong> cas, la sélection<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s s’est basée sur une grillesimplifiée retenant les éléments suivants :caractère comparatif, date <strong>de</strong> publication,nombre <strong>de</strong> patients traités, durée du suivi etpertinence <strong>de</strong>s critères d’évaluation clinique.<strong>Le</strong>s principaux critères d’évaluation retenusdans l’analyse sont les suivants :• Efficacité clinique : excès <strong>de</strong> poids perdu(EPP), celui-ci étant défini par rapport aupoids idéal, et, à défaut, poids perdu etbaisse <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> masse corporelle;• Innocuité : complications caractériséesselon leur moment d’apparition (court,moyen ou long terme) et selon leur natureet leur gravité;• Comorbidité : réduction ou non <strong>de</strong>s maladiesassociées;• Consommation <strong>de</strong> biens ou services <strong>de</strong>santé ou d’autres ressources : <strong>jour</strong>sd’hospitalisation, durée moyenne <strong>de</strong> sé<strong>jour</strong>à l’hôpital, temps opératoire;• Efficience : coûts ou économies <strong>de</strong> ressources,rapports coût-efficacité et coûtutilité.RÉSULTATS<strong>Le</strong> <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> en généralMalgré le nombre important d’étu<strong>de</strong>s primairessur le <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>de</strong> l'obésitémorbi<strong>de</strong>, la majorité d’entre elles portentsur <strong>de</strong>s <strong>traitement</strong>s dont l'efficacité adéjà été établie ou sur les nouvelles approches,notamment les interventions par voielaparoscopique. Cependant, peu d’étu<strong>de</strong>sfournissent <strong>de</strong>s résultats à long terme. Uneseule gran<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> (la Swedish Obese SubjectsIntervention Study, ou SOS) comparele <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> à l’approche médicale,et elle utilise un plan prospectif avecappariement <strong>de</strong>s sujets selon 18 variables.<strong>Le</strong>s autres étu<strong>de</strong>s comparatives, dont certainesétaient randomisées, examinent les effets<strong>de</strong> l’abord <strong>chirurgical</strong> (laparotomie ou laparoscopie)ou <strong>de</strong>s variantes d’une mêmetechnique. <strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s sont donc constituéesen gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> séries <strong>de</strong> cas rétrospectiveset, moins fréquemment, prospectives.<strong>Le</strong> <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> est reconnu actuellementcomme une option thérapeutiqueplus efficace que les <strong>traitement</strong>s non chirurgicauxpour les patients souffrant d’obésitémorbi<strong>de</strong>. Bien que la majorité <strong>de</strong>s donnéesportent sur <strong>de</strong>s résultats à court terme, plusieursétu<strong>de</strong>s commencent à démontrer qu’ily a maintien <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong> poids à longterme. De plus, l’étu<strong>de</strong> SOS, la meilleureétu<strong>de</strong> comparative disponible, conclut que lachirurgie bariatrique procure une perte <strong>de</strong>poids prolongée <strong>de</strong> 16,1 % chez les personnesprésentant un IMC d’au moins 40, oud’au moins 35 si l’obésité s’accompagne <strong>de</strong>maladies associées (dont le diabète, l’hyperlipidémieet l’hypertension artérielle). Parailleurs, les interventions <strong>chirurgical</strong>es entraînentun certain nombre <strong>de</strong> complicationspouvant parfois être graves. Bien que ceseffets indésirables soient généralement prisen charge <strong>de</strong> façon adéquate, ils doiventcontinuer à faire l’objet d’évaluations.La chirurgie bariatrique reste une interventioncoûteuse, puisqu’elle exige une équipemultidisciplinaire, un plateau technique spécialiséet un suivi prolongé. En contrepartie,la réduction <strong>de</strong> poids qu’elle entraîne diminuela prévalence <strong>de</strong>s maladies associées etleurs conséquences (dépenses en médicaments),réduisant ainsi les pertes <strong>de</strong> productivitécausées par les congés <strong>de</strong> maladie etl’incapacité, et améliore la qualité <strong>de</strong> vie.vii


