JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

Mais il ne faudra pas s'arrêter là, il ne faudra pas comptersur les seuls crédits du budget de 1950 pour remédier à 1 immédiat.C'est une restauration complète qu'il faut envisager,c'est dans le cadre du plan Monnet et de l'investissementnational pour la reconstitution de la nation que la forêt deGascogne doit prendre place. C'est pour la reconstruction démographique,économique et sociale de la région qu'il faut dresserun plan, avec prévision de crédits et de travaux, et passer auxactes.S'il est besoin de quelques textes, qu'on nous les demande,nous les voterons.Puisque je viens de parler de crédits et de secours, je mepermettrai d'ajouter encore quelques mots. J'estime absolumentnécessaire, et je vais déborder le cadre des préoccupationsspéciales de la forêt landaise, quand un désastre ou une calamiténationale frappe le pays et quand on fait appel à la solidaritédes Français sous les formes les plus diverses, quand lésgens qui appartiennent à des organisation syndicales, à despartis, à des religions, à des organisation sociales, demandentle secours des Français, quand on va surtout jusqu'à demandercelui de l'étranger, que ces fonds soient judicieusementemployés, en toute loyauté et sincérité, qu'ils soient répartiséquitablement.Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il* ne faut favoriser personnecar, dans un désastre national, aucune espèce de distinctionne doit être faite, dans l'aide justifiée ou motivée, parl'appartenance à tel ou tel groupe, à tel ou tel parti, à telle outelle catégorie sociale. C'est le malheur qui doit décider del'importance du secours. (Applaudissements au centre, à gaucheet à droite.)C'est le malheur qui doit être le moyen de discrimination.Il faut éviter qu'il y ait des emplois ignorés, inconnus, réglésselon des penchants ou des passions. Il faut éviter aussi les« resquilleurs », car il peut s'en glisser même parmi les sinistrésdes pires calamités.Ï1 faut éviter que ceux qui sont plus habiles à Quémanderqu'à reconstituer tirent bénéfice de leur propre calamité, pendantque d'autres, qui auront le désavantage d'être plus effacés,seront doublement victimes.Il faut éviter tout cela. C'est pourquoi il faut que les unset les autres nous acceptions, non seulement aujourd'hui maisaussi pour l'avenir, que la répartition des secours se fasseau grand jour.Si j'accomplis une générosité, je n'en dois compte qu'à moimême,aussi bien pour l'utilisation que pour l'importance dema générosité. Mais si j'interviens en qualité de tiers collecteurde générosités, j'ai le devoir de rendre compte, parce que j'aifait un appel au .public, à ceux qui sont les défenseurs del'intérêt public. (Applaudissements au centre, à gauche et à .droite.)Je pense donc que nous n'aurions jamais dû assister à undébat aussi pénible que celui qui s'est déroulé dans cetteAssemblée l'autre jour. Je ne le ravive pas, mais je demandeavec insistance que tous, qui que nous soyons, nous rendionsdes comptes, afin qu'il n'y ait pas de double emploi et quepersonne ne puisse être soupçonné de s'être fait un tremplinpolitique, un moyen d'action personnelle ou ait servi despassions en utilisant des secours demandés au pays pour lessinistrés.J'ajoute que les fonds que l'Etat met à la disposition dessinistrés et les secours provenant de L'initiative privée doivent,les uns et les autres, pour être efficaces et produire un effetheureux, tant du point de vue moral que du point de vuede l'efficacité, être les plus rapides possibles.Il faudrait que, Assemblée et Gouvernement; nous nous enpréoccupions. Car nous devons, hélas! d'une certaine manière,prévoir les calamités.On sait bien qu'un pays ne vit pas éternellement heureuxsans connaître des calamités nationales qui l'atteignent quandil s'y attend le moins. Il ne faut pas attendre que les calamitéssoient là pour mettre sur pied une organisation de secoursimmédiate.Nous devrions y songer les uns et les autres, afin de ne pasêtre pris au dépourvu par le malheur et afin de pouvoir lesecourir dans les meilleures conditions de solidarité sociale.Je fais, en ce qui me concerne, la plus grande confiance auGouvernement pour tenir des observations que j'ai présentéesle compte qu'il croira bon.J'espère que, rapidement, grâce à son action efficace, nonseulement les ruines du pays pourront être relevées, mais aussiqu'un travail de reconstruction économique et social sera entrepris.