Toutefois, le rapport coût-efficacité (oucoût-utilité) favorable et l’efficience quel’état actuel <strong>de</strong>s connaissances laisse présagerdoivent être confirmés par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>séconomiques rigoureuses à plus long terme.<strong>Le</strong>s différentes techniques <strong>chirurgical</strong>esBien qu’un grand éventail <strong>de</strong> techniquessoient employées en chirurgie bariatrique,les données actuelles ne permettent pas encore<strong>de</strong> privilégier l’une ou l’autre d’entreelles à cause <strong>de</strong> contextes d’application différents,<strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong>s patientset du manque d’étu<strong>de</strong>s comparativesrigoureuses. De plus, une intervention peutassocier plusieurs techniques.<strong>Le</strong> choix <strong>de</strong> la technique <strong>chirurgical</strong>e dépendd’un certain nombre <strong>de</strong> facteurs :• le profil du patient : âge, personnalité,valeur <strong>de</strong> l’IMC, comportement alimentaire,compréhension et engagement, maladiesassociées, contre-indications;• la réversibilité ou non <strong>de</strong> la technique;• les risques associés à chacune <strong>de</strong>s techniques(déhiscence <strong>de</strong> la plaie, hernie, déplacementdu dispositif, rupture <strong>de</strong> la ligned’agrafes, etc.);• les conséquences possibles sur le plan<strong>de</strong>s carences nutritionnelles;• la disponibilité <strong>de</strong>s ressources humaineset matérielles;• le soutien <strong>de</strong> l’expertise d’une équipemultidisciplinaire; et• l’expérience <strong>de</strong> l’équipe <strong>chirurgical</strong>e enchirurgie bariatrique et, le cas échéant, entechniques laparoscopiques, qui exigentune pério<strong>de</strong> d’apprentissage importante.Sur le plan <strong>de</strong> l’efficacité d’ensemble, lesdonnées indiquent <strong>de</strong> façon générale que lestechniques mixtes associant restriction gastriqueet malabsorption intestinale sont supérieuresaux interventions qui ne font queréduire la capacité gastrique. Voici quelquesconsidérations sur les principales techniquesexaminées et, pour trois d’entre elles, employéesau Québec :La dérivation gastrique avec anse <strong>de</strong> Rouxen Y (DGRY) : l’efficacité <strong>de</strong> cette techniqueest bien établie selon les critères d’une perte<strong>de</strong> poids stable, d’un faible taux <strong>de</strong> complicationset d’une réduction <strong>de</strong>s maladies associéesà l’obésité morbi<strong>de</strong>. Devenue la référence(gold standard), la DGRY est latechnique la plus utilisée dans le groupegénéral <strong>de</strong>s dérivations gastriques.La gastroplastie verticale calibrée (GVC) :bien que son efficacité soit bien établie, laréduction pondérale à long terme moins élevéequ’elle entraîne lui fait perdre la faveur<strong>de</strong>s chirurgiens en Amérique du Nord (ycompris au Québec); associée à une DGRY,la GVC maintient <strong>de</strong> bons résultats à longterme.L’anneau <strong>de</strong> gastroplastie ajustable (AGA) :son efficacité est généralement reconnue,tant pour la perte <strong>de</strong> poids que le faible taux<strong>de</strong> complications; cette technique a aussil’avantage d’être réversible; elle tend <strong>de</strong> plusen plus à remplacer la GVC.La dérivation biliopancréatique avec gastrectomiepariétale (DBP + GP) : en dépitdu fait que cette technique soit pratiquéedans peu <strong>de</strong> centres en raison <strong>de</strong>s conditionsastreignantes <strong>de</strong> prise en charge et <strong>de</strong> suivi<strong>de</strong>s patients opérés, son ancienneté (plus <strong>de</strong>20 ans), le nombre cumulatif d’interventionseffectuées jusqu’à ce <strong>jour</strong> et ses résultatspositifs sur le plan <strong>de</strong> la réduction pondéraleen font une intervention qui n’est plusconsidérée comme expérimentale. De plus,certaines étu<strong>de</strong>s autorisent à penser que laDBP + GP serait appropriée pour les patientssuperobèses ayant un IMC supérieur à50.L’approche laparoscopique<strong>Le</strong>s interventions par voie laparoscopiqueoffrent <strong>de</strong> nombreux avantages, comme uneréduction <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> sé<strong>jour</strong> à l’hôpital etla diminution, voire l’absence <strong>de</strong>s complicationsassociées à la chirurgie ouverte; ellesentraînent toutefois d’autres types <strong>de</strong> complications.<strong>Le</strong> chirurgien doit faire son apprentissagedans les meilleures conditionspour bien maîtriser cette approche.viii


<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux techniques laparoscopiques lesplus au point sont la dérivation gastriqueavec anse <strong>de</strong> Roux en Y (DGRY/L) etl’anneau <strong>de</strong> gastroplastie ajustable (AGA/L),et elles ne sont plus considérées comme expérimentales.Il faut toutefois les introduiredans un contexte permettant <strong>de</strong> continuer àétudier leurs effets. La DGRY/L donne,après un an <strong>de</strong> suivi, les mêmes résultats quesa version laparotomique, et l’éventail <strong>de</strong>complications précoces ne présente que <strong>de</strong>légères différences. Des données comparativesà plus long terme restent cependant nécessaires.<strong>Le</strong>s AGA/L apparaissent sécuritaires et efficaces(sur le plan <strong>de</strong> l’excès <strong>de</strong> poids perdu)et ont l’avantage supplémentaire d’être réversibles.De plus, les complications gravessont rares, et les taux <strong>de</strong> complications et <strong>de</strong>réinterventions, acceptables. Ces effets onttoutefois été mesurés à court terme et doiventêtre confirmés par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus longues.Quant aux autres techniques appliquées parvoie laparoscopique, elles restent encoreexpérimentales en raison <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> quientoure leurs effets.Enfin, outre qu’elles n’offrent aucune comparaison,les données sont insuffisantes pourque l’on puisse émettre <strong>de</strong>s conclusions vali<strong>de</strong>ssur le <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>de</strong>s adolescentset <strong>de</strong>s enfants aux prises avecl’obésité morbi<strong>de</strong>. Bien que la présente évaluationn’ait pas examiné les conséquencesd’un amaigrissement important (nécessité <strong>de</strong>chirurgies réparatrices et plastiques), cetaspect ne doit pas être négligé dans le projetthérapeutique, puisqu’il peut avoir un retentissementpsychologique important.EFFICIENCE DE LA CHIRURGIEBARIATRIQUESelon l’état actuel <strong>de</strong>s connaissances, mêmesi les étu<strong>de</strong>s et les modèles économiquespubliés comportent certaines lacunes, le<strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong>constituerait une intervention efficiente.Bien que ses coûts soient relativement élevés,notamment en raison du coût <strong>de</strong> l’intervention<strong>chirurgical</strong>e elle-même et <strong>de</strong> la priseen charge <strong>de</strong>s complications précoces outardives qui peuvent en résulter, <strong>de</strong> la nécessitéd’un suivi annuel et <strong>de</strong>s besoins éventuelsen chirurgie plastique, les effets positifsassociés à la réduction pondérale qu’elleentraîne semblent les compenser. En effet,elle diminue la prévalence <strong>de</strong>s maladies associées(maladies cardiovasculaires et diabète,par exemple) et leurs conséquences surl’utilisation <strong>de</strong>s ressources (hospitalisations,dépenses en médicaments), réduit les pertes<strong>de</strong> productivité causées par les congés <strong>de</strong>maladie et l’incapacité, et améliore la qualité<strong>de</strong> vie.Ces premiers résultats doivent toutefois êtreconfirmés par <strong>de</strong>s évaluations économiquesplus rigoureuses, fondées sur <strong>de</strong>s donnéesfactuelles sur l’efficacité et l’utilisation <strong>de</strong>sressources à long terme ainsi que sur <strong>de</strong>scomparaisons vali<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s différentes techniqueset modalités <strong>chirurgical</strong>es (laparoscopieou laparotomie).DÉFIS POUR LA PRATIQUEQUÉBÉCOISEDifférentes techniques <strong>de</strong> chirurgie bariatriquesont actuellement pratiquées au Québecpar <strong>de</strong>s chirurgiens ayant une longue expériencedans le domaine. Par contre, on manqued’informations sur la qualité et l’efficacitéréelle <strong>de</strong>s interventions et sur la population<strong>de</strong> patients traités. Qui plus est, l’offre<strong>de</strong> service apparaît insuffisante compte tenu<strong>de</strong> l’augmentation soutenue <strong>de</strong>s listes et <strong>de</strong>stemps d’attente. Dans un tel contexte :• il est essentiel <strong>de</strong> bien connaître et <strong>de</strong>partager les différents renseignements surla population traitée et les résultats obtenusdans les centres <strong>de</strong> chirurgie bariatrique;• il est nécessaire <strong>de</strong> bien évaluer l’évolutionet l’ampleur <strong>de</strong>s besoins en chirurgiebariatrique qu’engendre la prévalencecroissante <strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong>;• il est opportun <strong>de</strong> promouvoir l’élaborationd’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> pratique sur la prise enix