(Applaudissements au centre, à gauche et à droite.) jM. le président. La parole est à M. Garcia. (Applaudissement*à Vextrême gauche.)M. Félix Garcia. Mesdames, messieurs, vous me permettrez,en premier lieu, de reprendre les observations que j'avarsl'intention de présenter mardi dernier, lorsque la parole mefut retirée, car il est nécessaire qu'elles soient formulées sansretard.En effet, vendredi dernier, et encore à l'instant à cette tribune,sous une forme beaucoup plus voilée, des calomnies,qui ne déshonorent d'ailleurs que ceux qui les ont proférées,ont été lancées dans cette enceinte contre un comité d'aideaux sinistrés qui, constitué à la première heure sur des initiativesouvrières, avant que, les pouvoirs publics ne songent àse préoccuper du sort des sinistrés et à cause précisémentde leur carence, a apporté à ceux-ci une aide infiniment précieuse.(Applaudissements à l'extrême gauche.)Ce comité m'a mandaté pour vous donner aujourd'hui, enson nom, connaissance de ce qu'il pense des calomnies lancéescontre lui.Permettez-moi, en conséquence, de vous donner lecture dela résolution qu'il a adoptée:« Le comité régional de déîense et de reconstitution de laforêt de Gascogne, réuni à l'Athénée de Bordeaux, le 16 janvier1950, a entendu une information sur la campagne de calomnieslancée par les pouvoirs publics et certains parlementaires, relativementà l'utilisation des fonds recueillis par le comité régionald'aide.« Le comité, unanime, considère, que ces attaques n'ontd'autre but que de couvrir la carence des pouvoirs publics quiportent la responsabilité du sinistre et qui continuent de sedésintéresser de la forêt de Gascogne.« Ceux qui propagent de telles calomnies oublient que sansle comité régional d'aide, les sinistrés auraient pu mourirde faim. Les pouvoirs publics, qui ne regardent jamais à ladépense quand il s'agit de prendre des mesures répressives etcriminelles contre les ouvriers et les paysans qui luttent pourdéfendre leur droit à la vie; qui gaspillent des centaines demilliards pour poursuivre la guerre criminelle d'Indochine etpour la préparation à l'agression contre les pays qui sont àl'avant-garde du progrès, continuent à faire preuve de la pluscomplète carence, et n'agissent que quand il leur est impossiblede faire autrement en raison de l'action -de la population.« Le comité régional rappelle, comme il le fit aux assises deCestas-Gazinet, que ses comptes sont à la disposition de toutela population de la forêt de Gascogne et des souscripteurs.« C'est à cette population, et non aux pouvoirs publics quisont dans l'impossibilité d'indiquer l'utilisation qui est faitedes fonds recueillis par le comité officiel, que le comité régionald'aide est comptable de son activité.« Le comité invite les calomniateurs et en particulierMM. Guy on, Brettes et de Menditte à venir devant la populationde la forêt s'expliquer sur leurs accusations.« Il rappelle qu'à ce jour le bilan de son activité s'établitde la façon suivante : collectes, en argent et en nature, 30 millions503.101 francs... »Vous me permettrez de vous faire observer à ce propos qu'ilne s'agit donc pas de 13 millions de francs, comme l'a" indiquéM. le ministre.Vos espions vous ont trompé une fois de plus, monsieur leministre de l'intérieur.Ce matin vous avez insinué que peut-être nous avions grossice chiffre, comme nous le ferions pour certaines manifestations.S'il en est de même pour les manifestations, cela prouve quec'est nous qui avançons des chiffres authentiques et vous quicitez des chiffres faux.»Je continue en tout cas la lecture*de la résolution:« 25.947.981 francs ont été répartis aux sinistrés: en espèces,2.936.000 francs; en nature, matériel, meubles, denrées, alimentsou bétail, ustensiles de ménage, vêtements, linge»22.356.503 francs; frais de transports, de gestion, etc.: 1 million655.478 francs. Reste au comité 3.555.120 francs.« Plus de 12.000 kilomètres ont été parcourus pour la distribution.Celle-ci continue.« Le comité rappelle que ces distributions se sont faitessous le contrôle des comités locaux, et en premier lieu au bénéficede la population la plus nécessiteuse, alors que les pouvoirspublics ont distribué des millions aux riches propriétaires etquelques centaines de francs seulement aux sinistrés pauvres.« Le comité tient à la disposition de toute la population lespieces comptables justificatives de l'utilisation des fonds etdemande aux organisations de la collecte officielle de faire dememe.