charge <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s atteints d'obésitémorbi<strong>de</strong> pour assurer une qualité élevée<strong>de</strong>s services offerts.À ce <strong>de</strong>rnier égard, l’Association <strong>de</strong>s chirurgiensgénéraux du Québec a élaboré uneligne <strong>de</strong> conduite sur le <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong><strong>de</strong> l’obésité morbi<strong>de</strong>. Elle insiste notammentsur les points suivants : nécessitéd’une équipe interdisciplinaire, désignation<strong>de</strong> centres <strong>de</strong> référence, sensibilisation etformation <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts en chirurgie et offreaccrue <strong>de</strong> formation en chirurgie bariatrique.D’autre part, il y a lieu <strong>de</strong> prévoir, danstoute prise en charge d’un projet <strong>de</strong> chirurgiebariatrique, les besoins éventuels en chirurgiesréparatrices et plastiques.RECOMMANDATIONS1) Il est recommandé que le ministère <strong>de</strong> laSanté et <strong>de</strong>s Services sociaux et les autresinstances concernées par le problème <strong>de</strong>l’obésité morbi<strong>de</strong> déterminent <strong>de</strong> façonprécise les besoins actuels et à venir enchirurgie bariatrique, établissent un pland’action pour accroître la capacitéd’offrir ces interventions et assurent unaccès équitable aux patients <strong>de</strong>s différentsmilieux et <strong>de</strong>s différentes régions.2) Il est recommandé que, sur le plan organisationnel,tout programme hospitalier<strong>de</strong> <strong>traitement</strong> <strong>chirurgical</strong> <strong>de</strong> l’obésitémorbi<strong>de</strong> respecte les conditions suivantes,lesquelles seront assujetties à unedémarche d’assurance <strong>de</strong> la qualité :• Mise en place d’un processus rigoureux<strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s patients (parexemple, patients dont l’IMC est supérieurou égal à 40 kg/m 2 , ou à 35en présence <strong>de</strong> maladies associées,dont le risque opératoire est acceptable,patients motivés, bien informés<strong>de</strong>s risques inhérents à l’interventionet <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> se soumettre àun suivi leur vie durant) et d’un systèmed’établissement d’un ordre <strong>de</strong>priorité pour les cas en attente.• Disponibilité d’installations et d’appareilsadaptés au profil particulier<strong>de</strong>s patients concernés (salles <strong>de</strong> réveil,unités <strong>de</strong> soins intensifs, lits etameublement, tables d’explorationfonctionnelle à <strong>de</strong>s fins diagnostiqueset, en salle d’opération, tables opératoires,instruments chirurgicauxadaptés, etc.).• Équipe multidisciplinaire expérimentéepouvant dispenser l'ensemble <strong>de</strong>ssoins et services liés à ce type d'intervention: équipe <strong>chirurgical</strong>e, psychologue,nutritionniste, mé<strong>de</strong>cinsspécialistes (diabétologues, cardiologues,pneumologues, etc.).• Suivi étroit qui doit durer toute la vieet couvrir les dimensions physique etpsychologique et, par conséquent, lesconsultations liées au besoin <strong>de</strong> chirurgieplastique.3) Il est recommandé que soit mis en placeun registre national sur l’obésité morbi<strong>de</strong>et sa prise en charge. Ce registre constitueraun soutien essentiel à l'implantationd’un programme <strong>de</strong> suivi régional <strong>de</strong>spersonnes opérées associant les différentesstructures <strong>de</strong> soins (établissementshospitaliers, centres <strong>de</strong> santé) et incluantl'enseignement d'un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> nutritionapproprié à ce type <strong>de</strong> patients. Cettesource <strong>de</strong> données permettra <strong>de</strong> mieuxcerner la prévalence et la catégorisation<strong>de</strong>s différents mala<strong>de</strong>s, d’évaluer les différents<strong>traitement</strong>s chirurgicaux pratiquésactuellement et <strong>de</strong> prendre position surles nouvelles approches en chirurgie bariatrique.x

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!